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SÉANCE DE QUESTIONS ORALES

Paru in extenso au JOPF n° 14 NA du 26/11/2024 à la page 1001

SÉANCE DE QUESTIONS ORALES


Le président : Nous passons au deuxième point de notre ordre du jour, à savoir la séance des questions orales. Nous avons reçu cinq questions orales.

« L’auteur de la question ou le représentant à qui il a donné procuration en séance plénière dispose de trois minutes pour exposer sa question. Il ne peut reprendre la parole après la réponse du gouvernement. Le ministre dispose de cinq minutes pour apporter sa réponse et il peut la compléter par un commentaire écrit distribué à chaque représentant. »

La séance dure une heure. Il est 9 h 20.

Je propose à Nuihau Laurey de poser la première question.

Question orale de Monsieur Nuihau Laurey sur les inflexions envisagées dans la gouvernance après une année de MANDATURE

(Lettre n°  5220 SG du 04/06/2024)    

M. Nuihau Laurey : Merci, Monsieur le président. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les ministres, mes chers collègues, Mesdames et Messieurs de la presse, du public qui nous suit ici et à l’extérieur. J’ai un peu synthétisé ma question qui était un peu trop longue à mon goût.

Monsieur le Président, la présentation de votre remaniement ministériel a surpris beaucoup d’observateurs de notre vie politique par un remaniement ministériel sans réel remaniement et sans nouveau ministre.

Ce choix ou ce non choix inquiète les milieux économiques qui perçoivent clairement le ralentissement de l’activité et surtout l’absence de mesures de soutien pourtant nécessaires.

L’Institut d’émission d’outre-mer dans son dernier rapport indique une baisse de 38 % des crédits destinés à l’habitat des ménages et une baisse de 42 % des crédits à l’équipement des entreprises. Ces chiffres ne doivent pas nous interroger sur le fait de savoir si tout va mal ou pas si mal que ça, ils doivent nous questionner et nous inciter à agir.

Ce non choix il inquiète aussi la société civile par les déclarations intempestives qui émanent de certains contre nos soignants, notre hôpital ou en faveur d’une indépendance accélérée au moment où les troubles majeurs qui surviennent en Calédonie devraient nous inciter à plus de réflexion et moins d’idéologie.

Ce non choix vous prive enfin d’un souffle nouveau qui permet d’impulser un changement de gouvernance, surtout après la présentation d’un bilan — disons-le, sans langue de bois — léger, sans réforme majeure, sans texte fondateur, sans nouvelle impulsion économique et sans changement dans le fonctionnement des établissements déficitaires de notre pays.

Monsieur le Président, vous êtes en charge d’attributions déjà lourdes, le tourisme, les transports aériens internationaux, l’égalité des territoires, l’aménagement, le logement, le foncier, les affaires internationales, l’économie numérique et les conséquences des essais nucléaires. Vous êtes un gouvernement à vous tout seul.

Prenons le tourisme dont vous êtes en charge. La fréquentation de notre destination est en baisse avérée en 2024 (– 10,2 % en hébergement terrestre pour le premier trimestre) malgré les JO, la progression attendue de la capacité hôtelière est clairement freinée par le durcissement de la défiscalisation que vous avez acté contre l’avis de tous les professionnels du secteur. Le projet de Village tahitien est aujourd’hui abandonné dans un choix allant exactement à l’opposé de l’objectif de 600 000 touristes que vous avez fixé. Prenons le transport aérien dont vous avez la charge. Notre compagnie ATN dont vous plaidez la réinvention attend toujours sa feuille de route, tout comme le prochain CA qui doit valider la mise en place d’une nouvelle équipe qui ne peut se borner à un homme seul dont on attendrait qu’il transforme notre compagnie comme par magie, sans même parler d’Air Moana qui est en mode « survie » ou d’Air Tahiti qui peaufine son plan social si rien ne bouge.

Ces dossiers sensibles s’amoncellent sur votre bureau et vous avez choisi d’en demander encore plus, en vous attribuant le logement social et les affaires foncières.

Dans notre organisation politique, le Président est la première institution de notre pays, c’est la clé de voûte de l’action gouvernementale, quelle que soit la volonté des ministres.

Aucune réforme profonde ne peut être conçue sans une implication constante, permanente, en réalité décisive du Président à chaque étape du processus de concertation et de décision, qu’il s’agisse de notre protection sociale dont le coût excède aujourd’hui le budget de fonctionnement du pays, ou encore de notre modèle économique dont la redéfinition ne pourra pas se borner indéfiniment à augmenter les impôts ou à créer de nouvelles taxes. Malgré toutes les technologies, on ne peut pas diriger un pays à distance, que ce soit par WhatsApp ou Messenger.

Monsieur le Président, vous n’êtes pas sourd à toute critique constructive et votre jugement ne se fonde pas, je l’espère, sur la seule base de votre entourage qui deviendra par la force des choses une cour. Pouvez-vous nous rassurer en nous indiquant les inflexions qui sont nécessaires et que vous envisagez dans votre gouvernance après cette première année de mandature qui, sans langue de bois, n’est objectivement pas satisfaisante ?

Je vous remercie.

Le président : Merci.

Monsieur le Président.

M. Moetai Brotherson : Bonjour à tous.

Monsieur le représentant, je vous laisse l’appréciation qui est la vôtre du bilan du gouvernement et de son format actuel. Sur la surprise quant au remaniement, elle m’étonne un peu puisque j’ai annoncé de longue date qu’il s’agirait plus d’une redistribution des portefeuilles que d’un changement de tête.

Ensuite, sur votre question, à part faire une critique large des domaines, je ne vois pas vraiment où est la question. Mais si la question qui est posée, c’est de dire « est-ce que j’ai l’intention de garder ce florilège de portefeuille jusqu’à la fin du mandat ? La réponse est non », si ça peut vous rassurer.

Donc, concernant les portefeuilles du logement, du foncier, de l’aménagement, ce sont des portefeuilles lourds.

Il ne faut pas non plus oublier qu’on a derrière ces portefeuilles des services, des établissements sur lesquels on peut s’appuyer. Il le faut, moi, je veux leur rendre hommage aujourd’hui et les saluer.

Je compte sur eux, je compte sur l’action de mes services et je leur fais confiance. C’est peut-être cette confiance qui a manqué à une certaine époque.

En tout état de cause, sur ces trois portefeuilles, je vais les conserver à mon niveau pendant six mois, et dans six mois, tel que je l’ai annoncé lors de la conférence de presse, je les confierai à quelqu’un qui a toutes les compétences requises pour les assumer.

Voilà, si ça peut vous rassurer.

Le président : Merci.

Je demande à Édouard Fritch de poser sa question.

Question orale de Monsieur Édouard Fritch sur le changement de rythme scolaire 

(Lettre n° 5221 SG du 04/06/2024)

M. Édouard Fritch : Merci bien, Monsieur le président. Monsieur le Président du pays, Mesdames et Messieurs les ministres, mes chers collègues, Mesdames et Messieurs du public, chers jeunes, bonjour à tous. Ma question portera sur le changement de rythme scolaire.

Avant, je voudrais simplement dire à mon collègue Nuihau Laurey qu’il ne fallait pas s’attendre à un débarquement lundi puisque la fête du débarquement c’est aujourd’hui — le débarquement c’est le 6 juin —, qu’il était un petit peu tôt effectivement que le gouvernement de la Polynésie procède au sien avant celui de la métropole.

Je suis heureux, Monsieur le Président, de revoir parmi nous mes collègues voyageurs et de leur dire bienvenue au fenua, bienvenue et bon retour d’Azerbaïdjan. J’espère que ce voyage s’est bien passé, pour vous en tous les cas. Pour nous, ça nous a posé du souci.

Le représentant-maire que je suis, Monsieur le Président, vit une sorte de frustration parce que, dans la démarche entreprise par le ministre sur le dossier des rythmes scolaires, in fine, s’est résumé par une refilade de patate douce chaude, bien sûr, cette fois-là, aux maires de Polynésie.

Effectivement, le 29 avril dernier, Monsieur le ministre a dévoilé le résultat des travaux sur les rythmes scolaires. En résumé, il a cherché et organisé cette démarche pour mettre chaque commune dans une des six cases qu’il a appelées scénarii.

Toute cette démarche n’a consisté qu’à demander et suivre les divers souhaits des parents et des enseignants. Ça, pourquoi pas ? Le travail était facile et je trouve qu’il était même trop facile parce que jusque-là, il n’y a pas de souci de notre part, bien sûr, nous les maires, puisque vous êtes compétents en matière d’éducation.

Là où ça ne va plus, c’est que vous ne finissez pas le travail commencé. Vous ne faites qu’une partie du chemin, puisque pour la fin du parcours, vous renvoyez, sans discussion et concertation, le dossier à chaque maire. Chaque maire décide.

À cet égard, vous allez me répondre qu’à l’initiative du SPC, il y a eu une rencontre avec vous il y a quelques semaines, surtout avec le ministre effectivement concerné, et je remercie le SPC de l’avoir fait pour nous.

Cependant, la discussion collective qui fut organisée par le SPC pouvait dispenser le gouvernement et le ministre d’engager une nécessaire discussion individuelle, avec chaque commune, car vous avez pris le choix d’avoir un scénario par commune. Il y a un scénario par commune et vous verrez que, plus tard, dans l’exécution il y aura, je pense, pour certaines communes, un scénario par école. Si, c’est le cas de Moorea, par exemple, avec l’île de Moorea et l’île de Maiao. Vraisemblablement, ils n’auront pas le même scénario. Vous le savez, Monsieur le ministre, puisque vous avez été saisi à ce niveau-là. Donc votre choix d’individualiser, Monsieur le ministre, les rythmes scolaires par commune vous oblige d’individualiser les concertations avec les communes.

J’ai rencontré les chefs d’établissements scolaires de Pirae, bien sûr. Il ressort de nos discussions le sentiment gênant que je n’aurais pas d’autre choix que d’acquiescer et de financer les conséquences de vos décisions non concertées avec les responsables communaux qui sont appelés à organiser les activités extrascolaires. En résumé, puisqu’on finirait un petit peu plus tôt, il faudra que la commune effectivement s’occupe de ces enfants. Vous comprendrez que cette situation n’est pas satisfaisante, car il y a manifestement un manque de respect des maires et un manque de responsabilité de votre part.

Alors, Monsieur le ministre, Monsieur le Président, quels moyens avez-vous prévus pour que les maires de Polynésie puissent mettre en œuvre, au bénéfice de nos enfants, votre plan de modification des rythmes scolaires ?

Je sais qu’il y a urgence pour vous, comme pour nous. Je sais qu’il faut aller très vite, mais comprenez qu’aujourd’hui nous sommes très inquiets sur la suite qui va être donnée à cette réforme du rythme scolaire, d’autant que nous sommes arrivés aujourd’hui à ne plus être d’accord sur le même rythme scolaire avec nos propres directeurs qui ont une autre conception. Nous n’avons pas vu les parents d’élèves, mais vraisemblablement nous serons en opposition avec les parents d’élèves parce qu’il faudra satisfaire ou les directeurs d’école ou les parents d’élèves.

Je vous remercie.

Le président : Merci.

Monsieur le ministre.

M. Ronny Teriipaia : Cher Monsieur le représentant, cher maire de la commune de Pirae        .

Quelle immense frustration, en effet ! C’est vrai que l’idée de solliciter le dialogue avec les élus locaux, qui sont en contact direct avec les réalités de terrain, est totalement scandaleuse. En effet, comment ai-je pu imaginer de vous faire confiance et de vouloir être à l’écoute de l’ensemble des partenaires de l’école.

Vous semblez dans votre question orale étonné, que dis-je, surpris et puis finalement frustré. Je m’inquiète pour vous, Monsieur le représentant-maire, car la frustration peut vous pousser vers le bas, et dans votre cas, il faudra commencer à creuser. Vous devez aussi savoir qu’une personne frustrée est la propre raison de sa frustration, mais évitons d’épiloguer sur le mal qui vous ronge.

Contrairement à vous, je n’oserai pas comparer une réforme essentielle pour le bien de nos enfants à un vulgaire légume. Je vous laisse la propriété de cette expression qui ne vous élève pas.

Contrairement à ce que vous affirmez dans votre question, ma démarche a pour origine le respect de chaque maire comme de tous les membres de la communauté éducative. Ce respect s’est exprimé par une méthodologie basée sur la concertation la plus large possible, des différents acteurs de l’éducation, et en premier lieu, les parents, les enseignants et les élus de terrain que sont les maires.

Attention, la frustration peut aussi jouer des tours à la mémoire. Dois-je vous rappeler, Monsieur le représentant-maire, que cette réforme a été initiée par votre ministre de l’éducation de votre gouvernement ? (Applaudissements dans la salle.) Vous semblez l’avoir oublié. Ah la mémoire ! « Tout fout le camp ! »

Dans la méthode proposée par votre ministre et que donc vous avez approuvée, puisque vous étiez son Président. Il a été question d’une concertation de la communauté éducative lors des assises intitulées : « Ensemble, inventons l’école de demain » qui se sont déroulées les 11, 12 mai et  le 1er juin 2022 . Et où les maires et élus municipaux dans chaque circonscription pédagogique, dans toute la Polynésie, ont participé. Deux idées majeures ont été retenues à l’issue de ces assises, la première concerne la création d’un ENT (espace numérique de travail) polynésien et la seconde concerne la réforme des rythmes scolaires. Vous devez vous en souvenir puisque vous étiez venu faire un discours lors de la remise des conclusions de ces assises le 10 juin 2022, mais bon, la mémoire peut jouer des tours. Je comprends.

Donc deux projets d’ampleur lancés par votre ministre qui n’ont malheureusement pas abouti, car dans l’empressement « d’un coq sans tête » qui a caractérisé ce ministère à cette époque, la société choisie pour accompagner le développement de l’ENT polynésien a fait faillite au bout d’une année, encore un choix malheureux de votre gouvernement que j’ai dû rattraper en contractualisant avec une société plus solide et plus sérieuse qui finalement a abouti à la création de nos ENT Nati Tahi et Nati Rua lancés le lundi 22 avril 2024. Vous avez sans doute pu lire des articles de presse sur le sujet.

En passant, un flop qui a coûté au pays plusieurs dizaines de millions.

L’autre projet qui a fait « pshittt » concernant la réforme des rythmes scolaires que votre ministre a voulu mettre en place coûte que coûte à la rentrée d’août 2023. Une réforme d’ampleur qu’il aurait été plus sage de lancer en début de mandature, mais comme vous êtes très intelligents et très compétents, en allant à la rencontre de tout principe logique de base en gouvernance, vous lancez cette réforme en fin de mandature. Santé !!!

Pour mémoire, dès mon installation au ministère de l’éducation en mai 2023, j’ai reçu plusieurs maires, et notamment ceux des archipels éloignés, plusieurs bureaux d’associations de parents d’élèves, la présidente de la fédération des APE qui m’ont tous demandé de sursoir d’un an la réforme, car ils ne se sentaient pas du tout prêts. Ils n’étaient pas frustrés, Monsieur le représentant-maire, ils étaient inquiets, soucieux et volontaires pour faire réussir cette réforme pour le bien de nos enfants. Je ne vous ai pas vu à ce moment-là, peut-être occupé à gérer vos frustrations.

Avec ces éléments, j’ai donc reporté la mise en application de la réforme d’autant plus que, dans sa grande sagesse, votre ministère de l’éducation, de l’époque, n’avait pas pris le soin de modifier les textes règlementaires pour l’application du nouveau décret. J’espère que vous le savez.

J’ai engagé de nouvelles concertations avec les maires, avec les associations de jeunesse et j’ai lancé une grande consultation populaire avec une information au travers des médias qui a abouti à un avis des conseils municipaux et un vote massif des parents et des enseignants avec un taux de participation des parents de 86,7 % soit 22079 bulletins, et un taux de 97,5 % des enseignants, soit 1595 bulletins. Ces chiffres sont sans appel.

Afin de vous rafraîchir la mémoire, du 21 mars 2022 au 11 décembre 2023, ce n’est pas moins de 19 réunions de concertation qui ont eu lieu avec tous les partenaires de l’école, syndicats d’enseignants compris.

Nous avons ainsi relancé à plusieurs reprises les maires ainsi que le SPC que vous avez cité dans votre question, sans réponse de leur part. Une chose que je partage avec votre ancien ministre de l’éducation qui n’a pas réussi à avoir une réponse du SPC à son époque, ainsi que de quelques maires dont vous, c’est dire l’importance que vous accordez à la concertation.

Vous soulignez justement le manque de concertation individuelle, or comme expliqué lors des nombreuses réunions auxquelles vous n’avez pas assisté, ainsi que le SPC, j’avais précisé qu’après les avis des parents, des enseignants et des conseils municipaux, recueillis lors de la consultation populaire de mars 2024, j’ai annoncé les scénarios qui remportaient l’adhésion de la majorité, mais que ces annonces doivent être consolidées par des consultations individuelles de chaque maire et de leurs services par mes représentants auprès des communes que sont les inspecteurs de l’éducation nationale. Ainsi, dans votre commune, une réunion a eu lieu le 22 mai avec l’inspectrice de la circonscription, mais peut-être que vous avez dû, une fois de plus, oublié.

Le 25 mai un entretien téléphonique a eu lieu entre l’inspectrice et les responsables de l’éducation de votre commune.

Le 31 mai vous acceptez de rencontrer les directrices d’école de votre commune. — En fait, petite correction, pour mémoire, contrairement à ce que vous écriviez dans votre question, il ne s’agit pas de cheffes d’établissements. Demandez à votre ancienne ministre de l’éducation la différence entre les deux statuts.

Le 3 juin, un tableau avec les horaires des débuts et de fin des cours est envoyé par vos services à l’inspectrice.

Enfin, il est évident que la question des moyens est cruciale. Juste un rappel, pour mémoire, le périscolaire n’entre pas dans le champ de compétence du ministère de l’éducation. Toutefois, contrairement à votre gouvernement qui n’y a pas pensé, j’ai consulté les fédérations d’associations de jeunesse afin de leur exposer la réforme et les inciter à proposer des activités qui pourront entrer dans le cadre des activités périscolaires. Ils ont déjà conçu des modules d’activités et n’attendent plus que les mairies pour organiser cela. De plus, dans le cadre de l’interministérialité, nous travaillons étroitement avec Madame la ministre des sports, de la jeunesse, de la prévention contre la délinquance, en charge, de l’artisanat afin d’orienter les associations culturelles et sportives vers des projets d’accueil sur le temps périscolaire. Nous travaillons aussi avec le ministère de Jordy Chan pour trouver des solutions concernant la fluidité sur nos routes polynésiennes.

Contrairement à ce que vous affirmez, Monsieur le représentant-maire, rien n’est facile. Bien sûr, si vous avez ignoré la réforme lancée par votre gouvernement, je peux comprendre votre frustration, mais il ne faudrait vous en prendre qu’à vous-même. Contrairement à vous, je respecte tout le monde, je donne la possibilité à tous les acteurs de l’école de s’exprimer. Contrairement à vous, je ne compare pas un projet concernant nos enfants polynésiens à un vulgaire légume, je respecte nos enfants et je veux le meilleur pour leur réussite. Contrairement à vous, la plupart des maires, que je tiens à saluer ici, ont pris à bras le corps cette réforme et ont participé dès le début de manière constructive à l’aboutissement de ce projet. Sur 48 communes, nous avons reçu les propositions d’horaires de 41 d’entre elles. Ah oui, rien de Pirae ! Encore un oubli.

En résumé, votre question pointe avec une finesse et une justesse, indiscutables, votre appréciation erronée de la situation. Il ne faut surtout rien changer, puisque ça semble vous tenir tant à cœur.

Pour terminer sur une note d’espoir, je vous invite, Monsieur le représentant-maire, ainsi que tous les maires de Polynésie, à participer aux futures concertations que je compte lancer après la rentrée scolaire d’août 2024 sur notre projet éducatif polynésien. Cela vous permettra d’éviter de nouvelles frustrations, car je tiens à votre bien-être. Sincèrement.

Avec toute la considération due à un représentant-maire si clairvoyant et féru de concertation.

Votre serviteur, Ronny Teriipaia. Merci. (Applaudissements dans la salle.)

M. Édouard Fritch : Merci de vous préoccuper de ma santé, Monsieur le ministre. Je suis touché, mais le problème n’est pas résolu. Vous avez répondu à une partie de la question et c’est ce que je voulais entendre. Vous n’êtes pas responsable des activités périscolaires, donc ce sera aux maires à prendre en compte. C’est tout ! C’est ce qui nous intéresse, nous.

Le président : Merci, merci. Monsieur le président de groupe, s’il vous plaît !

Je demande à Madame Tepuaraurii Teriitahi de poser sa question.

QUESTION ORALE DE MADAME TEPUARAURII TERIITAHI SUR L’UTILITÉ DES MÉDECINS POUR LES MĀ’OHI

(Lettre n° 5222 SG du 04/06/2024)

Mme Tepuaraurii Teriitahi : Merci, Monsieur le président. Monsieur le président de l’assemblée, Monsieur le Président du gouvernement, Madame et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les représentants, mes chers collègues, chers collaborateurs, amis du public, chers jeunes qui êtes parmi nous ce matin, chers journalistes, bonjour .

Monsieur le ministre, le 24 mai dernier dans ce même hémicycle, la représentante Tavini Sylvana Tiatoa a déclaré, je cite : « ils (en parlant des médecins) ont soigné les polynésiens comme si c’était des des étrangers et ils étaient sur le point de transformer les polynésiens en popa’a, en étrangers par leurs traitements. À ce jour, il n’y a aucun médicament à l’hôpital qui soit en mesure de guérir qui que ce soit, il n’y a aucun médecin à l’hôpital qui soit capable de guérir qui que ce soit. Il n’y a aucun médecin dans ce pays capable de traiter quelqu’un jusqu’à la guérison. » fin de citation.

Le même jour, le représentant Tavini, Monsieur Ueva Hamblin, a surenchéri en déclarant, je cite : « En conclusion, dans notre pays, il ne faut faire que payer jusqu’à ce que mort s’en suive. En tant que représentants, l’argent que nous votons ne sert pas aux malades, mais aux médecins, aux infirmières, aux pharmacies, aux masseurs kinésithérapeutes qui ont fait de leurs activités des entreprises qui s’enrichissent sur le dos des Polynésiens. » Fin de citation.

À l’issue de leurs interventions respectives, une partie de la majorité et certains ministres ont chaudement applaudi, comme à l’instant, cautionnant ainsi ces affirmations.

Ces propos inacceptables, scandaleux et injustes ont fini d’achever le personnel de l’hôpital du Taaone et en particulier les chefs de services, dont 19 sur 26 vous ont déposé leur démission, criant au manque de moyens et au manque d’écoute. Écoute dont ils ont toujours bénéficié dans le passé.

Ceux-là même qui se donnent sans compter, chaque jour, chaque nuit, pour nous soigner, ceux-là même que nous avons applaudis chaleureusement pendant la pandémie de Covid-19. Certains ont la mémoire courte.

Ces propos sont irresponsables, d’autant plus venant d’élus, car ils jettent l’opprobre et le discrédit sur le personnel médical et pourraient inciter certains de nos concitoyens à ne plus se soigner.

Lorsque je vous ai interrogé sur ces déclarations le jour même, vous avez botté en touche et esquivé par une réponse mettant en avant les bienfaits de la prévention.

Accuser l’Hôpital, et les médecins de ne pas soigner les Polynésiens est inacceptable.

Monsieur le ministre de la santé, alors que le CHPF traverse une crise sans précédent et que les médecins ne cessent de vous alerter comme jamais, quelle est votre position face aux propos tenus par des élus de votre majorité et face aux cris de désespoir des médecins du CHPF ?

Merci pour votre attention.

Le président : Merci.

Monsieur le ministre.

M. Cédric Mercadal : Madame la représentante, bonjour .

Je vous remercie pour votre question qui, je pense, n’a pas de but polémique.

Les propos tenus par certains membres de l’assemblée le 24 mai dernier ont suscité de vives réactions.

Je tiens à rappeler que la ligne gouvernementale a toujours été de promouvoir la santé afin de soigner le mal à la racine. La promotion de la santé, c’est une alimentation saine, de l’activité physique et de la médecine intégrative. Je reviendrai d’ici quelques mois pour vous proposer un plan d’actions et des actions concrètes de terrain sur ce sujet.

Sur ces propos dont vous parlez, mon Président et le président de l’assemblée se sont exprimés.

Néanmoins, en tant que ministre de la santé aujourd’hui, vous me posez la question.

Je veux juste vous exprimer mon engagement au travers d’une petite histoire très brève qui illustrera très bien ma réponse :

« Je connais quelqu’un, qui connaît quelqu’un, qui, à l’âge de 16 ans est passé sous un convoi exceptionnel suite à un accident de scooter sur la route entre Faa’a et Punaauia.

Cette personne, grâce à une ambulance qui est arrivée dans les temps, a eu une prise en charge rapide au service d’urgences de l’hôpital par une équipe soignante dévouée (chirurgiens, infirmiers, aides-soignants, brancardiers) et a pu être sauvée.

Cette personne a été suivie par de multiples médecins, y compris dans le privé, alors que son bassin était cassé en de multiples endroits et qu’elle a dû être opérée plus de 30 fois. Elle a passé près de six mois en réa, et encore plus de temps en chambre et en rééducation pour survivre et remarcher un jour.

C’est une histoire qui se passe, pour beaucoup de patients, tous les jours au regard de la maladie et des accidents de la vie. Aujourd’hui, ce n’est plus le patient qui vous parle. En tant que ministre de la santé, je soutiendrai toujours le corps médical (public et privé) et plus généralement le corps médical qui m’a permis d’être présent devant vous et de marcher. C’est là mon engagement et je sais que c’est l’engagement de mon gouvernement et de ma majorité.

Je vous en remercie. Merci. (Applaudissements sur les bancs du groupe Tavini huiraatira.)

Le président : Merci. Je demande à Tevaipaea de poser sa question.

QUESTION ORALE DE MONSIEUR TEVAIPAEA HOIORE SUR LA MISE EN PLACE D4UNE CONSULTATION POPULAIRE POUR LE SITE DE TEMAE

(Lettre n° 5251 SG du 04/06/2024)

M. Tevaipaea Hoiore : Merci, Monsieur le président.

Monsieur le président de l’assemblée de la Polynésie française, Madame la secrétaire générale, Monsieur le Président de la Polynésie française, Mesdames et Messieurs les ministres du gouvernement, Mesdames et Messieurs les représentants de l’assemblée de la Polynésie française, Mesdames et Messieurs de la presse, chers collégiens de Afareaitu, bonjour à toutes et à tous.

Ma question s’adresse au Président du Pays, ministre en charge du tourisme, des transports aériens internationaux, de l’égalité des territoires, de l’aménagement, du foncier, des affaires internationales, de l’économie numérique et des conséquences des essais nucléaires.

Depuis plusieurs semaines, lors des conférences de presses et de rencontres sur le terrain, vous vous êtes exprimé davantage sur le devenir du site de Temae.

Ce site, classé en emprise réservée par Monsieur le maire Raymond Van Bastolaer, ancien premier magistrat de la commune de Moorea-Maiao, avait pour objectif de répondre à la volonté des habitants de Moorea-Maiao de maintenir en bien commun ce site afin qu’il soit aménagé pour accueillir un espace commun à toutes et tous.

Ce site, depuis plusieurs manifestations menées par des associations de protection de l’environnement et par l’Église protestante Māòhi (NDT, polynésienne), a été sacralisé comme un espace culturel de bien commun.

Le « Pou tapu » planté dans le sable de Temae est la manifestation du caractère sacré de ce site.

Depuis, plusieurs manifestations ont été organisées sur ce site, ce qui a élevé ce site au rang de lieu culturel vivant. Temae est devenu, au fil des décennies et des manifestations, un lieu qui rassemble notre peuple autour de valeurs communes de solidarité, de préservation des écosystèmes et de défense de notre culture.

Monsieur le Président, nous ne souhaitons pas opposer le développement économique à la préservation des écosystèmes. Au contraire, nous voulons intégrer la préservation des écosystèmes dans le cahier des charges de chaque projet économique.

Le consensus semble loin aujourd’hui car toutes les parties prenantes ne prennent pas en compte l’acceptabilité sociale de ce projet qui vient déformer et transformer une partie de l’île de Moorea-Maiao et qui ne prend pas en compte l’intérêt populaire et global pour ce site.

Ainsi, Monsieur le Président, vous indiquiez, lors d’une conférence de presse le 31 mai dernier, la possibilité d’une consultation populaire pour décider du rachat de l’emprise réservée par le Pays pour l’aménager comme bien commun.

Pour cela, nous vous demandons la mise en place de cette consultation populaire afin que le peuple se positionne sur la préservation de ce site et qu’il soit inclus dans le patrimoine commun des habitants.

Je vous remercie, Monsieur le Président.

Le président : Merci. Monsieur le Président.

M. Moetai Brotherson : Monsieur le représentant, merci bien pour cette question. Elle est d’autant plus d’actualité qu’on a parmi nous ces élèves de Moorea que je salue.

La volonté du gouvernement, pas seulement à Moorea, dans toutes nos îles, surtout celles où il y a une pression urbaine assez importante, c’est de permettre l’accès à la population au littoral et au lagon parce que la population a besoin de pouvoir jouir de ces espaces de détente, d’activités physiques qui permettent de se retrouver en famille. Il suffit de faire le tour de Tahiti pour s’apercevoir que malheureusement, cet accès au littoral a été trop souvent privatisé, que les accès à la mer sont peu nombreux. Il y a eu — et il faut rendre hommage à tous les gouvernements qui se sont succédé — des démarches d’aménagement de plage publique. Donc, ce souci d’accès de la population au littoral, à la plage, à nos lagons, c’est un souci qu’on a à cœur.

Sur le dossier dont vous me saisissez, il y a eu plusieurs épisodes. Il y a eu d’abord une proposition de vente (une partie du terrain) par le propriétaire à, je crois de mémoire, 2,1 milliards, qui a été ensuite suivie d’une contreproposition du gouvernement précédent pour un rachat à 2,7 milliards d’une partie un peu différente de ce même terrain. Ces démarches n’ont pas abouti et je pense que l’utilisation des deniers publics qui étaient prévus par rapport à cet achat n’était pas pertinente.

À notre arrivée, nous avons très rapidement rencontré la Fédération Tāhei ’auti ia Moorea qui nous a exprimé sa façon de voir les choses et sa façon d’envisager l’utilisation qui pourrait être faite notamment de l’emprise dénommée « R 22 » sur le site de Temae.

Il faut tout de même rappeler que cette propriété a été acquise, elle a aujourd’hui un propriétaire. Parallèlement à cette acquisition qui a été faite, il y a un PGA qui a été — et rendons-lui hommage — validé à l’époque de Monsieur le maire Van Bastolaer qui prévoit cette emprise réservée.

L’actuel propriétaire a la volonté de développer sa propriété et d’y installer un projet touristique haut de gamme, un hôtel. Un hôtel dont il estime — et il n’y a pas de raison d’en douter — qu’il sera régénérateur de 300 emplois. Et on ne parle pas des emplois à la construction, on parle des emplois à l’exploitation de l’hôtel.

Tout l’équilibre qu’il nous faut trouver, c’est est-ce qu’on peut concilier les besoins de la population de continuer à accéder à la plage publique, à jouir de cet espace magnifique, et puis cette volonté de développement touristique et économique du propriétaire du terrain ?

J’ai, lors du conseil municipal délocalisé à Moorea, pu entendre la position de la commune. Et dernièrement donc, j’ai pu enfin rencontrer les représentants du propriétaire. Vous le savez, dès notre arrivée, nous avons fait une proposition de rachat de cette emprise R 22. Cette proposition de rachat n’a pas été acceptée par le propriétaire. En revanche, il est revenu vers nous récemment et il nous a fait des propositions qui sont couchées sur papier, signées, qui, je pense, méritent qu’on engage la concertation entre le propriétaire, la fédération et la commune. Parce qu’aujourd’hui, on a tout de même — il faut le souligner — quelqu’un qui a acheté sur ces deniers propres un bien et qui nous propose aujourd’hui de faire don à la Polynésie de 4,8 hectares en bord de mer à Moorea. Moi, de mémoire, je n’ai jamais vu ce cas de figure.

Donc je pense qu’il faut l’entendre, il faut entendre sa vision des choses et il faut s’asseoir tous ensemble autour d’une table. Je suis d’avis de porter cette médiation et de la faire non pas à Tahiti, mais à Moorea, et je pense qu’il faut donner à la fois à la fédération et au propriétaire l’occasion de dialoguer. Voilà.

L’option de consultation populaire, ce sera le bout du chemin : c’est si cette conciliation finalement n’arrive pas à se faire. Mais pour l’instant, je veux concentrer mon énergie, celle du gouvernement, à mener cette conciliation et à essayer de faire en sorte qu’à la fois la population de Moorea mais aussi les populations de Tahiti qui, on le sait, tous les week-ends vont aussi à Moorea et nos touristes également, que tout le monde puisse y trouver son compte.

Voilà. J’espère avoir répondu à votre question.

Le président : Merci, Monsieur le Président.

Madame Teremuura, vous avez la parole.

Question orale de Madame Teremuura Kohumoetini-Rurua relative Au Diagnostic et au plan d’actions contre la propagation de la petite fourmi de feu

(Lettre n° 5252 SG du 04/06/2024)

Mme Teremuura Kohumoetini-Rurua : Merci, Monsieur le président.

Au gouvernement, à nous qui sommes ici-bas ou à l’arrière, et à tous ceux qui suivent notre séance, soyez les bienvenus pour cette rencontre.

C’est une question adressée à Monsieur Taivini Teai, ministre de l’agriculture, des ressources marines, de l’environnement, en charge de l’alimentation, de la recherche et de la cause animale. Objet : Diagnostic et plan d’actions contre la propagation de la petite fourmi de feu.

Monsieur le ministre, dans une « Fiche destinée aux agriculteurs », datant de je ne sais quelle année, le ministère en charge de l’agriculture affirmait : « La petite fourmi de feu a été signalée pour la première fois à Mahina en juillet 2004, mais son arrivée sur le territoire pourrait remonter à une dizaine d’années plus tôt (...) Elle est présente sur les îles de Tahiti, Moorea et Rurutu, se propageant rapidement puisque recensée sur plus de 800 hectares infestés en 2010 ».

En 2021, les agriculteurs, notamment de Moorea, avaient décidé de « partir en guerre contre la fourmi de feu », selon un média de la place.

Face à cette situation qui, à mon sens, devient de plus en plus alarmante, nous nous devons de réagir et d’en appeler à la responsabilité de tous.

Pour ce faire, un diagnostic est essentiel pour pouvoir se projeter et établir un plan d’actions efficace et efficient.

Aussi souhaiterais-je connaître la répartition actuelle et l’impact de la petite fourmi de feu qui est inscrite, dans notre code de l’environnement, sur la liste des espèces menaçant notre biodiversité, ainsi que la stratégie du gouvernement pour protéger notre santé, notre biodiversité et notre économie contre ce fléau.

Je vous remercie par avance des réponses que vous m’apporterez sur ce sujet vital pour notre avenir commun.

Le président : Merci. Monsieur le ministre.

M. Taivini Teai : Madame la représentante, vous me questionnez sur la répartition actuelle de la petite fourmi de feu au pays et quelles sont les stratégies de lutte mises en œuvre par le Pays.

Je vous remercie très sincèrement pour votre question car finalement il s’agit du premier dossier relevant de ma nouvelle compétence « environnement » qui m’a été déléguée par Monsieur le Président du Pays.

Aussi, en préambule de ma réponse à votre question, je tiens tout d’abord à exprimer ma profonde satisfaction pour cette nouvelle attribution car je suis très attaché à la préservation de la nature, notre pays et notre océan. C’est pourquoi je considère que ce portefeuille est en fait en totale cohérence avec les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et des ressources marines, et ce pour un développement durable et respectueux de l’environnement et de ses organismes vivants.

C’est vrai, l’ensemble de mes portefeuilles ont un impact environnemental. L’objectif qui m’est assigné est d’accompagner notre économie du secteur primaire dans sa transformation profonde en encourageant en priorité toutes les démarches et projets à impact positif pour notre nature.

C’est la raison pour laquelle je tenais tout d’abord à exprimer toute ma motivation et à vous inviter à discuter ensemble pour que la transition écologique de notre Pays puisse être un sujet politique fédérateur, car nous sommes, nous les îliens, les premiers à être impactés et les plus vulnérables face aux changements globaux actuels. Et pour cela, je ne manquerai pas de revenir vers vous sur des dossiers majeurs pour notre pays.

Concernant la petite fourmi de feu, elle est en effet signalée sur les îles principales de l’archipel de la Société ainsi que sur l’île de Rurutu aux Australes. Les données sont actuellement disponibles et accessibles à tous en ligne sur un site d’informations géolocalisées du Pays, pour lequel je demande à ce qu’une médiatisation plus importante soit faite. Je vous transmettrai le lien Internet.

Au niveau international, parce que cette espèce de fourmi n’est pas endémique du pays, c’est principalement la lutte chimique qui est préconisée, accompagnée autant que possible de toutes les mesures de non-dissémination faite par l’homme afin de freiner sa dispersion.

En Polynésie, les vastes opérations de traitement insecticide pour l’éradication de la petite fourmi de feu ont débuté entre 2005 et 2006, à Mahina notamment, et malheureusement elles se sont toutes soldées par un échec.

On ne peut que constater une propagation importante en 2009 sur l’ensemble de l’île de Tahiti et les applications chimiques à grande échelle ont alors été définitivement interrompues en 2010. En 2013, une nouvelle méthode de lutte chimique, préconisée par nos confrères hawaïens qui subissent exactement la même invasion, a été testée notamment sur les colonies de Moorea où une évaluation précise de l’efficacité des traitements s’est achevée courant 2016.

Cependant, les résultats ont montré que ces traitements chimiques, s’ils permettent de contrôler cette peste dans de petites zones au climat sec, malheureusement les zones plus vastes au climat humide voient les niveaux d’infestation remarquablement réduits, mais de nouvelles colonies apparaissent à proximité de la zone en cours de traitement.

De façon plus récente, en 2017-2018, un dispositif d’épandage par drone a pu être élaboré et appliqué dans la vallée de Maruapo sur une falaise impraticable et a ouvert de nouvelles perspectives pour la lutte chimique. Cela a conduit à une éradication certes, mais ce travail a été réalisé sur une surface relativement petite avec un objectif précis qui était celui de la préservation de la zone d’habitat du Monarque de Tahiti, c’est-à-dire le ’ōmāma’o.

À l’heure actuelle, quoi qu’il en soit, la lutte chimique à grande échelle n’est plus recommandée parce que les risques que peuvent représenter ces programmes à long terme, aussi bien pour la santé publique que notre environnement, sont à prendre en compte. Et il ne faut pas oublier l’usage inconsidéré du chlordécone qui a eu lieu aux Antilles en 1993 pour lesquels ils payent toujours les conséquences.

Ailleurs dans le Pacifique, il a été tenté de brûler les petites fourmis de feu — ce qui est un comble lorsqu’on parle de fourmi de feu —, de les ébouillanter, de protéger les abords des habitations, mais les zones qui ont été traitées ont toujours été réinfestées. La petite fourmi de feu a ainsi démontré une très, très forte capacité de résistance et d’adaptation.

Il convient, à présent, comme pour d’autres ravageurs avant elle — je cite notamment la mouche des fruits, la cicadelle pisseuse —, de pouvoir atteindre des seuils supportables. Que ça soit la solution chimique, biologique ou mixte, il est essentiel de laisser le temps aux équilibres écologiques naturels de se mettre en place, ce qui réduira durablement les nuisances occasionnées comme cela a été observé et suivi chez nos voisins en Nouvelle-Calédonie.

Ainsi, des études et des suivis des milieux sont réalisés actuellement par la DIREN afin de mieux comprendre les interactions entre les différentes espèces de fourmis en Polynésie française. Celles-ci sont conduites dans le cadre de suivis d’impacts de la fourmi sur la biodiversité, d’une part, mais également dans le cadre de la promotion d’une agriculture saine sans usage de pesticide, d’autre part.

Les résultats obtenus laissent penser que les nouveaux équilibres seront très longs à se mettre en place et que le recours aux pesticides, traumatisants pour l’environnement, ne doit être privilégié que dans des cas extrêmes. Ceux-ci peuvent accompagner notamment la lutte individuelle ponctuellement, comme cela se pratique pour la plupart des nuisibles courants (les rats, les souris, les moustiques, les cafards, etc.).

À l’heure actuelle, la problématique en Polynésie française est que les nuisances occasionnées par la petite fourmi de feu sont constatées autant dans les zones urbanisées et habitées de Tahiti que dans les zones rurales. Elles touchent les particuliers mais aussi les professionnels, notamment de l’agriculture, ainsi que les randonneurs.

Aussi, au regard de la complexité de la situation, les solutions apportées aux différentes problématiques posées par cette espèce reposent donc sur une combinaison d’acteurs publics relevant de différents services administratifs et non pas d’une équipe dédiée avec des moyens spécifiques dont les financements ne pourront être suffisants.

Dans ce contexte, les actions menées contre la petite fourmi de feu depuis 2016 comprennent plusieurs séries de mesures, qui reposent désormais aussi bien sur la lutte individuelle que par les professionnels et les particuliers concernés.

Il a été apporté une assistance à de nombreuses communes en matière de formation des agents municipaux sur les systèmes de prévention et de traitement individuels contre la PFF, qu’ils peuvent dès lors être relayés auprès de leurs administrés. La même assistance a été également apportée par la Direction de l’agriculture et la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire, afin que les agents en charge du développement de l’agriculture puissent accompagner au quotidien nos agriculteurs.

Enfin, une assistance est apportée par la DIREN à tous les particuliers qui subissent des nuisances domestiques occasionnées par cette fourmi.

En outre, pour éviter cette dissémination, il a été mis en place un système de certification de certaines entreprises ou commerces sous la conduite de la direction de la Biosécurité, pour inciter les professionnels à de bonnes pratiques et à réduire durablement les sources de dissémination lors de l’export de marchandises vers nos archipels éloignés.

Étant nouvellement en charge de ce secteur environnemental, je compte étudier avec mes services l’optimisation de nos programmes d’actions et de communications de la population et des professionnels agricoles, notamment, pour que tous ensemble, nous puissions contenir ce fléau qui nous impacte tous et que nous devons dorénavant gérer pour l’avenir.

Merci à vous pour cette question importante et comptez sur mon engagement pour être force de propositions et de solutions.

Le président : Merci. Il est 10 h 5, donc la séance de questions orales est terminée. Je remercie les orateurs ayant posé leurs questions et les ministres ayant apportés leurs réponses.


Les rapports peuvent être consultés sur le site internet de l’assemblée de la Polynésie française à l’adresse www.assemblee.pf
Les interventions en langues polynésiennes ont fait l’objet d’une traduction surlignée en gris.

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