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Rapport nº 12-2024 relatif a une proposition de résolution relative au soutien de la candidature de « Te 'Ori Tahiti - La Danse tahitienne » pour son classement au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO

Paru in extenso au JOPF n° 11 NA du 25/10/2024 à la page 849

Rapport nº 12-2024 relatif a une proposition de résolution relative au soutien de la candidature de « Te 'Ori Tahiti - La Danse tahitienne » pour son classement au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO


Présenté par Mme la représentante Tahia Brown

Le président : On passe au prochain texte. Il s’agit du texte relatif à une proposition de résolution relative au soutien de la candidature de « Te 'Ori tahiti - la danse tahitienne » pour son classement au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

Par rapport à ce texte, s’agissant d’une proposition donc je m’en remets à la rapporteure du texte, Tahia Brown, si vous voulez intervenir sur le rapport.

Mme Tahia Brown : Merci, Monsieur le président. Chers internautes qui nous suivent, bonjour. À nous qui sommes réunis sous le toit de cette institution, à nous qui sommes les serviteurs du peuple polynésien selon nos fonctions respectives, bonjour. Recevez mes respects et mes salutations.

La danse tahitienne est au cœur des pratiques culturelles de notre pays. Elle a traversé le temps, et bien que sa forme ait évoluée, elle demeure l’un des symboles d’expression de notre peuple et de ses valeurs, intimement liée à notre histoire et à notre identité culturelle polynésienne.

Le gouvernement polynésien a décidé de porter, à nouveau, la candidature de « Te ʹOri tahiti – La Danse tahitienne » à l’UNESCO, en entamant les démarches d’inscription de l’élément ainsi dénommé sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Elle a déjà fait l’objet d’une résolution adoptée par notre assemblée le 15 novembre 2018, relative au soutien de la candidature du « ʹOri Tahiti » à l’inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Toutefois, le dossier choisi au niveau national a été celui relatif à la yole martiniquaise.

Le dossier actuel, élaboré sur la base des travaux réalisés pour la première candidature polynésienne de l’élément, en 2018, s’appuie sur une série d’objectifs liés au développement durable notamment, comme le concept d’économie circulaire, mettant en avant les liens culturels, économiques et sociaux entre l’univers de « Te ʹOri tahiti – La Danse tahitienne » et tous les métiers nécessaires à sa pratique.

La valorisation de « Te ʹOri tahiti – La Danse tahitienne » répond à l’attrait international et à la passion que sa pratique suscite dans le monde. La procédure de classement vise également à défendre sa singularité, en réaffirmant de manière solennelle la primauté polynésienne sur sa pratique et son évolution. Cette procédure de classement illustre la volonté de soutenir tous les « trésors vivants » dépositaires de savoirs et savoir-faire relatifs à la culture de notre pays.

Ce dossier a été défendu à Paris le 27 février 2024, devant le Comité du patrimoine ethnologique et immatériel français. Il appartient aujourd’hui au président de la République française de sélectionner le dossier qui sera porté au niveau international à l’UNESCO en 2026.

Par arrêté no 211/CM du 22 février 2024, le gouvernement de la Polynésie française a fait vœu de soutien à cette démarche. Il est proposé qu’à son tour, l’assemblée de la Polynésie française apporte son soutien au classement de « Te ʹOri tahiti – La Danse tahitienne » au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

Cette proposition de résolution a été examinée en commission le 18 avril 2024.

Il a été précisé que cette nouvelle candidature, comparativement à celle de 2018, inclut les objectifs de développement durable suivants : « Bonne santé et bien-être » ; « Éducation de qualité » ; « Égalité entre les sexes » et « Paix, justice et institutions efficaces ». Si « Te ʹOri tahiti – La Danse tahitienne » est classé au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, plusieurs avantages en découleront tels que la reconnaissance internationale de la danse tahitienne et de son origine, un meilleur contrôle de l’enseignement de la danse et un droit de regard sur sa pratique dans le monde.

En outre, des réflexions ont été menées sur les espaces de répétition dédiés aux groupes de danse, dont le site de Fare Ute a été mis à disposition de manière temporaire, et sur la notion de danse « traditionnelle ».

À l’issue des débats, la présente proposition de résolution a recueilli un vote favorable unanime des membres de la commission. En conséquence, la commission du tourisme, de l’écologie, de la culture, de l’aménagement du territoire et du transport aérien propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter la proposition de résolution ci-jointe.

Merci.

Le président : Merci bien.

Donc pour la discussion générale, la conférence des présidents a prévu un temps de parole de 60 minutes réparti comme suit : 36 minutes Tavini huiraatira, 15 minutes Tapura et 9 minutes non-inscrits.

J’invite les non-inscrits à prendre la parole. Nicole.

Mme Nicole Sanquer : Merci, Monsieur le président.

Nous sommes réunis aujourd’hui pour apporter notre soutien à la candidature de « Te ʹOri tahiti – La Danse tahitienne » pour son classement au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en espérant que ce soutien unanime de nos institutions portera ce dossier devant le comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

Si de prime abord nous ne comprenions pas forcément la démarche au départ, aujourd’hui nous en sommes convaincus. Grâce aux arguments portés par l’ancien gouvernement mais aussi — et je tiens à le souligner — grâce à la vision que nous ont partagée les deux intervenants en commission du 18 avril, les deux passionnés de la danse et de la culture et je vais les citer aujourd’hui : Messieurs Fabien Dinard et Matani Kainuku.

Je tiens aussi à saluer l’initiative du président de l’assemblée de la Polynésie française qui a déposé cette proposition de résolution et à remercier tout particulièrement toutes les personnes qui ont investi de leur temps pour constituer le dossier et défendre cette candidature.

Dans les familles polynésiennes, la danse tahitienne fait partie intégrante des coutumes et des valeurs à transmettre. On le retrouve dans toutes les célébrations ou évènements familiaux. Danser est inné chez le Polynésien. Pour certains, il s’agit d’une passion et pour d’autres c’est un chemin voire même un combat de vie. Et je souhaiterais profiter de cette séance pour rendre hommage à ma grand-mère Betty Taputuarai, cheffe de groupe de Tamari'i Mahina, grande passionnée de la danse tahitienne et si respectueuse des traditions. Dès notre plus jeune âge, elle nous a initié à la pratique de la danse et elle se montrait si sévère sur le respect des pas et des gestes. Elle aurait été heureuse de voir la danse tahitienne reconnue mondialement comme un patrimoine culturel immatériel. Elle aimait tant transcrire l’histoire et les légendes de notre pays et plus particulièrement de notre commune Mahina au travers de la danse et du chant.

Cette inscription a pour objectif principal de protéger notre patrimoine et de contrôler son évolution, mais il nous incombe surtout de le transmettre à nos futures générations avec un cadre de professionnalisation du métier de professeur de danse tahitienne et l’inclusion à part entière dans notre système éducatif même si depuis ces dernières années la culture et l’histoire de notre fenua occupent déjà une place non négligeable dans nos programmes scolaires.

Par cette inscription, il y a une véritable reconnaissance de nos spécificités. La langue tahitienne qui est aujourd’hui plus qu’une option à l’école puisque, dès la maternelle, des heures obligatoires d’enseignement du  tahitien sont inscrites dans la répartition des horaires de nos écoles. Au collège, le tahitien est une langue vivante 2 soumis au choix des parents pour leur enfant. La danse tahitienne est devenue une épreuve au Baccalauréat et dans les programmes de l’enseignement supérieur la langue tahitienne existe avec même une agrégation en langue polynésienne. On peut dire aujourd’hui que le système éducatif polynésien a su évoluer et préserver nos valeurs et nos traditions. Car je tiens à le rappeler, nous avons la compétence de la politique éducative et nous pouvons faire nos propres choix, nos propres adaptations et dans la définition des compétences partagées c’est l’État qui finance nos orientations.

Dans ce dossier d’inscription, il ne s’agit pas que de défendre la danse tahitienne en tant que tel, mais aussi de mettre en valeur tout ce qui s’y rattache : notre langue, nos matières premières, notre savoir-faire, nos légendes et notre histoire à travers la danse et les chants. Il y est décrit les objectifs de développement durable dont je retiendrai la danse comme un moyen de cohésion sociale, de partage, de transmission, de bien-être, de reconnaissance de chacun quel que soit son genre, son origine, son appartenance. La danse nous réunit, nous emporte, nous valorise et est une expression de notre fierté d’être Polynésiens et de l’amour que nous portons à notre pays et à notre peuple.

Avec l’expansion de la danse tahitienne à l’extérieur et le développement des réseaux sociaux, il est urgent de préserver notre danse tahitienne et de garder le contrôle sur son évolution. La danse tahitienne séduit à l’international et fait la promotion de nos îles. Cependant, devant ce succès et la multiplication des écoles de danse tahitienne à l’étranger, il existe des dérives, des abus et des copies qu’il faut pouvoir interdire. Les Hawaiiens n’ont pas su préserver le Hula et il est encore temps pour nous de protéger notre danse tahitienne.

Aussi, nous voterons favorablement cette résolution et nous apportons tout notre soutien et nos encouragements à l’équipe qui défendra ce dossier auprès des instances françaises.

Je vous remercie. (Applaudissements dans la salle.)

Le président : Merci.

Donc on poursuit avec l’intervenant du groupe Tavini huiraatira, Steve.

M. Steve Chailloux : Monsieur le président de l’assemblée, Monsieur le Président du Pays, Madame la vice-présidente, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les représentants, chers collègues, Madame et Monsieur les parlementaires, chers internautes, cher public, bonjour.

Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment décisif pour notre patrimoine culturel, un moment où nous pouvons, ensemble, célébrer et promouvoir l’une des expressions les plus vibrantes de notre identité : la danse tahitienne. Cette danse est plus qu’une série de gestes rythmés aux déclamations, aux chants, aux sons et aux percussions, c’est l’une des expressions de l’âme de notre identité polynésienne, un lien indélébile entre notre passé tumultueux et notre futur prometteur.

Pour apprécier pleinement le sens et la portée de notre engagement envers la préservation de la danse tahitienne, il est essentiel de se remémorer le chemin parcouru, une histoire marquée tant par l’érosion que par la résurgence de notre identité polynésienne. Au cours des siècles, nous avons été forcés d’oublier une part de nous-mêmes, notre langue, nos chants, nos danses, et même nos expressions artistiques corporelles comme le tatouage, ont été sévèrement restreintes sous diverses dominations coloniales, politiques et religieuses. Ces interdictions visaient à modeler et à éradiquer les expressions de notre identité pour nous imposer une uniformité culturelle étrangère.

Cependant, les années 70 ont marqué un tournant décisif, souvent désigné comme le « renouveau culturel ». Inspirés par un désir profond de renouer avec leurs racines, nos jeunes de l’époque ont commencé à revendiquer et à réaffirmer leur héritage culturel. Cependant, ce mouvement de renaissance a été caractérisé par le développement des arts dans toutes ses déclinaisons, la résurgence de l’enseignement et de la pratique de la langue tahitienne, la réintroduction et la célébration des chants et des danses traditionnels, ainsi que par un renouveau du tatouage traditionnel, qui avait été longtemps stigmatisé et qu’il est encore un petit peu encore aujourd’hui.

Ce renouveau culturel n’était pas seulement une réaction contre l’oppression ou l’oubli, mais aussi une affirmation de notre identité, affirmant que notre culture pouvait et devait coexister avec les influences modernes, sans pour autant se fourvoyer. Ce fut une époque où la Polynésie a commencé à positionner sa culture non seulement comme un élément de fierté nationale, mais aussi comme un vecteur de développement socio-économique et aussi d’une certaine manière d’une diplomatie culturelle.

Chers collègues, en abordant le sujet de ce renouveau culturel, il convient de rendre hommage aux figures emblématiques qui ont été les piliers de ce mouvement, assurant non seulement la survie mais aussi le rayonnement de notre culture polynésienne.

Henri Hiro, que nous célébrons d’ailleurs actuellement —merci beaucoup, Madame la ministre —, poète, cinéaste et dramaturge, a été l’un des précurseurs dans la prise de conscience et la valorisation de la culture polynésienne. Son travail a non seulement embrasé, mais aussi revigoré la langue tahitienne et les traditions orales, par ses écrits et ses films, qui ont mis en lumière la richesse de l’héritage polynésien et la nécessité de le préserver. Il a ouvert la voie à une nouvelle génération en sensibilisant le peuple à l’importance de ses racines culturelles, faisant de lui un pilier de l’éducation culturelle.

Turo a Raapoto, pour sa part, fut un défenseur ardent de la langue et de la culture tahitienne, s’impliquant de manière significative dans la théologie de son Église et dans la littérature. Son engagement en tant qu’écrivain, en tant que poète, en tant que théoricien de la culture a eu un impact durable sur la manière dont la culture polynésienne est perçue et valorisée aujourd’hui. Son œuvre a aidé à cimenter l’idée que la langue tahitienne n’est pas seulement un moyen de communication, mais aussi un vecteur essentiel de l’identité culturelle.

Dans le domaine de la danse, Madeleine Moua fut une figure déterminante dans la réintroduction de la danse traditionnelle tahitienne sur la scène publique. Fondatrice du groupe de danse Heiva, elle a été pionnière dans la mise en scène de spectacles qui célèbrent et honorent la richesse et la diversité des danses traditionnelles, jouant un rôle crucial dans leur popularisation tant localement qu’au niveau international.

L’influence de Madeleine a été cruciale et inspirante pour d’autres précurseurs de la danse. Parmi eux, Coco Hotahota, figure emblématique et fondateur du groupe de danse Temaeva, l’un des plus anciens et des plus renommés dans le pays. Nous avons d’ailleurs le privilège de compter parmi nous sur les bancs de cette assemblée notre collègue Cathy Puchon, héritière de l’œuvre de Coco. Sous la direction de ce dernier, Temaeva a poussé les frontières de la danse tahitienne en intégrant des éléments théâtraux et des narrations plus élaborées, enrichissant ainsi l’expression culturelle polynésienne. La vision artistique de Coco a élargi la portée de la danse tahitienne, en le transformant en un véritable spectacle qui célèbre et raconte l’histoire du pays avec une profondeur et une intensité renouvelée.

Ces figures ont non seulement préservé des traditions menacées d’extinction, mais elles ont également posé les fondations d’une plateforme où la danse tahitienne pouvait évoluer et s'adapter, tout en restant profondément ancré dans ses racines. Leur travail a assuré que la danse ne reste pas seulement une curiosité folklorique, mais une forme d’art vivante, dynamique et respectée, capable de transmettre l’histoire, les émotions et les valeurs de Māʹohi Nui (NDT, la Polynésie française) à l’échelle mondiale.

Il est vrai que les pionniers qui ont inspiré ce renouveau culturel sont si nombreux que je pourrais passer la journée entière à vous les citer. Ces figures incarnent l’esprit de résilience et de détermination qui caractérise le peuple polynésien. Leur contribution ne se limite pas à la préservation des aspects tangibles de notre culture, comme la langue, la musique, la danse et le tatouage. Ils ont également œuvré à fortifier le sentiment d’identité collective et à encourager les générations futures à explorer et à exprimer leur héritage culturel avec fierté.

Leur héritage est une source continue d’inspiration, soulignant que la culture est un flux vivant, un dialogue perpétuel entre le passé et le présent, leur contribution demeure un témoignage vivant qui ne tombera jamais dans l’oubli. Nous leur sommes profondément reconnaissants car chaque voix, chaque geste qu’ils ont partagé, continue de résonner à travers nos cœurs et nos actions, nourrissant et enrichissant notre patrimoine commun.

L’histoire de ce renouveau et la lutte pour la préservation de notre patrimoine sont essentielles pour comprendre la profondeur de notre engagement actuel envers la danse tahitienne. Elles nous rappellent que chaque pas vers la reconnaissance de nos traditions sur la scène mondiale n’est pas simplement un acte de préservation, mais également une déclaration ostentatoire de notre inextricable résilience et de notre droit indéniable à célébrer et à partager notre héritage unique. En reconnaissant et en valorisant la danse tahitienne, nous ne célébrons pas seulement une danse, nous respirons la vie dans toutes les facettes de notre identité, assurant que notre voix, riche de son passé, résonne avec force dans le concert des nations.

La danse tahitienne représente donc un symbole vivant de notre pays, qui témoigne de la richesse de notre histoire et de nos traditions. Depuis 2017, avec son inscription au patrimoine immatériel français, nous avons cherché à élever sa reconnaissance au niveau mondial. Malgré une tentative non aboutie en 2018, notre détermination reste intacte. Le 15 novembre 2018, cette assemblée (la nôtre) a résolument appuyé la candidature du « ʹOri tahiti » pour son inscription à l’UNESCO, affirmant notre volonté de préserver et de valoriser ce trésor culturel.

La résolution que nous examinons s’appuie sur notre statut d’autonomie et les délibérations antérieures de cette assemblée, affirmant notre droit et notre devoir de protéger nos trésors culturels. Le texte souligne la pertinence culturelle, économique et sociale de la danse, et marque une étape importante dans la reconnaissance de notre identité à l’international. Car il est essentiel que chaque culture préserve son patrimoine, non seulement pour elle-même, mais aussi comme témoignage pour l’humanité entière.

Au-delà de son rôle culturel, la danse tahitienne est également un vecteur de développement économique et social. Il attire des touristes du monde entier, désireux d’expérimenter l’authenticité et la richesse de notre culture polynésienne. Par son rayonnement international, il contribue significativement à l’image du pays à l’étranger, renforçant ainsi sa visibilité et son attractivité en tant que centre culturel vibrant et distinct.

Aujourd’hui, nous renouvelons notre engagement avec une procédure révisée et plus ambitieuse. Sur la base des recommandations de 2018 et avec le soutien du gouvernement représenté par l’arrêté du 22 février 2024, nous avons préparé un dossier robuste qui met en avant non seulement la beauté de la danse tahitienne, mais également son rôle dans la promotion de pratiques durables et son impact économique et social significatif. Notre vice-présidente Éliane Tevahitua a récemment renforcé notre position lors de ses discussions à Paris, ce qui nous porte à croire en une issue favorable cette fois-ci, je l’espère.

Reconnaître la danse tahitienne, c’est affirmer que, dans le concert des nations, la voix de la Polynésie doit être entendue, respectée et célébrée à l’aune de ses cultures millénaires. Cependant, nous ne cherchons pas seulement à obtenir une reconnaissance. Notre objectif est de protéger de la danse tahitienne face à une mondialisation qui pourrait dénaturer ses aspects les plus sacrés.

C'est garantir que notre tradition danse au rythme de la modernité sans perdre son âme. C’est offrir à nos jeunes des racines profondes tout en les invitant à fleurir loin des rives de nos îles. En obtenant cette inscription, nous assurons un cadre de préservation et de transmission aux générations futures, tout en affirmant la place centrale du pays sur la scène culturelle mondiale.

Car notre culture n’est pas un reliquat du passé, mais un dialogue continu avec le présent. Autrement dit la culture, et plus particulièrement la danse tahitienne, doit être perçue non seulement comme un héritage, mais aussi comme une force vive et transformatrice, capable de s’engager activement avec le monde contemporain et de façonner l’identité collective de manière continue.

Ainsi, je sollicite de nouveau votre soutien pour que danse tahitienne soit reconnu(e) par l’UNESCO, non seulement comme un héritage polynésien, mais aussi comme un patrimoine qui appartient au monde entier.

En votant pour soutenir cette résolution, nous votons pour unir notre patrimoine au patrimoine mondial, assurant ainsi que notre culture, notre identité, et notre danse tahitienne continuent de danser à travers les âges.

Et enfin, pour conclure, je voudrais adresser à tous nos artistes qui sont actuellement — nous sommes au mois d’avril —, tous nos artistes du Heiva de Tahiti qui sont dans les starting-blocks, qui sont en train de répéter chaque soir leur danse, leur chant, leur allocution, leur chorégraphie, eux qui sont le cœur battant de notre culture et qui font rayonner notre culture, à tous ces artistes, à ces danseurs, à ces chanteurs, à ces chefs de groupes de danse, à ces chefs de groupes de chant, à ces fleuristes, à ces costumières, à toutes ces petites mains, à tous, bon courage car grâce à vous notre culture rayonne, la culture du peuple polynésien.

Bonsoir. (Applaudissements sur les bancs du groupe Tavini huiraatira.)

Le président : Merci.

J’invite l’intervenant du groupe Tapura huiraatira.

Mme Teura Iriti : Merci bien, Monsieur le président.

Cher Président du gouvernement, chers ministres, bonjour. Bonjour à toutes et à tous en cette heure, soit 15 heures 5. Que l’amour règne.

Ce qui est réjouissant en ce moment, c’est que nous sommes tous unanimes sur ce projet. Et puisque ce projet a été présenté déjà en 2019, j’aimerais également remercier chaleureusement notre cher ministre Heremoana Maamaatuaiahutapu qui a également porté ce dossier. Cette année-là, le président Macron ne l’avait pas retenu parce qu’il avait opté pour les yoles de l’île de la Martinique. Cela ne fait rien, mais l’on espère évidemment que juste après, ce sera à notre tour.

Je vous remercie Madame la vice-présidente du gouvernement car, dans votre intervention, vous affirmiez que « nous avons la certitude que c’est le moment propice pour que le président Macron nous choisisse ». Merci beaucoup.

Par contre, je voudrais réagir sur… Parce que, je ne veux pas répéter une quatrième fois étant donné que nos collègues et notre député — bonjour chers députés et Madame la sénatrice — sont intervenus. Nous savons qu’elle fait notre fierté à tous, celle de nos ancêtres, la nôtre aujourd’hui et qu’elle est réputée. Lorsque l’on regarde les étrangers danser, waouh on est vraiment très impressionnés ! C’est pourquoi, il faut être vigilants sur ce point afin que notre danse ne devienne pas… nous le savons tous, tout comme Madame la vice-présidente.

Ainsi, je vais être brève : vive la danse, vive la culture de la danse ! Nous croyons fermement en la réalisation de ce projet.

En conclusion, je suis en train de contempler ces objets qui ont été confectionnés par les mains, soit de nos mamans, soit de nos jeunes filles, artisanes des îles Australes que je tiens également à saluer en ce moment. Je vous remercie chaleureusement pour ces objets qui nous rappellent que nous avons aussi les nôtres, allez-y donc voir.

Bon après-midi. (Applaudissements dans la salle.)

Le président : Merci beaucoup.

La discussion générale est maintenant close. Ah, vous avez encore un intervenant ? (À l’adresse de Mme Lana Tetuanui.) Excusez-moi, allez-y !

Mme Lana Tetuanui : Merci bien, Monsieur le président.

Ne soyez pas offusqués par mes propos car je suis certaine que nous sommes tous unanimes sur ce projet. Lorsque j’ai écouté notre député — merci beaucoup —, mais je le dis souvent au sein de cette assemblée, vous ne vous occupez que de Tahiti. J’aimerais également que l’on commémore ces héros dans les îles, comme Paimore de Tahaa ou Irma Prince de Bora Bora… Car il ne faut pas oublier… Arrêtons de nous focaliser que sur Tahiti. Oh ! Pour ma part, j’aime à dire qu’il est préférable d’aller voir les festivités de juillet dans les îles, car c’est là-bas que se trouvent les « véritables » festivités de juillet. Parce que, lorsque la sénatrice que je suis regarde ce qui se déroule parfois sur votre scène de Toata, on a tendance quelque fois à imiter les français.

Je voudrais rappeler à Madame la ministre que cette année-là… En effet, concernant l’appellation « danse tahitienne », nous ne devons pas oublier les pratiques des habitants des Gambier, la danse de l’oiseau des Marquises, celle également des Îles-sous-le-vent ; les rythmes sont différents, la pratique n’est pas la même. Mais ce qui est certain à ce sujet — car c’est vous qui vous y rendrez —, et je vais rappeler également la raison pour laquelle la danse tahitienne n’a pas été retenue en 2019, c’est qu’il ne s’agissait pas d’une décision politique, mais plutôt au fait que le dossier que vous avez renvoyé (NDT, à la commission) ce matin, ait été déjà inscrit. C’était l’argument qui avait été avancé au niveau de Paris en 2019 puisqu’il y avait déjà le dossier des îles Marquises à faire aboutir. C’était la raison pourquoi on avait retenu les yoles comme vous venez de citer.

Non, bien sûr que l’on va soutenir. Il est important, comme notre maire d’Arue vient de dire, vous allez au Japon, eh, les japonaises maîtrisent très bien notre danse. De ce fait, il convient de protéger ce patrimoine immatériel et ancestral qu’est le nôtre.

Alors mon intervention, vous l’aurez compris, je suis une fille des îles des archipels, je veux aussi rendre hommage à tous nos acteurs des archipels, aussi bien des Tuamotu et Gambier, tous les rassemblements qu’ils font chaque année. Même si on n’aime pas trop aller aux Tuamotu — on préfère mieux se rendre à Las Vegas —, allez donc voir ce qui se passe dans nos îles avec le Festival des Marquises, à travers aussi ces grands festivals-là où ils remettent en valeur la culture marquisienne, et aussi bien nos danseurs des Gambier. Moi, je veux, dans la continuité de ce qui a été dit par notre député, rendre hommage aussi à tous ces artistes qui font même avec peu de moyens — étant donné que vous dilapidez tout l’argent sur Tahiti, même avec peu de moyens dans nos archipels, mais je puis vous assurer, ils font quand même de belles choses, surtout pendant les fêtes du Heiva (NDT, festivités de juillet (concours de danses et chants) chaque année dans notre pays.

Voilà, chers collègues, soyez certains que je soutiendrai ce projet et cette proposition de résolution.

Merci beaucoup. (Applaudissements dans la salle.)

Le président : Merci beaucoup.

Je vais rendre la parole peut-être à Madame la vice-présidente. Merci.

Mme Éliane Tevahitua : Chers représentants élus par le peuple, merci bien pour vos interventions. En les écoutant, certaines interventions étaient comme de l’eau fraîche (NDT, annonciatrice d’une bonne nouvelle) en raison de leur intonation et des pensées plus que bienveillantes qui en émanaient à l’heure où nous sommes.

En effet, aujourd’hui je porte une responsabilité extraordinaire… Je suis en charge du statut de la danse tahitienne et il serait juste de ma part de rappeler le travail qui a été accompli par mon prédécesseur, c’est-à-dire celui juste avant moi, Monsieur Heremoana, qui a entamé ce projet. Et s’agissant de la danse tahitienne, nous ne pouvons pas être en conflit sur le sujet. Nous pouvons être en conflit sur d’autres sujets, mais je pense que ce projet est celui qui nous unit tous. C’est pourquoi, dès que j’ai pris mes fonctions, je tenais vraiment à faire aboutir ce projet.

Aujourd’hui, la décision de retenir ou pas revient au président de la République. Par contre notre décision, celle que vous prendrez aujourd’hui, est importante pour que ce projet se réalise ou pas. Si le président Macron retient un autre projet plutôt que le nôtre, c’est-à-dire celui que vous allez examiner aujourd’hui, nous pourrons retourner l’année prochaine pour le soutenir de nouveau. Ceci dit, je souhaite et voudrais aussi, puisque c’est mon vœu le plus cher, qu’il retienne notre danse tahitienne et qu’il nous mène vers notre objectif. Nous verrons bien dans les semaines à venir si l’on a raison ou pas. Si l’on réussit, d’autres travaux seront à réaliser durant une période de deux ans car, cette fois-ci, il faudra aller à l’UNESCO pour défendre l’inscription de la danse tahitienne en tant que patrimoine culturel de notre pays afin que celle-ci soit protégée.

Et donc, merci bien pour vos précédentes interventions et attendons maintenant la décision de l’État français.

Le président : Merci bien, Madame la vice-présidente.

Je pense que nous allons passer au vote de la résolution : qui est pour ?... À l’unanimité. Merci. Donc, la résolution est adoptée.



Les rapports peuvent être consultés sur le site internet de l’assemblée de la Polynésie française à l’adresse www.assemblee.pf
Les interventions en langues polynésiennes ont fait l’objet d’une traduction surlignée en gris.

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