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Rapport n° 131-2023 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l'exercice 2022 de la Chambre de l'agriculture et de la pêche lagonaire et affectation de son résultat

Paru in extenso au JOPF n° 8 NA du 10/10/2024 à la page 679

Rapport n° 131-2023 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l’exercice 2022 de la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire et affectation de son résultat


Présenté par Mme la représentante Marielle Kohumoetini

Procédure d’examen simplifiée

Le président : On revient au rapport no 131-2023 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l’exercice 2022 de la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire et affectation de son résultat.

Je demande au gouvernement de faire l’exposé de l’économie générale de ce projet. Monsieur le ministre, vous avez la parole.

M. Taivini Teai : Merci bien, Monsieur le président.

La Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire est un établissement public à caractère administratif (EPA) qui a la particularité d’avoir ses membres, notamment ses administrateurs, qui sont élus et qui ne sont pas nommés par un ministre de tutelle — même si je suis le ministre de tutelle de cet établissement —, ce qui donne donc — en tout cas, c’est ma vision — une efficacité de cet établissement public administratif dans la mesure où ce sont des élus et ce sont des professionnels du monde agricole et de l’élevage.

Merci. Je répondrai bien entendu aux questions après.

Le président : Pouvez-vous faire une présentation du rapport, s’il vous plaît ?

Mme Marielle Kohumoetini : Oui, Merci bien, Monsieur le président-fondateur.

C’est le dernier rapport de la journée. Je vais lire doucement, lentement, il n’y a que des chiffres.

Le présent projet de délibération a été transmis à l’assemblée de la Polynésie française par lettre no 8413/PR du 4 décembre 2023. La Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL) est l’organe consultatif et représentatif des intérêts des agriculteurs et des pêcheurs lagonaires.

Sur les faits marquants de l’exercice 2022, il est à noter que l’activité de la CAPL aura été rythmée par la reprise de l’ensemble des évènements agricoles : les marchés du terroir, les floralies ainsi que le retour des « mātete fenua (NDT, marchés locaux) » dans les îles, à Tubuai et à Raiatea. Ces actions ont permis de mettre en avant le monde agricole et ses productions tout au long de l’année.

Pour assurer un suivi des professionnels, l’établissement tient le registre de l’agriculture et de la pêche lagonaire, dont l’inscription donne lieu à la délivrance d’une carte de l’agriculture et de la pêche lagonaire. En 2022, la Chambre a délivré 3 008 cartes professionnelles (contre 2 666 en 2021).

S’agissant de l’exécution budgétaire de l’exercice 2022, le compte financier de la CAPL affiche des recettes d’un montant de 344 617 822 F CFP et des dépenses d’un montant de 507 878 486 F CFP, entraînant un résultat global déficitaire de 163 260 664 F CFP.

Les recettes de fonctionnement s’élèvent à 305 899 433 F CFP en 2022 contre 294 100 688 F CFP en 2021, soit une augmentation de près de 4 %. Les dépenses de fonctionnement quant à elles s’élèvent à 385 681 434 F CFP et augmentent de plus de 91 % par rapport à l’année précédente.

Concernant la section d’investissement, les recettes pour l’exercice 2022 affichent une forte augmentation de plus de 149 % par rapport à l’exercice précédent et s’établissent à 38 718 389 F CFP. Les dépenses d’investissement quant à elles augmentent également de manière significative par rapport à 2021 (+ 99 %) et s’élèvent à 122 197 052 F CFP.

À l’issue de l’exercice 2022, le compte financier de la CAPL présente un résultat de fonctionnement déficitaire de 79 782 001 F CFP, lequel est affecté au crédit du compte 1068 appelé « Autres réserves ». Le résultat global du compte financier est déficitaire de 163 260 664 F CFP, diminuant en conséquence le fonds de roulement de l’établissement. Celui-ci passe alors de 311 873 964 F CFP au 31 décembre 2021 à 148 613 300 F CFP à la clôture de l’exercice 2022.

Le présent projet de délibération a été examiné en commission le 12 décembre 2023 et a suscité des échanges ayant permis à la commission d’aborder les points suivants :

– Suite à des recommandations formulées par le ministère en charge de l’agriculture, la CAPL a dû puiser dans son fonds de roulement qui, au 31 décembre 2021, atteignait plus de 300 millions F CFP ;

– En termes de ressources humaines, l’établissement a accueilli une dizaine de nouveaux agents en 2022. Malgré cette hausse, la direction souligne que le nombre d’agents en poste reste minime, au regard de la vaste zone géographique à couvrir ;

– Sur les actions menées par la CAPL, il a été rappelé qu’elle souhaitait renforcer le partenariat avec l’institution communale. La redéfinition des missions de la Chambre est en cours car, bien souvent, ses prérogatives s’entremêlent avec celles de la Direction de l’agriculture. L’établissement souhaite se voir réattribuer toutes les missions liées au développement de la filière agricole ;

– Enfin, un statut de l’agriculteur est actuellement en cours de rédaction. Celui-ci pourra notamment inclure l’obligation d’être titulaire de la carte CAPL pour exercer.

Examiné en commission le 12 décembre 2023, le présent projet de texte a recueilli un vote favorable unanime des membres de la commission. En conséquence, la commission de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de l’élevage et du développement des archipels propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de délibération ci-joint.

Merci bien.

Le président : Merci bien.

La discussion est ouverte. Est-ce qu’il y a des membres de la commission qui souhaitent… ? Oui, Madame Butcher.

Mme Yseult Butcher-Ferry : Merci, président.

Nouveau président, nouvelle impulsion !

C’est dans cette nouvelle ère qu’il faut analyser le compte financier 2022 de la Chambre de l’agriculture que préside désormais notre ancien collègue et Monsieur le maire de Taputapuatea, Thomas Moutame.

Nous connaissons tous la passion qui l’anime, soucieux qu’il est par ailleurs de partager avec le plus grand nombre ses connaissances en matière de développement agricole.

Cette envie inébranlable d’œuvrer pour le secteur primaire s’est traduit, au cours de l’année observée, par un surcroît d’activité de la CAPL et donc, par des dépenses supplémentaires.

Elle a donné lieu à des embauches supplémentaires en cours d’année, moyennant des frais de personnel en hausse de 31 %. À ceci près que le chiffre des 42 agents mentionnés dans le rapport de présentation ne serait pas tout à fait exact puisqu’il prend en compte une dizaine de CAE. En revanche, la CAPL ne cache pas ses ambitions de recruter des cadres de haut niveau, de catégorie A, susceptibles de monter des projets moyennant de solides compétences techniques et juridiques.

Alors oui, mes chers collègues, l’exercice 2022 se solde par des résultats déficitaires en fonctionnement comme en investissement, de l’ordre respectivement de 79 782 001 F CFP et de 83 478 663 F CFP. Ce qui n’a rien de catastrophique en soi au regard de l’importance du fonds de roulement qui, au 31 décembre 2022, restait supérieur à 148 millions F CFP.

Durant nos discussions préliminaires en commission ad’hoc, le 12 décembre dernier, le nouveau président de la Chambre a clairement distingué les actions dévolues à la direction de l’agriculture, de celles confiées à la CAPL.

Nos échanges ont, une fois de plus, mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des unités d’agro-transformation dans nos archipels éloignés qui, pour la plupart, constituent le grenier de la Polynésie française. C’est la politique mise en œuvre jusqu’ici et que semble vouloir poursuivre l’actuel gouvernement. Autrement dit, plantez, c’est bien…récoltez, c’est dans l’ordre normal des choses avec une production de carottes qui a atteint des records l’an passé à Tubuai, mais il importe plus que jamais de conserver au mieux nos produits du terroir aux fins de les valoriser dans le temps.

Voilà les quelques commentaires que je voulais partager avec vous dans le cadre de l’étude de ce dossier en renouvelant tous mes encouragements à la direction de la Chambre dans ses actions en lien avec les professionnels.

Et, merci bien, Monsieur le ministre, parce que je sais que tu es très actif et merci pour les archipels, surtout les Tuamotu. Une nouvelle fois merci, Monsieur le ministre.

Mme Frangélica Bourgeois-Tarahu : Merci, Monsieur le président. Je renouvelle mes salutations à toutes et à tous en ce début de soirée.

Nous sommes rassemblés aujourd’hui pour débattre du rapport financier 2022, un document d’une importance cruciale qui reflète la santé économique de notre Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL).

Un établissement public administratif, sous l’égide du gouvernement de Mā'ohi Nui (NDT, Polynésie française). Malgré un contexte financier délicat, la CAPL a démontré son engagement envers l’innovation en inaugurant une nouvelle antenne à Ua-Pou dans les archipels des Marquises en janvier 2022, avec le recrutement d’un technicien agricole pour assurer la permanence.

Cette expansion ambitieuse vise à garantir que chaque archipel soit représenté, permettant ainsi une prise en compte adéquate de leurs préoccupations individuelles.

L’année 2022 a été marquée par des défis, mais également par des décisions stratégiques visant à renforcer nos secteurs vitaux.

L’examen du compte financier souligne notre transparence et notre responsabilité, témoignant de notre engagement envers une gestion rigoureuse et efficace. Et malgré un contexte économique parfois difficile, la CAPL a fait preuve de résilience et d’adaptabilité.

Les recettes totales se chiffrent à 344 617 822 F CFP, tandis que les dépenses s’élèvent à 507 878 486 F CFP, entrainant un déficit de 163 260 664 F CFP, contrairement à l’excédent enregistré en 2021 de 45 927 281 F CFP.

Nous exprimons notre grande gratitude envers Monsieur Thomas Moutame, président de la CAPL et Monsieur Marc Fabresse, secrétaire général par intérim pour leurs explications lors de la commission de l’agriculture du 12 décembre dernier. Ils ont souligné la nécessité de multiplier nos actions en 2022 malgré des contraintes budgétaires.

Bien que le fonds de roulement ait diminué passant de 311 873 964 F CFP à 148 613 300 F CFP, cette gestion prudente a permis de maintenir une assise financière solide. La CAPL a fait face à des défis administratifs, mais la situation problématique a été résolue en 2023.

Les dépenses ont principalement visé la modernisation des infrastructures, le soutien à la recherche et l’innovation ainsi que la promotion de pratiques durables, tous des piliers de notre vision politique.

L’augmentation du personnel de 24 à 42 agents en 2022 montre notre engagement envers le développement de nos secteurs. Une dizaine de CAE ont été comptés en 2022 mais à ce jour, 34 agents sont en poste avec encore un ou deux postes vacants. La répartition est primordiale sur l’ensemble des archipels pour qu’ils soient bien représentés : deux agents dans les Îles-sous-le-vent (Huahine et Raiatea), un agent aux Australes (Tubuai), un agent aux Marquises (Ua-Pou) et les autres dans les Îles-du-vent.

Cependant, cette croissance s’accompagne de défis, notamment le recrutement de compétences locales et l’adaptation aux besoins spécifiques de nos archipels.

Nous saluons les efforts de nos agriculteurs et pêcheurs soulignant que ce compte financier reflète leur labeur et leur persévérance.

En approuvant ce compte financier, nous réaffirmons notre engagement politique en faveur d’une gestion transparente et responsable, soutenant activement nos secteurs clés. C’est avec cet esprit que je vous invite à considérer ses chiffres comme le reflet d’une stratégie à long terme pour l’avenir de l’agriculture et de la pêche lagonaire à Mā'ohi Nui (NDT, en Polynésie française).

Il y a un dicton de notre président et père fondateur Oscar, Manutahi Temaru qui dit ceci : « lorsque votre esprit est clair, tout peut être fait. » Recevez une fois de plus mes vœux pour cette nouvelle année et œuvrons ensemble pour notre population. »

Merci pour votre attention. Que l’amour règne. (Applaudissements dans la salle.)

Le président : Merci.

Oui, Madame Maurea.

Mme Maurea Maamaatuaiahutapu : Merci, Monsieur le président.

Le compte financier de la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire pour l’exercice 2022 a été approuvé par l’assemblée générale le 17 mai 2023 et examiné par la commission de l’agriculture en séance du 12 décembre 2023.

Outre les éléments repris par le rapporteur dans son exposé, permettez-moi de faire remarquer que la délibération initiale a fait l’objet d’un complément pour une erreur de compte quant au report du solde débiteur de l’ordre de près de 80 millions F CFP soit après la date limite de validation des comptes financiers d’un établissement public.

Cet élément n’a pas été soulevé en commission suscitant ainsi mon interrogation lors de l’examen par notre formation délibérante. Certainement une erreur matérielle. Bref ! En deçà de cette observation mineure le sujet de l’agriculture passionne et les débats en commission ont encore soulevé l’intérêt commun de développer nos ressources primaires pour nourrir notre population, valoriser nos terres, redonner les lettres de noblesse des métiers de la terre de nos agriculteurs.

L’agriculture passionne oui, mais elle nous interroge aussi dans ses missions, dans son organisation, dans son rôle de représentation et, encore une fois, le cap à prendre pour soutenir et garantir le développement agricole. Mes collègues, nos prédécesseurs ont souvent interrogé le gouvernement sur le rôle de la CAPL et celui de la direction de l’agriculture. Aujourd’hui encore, la question « qui fait quoi ? » persiste.

Dans les orientations du schéma directeur de l’agriculture 2021-2023, la CAPL relève de l’axe 5 qui vise à transformer la gouvernance du système agricole et alimentaire du pays. Où en sommes-nous ? Qu’attendons-nous ? Que faisons-nous ? Où allons-nous ?

La CAPL est un vestige des Établissements français d’Océanie et certainement la doyenne de notre paysage administratif. Vous me direz, 1884 à 2024, c’est 140 ans d’existence. Comme la décolonisation, c’est curieux, encore une démonstration d’une autonomie ratée.

Comme l’a évoqué Monsieur Lissant l’agriculture a toujours été le parent pauvre du gouvernement. Enfin, des précédents gouvernements. Au Tavini huiraatira, nos convictions et nos valeurs ont toujours reconnu le secteur primaire comme vivier de nos ressources. Notre président Oscar Manutahi rappelait Hippocrate tout à l’heure qui disait « Nous sommes ce que nous mangeons. »

Merci. Que l’amour règne.

Le président : Merci, Maurea.

Au suivant ! Oui, Maite.

Mme Maite Hauata Ah-Min : Merci, Monsieur le président. Non, je souhaiterais… Il s’agit d’une question.

Comme je l’ai indiqué précédemment, les préoccupations sont nombreuses concernant Tubuai. Lors de mon intervention précédente, j’ai soulevé une demande émanant des agriculteurs concernant le matériel agricole de la CAPL, autrement dit du Pays, qui a été confié à la commune et qu’ils souhaitent pouvoir gérer eux-mêmes. Vous connaissez les raisons car je vous avais déjà parlé de cette problématique. Première question.

À présent, je reviens aussi, vous le savez puisqu’on en entend parler, sur la problématique de la carotte. Je souhaiterais remercier les agriculteurs de Tubuai. Pourquoi ? Dès lors qu’on leur demande de cultiver tant, on nous informe qu’ils ont bien atteint le quota attendu. Lorsque la demande est de tant, le quota est atteint. Pourquoi donc la commercialisation de ce produit est-elle problématique ? Il y a trop de carotte. Le souci, aujourd’hui, c’est qu’elles pourrissent, alors que les agriculteurs ont dépensé beaucoup. Cela constitue une grande préoccupation pour ces derniers. C’est une réflexion a mené et voyez comment apporter des améliorations dans la commercialisation de ce produit. En effet, nous avons donné un objectif et celui-ci a été atteint, mais l’on n’arrive pas à les vendre ; ce qui met nos agriculteurs en difficulté. Il nous faut donc trouver comment faire et quelles sont les solutions que l’on pourrait envisager pour soutenir la commercialisation de la carotte. Ceci est la deuxième.

Troisièmement, on dit que la carotte est un produit propre à Tubuai et qu’il faut la cultiver davantage. Toutefois, il ne faut pas non plus oublier d’encourager notre population à cultiver nos propres produits. De plus, arrêtons de croire que la carotte est un produit local et retournons plutôt vers nos produits locaux. Pourquoi je dis cela ? Parce que nous voulons préserver notre pays des techniques ou produits utilisés dans l’agriculture ; d’ailleurs, c’est ce que l’on fait avec la carotte. Si l’on opte pour nos produits locaux, peut-être que là on supprimerait cette méthode consistant à avoir recours à des produits qui polluent notre terre.

Voici mes quelques observations. 

Merci bien.

Le président : Merci.

Monsieur Tapati, la parole est à vous.

M. Tafai, Mitema Tapati : Oui. Merci bien pour ces interventions concernant notre établissement de la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire.

Par rapport à la gestion de la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire, je partage le même avis que celui que j’avais soulevé précédemment pour l’Épic Vanille. À l’Épic Vanille c’est (NDT, circuit) : le Pays, la DAG, la CAPL avant d’arriver à l’Épic Vanille. Pour celle-ci (NDT, la CAPL) c’est : le Pays, la DAG puis l’Épic Vanille. Cela signifie qu’il y a des détours à faire dans le circuit. Aussi, ma question, Monsieur le ministre, serait-il possible juridiquement d’apporter des corrections et des améliorations au niveau de la règlementation afin d’aller droit au but et pour que la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire ait une gestion autonome ?

Ensuite, il y a bien évidemment la problématique qu’a soulevée notre élue des Australes et que je connais. Je n’en sais pas plus, car une loi a été approuvée il y a deux ans maintenant pour permettre à la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire de signer un partenariat avec les communes. Et, c’est peut-être de là que la CAPL a investi dans ces engins agricoles (grands tractopelles, tracteurs, petits tractopelles) pour les remettre aux communes afin d’aider les agriculteurs. D’une part, cela a été une réussite — il ne faut pas le nier, il faut le reconnaître —, mais il y a eu des dérives : les maires ont pensé d’abord à eux, puis aux agriculteurs. Sur ce point, j’en ai été témoin. N’est-ce pas ? Et il y en a d’autres, où la tractopelle est restée près d’un an dans l’entrepôt de la commune sans avoir encore été mise en marche. C’est quoi ça ? Si le nouvel engin ne démarre pas, soit il est en panne, soit on ne peut pas le réparer. Pour ma part, si la politique agricole de notre pays est au point, nous réussirons.

Comme l’a souligné Pascale précédemment sur la question des essais nucléaires qu’il ne faut pas politiser, je suis du même avis concernant l’agriculture. La politique est un rongeur néfaste pour l’agriculture. Lorsqu’un porc entre dans un champ, il se nourrit uniquement des produits. La politique, elle, en entrant dans un champ absorbe même l’âme des agriculteurs.

Je crois donc qu’il convient de laisser aux personnes passionnées d’agriculture, qui ont cela dans l’âme, gérer ce secteur. Je suis fier bien évidemment de notre enfant (NDT, du pays) Thomas, car il possède cette âme et cet esprit. N’est-ce pas ? Aussi, nous devrions le soutenir dans la gestion de cet établissement. Quant à nous, et comme le disait un vieux sage, dorénavant, gardons un œil affuté sur nos établissements publics. N’est-ce pas ? J’espère que le budget que l’on approuvera l’année prochaine ne sera plus déficitaire, comme celui que l’on étudie et allons adopter aujourd’hui. N’est-ce pas ? C’est ce que je voulais dire.

Merci bien pour votre attention.

Merci, Monsieur le président.

Le président : Merci.

Y a-t-il d’autres d’interventions ? Le gouvernement ? Ah, Madame Elise Vanaa.

Mme Elise Vanaa : Merci, président. Je vais m’exprimer en français pour notre ministre.

Comme Monsieur le représentant et président de la commission parlait des engins de l’agriculture, nous avions reçu — je pense qu’il y a un mois, un peu plus d’un mois — la présidence de la CCISM et qui nous interpellait sur la situation de certains professionnels qui disposent d’engins et qui souhaiteraient aussi que le ministre puisse les faire participer aussi parce que certains ont investi dans des engins et ils voient que le Pays, à côté de cela, investit aussi dans des engins pour venir en aide, enfin pour… au service des agriculteurs. Donc brièvement, c’était ça. Je profite de cette occasion pour faire passer le message. 

Merci.

Le président : Merci.

Le gouvernement ?

M. Taivini Teai : Merci, Monsieur le président.

Tout d’abord, merci pour les félicitations, en tous cas les remarques qui ont été formulées vis-à-vis de la gestion de la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire et de son président Thomas Moutame et de son équipe.

La nomination de Monsieur Marc Fabresse, qui est l’actuel secrétaire général par intérim, immanquablement, au niveau du ministère, le souhait c’est qu’il soit nommé définitivement secrétaire général. Il y a juste eu un petit retard et puis il fallait qu’il y ait la ligne de la commission des dépenses engagées qui soit bien identifiée, mais cela va se finaliser et se concrétiser parce qu’il y a une équipe qui ne compte pas et je sais que le secrétaire général ne compte pas ses heures. Je sais que vous avez tous été présents lors de la foire agricole de l’année passée. Vous avez tous vu qu’à chaque foire agricole, en fait, il y a de l’innovation, il y a de nouveaux stands qui sont présentés. Cette année, c’était les stands d’aquaculture, de bénitiers culture, de l’algoculture et, cela, c’est tout à l’honneur de son secrétaire général actuel qui cherche toujours à innover, à mettre en avant ce secteur primaire, aussi bien de l’élevage, de l’agriculture que maintenant de l’aquaculture. Il est derrière moi donc, je le remercie vivement auprès de vous les élus de l’hémicycle.

Pour ce qui est des interrogations — et ce n’est pas qu’une interrogation, c’est du management, en fait —, c’est faire encore, comme je l’avais dit tout à l’heure, que dans certaines de nos îles — allez je vais le lancer — l’égo — pas les jouets — mais l’égocentrisme des personnes, le nombril, soit mis de côté au bénéfice de notre société, au bénéfice déjà de la communauté de l’île. On parle là de Tubuai, notamment, entre autres. On parle là de Tubuai au niveau des carottes puisque je me suis déplacé à Tubuai pendant que se faisait la récolte. Je vais me déplacer encore là avec le président de la Chambre, avec le directeur adjoint de la DAG pour « tirer les oreilles » — non, je ne sais pas s’ils m’entendent, non pas tirer les oreilles — mais en tout cas dire que d’abord les féliciter parce qu’immanquablement le quota de carottes a plus que doublé donc ça c’est une réussite. C’est une réussite parce que cela montre bien que le Polynésien sait produire. Ah, il y a eu des petits loupés ! Il y a eu des petits loupés : la chambre froide a été trop remplie et ils n’ont pas fait d’aération, et donc oui, il y a eu des pertes. Il y a eu des pertes avec des carottes qui ont moisies. Il y a eu un retard administratif dans l’aménagement d’un local de transformation de nos carottes, c’est-à-dire celles qui ne sont pas calibrées. L’objectif — et c’est pour ça qu’on va se déplacer à la fin du mois de janvier, d’ici trois ou quatre semaines, à Tubuai — est de leur annoncer qu’on va mettre en place, finaliser cette cellule d’agro-transformation pour que toutes les carottes qui ne rentrent pas dans le calibre soient épluchées, découpées, mises sous vide et qu’on puisse les consommer tout au long de l’année.

On sait que… Enfin moi, je suis persuadé qu’on va y arriver. Je suis persuadé. Je ne sais pas comment vous percevez ça, mais je suis persuadé qu’on va y arriver. Maintenant sur cette interrogation : pourquoi des carottes à Tubuai ? Pourquoi il y a eu, à un moment donné, des pommes de terre ? Parce que, les carottes, c’est sûr que ce n’était pas le produit qui était sur la pirogue double — on est tous d’accord —, mais il y a aussi des planteurs, des horticulteurs qui plantent des dahlias, et ça non plus ce n’était pas sur notre pirogue double.

En fait, moi je suis à l’écoute des professionnels de ce monde, qui est celui de l’agriculture. Je sais que cela fait une source de revenus, à partir du moment où les semences sont bien identifiées et à partir du moment où l’on fait surtout ce phasage, c’est-à-dire tel propriétaire terrien a planté à tel moment. On ne va pas tous planter en même temps et pas tous récolter en même temps. Ce sera un des discours que je vais avoir avec les agriculteurs de Tubuai, qu’ils rentrent dans une programmation de planter la carotte et on va essayer même de les amener vers une diversification parce que Tubuai, vous le savez, c’est un climat tempéré. Donc en fait, les carottes vont bien là-bas. Il y a les brocolis aussi qui vont bien aller là-bas, et peut-être les asperges. Pourquoi ces légumes-là ? Parce qu’en fait on les consomme ici chez nous. Les restaurants chinois, le chao men, il y a toujours des carottes, quoi ! Mais immanquablement, on ne doit pas oublier nos ressources vivrières qui ont fait notre culture et c’est la raison pour laquelle lors de mon déplacement à Tubuai avec l’agent de la DAG, j’ai validé le fait que sur la zone marécageuse, on allait mettre des lots qui seront disponibles pour la prochaine commission d’attribution des lots agricoles pour la culture du taro (NDT, espèce comestible de caladium). Parce que, le taro c’est bien dans des endroits où c’est un peu marécageux, mais pas là, aux endroits où l’on fait des carottes. Les carottes là où il y a des carottes, et les taro là où il y a des  taro .

Je suis d’accord avec vous sur la nécessité parce qu’on ne peut pas avoir des agents partout dans toutes nos îles, et donc, ce partenariat est monté avec les communes pour mettre à disposition nos engins agricoles. Bon, il se trouve que, des fois, il y a des petites dérives. Il y a des dérives. Bon, en règle générale, cela fonctionne. Ce qui a, cependant, sonné l’alarme, c’est en effet — et ça je suis là pour ça — je reçois des appels. Vous savez que lorsque je me déplace dans les îles, à chaque rencontre, je laisse mon numéro de téléphone personnel. (Rire.) Je ne sais pas si c’est une bonne idée. On m’a dit au ministère que ce n’était pas une bonne idée, mais le Président m’a dit « tu es au service de la population » et donc je donne mon numéro personnel. Donc en fait, j’ai des appels, des SMS quand je n’ai pas des mails, quand ce n’est pas mon chef de cabinet et, moi, cela me permet de répondre au mieux aux difficultés qu’ils ont. J’essaye autant que faire que possible que cela s’arrange au niveau des relations entre les agriculteurs et la disponibilité des engins. Ce n’est pas forcément évident, mais en tout cas j’essaye de répondre à ces difficultés parce que tout n’est pas forcément tout rose.

Pour ce qui est de — on l’a déjà évoqué avec l’Établissement Vanille de Tahiti — ces trois organismes qui sont dans le secteur agricole terrestre que sont la Direction de l’agriculture, l’Établissement Vanille de Tahiti et la Chambre de l’agriculture, cela fait partie, cette année, de la réforme que j’aurais à mettre en place, sur une meilleure gestion, une meilleure lisibilité, une simplification en fait de tout ce qui est schéma administratif, schéma de demandes d’aide parce qu’on a du mal à s’y retrouver et surtout j’ai le sentiment que ce millefeuille, ce saucissonnage administratif de gestion financière se fait au détriment des professionnels parce qu’ils sont dans l’attente de l’attribution de leur aide et se fait au détriment également des entreprises. Au cours du début de notre mandat, j’ai pu rencontrer une société qui vend des engins agricoles. Après être resté plus de trois quarts d’heure à regarder les engins, à voir une technique nouvelle qu’ils avaient mis en place — je ne cite pas la société, mais elle se reconnaîtra —, le gérant vient me voir et me dit « Monsieur le ministre, tu sais, je ne voudrais pas abuser, mais on a livré des tracteurs, ça fait six mois et on attend d’être payé. » Voilà. Je pense que — mais c’est mon sentiment — les retards, aussi bien d’instruction de dossiers ou les retards de paye, font partis de cette difficulté et de ce saucissonnage. Donc, cela va être en effet un beau travail à mener en collaboration avec la DAG et la CAPL pour faire en sorte que l’on simplifie au mieux cela.

MB16 (PLAYDESK : 18:11 – 18:16)(LIVEHD : 09 :31 :37– 09 :37 :17)Et un autre travail — mais vous êtes déjà informés, j’en suis sûr —, c’est la transformation, c’est la réforme de la Chambre d’agriculture en chambre consulaire. Et cela, je le verrai avec le ministre des finances, c’est que les chambres d’agriculture ont des taxes affectées. Moi, je me dis que l’on pourrait supprimer la subvention qu’on alloue chaque année en ayant une taxe affectée directement en fonctionnement de la CAPL, taxe affectée qui serait le budget que la CAPL a actuellement et puis après, qui peut être revu chaque année. Voilà. Cela fait partie des objets de réforme que je vais et souhaite mener au cours de cette année.

Et la notion de politique, apolitique, pas politique… je sais que le président actuel Thomas Moutame aime ardemment le secteur agricole, il fait tout pour que cela avance. Là encore, c’est une réflexion que l’on va avoir ensemble. C’est vrai, comme le disait président Temaru, the right man at the right place, des fois cela peut évoluer. Actuellement, cela fonctionne. Lorsque je me suis déplacé en Nouvelle-Calédonie et la Chambre d’agriculture et de la pêche, ils ont tout dépolitisé. Aucun administrateur n’est titulaire d’un mandat politique. Doit-on aller vers ce schéma-là ? C’est une réflexion que l’on a à avoir. Mais je sais que, dans l’immédiat, la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire fonctionne bien.

Et pour ce qui est des relations de concurrence déloyale avec la CCISM, je vais me rapprocher de son président également pour avoir leur écoute et savoir comment partager ce marché qui est celui de l’exploitation du défrichage des terres.

Merci, merci à vous.

Le président : Merci, Monsieur le ministre.

Oui, nous passons à la délibération. Pour ce dossier, je vous propose d’appliquer la procédure d’examen simplifiée. Êtes-vous d’accord pour l’examen simplifié ?

En l’absence d’amendement, je mets aux voix l’ensemble de la délibération : à l’unanimité, elle est adoptée.

Merci bien. (Applaudissements dans la salle.)



Les rapports peuvent être consultés sur le site internet de l’assemblée de la Polynésie française à l’adresse www.assemblee.pf
Les interventions en langues polynésiennes ont fait l’objet d’une traduction surlignée en gris.

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