CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DE LA SESSION Paru in extenso au JOPF n° 10 NA du 23/10/2024 à la page 749 | CÉRÉMONIE D’OUVERTURE DE LA SESSION Le président : Nous passons donc maintenant au deuxième point de notre ordre du jour, à savoir le discours du président de l’assemblée de la Polynésie française conformément à l’article 4 de notre règlement intérieur.
(Monsieur le président de l’assemblée prend place au pupitre afin de prononcer son discours sous les applaudissements.) Discours du président de l’assemblée de la Polynésie françaiseLe président : Monsieur le secrétaire général du haut-commissariat de la République en Polynésie représentant le haut-commissaire, Monsieur le Président de Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française), Madame et Monsieur les députés, Madame et Monsieur les sénateurs, Monsieur le représentant au Parlement européen, Madame la vice-présidente, Mesdames et Messieurs les ministres du gouvernement de Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française), Monsieur le maire de la commune de Papeete ou son représentant, Monsieur l’adjoint interarmées du Commandement supérieur des forces armées en Polynésie, Mesdames et Messieurs les représentants, chers collègues, Messieurs les anciens présidents de l’assemblée, mes prédécesseurs, bonjour ; Monsieur le Conseiller économique social et environnemental, Madame la présidente du Conseil économique social, environnemental et culturel de la Polynésie, Monsieur le premier président de la Cour d’appel de Papeete, Monsieur le président du Tribunal administratif, Monsieur le directeur général des finances publiques en Polynésie, Monsieur le président de la Chambre territoriale des comptes, Madame la secrétaire générale adjointe du gouvernement, Madame la secrétaire générale de l’assemblée de Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française), chère Jeanne ; Mesdames et Messieurs les chefs de service de l’État, du pays et de l’assemblée, Monsieur le président de la Chambre de commerce, de l’industrie, des services et des métiers, Mesdames et Messieurs les représentants du monde patronal des syndicats des salariés, des ordres professionnels et consulaires, Mesdames et Messieurs les représentants des confessions religieuses, Mesdames et Messieurs les journalistes, invités du public, chers internautes, mes salutations à toutes et à tous en cette nouvelle matinée et bienvenue. Il m’est donné l’occasion à travers l’ouverture officielle de la session administrative de notre assemblée de vous dresser un bilan à un an de cette nouvelle gouvernance issue des urnes de mai 2023 à travers son travail parlementaire ici à Taraho'i. L’occasion aussi de m’ouvrir très succinctement sur les préoccupations de la majorité parlementaire au sein de notre hémicycle, bien entendu, à l’égard de la politique de notre gouvernement depuis l’an dernier. Ainsi que je l’ai déclaré en septembre 2023 à l’occasion de mon propos d’ouverture de la première séance de la session budgétaire, notre assemblée a déployé son énergie et sa disponibilité pour accomplir ses missions d’ordre législatif et règlementaire au soutien des projets de texte que lui a soumis notre gouvernement. Du côté de Taraho'i, notre tâche a aussi été celle de maintenir et assurer l’harmonie des liens entre pouvoir législatif et exécutif, d’assurer la cohésion des élus dans l’exercice de leur nouveau rôle de représentant et de coordonner le bon déroulement de nos travaux législatifs. Depuis le perchoir en septembre 2023, je vous avais partagé les grandes lignes du plan d’action de l’assemblée de Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française) pour l’exercice de la mandature qui allait suivre. Je suis fier de vous informer que la grande majorité des mesures annoncées ont été réalisées avec le soutien de notre majorité politique, certes, mais également avec l’accompagnement technique de tous les services administratifs de notre institution que je tiens à saluer et remercier chaleureusement. Pour l’ensemble de ces actions, il s’agira notamment de la création de la feuille de route annuelle qui a vocation à préfigurer l’activité parlementaire des représentants. En effet, les impératifs militant pour une meilleure visibilité et coordination de l’activité parlementaire qui tend à prendre de l’amplitude depuis ces dernières années ont tout naturellement conduit à ce qu’une programmation annuelle de celle-ci soit préconisée dès le départ. En effet, une telle programmation ne peut que contribuer à optimiser l’exercice du mandat électif des représentants. Elle donne également un fil conducteur cohérent à la mobilisation utile et précieuse de tous nos services administratifs sans lesquels notre institution ne pourrait fonctionner. C’est ainsi que mon cabinet aidé des services administratifs avons pu mettre à votre disposition, chers collègues, la toute première édition de la feuille de route « Programmation annuelle des activités de l’assemblée de Polynésie française pour l’année 2024 ». C’est le document qui vous a été remis. Parmi les actions menées, il convient d’évoquer également la tenue place Taraho'i de plusieurs évènements à vocation pédagogique, informatique et diplomatique. En effet, depuis le début de la présente mandature en mai 2023, notre hémicycle s’est ouvert à la tenue officielle de plusieurs évènements publics. Pour n’en citer que les plus importants et les plus significatifs, j’évoquerai la célébration de fête nationale de la République populaire de Chine, d’Australie, de la Nouvelle-Zélande que nous avons accueilli avec chaleur, respect et dignité. Il y a aussi eu des colloques ou des conférences publiques tels que celui sur l’économie bleue le 30 août 2023 sur les enjeux de la décolonisation de Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française), sur celle de la célébration de la journée internationale des Nations unies le 24 octobre écoulé sur les festivités de Matari′i (NDT, des pléiades) en Nouvelle-Zélande ou encore sur le projet de codification de la règlementation en matière de finance publique et pour le futur tout prochainement les 21 et 22 mai 2024 un séminaire sur la déontologie et la prévention des conflits d’intérêt. Nous avons compris que ces évènements participent au renforcement des connaissances de nos élus et contribuent à l’élargissement du rayonnement de notre assemblée sur le plan local, national et international. Ceci s’entend bien évidemment de manière distincte de la simple mise à disposition traditionnelle et publique de nos locaux aux expositions organisées par nos associations culturelles et artisanales. Parmi les actions annoncées réalisées, il convient également d’évoquer la création de la commission ad’hoc spéciale en matière de décolonisation. Vous le savez tous, depuis le 17 mai 2013, notre pays a été réinscrit officiellement sur la liste des territoires non autonomes de l’Organisation des Nations unies au terme d’une résolution adoptée par son assemblée générale et, faut-il le rappeler, grâce au soutien de plusieurs pays indépendants de la région Pacifique ainsi qu’aux organisations confessionnelles avec, en première ligne, l’Église protestante mā'ohi (NDT, polynésienne), la Pacific conference of churches (PCC) et le World council of churches (WCC), membres observateurs de l’ONU. Cette réalité historique et juridique, celle de notre réinscription à l’ONU, n’a bien entendu pas été reconnue ni soutenue par nos prédécesseurs, ce que nous respectons bien volontiers. Ainsi, 11 années se sont déjà écoulées depuis cette réinscription, et tout a été tenté par nos détracteurs pour effacer cette réalité ou pour en minimiser les effets. La stratégie en cours consistait à noyauter diplomatiquement toutes les chances d’évolution du dossier de décolonisation polynésienne à l’ONU en verrouillant toute avancée possible et favorisant l’évitement de tout dialogue bilatéral avec les dirigeants politiques de Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française) à New-York sous les auspices bien entendu du comité spécial de décolonisation des Nations unies. Plus clairement, notre puissance administrante à l’ONU a entretenu un embargo à l’égard de tout dialogue bilatéral diplomatique en dehors des relations institutionnelles encadrées par sa propre constitution et par la loi organique qui régit les relations actuellement entre Papeete et Paris. C’est donc dans ce contexte de gel du dialogue bilatéral à New-York que j’ai envisagé avec mon cabinet et notre majorité de modifier notre règlement intérieur pour créer une commission ad’hoc intitulée commission spéciale sur la décolonisation. Cette commission a pour finalité de permettre à notre institution d’être parfaitement au fait des tenants et des aboutissants du dossier « décolonisation polynésien » et d’être partie prenante dans le processus du dialogue qui va devoir tôt ou tard s’établir entre la puissance administrante et Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française) à travers des propositions d’éléments de langage débattues et transmises au gouvernement polynésien qui pétitionnera devant les instances de décolonisation onusienne. Je peux d’ores et déjà, ce matin, vous informer que les travaux de notre CSD (commission spéciale de décolonisation) ont débuté et qu’aux termes de trois sessions déjà un plan d’action a été établi pour cette mandature et des éléments de langage à soumettre aux autorités onusiennes de nature à enrichir la résolution annuelle de l’assemblée générale des Nations unies sur la question de Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française) seront adoptées à sa session du 6 mai prochain. Ceci afin de permettre à la délégation officielle polynésienne qui se rendra cette année au séminaire régional de décolonisation de l’ONU d’être munie d’éléments de réflexion et de langage reflétant la volonté politique des élus territoriaux de Taraho'i. Loin d’être en défiance avec notre gouvernement qui reste le porte-parole de notre dossier de décolonisation à l’ONU au nom du territoire non autonome, les travaux de la CSD serviront de référence et aussi de viviers de réflexion aux éventuels pétitionnaires libres qui souhaiteront également s’exprimer au mois d’octobre prochain à New-York. Les membres de la CSD de l’assemblée de Māʹohi Nui (NDT, la Polynésie française) sont aussi désignés comme rapporteurs chargés de travailler sur des thématiques ou problématiques sensibles et directement rattachés au programme d’éducation politique et citoyenne censé être décliné en faveur de toute la population locale à l’égard des options de décolonisation prévues par les déclarations 1514 et 1541 de décembre 1960 adoptées par l’assemblée générale des Nations unies. J’ajoute toutefois que si, à ce jour, la CSD de l’assemblée de Māʹohi Nui (NDT, la Polynésie française) a débuté ses travaux et - oserai-je dire — a du pain sur la planche je ne peux que m’attrister de ne pas voir mes collègues de l’ancienne gouvernance autonomiste y participer. En effet, aucun membre de la minorité n’a accepté de siéger alors que notre règlement intérieur prévoit expressément leur possible représentation dans sa composition officielle. Je profite de cette occasion pour lancer un nouvel appel bienveillant à l’adresse de mes collègues pour qu’ils reconsidèrent leur décision et rejoignent les travaux de notre commission pour contribuer au débat institutionnel relatif à l’avenir de Māʹohi Nui (NDT, la Polynésie française). Notre prochaine réunion se tiendra le 6 mai. Les nombreuses actions annoncées et réalisées concernent également l’amélioration de l’organisation et du fonctionnement des missions d’information — les MI qu’on appelle dans l’acronyme cher à l’assemblée — et des commissions d’enquête (CE). Ainsi que je vous l’avais annoncé il y a quelques mois, notre règlement intérieur et notre fonctionnement en termes de lancement et de gestion des missions d’information et de commissions d’enquête s’est très sensiblement reconfiguré en fonction notamment des effectifs de nos services administratifs et de leur capacité à absorber les demandes croissantes incessantes en provenance des élus hyperactifs que vous êtes. Pour l’attester, je vous informe qu’en 2013 vous avez tenu 23 réunions d’information au sein de vos commissions législatives et, en 2024, pas moins de 13 déjà ont été menées fin mars. Alors je sens bien une volonté générale de votre part, chers collègues, de vous exprimer, de vous faire entendre et de montrer à notre cher peuple que vous voulez en découdre. Ce qui expliquera la présentation du collectif tout à l’heure, du premier collectif du budget de l’assemblée de Polynésie parce que pour pouvoir faire encadrer toutes ces initiatives il faut des ressources humaines. Donc je ne saurai clore le chapitre des actions annoncées et réalisées sans évoquer l’activation de la commission d’évaluation des politiques publiques. On se satisfait avec l’acronyme CEPP. En effet, dans le prolongement du renforcement de l’action parlementaire de notre institution, la commission d’évaluation des politiques publiques (CEPP) a été activée tout récemment en prévoyant une fréquence d’évaluation annuelle. Donc, une évaluation annuelle. C’est avec satisfaction que nous avons pu tenir le jeudi 4 avril 2024 sa première séance inaugurale au terme de laquelle le programme de ses travaux sur la période 2024-2025 a été approuvé. Dans le respect des dispositions de notre règlement intérieur, nous avons ainsi pu retenir comme thématique l’évaluation de la politique publique linguistique, l’évaluation de la politique publique touristique, l’évaluation de la gestion de nos établissements publics et satellites, l’évaluation de la politique de la santé et l’évaluation de la politique de l’éducation. C’est une vraie révolution interne qui vient d’être lancée afin de nous conformer aux dispositions de la loi organique à celle de notre règlement intérieur et, enfin, au rappel à l’ordre du juge des comptes. Il était important, en effet, que notre assemblée dans ses missions de contrôle de l’action du gouvernement quel qu’il soit puisse se pencher plus rigoureusement encore que par le passé sur l’efficacité des politiques publiques sectorielles menée par le pouvoir exécutif polynésien en parallèle avec les audits de la CTC ou du calendrier électoral tout simplement. Voilà pour les actions annoncées et réalisées. Il n’y a pas eu que ça. Concernant le renforcement de notre action diplomatique parlementaire, il convient d’évoquer l’Assemblée parlementaire de la francophonie qui existait déjà et le groupe parlementaire des îles du Pacifique qui existait également déjà. Donc leur acronyme c’est APF pour Assemblée parlementaire de la francophonie et GPIP pour Groupe parlementaire des îles du Pacifique. L’assemblée de Māʹohi Nui (NDT, la Polynésie française) s’est largement ouverte aux relations internationales et a su intensifier par la même occasion ses échanges avec les petits États insulaires du Pacifique en associant notre institution à l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) et en soutenant le fonctionnement du Groupe parlementaire des îles du Pacifique (GPIP) dont nous sommes les cofondateurs. En 2023, j’ai pu mener deux missions officielles de notre assemblée, l’une en Géorgie dans la ville de Tbilissi en tant que vice-président de l’assemblée parlementaire de la francophonie pour la région Asie Pacifique et à Nuku'alofa, royaume des îles Tonga, en tant que membre du Groupe parlementaire des îles du Pacifique (GPIP). Une prochaine mission est programmée pour participer au sommet annuel du GPIP de 2024 qui se tiendra à Palau. En m’inscrivant dans cette démarche, je souscris aux sens, aux discours et aux convictions convergentes de tous les présidents de l’assemblée législative de la région Pacifique qui ont compris que les voix de ces institutions peuvent véritablement venir en renfort ou en écho à celles exprimées par leur gouvernement aux pouvoirs exécutifs locaux à l’égard des problématiques régionales communes et auprès des instances régionales ou internationales concernées. Dans nos actions diplomatiques parlementaires, il convient également de manière un peu plus détaillée de noter la commémoration de la journée internationale des Nations unies le 24 octobre dernier. Dans le cadre de la contribution de notre institution à l’effort pédagogique en faveur du processus de décolonisation, j’ai décidé d’organiser pour la toute première fois dans l’histoire de notre fenua la célébration de la journée internationale des Nations unies et la levée subséquente du drapeau officiel onusien dans l’enceinte de nos trois institutions le 24 octobre 2023. Une journée historique à laquelle s’est joint le représentant de l’État français, Monsieur le haut-commissaire de la République en Polynésie française, que je remercie et dont je salue l’intégrité professionnelle. Cette journée internationale a non seulement été une célébration officielle mettant à l’honneur les Nations unies, mais elle a été également l’occasion d’échanger à la faveur d’une journée de conférence publique donnée par des personnalités expertes en matière de décolonisation sur la genèse et les enjeux de la réinscription de Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française) sur la liste onusienne jusqu’à son aboutissement ultérieur lors de l’acte d’autodétermination. Enfin, en matière d’équipement, j’avais annoncé les projets immobiliers que j’envisage réaliser au profit de notre institution. Ainsi que je l’ai indiqué dans mon allocution de septembre écoulé et dès mon entrée en fonction au perchoir de notre assemblée, j’ai souhaité redonner à l’emplacement actuel de notre institution son véritable cachet, lui rendre sa solennité originelle en alignement avec le caractère hautement historique et culturel de Taraho'i. Tout d’abord, par un projet de construction d’un nouveau bâtiment administratif en haut de l’avenue Pouvanaa a Oopa, en face de la présidence, destiné à déplacer l’activité administrative fonctionnelle de Taraho'i ; ensuite, par la rénovation du bâtiment actuel ici afin de l’agrandir, de le moderniser pour en faire un lieu d’activité encore plus rayonnant et surtout de rendre notre édifice capable notamment d’accueillir des évènements publics de dimension supérieure dans le respect architectural de l’esprit de Taraho'i, bien entendu. Des consultations permettant de trouver une assistance à maîtrise d’ouvrage ont duré cinq mois et se sont achevées par l’émission d’un bon de commande en fin septembre 2023. Les choses avancent. Afin de finaliser la méthodologie à adopter pour réaliser ce projet, l’assemblée de Māʹohi Nui (NDT, la Polynésie française) a contracté une convention avec une société prestataire en charge des missions d’AMO qui comporte quatre phases. Sans rentrer dans les détails, à l’heure où je vous parle, j’ai le plaisir de vous informer que nous sommes en fin de phase 3. Quatre phases, on est déjà à la fin de la phase 3. Les choses avancent bien et sont gérées de main de maître par nos services administratifs que je remercie encore une fois. Voilà, Mesdames et Messieurs, chers invités et chers collègues, le bilan non exhaustif mais suffisamment détaillé qui a étayé l’activité de vos parlementaires locaux durant cette première année de mandat. Permettez-moi maintenant avant de conclure mon propos d’adresser en toute amitié et humilité au Président de notre pays et aux membres du gouvernement un message d’encouragement, mais également de préoccupation. La préoccupation des élus politiques de Taraho'i — je parle de ceux de votre majorité, Monsieur le Président — réside dans le sentiment d’attentiste et d’expectative de plus en plus affirmé de la part des forces vives de notre fenua, d’une partie de notre population qui a tenu à l’exprimer auprès des représentants élus sans distinction d’appartenance politique face aux engagements électoraux qui ont fait triompher historiquement notre équipe en mai 2023. Les enjeux de cherté de la vie que j’ai rappelés à plusieurs reprises, de pouvoir d’achat ainsi que de rééquilibrage de notre système de protection sociale généralisée sont des slogans ou des leitmotivs qui résonnent encore bien dans l’esprit de la majorité des élus qui désiraient ardemment pouvoir se pencher sur des initiatives de textes destinés à répondre aux attentes de notre peuple. Nous comptons sur vous, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, en insistant à nouveau sur la nécessité d’apporter quelque assurance, réponse ou solution aux préoccupations quotidiennes que je viens d’évoquer. Merci de votre attention. Merci bien pour la patience dont vous avez fait preuve pour suivre ce discours. (Applaudissements dans la salle.). Une brève intervention dans notre langue pour vous informer que, suite à la modification du règlement intérieur, ceci sera le dernier discours de votre président pour cette session, enfin pas le dernier mais l’unique discours que votre président de l’assemblée fera lors de l’ouverture de nos sessions, car lorsqu’on ouvrira la session budgétaire, votre président de l’assemblée ne fera plus de discours. Seul notre Président du Pays viendra prononcer son discours sur les grandes orientations de l’année prochaine et des années suivantes. C’est la raison pour laquelle mon discours était un peu plus long aujourd’hui et je vous prie de faire preuve de patience et de me pardonner. Voilà. Je vous remercie chaleureusement de l’occasion qui nous est donnée de nous réunir. Mes salutations. (Applaudissements dans la salle.). (Monsieur le président de l’assemblée reprend sa place au perchoir.) J’invite Monsieur le Président de la Polynésie à rejoindre la tribune pour prononcer son discours. Discours du Président de la Polynésie françaiseM. Moetai Brotherson : Monsieur le secrétaire général représentant le haut-commissaire de la République en Polynésie, Monsieur le président de l’assemblée, Mesdames et Messieurs les parlementaires nationaux et européens, chers membres de l’assemblée, Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités, bonjour. On est ici pour ouvrir cette session administrative et on est ici pour travailler, donc je ne ferai pas de long discours, pour que l’on puisse démarrer nos travaux rapidement ce matin. Tout de même quelques éléments. Tout d’abord, Monsieur le président de l’assemblée, en réponse à la dernière partie de votre discours, message reçu, message déjà reçu à plusieurs occasions. Je vous rassure, les personnes et les organismes qui viennent vous voir ici à l’assemblée, viennent aussi nous voir au bout de l’avenue Pouvanaa a Oopa et dans chacun de nos ministères. Donc, nous n’ignorons pas ces problématiques et nous avons tous en mémoire la campagne que nous avons menée et qui nous a amenés ici les uns et les autres. Ces préoccupations de cherté de la vie, ces préoccupations d’équilibre des comptes sociaux, je l’avais dit dès mon discours inaugural, c’est cette année qui doit être mise à profit pour entamer la réflexion et entrer en concertation. Cette concertation, ou plutôt ce manque de concertation, il nous a été reproché lors du premier exercice budgétaire. Nous en avons pris acte, je l’ai admis, il n’y a pas de souci là-dessus. C’est pourquoi, dès la sortie de l’exercice budgétaire, j’ai donné instruction à tous mes ministres de se placer en mode consultation et concertation sur cette année. Il n’est pas envisageable que le gouvernement, seul dans son coin, puisse réfléchir aux meilleurs moyens de faire évoluer notre protection sociale, nos comptes sociaux, notre fiscalité. C’est donc chacun des ministres qui a élaboré et présenté son calendrier de concertation sur l’année, tous les ministres l’ont fait. Ces concertations ont démarré. Nous avons eu, dès le début de l’année, les deuxièmes journées prospectives de l’économie organisées par le ministère de l’économie et des finances, et ces rendez-vous ont également eu lieu sur la question de la PSG et ils vont continuer sur toute l’année tels qu’ils ont été annoncés dans ce calendrier de concertation. Cette concertation, nous voulons l’étendre à, je ne vais pas dire l’opposition, je vais dire la minorité. Nous avons pris hier, en Conseil des ministres, une décision qui peut paraître anodine — qui va peut-être choquer certains de mes prédécesseurs qui ne seront pas d’accord —, nous avons pris la décision de supprimer le pré-conseil des ministres. Vous le savez, traditionnellement, le lundi c’est le pré-conseil et le mercredi c’est le conseil. Nous avons décidé de supprimer le pré-conseil des ministres pour consacrer cette demi-journée à ces concertations. Concertation d’abord entre les membres du gouvernement, puisqu’il est important que le Président mais aussi tous les ministres soient tous au courant, soient à jour sur les dossiers de leurs collègues, soient à jour sur les questions qui peuvent être parfois source de problèmes si l’interministérialité n’est pas mise en place. Donc, une de ces demi-journées économisées sera consacrée à la concertation au sein du gouvernement. Cela ne veut pas dire qu’elles n’avaient pas lieu jusqu’à présent, mais cela nous permettra d’en faire encore plus. Une deuxième de ces demi-journées économisées sera consacrée par chaque ministre pour, également, faire la concertation au sein de ces portefeuilles, au sein de ces compétences dans le périmètre qui est le sien, avec les services, établissements, partenaires sociaux qui relèvent de son périmètre d’action. Une troisième de ces demi-journées sera consacrée, elles, à la concertation avec l’assemblée — les commissions, la majorité, mais aussi la minorité —, nous voulons entendre tout le monde. Et enfin, la dernière de ces demi-journées économisées sera consacrée pour ce que je qualifierai de concertation avec la Polynésie. Nous irons donc rencontrer nos citoyens, nous irons rencontrer les associations, qu’elles soient culturelles, sportives, cultuelles, mais aussi des associations professionnelles, les associations… les formations consulaires. Donc, ce sera l’objet de cette quatrième demi-journée. Et donc voilà l’abandon dès la semaine prochaine du pré-conseil, il n’y aura dorénavant plus qu’un Conseil des ministres le mercredi. Venons-en à la situation économique. Alors, je peux comprendre le but de certains soit de crier au loup tout le temps, tout le temps, tout le temps et tout le temps ! Mais tout de même, quelques éléments…quelques éléments : « Dans les territoires d’Outre-mer — ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’Institut d’émission des Outre-mer —, le nombre de défaillance d’entreprises a augmenté de +34,2 % en 2023 sauf en Polynésie. En Polynésie, nous avons au contraire une baisse de défaillance des entreprises de 16 %. » Finalement, tout ne va pas si mal… Tout dernièrement, au Seatrade Cruise Global à Miami qui se tient en ce moment, qui se termine dans deux jours, l’annonce a été faite du retour de certains bateaux chez nous et de la venue d’autres bateaux. Ainsi, la compagnie du Ponant a annoncé que Le Jacques Cartier viendrait en Polynésie. Le retour du Wind Star est également annoncé. Cela veut dire que cette compagnie qui, les années précédentes, n’avait qu’un bateau chez nous, on aura dorénavant deux. Tout ne va pas si mal finalement… Les exportations de perles ont quadruplé, pour atteindre un record historique de 8 milliards au lieu des 2 habituels. Finalement, tout ne va pas si mal… Le nombre de demandeurs d’emplois est lui passé sous la barre des 10 000. Où est la catastrophe annoncée ?... Je ne vais pas continuer dans cette litanie de chiffres qui vient vous expliquer que tout ne va pas si mal — ce n’est pas l’objet de ce discours —, mais tout de même. Donc, je veux bien que l’on critique et on accepte la critique, on l’entend, on en tient compte quand elle est pertinente, mais s’il vous plaît, ne sombrons pas dans la démagogie et dans la politique politicienne. Alors, ces chiffres positifs ne veulent pas dire que tout va pour le mieux, ce n’est pas ce que j’ai dit. Comme vous — je pense, comme la plupart d’entre vous —, je fais mes courses ; comme vous, je regarde avec attention le ticket à la caisse. Et nous avons un train de mesures qui est en préparation sur ce sujet précis, mais encore une fois, cela doit faire l’objet d’une concertation et d’une consultation. Comme vous, je suis conscient que nos comptes sociaux, que ce soit l’assurance maladie ou la retraite, sont des enjeux fondamentaux pour notre société dès aujourd’hui, mais encore plus demain. Là encore, les solutions ne peuvent pas être trouvées que dans les bureaux du gouvernement. La concertation, c’est le seul moyen d’y arriver et nous comptons sur tous — nous comptons sur la minorité, les partenaires sociaux, les syndicats de travailleurs, les syndicats patronaux — pour participer. Et nous les remercions puisque la plupart ont participé aux journées de la prospective économique et ont déjà annoncé leur participation à certaines actions de concertation qui sont mises en place. Pour le tissu économique, il y a un élément, je crois, intéressant — et tous les chefs d’entreprises avec qui on discute vous le diront —, ce qui est important pour un chef d’entreprise, c’est la visibilité. La visibilité. Le chantier de la programmation budgétaire triennale va dans ce sens. Il permettra à l’assemblée, mais aussi et surtout au monde économique, d’avoir cette visibilité sur trois ans, ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui. Tous ces chantiers prennent du temps et de l’énergie ; mais cela tombe bien, on en a plein !... de l’énergie, pas du temps. Donc voilà, je ne vais pas vous retenir plus longtemps avec un discours fleuve, ce n’était vraiment pas l’intention. Je vais juste conclure sur un point parce que, comme je l’ai dit lors de mon dernier passage au journal télévisé, il ne se passe pas une semaine sans que quelqu’un vienne me susurrer à mon oreille « je te le dis, mais tu ne dis pas que je te l’ai dit, je le tiens de source sûre au Tavini, il y a une motion de censure qui se prépare ». Encore cette semaine, « une motion de censure se prépare ». Alors, je sais que ce n’est pas dans nos statuts, je sais que ce n’est pas dans le règlement intérieur de l’assemblée, mais ce matin, je voudrais demander à notre majorité une motion de confiance à corps debout, comme cela se fait à l’Assemblée nationale : donc, qui est favorable à une motion de confiance au gouvernement ? (Tous les représentants du groupe Tavini huiraatira se lèvent et applaudissent.) Je remercie les membres de l’assemblée, je remercie aussi Madame la députée ; et j’espère que cela viendra clore ces petits débats incessants que certains aiment à entretenir. Et sur cette note positive, je vous souhaite, je nous souhaite à tous une excellente session administrative ! Merci. Que l’amour règne. (Applaudissements dans la salle.) Le président : Voilà, Mesdames et Messieurs, après la séquence discours, la séance est suspendue. Merci. (Suspendue à 10 heures 3 minutes, la séance est reprise à 10 heures 45 minutes.)
Le président : Merci beaucoup, je vous propose que l’on reprenne nos travaux. Il est 10 h 45, la séance est reprise. Les rapports peuvent être consultés sur le site internet de l’assemblée de la Polynésie française à l’adresse www.assemblee.pf |