Rapport n° 21-2024 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier 2020 du Collège de Taiohae - Nuku Hiva et affectation de son résultat Rapport n° 22-2024 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier 2021 du Collège de Moerai - Rurutu et affectation de son résultat Rapport n° 28-2024 relatif à trois projets de délibération portant approbation des comptes financiers 2020, 2021 et 2022 du Collège de Atuona et affectation de leurs résultats Rapport n° 33-2024 relatif à deux projets de délibération portant approbation des comptes financiers 2021 et 2022 du Collège de Faaroa et affectation de leurs résultats Paru in extenso au JOPF n° 18 NA du 16/12/2024 à la page 1411 | Rapport n° 21-2024 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier 2020 du Collège de Taiohae - Nuku Hiva et affectation de son résultat Rapport n° 22-2024 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier 2021 du Collège de Moerai - Rurutu et affectation de son résultat Rapport n° 28-2024 relatif à trois projets de délibération portant approbation des comptes financiers 2020, 2021 et 2022 du Collège de Atuona et affectation de leurs résultats Rapport n° 33-2024 relatif à deux projets de délibération portant approbation des comptes financiers 2021 et 2022 du Collège de Faaroa et affectation de leurs résultats RAPPORT N° 21-2024 RELATIF À UN PROJET DE DÉLIBÉRATION PORTANT APPROBATION DU COMPTE FINANCIER 2020 DU COLLÈGE DE TAIOHAE - NUKU HIVA ET AFFECTATION DE SON RÉSULTAT Présenté par Mme et M. les représentants Marielle Kohumoetini et Edwin Shiro-Abe Peu RAPPORT N° 22-2024 RELATIF À UN PROJET DE DÉLIBÉRATION PORTANT APPROBATION DU COMPTE FINANCIER 2021 DU COLLÈGE DE MOERAI - RURUTU ET AFFECTATION DE SON RÉSULTAT Présenté par Mme et M. les représentants Bruno Flores et Maite Hauata Ah-Min RAPPORT N° 28-2024 RELATIF À TROIS PROJETS DE DÉLIBÉRATION PORTANT APPROBATION DES COMPTES FINANCIERS 2020, 2021 ET 2022 DU COLLÈGE DE ATUONA ET AFFECTATION DE LEURS RÉSULTATS Présenté par Mmes les représentantes Marielle Kohumoetini et Maurea Maamaatuaiahutapu RAPPORT N° 33-2024 RELATIF À DEUX PROJETS DE DÉLIBÉRATION PORTANT APPROBATION DES COMPTES FINANCIERS 2021 ET 2022 DU COLLÈGE DE FAAROA ET AFFECTATION DE LEURS RÉSULTATS Présenté par M. les représentants Ah Ky Temarii et Mike Cowan Le président : Nous poursuivons par les dossiers suivants qui sont groupés : – Dossier no 13 : Rapport n° 21-2024 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier 2020 du collège de Taiohae - Nuku Hiva et affectation de son résultat ; – Dossier no 14 : Rapport n° 22-2024 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier 2021 du collège de Moerai - Rurutu et affectation de son résultat ; – Dossier no 15 : Rapport n° 28-2024 relatif à trois projets de délibération portant approbation des comptes financiers 2020, 2021 et 2022 du collège de Atuona et affectation de leurs résultats ; – Dossier no 16 : Rapport n° 33-2024 relatif à deux projets de délibération portant approbation des comptes financiers 2021 et 2022 du collège de Faaroa et affectation de leurs résultats. Puis, d’appliquer la procédure d’examen simplifier. Nous passons au vote : Qui est contre ? Qui s’abstient ? Qui est pour ? À l’unanimité, merci bien. Je demande au gouvernement d’exposer l’économie générale des quatre projets. M. Ronny Teriipaia : Peut-on commencer la lecture des rapports ? M. Heinui Le Caill : Monsieur le vice-président, on va aborder directement les rapports. Le président : Je demande à Madame Marielle Kohumoetini de bien vouloir faire une présentation commune des rapports. Mme Marielle Kohumoetini : Merci beaucoup et bonjour Monsieur le ministre. Le Président de la Polynésie française a transmis aux fins d’examen par l’assemblée de la Polynésie française quatre projets de délibération portant approbation des comptes financiers de différents exercices des Collèges de Taiohae – Nuku Hiva, de Moerai – Rurutu, de Atuona – Hiva-Oa et de Faaroa et affectation de leurs résultats. S’agissant du Collège de Taiohae « Te Tau Vaeìa », il comptait en 2020, 52 postes répartis en 22 postes enseignants et 30 postes non-enseignants, pour des effectifs scolaires stables de 271 élèves. Au regard des résultats des évaluations à l’entrée en 6ème de 2020, il est constaté que les élèves ont davantage de besoins identifiés en Mathématiques qu’en Français, avec 59 % des élèves ayant une maîtrise fragile. S’agissant des taux de réussite de l’établissement, les résultats au DNB diminuent de 12,6 % pour la série générale, pour un taux de 66,7 %, et augmentent de 75 % pour la série professionnelle, avec un taux de 100 %. Au niveau du compte financier de l’établissement pour l’exercice 2020, les subventions représentaient 66,3 % des moyens financiers de l’établissement et les ressources propres, plus de 24 %. La participation de la CPS pour les élèves boursiers représente quant à elle 9,4 % de ces moyens financiers. En section d’investissement, aucune recette n’a été enregistrée et les dépenses s’élèvent à 211 931 F CFP soit un résultat déficitaire net du même montant. En section de fonctionnement, les recettes atteignent près de 52 millions F CFP et les dépenses s’établissent à près de 48 millions F CFP ; soit un résultat de fonctionnement excédentaire net de 4,389 millions F CFP qui sera affecté pour 4,1 millions F CFP au compte 10681 « Établissement » et pour 221 693 F CFP au compte 10687 « Service de restauration et hébergement ». Le fonds de roulement de plus de 8 millions F CFP en 2019 augmente de 59,2% passant ainsi à 12,862 millions F CFP à la clôture de l’exercice budgétaire 2020, représentant 99 jours de fonctionnement. S’agissant du Collège de Moerai à Rurutu, il comptait 38 postes en 2021 répartis en 14 postes enseignants et 24 postes non-enseignants, pour des effectifs scolaires en augmentation par rapport à l’année précédente, avec 192 élèves. Les résultats des évaluations à l'entrée en 6ème de 2021 montrent que les élèves ont davantage de besoins identifiés en Français, pour ce qui concerne la compréhension de l’écrit, et en Mathématiques, pour ce qui concerne l’espace, la géométrie et les grandeurs et mesures. S’agissant des taux de réussite de l’établissement, les résultats au DNB sont en légère augmentation avec 76,7 % de réussite pour la série générale. Pour l’exercice 2021, les subventions représentaient 14,8 % des moyens financiers de l’établissement et les ressources propres, plus de 81,4 %. La participation de la CPS pour les élèves boursiers et les autres ressources représentent respectivement 1,8 % et 2,1 % de ces moyens financiers. En section d’investissement, les recettes atteignent plus de 81 millions F CFP et les dépenses s’élèvent à 481 100 F CFP ; soit un résultat excédentaire de plus de 80,8 millions F CFP — bravo. En section de fonctionnement, les recettes atteignent près de 41 millions F CFP et les dépenses s’établissent à plus de 44 millions F CFP ; soit un résultat de fonctionnement déficitaire net de 3,888 millions F CFP qui sera affecté au compte 10681 « Établissement ». Le fonds de roulement de plus de 9 millions F CFP en 2020 augmente de 28,6 % et s’élève à 12,504 millions F CFP à la clôture de l’exercice budgétaire 2021, représentant 126 jours de fonctionnement. S’agissant du Collège de Atuona, il enregistrait, de 2020 à 2022, une stabilité au niveau de ses moyens humains avec, en moyenne, 26 personnels non enseignants et 14 enseignants. Pour ces trois années, les effectifs scolaires étaient de 183, 185 et 176 élèves. Le collège dispose d’un dispositif ULIS pour les élèves en situation de handicap et comptait 4 élèves aux rentrées de 2020 et 2021. Au regard des résultats des évaluations à l’entrée en 6ème, il est constaté qu’entre 2021 et 2022, les compétences des élèves ont connu une forte baisse, notamment en Français. En Mathématiques, plus de 50 % des élèves évalués ont un niveau de compétence fragile et insuffisant en 2022. S’agissant des taux de réussite aux examens, l’établissement enregistre : – Pour le DNB : 83,5 % en 2020, 56 % en 2021 et 79 % en 2022 ; – Pour le BAC PRO AGORA (gestion et administration) : 84,2 % en 2020, 93,7 % en 2021 et 92,8 % en 2022. Au niveau des moyens financiers de l’établissement, ils s’élevaient à 56,344 millions F CFP en 2020, dont 39,728 millions F CFP de subventions (soit 70,5 % des moyens financiers de l’année). En 2021, ils s’élevaient à 52,383 millions F CFP, dont 34,657 millions F CFP de subventions (soit 66,2 % des moyens financiers de l’année). Et enfin, en 2022, ils s’élevaient à 57,993 millions F CFP, dont 40,021 millions F CFP de subventions (soit 69 % des moyens financiers de l’année) S’agissant des comptes financiers : En 2020 : En section de fonctionnement, les recettes atteignent 56,345 millions F CFP et les dépenses 51,270 millions F CFP, portant le résultat de la section excédentaire de 5,074 millions F CFP, dont 2,102 millions F CFP seront affectés au compte 10681 « Etablissement » et 2,972 millions F CFP au compte 10687 « Service de restauration et hébergement ». La section d’investissement n’enregistre aucune recette et les dépenses s’établissent à 533 593 F CFP, pour un résultat déficitaire du même montant. Le fonds de roulement s’établit à 10,331 millions F CFP à la clôture de l’exercice budgétaire. Le nombre de jours en fonds de roulement passe de 34 jours en 2019 à 75 jours en 2020. En 2021 : En section de fonctionnement, les recettes atteignent 52,383 millions F CFP et les dépenses 48,774 millions F CFP, portant le résultat de la section excédentaire de 3,609 millions F CFP, dont 2,764 millions F CFP seront affectés au compte 10681 « Établissement » et 845 672 F CFP au compte 10687 « Service de restauration et hébergement ». La section d’investissement n’enregistre aucune recette et les dépenses s’établissent à 1,483 millions F CFP, pour un résultat déficitaire du même montant. Le fonds de roulement s’établit à 13,592 millions F CFP à la clôture de l’exercice budgétaire. Le nombre de jours en fonds de roulement passe de 75 jours en 2020 à 104 jours en 2021. Enfin, en 2022 : En section de fonctionnement, les recettes atteignent 57,993 millions F CFP et les dépenses à 57,218 millions F CFP, portant le résultat de la section excédentaire de 774 549 F CFP, dont 734 543 F CFP seront affectés au compte 10681 « Établissement » et 40 006 F CFP au compte 10687 « Service de restauration et hébergement ». La section d’investissement n’enregistre aucune recette et les dépenses s’établissent à 2,047 millions F CFP, pour un résultat d’investissement déficitaire du même montant. Le fonds de roulement s’établit à 13,123 millions F CFP à la clôture de l’exercice budgétaire. Le nombre de jours en fonds de roulement passe de 104 jours en 2021 à 84 jours 2022. Enfin, s’agissant du Collège de Faaroa, l’établissement a conservé en 2021 et 2022 le même effectif en personnel, soit 22 postes d’enseignants et 20 postes non-enseignants, pour des effectifs scolaires de 195 élèves en 2021 et 183 élèves en 2022 (dont 12 en ULIS pour ces deux années). Quant au CETAD, il n’y a eu qu’un élève supplémentaire en 2022, portant l’effectif total à 15 élèves. Pour ces deux années, les résultats des évaluations de début de 6ème montrent que les élèves ont d’énormes retards en Français et en Mathématiques. S’agissant des taux de réussite aux examens, ils étaient, pour le DNB, de 66,7 % en 2021 et 77 % en 2022 ; pour le CPAP PMH (petite et moyenne hôtellerie), 100 % en 2021 et 2022 et pour le CPAP PB (polyvalent du bâtiment), 80 % en 2021 (aucun candidat pour 2022). Au niveau des moyens financiers de l’établissement, ils s’élevaient à près de 50,114 millions F CFP en 2021, dont 39,6 millions F CFP de subventions (soit 79 % des moyens financiers de l’année), et à 46,4 millions F CFP en 2022, dont 28,5 millions F CFP de subventions (soit 61 % des moyens financiers). S’agissant des comptes financiers : En 2021 : En section de fonctionnement, les recettes atteignent près de 50 millions F CFP et les dépenses 49,540 millions F CFP, portant le résultat de la section excédentaire de 448 150 F CFP, dont 6 847 F CFP seront affectés au compte 10681 « Établissement » et 441 303 F CFP au compte 10687 « Service de restauration et hébergement ». En section d’investissement, les recettes s’élèvent à 125 524 F CFP et les dépenses s’établissent à 957 943 F CFP, pour un résultat de fonctionnement déficitaire de 832 419 F CFP. Le fonds de roulement s’établit à 6,291 millions F CFP à la clôture de l’exercice budgétaire et diminue de 16 513 F CFP par rapport à l’exercice précédent. Le nombre de jours en fonds de roulement baisse, passant de 50 jours en 2020 à 46 jours en 2021. En 2022 : En section de fonctionnement, les recettes atteignent 39,3 millions F CFP et les dépenses En section d’investissement, les recettes s’élèvent à 7,1 millions F CFP et les dépenses s’établissent à près de 901 000 F CFP, pour un résultat de fonctionnement excédentaire de 6,2 millions F CFP. Le fonds de roulement s’établit à 6,281 millions F CFP à la clôture de l’exercice budgétaire et diminue de 9 026 F CFP par rapport à l’exercice précédent. Le nombre de jours en fonds de roulement augmente, passant de 46 jours en 2021 à 59 jours en 2022. Les quatre présents projets de délibération ont été examinés en commission le 15 mai 2024. Concernant le Collège de Taiohae, les échanges ont porté sur la bonne situation financière de l’établissement, lui permettant de réaliser des investissements sur fonds propres, ainsi que les difficultés de logements rencontrées par les élèves poursuivant leurs études sur Tahiti. Concernant le Collège de Moerai, ont été abordés la situation financière actuelle de l’établissement ainsi que les travaux et investissements envisagés, l’entrée prochaine du collège dans l’espace numérique de travail polynésien, les problématiques liées à l’utilisation des téléphones portables au sein de l’établissement et la forte implication de l’association des parents d’élèves. S’agissant du Collège de Atuona, les projets de délibération ont suscité des échanges portés sur la situation financière relativement saine de l’établissement, la problématique des suicides et tentatives de suicide avec la réactivation de l’association des parents d’élèves, l’intervention de la commune — on remercie notre maire Joelle — et l’intervention des confessions religieuses, et la mise en place par le ministère de l’éducation, d’un dispositif de sensibilisation animé par une équipe de psychologues. Je tiens à parler de cela, pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas qu’au collège de Atuona. Nous avons rencontré cela aussi ici dans les lycées sur Tahiti et c’est un sujet qui me tient à cœur parce que moi aussi j’ai perdu un petit-enfant en novembre 2023, un jeune scolarisé au lycée Paul-Gauguin. En tous les cas, je tiens à remercier Monsieur le ministre pour tes interventions. Enfin, concernant le Collège de Faaroa, les débats en commission ont porté sur les fragilités constatées à l’issue des évaluations de 6ème et les projets mis en place pour résorber ces difficultés, les projets pédagogiques tels que les classes « Patrimoine » centrées sur la culture polynésienne, les investissements à venir, notamment sur la construction d’un local de vie scolaire et la réfection et le bitumage des parkings, ainsi que la problématique de l’absentéisme des élèves. À l’issue des débats, les présents projets de délibération ont recueilli un vote favorable unanime des membres de la commission. En conséquence, la commission de l’éducation, de la jeunesse et des sports propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter les projets de délibération ci-joints. Et à ceci, je voudrais rajouter au nom de la commission, une bonne rentrée à tous nos enfants, à tous nos jeunes et à tout le corps enseignant, merci bien. Le président : Merci Madame Kohumoetini. Parmi les membres de la commission permanente qui souhaite intervenir ? Madame Frebault, à vous la parole. Mme Joëlle Frebault : Merci, Monsieur le président. Monsieur le ministre, bien le bonjour pour notre rencontre en cet après-midi. Pour les trois exercices observés (2020, 2021 et 2022), la situation financière du collège de Atuona - Hiva Oa, aux Marquises, donne pleinement satisfaction. En effet, la section de fonctionnement de l’établissement s’est soldée à chaque fois par un large excédent à la différence de la section d’investissement. Mais il ressort que tous les prélèvements opérés sur les fonds de réserve ont servi à des acquisitions que la direction a jugées nécessaires. Toujours est-il qu’au 31 décembre 2022, le collège capitalisait encore plus de 13 millions de F CFP correspondant à une autonomie de 84 jours. Durant la même période, le collège-lycée professionnel d’Atuona a vu ses effectifs légèrement diminuer, passant de 176 à 171. Mais ce qui inquiète la communauté éducative plus que tout, et les membres de la commission en ont été informés lors de nos échanges préliminaires. Donc comme ma collègue Marielle vient de préciser, c’est donc le signalement des cas de suicides dont deux passages à l’acte et trois tentatives. L’information a été remontée au ministère, les confessions religieuses vont se mobiliser pour tenter de comprendre pourquoi nos jeunes en arrivent à une telle souffrance. Par ailleurs, il a été décidé de réactiver l’association des parents d’élèves. Donc nous avons aussi remis en place les groupes de paroles et nous y veillons donc de très près. Là encore, comme pour le collège d’Atuona, le collège de Taiohae ne rencontre aucune difficulté financière. Non seulement, la section de fonctionnement est largement bénéficiaire, mais en plus, le fonds de roulement atteint un niveau inégalé correspondant à 99 jours d’autonomie contre 59 l’année précédente. Une situation qui a permis en commission législative de rappeler que les établissements scolaires n’étaient pas là pour thésauriser et mettre l’argent sous le matelas, mais qu’ils se devaient d’investir en permanence, à chaque fois que cela leur était possible, afin d’améliorer le cadre de vie et d’apprentissage des élèves. Ceci étant dit, il n’en reste pas moins des problèmes de logement pour celles et ceux des Marquises qui souhaitent poursuivre à Tahiti leur cursus scolaire après la Troisième. Quand bien même les élèves seraient prioritaires et que des classes de Seconde ont été ouvertes dans l’archipel, il n’y a pas suffisamment de places dans les internats. Sur ce point, nous prenons bonne note des initiatives prises par notre collègue du Tavini, Marielle Kohumoetini, pour faire bouger les choses, notamment auprès du ministre de l’éducation. Sans parler de l’engagement pris par notre président de commission, Monsieur Le Caill, visant à « lancer des groupes de travail sur ce sujet pour mieux approfondir cette problématique qui n’est pas propre aux Marquises ». Par ailleurs, concernant le sentiment de mal-être perceptible auprès des jeunes marquisiens, il a été rappelé l’existence — que vient de nous signaler Tapati — du dispositif Margaret’s Place qui intervient justement pour détecter la fragilité et les souffrances des étudiants. Sauf qu’il n’est pas généralisé à tous les établissements scolaires, mais il faudra que le ministère s’empare du sujet, a annoncé sa représentante. Le collège de Moerai – Rurutu pourrait être qualifié d’« établissement familial », fréquenté essentiellement par des élèves issus des trois villages de l’île. Il n’empêche que sur les 192 scolaires recensés à la rentrée 2021, 34 étaient originaires de Rimatara et donc résidents de l’internat. Du point de vue de la réussite scolaire, le bilan m’apparaît plutôt mitigé ! En effet, si le taux d’obtention du DNB est satisfaisant (76,7 %) et en tous cas supérieur à la moyenne académique, en revanche, le taux de passage en Seconde GT est globalement inférieur à 50 %. Parmi les nombreux sujets évoqués en commission, il a notamment été question de l’utilisation excessive, pour ne pas dire abusive, du téléphone portable au sein même de l’établissement, d’autant que l’île de Rurutu dispose désormais de la 4G avec tous les risques de comportements déviants que cela comporte. Le ministère s’est dit sensible à une telle problématique ; et sa représentante de déclarer en commission : « Il va falloir trouver une solution pour éviter que les enfants n’aillent sur Facebook, Youtube, TikTok, etc. Il y a un sujet effectivement et il va falloir que tout le monde aille dans le même sens de façon à ce que les enfants soient là pour étudier et non pas pour aller sur TikTok ou je ne sais quelle application. » Mais ce n’est pas la seule addiction observée au collège de Moerai. « Cette année, j’ai eu cinq cas de vapo » a révélé donc le principal. Et de poursuivre : « J’ai les appareils dans mon bureau, je ne les rends qu’aux familles quand elles se présentent et qu’elles veuillent bien les récupérer. C’est l’occasion d’un dialogue, d’une discussion. Et en fin d’année, si personne ne vient les récupérer, ils seront détruits ». Enfin, le collège de Moerai est actuellement sur une année de programmation de trois grands chantiers : un nouvel atelier technique pour les agents, ensuite la rénovation de l’escalier qui descend sur les coursives sous le préau et enfin, la mise en service d’une centrale photovoltaïque pour la partie restauration. Par ailleurs, le principal songe également à refaire son propre bureau situé dans le vieux bâtiment qui a servi d’internat il y a très longtemps. Des plans ont été réalisés, il ne reste plus qu’à les matérialiser. Donc s’agissant du collège de Faaroa à Raiatea dont il est question à présent, il nous est demandé de valider en même temps les comptes financiers 2021 et 2022. Voici donc en quelques mots ce qui m’apparaît important de retenir. Entre les deux exercices examinés, les effectifs scolaires ont baissé de douze élèves, passant de 195 à 183 enfants scolarisés dont quinze au CETAD. Si les moyens humains d’encadrement n’ont pas varié, totalisant 42 personnes en poste, en revanche, force est de constater une réduction sensible de la partie « subventions », compensée en partie par d’autres ressources. Quant aux résultats scolaires, ils sont inférieurs à la moyenne académique avec seulement 66,7 % de réussite au DNB en 2021 contre 77 % en 2022. Du point de vue financier à présent, pas grand-chose à dire : les comptes sont globalement positifs, ce qui laisse quelques marges de manœuvre pour procéder aux investissements attendus, à savoir principalement la construction d’un local de vie scolaire ou encore le bitumage des parkings. Enfin, le véritable point noir, c’est l’absentéisme. Le chiffre dépasserait les 10 %. À en croire le principal du collège, Thierry Galland, les responsables éducatifs ont, je le cite, « du mal à convaincre les familles de faire venir tous les jours les élèves à l’école. Lorsqu’on enquête, on voit souvent que les familles étaient avec leurs enfants et faisaient une activité de travail (pêche ou agriculture) avec eux. Les élèves nous racontaient que non, on est allés ramasser le noni, les bananes, des pastèques, ou je suis allé à la pêche avec untel et untel ». Donc, c’est aussi cela la réalité de nos îles où, on peut quand même s’en féliciter, il n’y a pas de place pour l’oisiveté. Merci bien. Le président : Merci, Madame Frebault. D’autres interventions ? M. Heinui Le Caill : Président ? Le président : Madame Garbutt ? Non ? C’est à qui ? C’est Temarii. M. Heinui Le Caill : Monsieur le vice-président. De notre côté, on aura quatre intervenants : Ah Ky Temarii, Maite Hauata Ah-Min, Maurea Maamaatuaiahutapu et enfin Pauline Niva. Le président : Je ne comprends pas, je n’ai pas compris. Ah Ky Temarii, la parole est à vous. M. Ah Ky Temarii : Bonjour Monsieur le Président ; Monsieur le vice-président, bonjour ; Monsieur le ministre, bonjour. À toutes et à tous, bonjour dans les grâces de Dieu. S’agissant du niveau des élèves, à leur entrée au collège en classe de 6e, on constate que près de la moitié ont un niveau inquiétant. En effet, ils ont des lacunes dans de nombreuses matières. Le niveau est particulièrement faible dans deux matières, le français et les mathématiques dont le niveau ne cesse de baisser dans tous les pays. Et le plus inquiétant, c’est que ces élèves poursuivent leur scolarité avec des lacunes de plus en plus prononcées dans ces mêmes matières puisque l’on n’a rien fait pour y remédier. Cependant, ce ne sont pas que nos enfants qui rencontrent ces difficultés, on observe le même phénomène en France, ce qui prouve que le système scolaire de l’État n’est plus aussi satisfaisant comme le démontre les chiffres obtenus du PISA en 2022. L’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économique, conclut donc qu’entre 2018 et 2022, le niveau scolaire français perd 15 points. Pour ce qui est des mathématiques, la baisse est de 21 points, et 19 points pour la compréhension écrite. Cette enquête du PISA a concerné 85 pays dont les niveaux scolaires respectifs ont été examinés in situ. Et toujours en 2022, la France a été classée 23e. Pour une meilleure information, les experts sont d’avis que le niveau scolaire était en baisse dans tous les pays alentours, mais que le niveau scolaire français n’est jamais tombé aussi bas depuis la création du PISA. Ici sur le territoire, il faudrait inclure la culture de l’élève en lui apprenant son histoire par la pratique, en utilisant aussi ses mains et pas que son esprit, à la manière des Polynésiens. On observe que l’implication active dans l’apprentissage produit de meilleures notes. Ainsi, il est indispensable que nous établissions un programme éducatif adapté à la nature de nos polynésiens, où nos enfants apprendront l’histoire de leurs terres, les noms de leurs montagnes, les chefs qui ont gouverné leurs districts, l’histoire des héros qui ont navigué sur l’océan, et quand notre peuple a accosté sur ces îles où nous vivons aujourd’hui. Voilà ce qui est actuellement nécessaire. À Rarotonga, ils enseignent à leurs enfants les chants traditionnels, ainsi que la musique des tambours, directement dans les écoles. Pourtant, nous apprenons encore la « flûte à bec » ; pourquoi est-ce que nous insistons à inclure la « flûte » dans le programme scolaire ? Qu’en est-il de l’apprentissage de la flûte nasale ? Qu’en est-il de l’apprentissage du ukulélé ? N’est-il pas possible d’intégrer ces instruments traditionnels polynésiens dans les établissements scolaires ? Pour tous les établissements scolaires ? Et ensuite, lorsque ces enfants atteindront les classes supérieures, une courte formation au cours de la semaine sera dispensée où des seniors viendront enseigner aux enfants des compétences fondamentales telles que le four tahitien, l’agriculture, la couture du tīfaifai. Et, il y beaucoup d’autres choses à enseigner à nos enfants : la langue, l’art oratoire, l’art des récits fondateurs, l’histoire des marae (NDT temples à ciel ouvert), et bien d’autres choses encore. Il est essentiel que nos enfants apprennent en priorité les récits de nos héros, les légendes de nos experts tels que Tetunaʹe. Le programme que je mentionne concerne l’enseignement des traditions ancestrales, visant à faire renaître la culture traditionnelle à travers la musique, en réintroduisant la parole des anciens dans l’apprentissage des enfants, en valorisant les langues locales du territoire. Ce sont des propositions que nous, le Tavini huiraatira, avons incluses dans nos engagements, à la page 9, dès l’ouverture de notre programme. Comme l’indique cette citation française : « éduquer pour s’ouvrir au monde. » Il est désormais temps de commencer ce travail si important pour notre pays, de l’ancrer, de le stabiliser durablement. Je souhaite conclure mon discours en rappelant que le gouvernement français a signé la convention des Nations unies concernant la Déclaration sur les droits des peuples autochtones en 2007. Ce texte affirme notamment que : « Les peuples autochtones ont le droit de revivifier, utiliser et développer et transmettre aux générations futures leur histoire, leur langue, leurs traditions orales, leur philosophie – philosophie, pardon –, leur système d’écriture et leur littérature, ainsi que choisir et de conserver leurs propres noms pour communautés, les lieux et les personnes. Les peuples autochtones ont le droit d’établir et de contrôler leurs propres systèmes d’établissements scolaires où l’enseignement est dispensé de leur propre langue, d’une manière adaptée de leurs méthodes culturelles d’enseignement, d’apprentissage ». Merci de votre attention. Le président : Merci. Madame Hauata Ah-min. Mme Maite Hauata Ah-Min : Merci, Monsieur le président. À toutes et à tous en cette fin de journée, bonjour. Monsieur le ministre ainsi que vos techniciens, bonjour. Je tiens également à associer à ces remerciements notre Ministre, notre Président du gouvernement ainsi que nos députés, pour ces 8 enseignants qui reviennent sur le territoire pour effectuer leur période de stage. Merci à vous tous pour votre dévouement à rechercher toutes les solutions possibles pour que nos enfants puissent rester sur le territoire, dans leur pays. Après avoir examiné les bilans financiers de nos collèges de Tahiti et de Moorea, nous allons désormais nous pencher sur les rapports d’exécution budgétaire des établissements situés dans nos archipels, et plus particulièrement les comptes de l’année 2020 du collège de Taiohae à Nuku Hiva, ceux de l’année 2021 du collège de Moerai à Rurutu, ceux des années 2020, 2021 et 2022 du collège de Atuona à Hiva Oa, ainsi que ceux des années 2021 et 2022 du Collège de Faaroa à Raiatea. Chers collègues, de la même manière que pour les bilans financiers précédents, ces rapports d’exécution budgétaire illustrent une situation qui n’est plus du tout représentative de la réalité actuelle de ces collèges. Plutôt que de m’attarder sur ces chiffres dépassés, je souhaite aujourd’hui mettre l’accent sur les besoins réels et urgents de nos établissements insulaires. Comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises lors de nos interventions, la très grande majorité de nos établissements est confrontée à la problématique de vétusté des bâtiments, avec des structures assez anciennes dont l’édifice n’est plus adapté à l’afflux croissant d’élèves chaque année. Nous tenons à remercier notre gouvernement qui déploie tous les efforts nécessaires pour remédier à cette situation. Des projets significatifs seront ainsi lancés cette année. Par exemple, au collège de Moerai à Rurutu, il est prévu de construire un atelier technique, de rénover le préau et les coursives et d’installer des panneaux photovoltaïques. Ces travaux s'inscrivent dans le cadre du plan de programmation pluriannuelle mis en place par le ministère de l’éducation. Les chefs d’établissement ont déjà pu bénéficier de ce plan. Monsieur le ministre, serait-il possible de le partager également avec les élus ? En ce qui concerne la gestion financière, nous tenons à féliciter nos établissements pour leur excellente gestion. Les bilans financiers sont très satisfaisants, avec des fonds de roulement positifs. De plus, nous constatons une amélioration continue des résultats d’année en année. Toutefois, une grande fragilité persistante en mathématiques et en français se fait sentir dès l’entrée en 6ème et nos collèges des îles n’échappent pas à la règle. Les élèves du primaire arrivent au collège avec des lacunes qui nécessitent une attention particulière. L’enseignement au primaire doit être repensé pour mieux préparer les élèves à leur entrée au collège pour éviter que la situation ne s’aggrave davantage. La période de transition du primaire au collège présente des défis considérables. Les élèves passent d’un seul enseignant à une pluralité d’intervenants, ce qui les oblige à s’adapter à différentes méthodes d’enseignement. Il est également regrettable que le suivi des élèves diminue à mesure qu'ils avancent dans leur scolarité. Une formation commune 1er degré et 2nd degré sur le développement de l’enfant est à encourager pour une meilleure prise en compte de l’élève dans ses apprentissages. Il est vrai que le système éducatif français présente des faiblesses évidentes, notamment en matière de suivi personnalisé, ce qui peut nuire à la motivation des enfants. Chers collègues, il devient essentiel de nous interroger véritablement sur la nécessité d’un système éducatif adapté aux besoins de nos enfants, qui intègre toutes nos spécificités historiques, sociétales et culturelles. Comme vient de le mentionner Ah Ky. Ce n’est pas aux enfants de s’adapter au système, c’est le système qui doit s’adapter aux enfants. L’accompagnement des parents joue un rôle crucial dans ce contexte. Nous souhaitons exprimer notre gratitude envers les APE pour leur travail remarquable et souligner l’importance de réactiver les APE dans nos collèges des Marquises, car leur contribution est essentielle. En matière de pédagogie, il semble que l’approche actuelle ne permet pas toujours aux enfants de se retrouver pleinement dans le système éducatif. La pédagogie de projet, telle qu’appliquée au collège de Tipaerui ou au collège de Arue, qui implique activement les élèves dans leur apprentissage, pourrait apporter une réponse pertinente à ces difficultés. Peut-être faudrait-il encourager cette pédagogie des projets dans l’ensemble des établissements. Nous tenons également à soutenir les initiatives de travail collaboratif mises en place au collège de Faaroa à Raiatea, telles que le rallye de mathématiques et les projets de production écrite avec des récompenses pour les meilleures histoires. Ces actions, menées en coopération avec les enseignants et les professeurs, ont permis de mieux comprendre l’enseignement dispensé en CM2 et en 6ème, afin d’harmoniser les pratiques pédagogiques entre ces deux niveaux. En outre, un conseil école-collège a été instauré, réunissant professeurs et enseignants. Toutefois, il est regrettable que ce conseil n’existe que depuis cette année. Il est fondamental que ce travail commun soit renforcé, notamment au cycle 3 donc du CM1, CM2 et 6e, afin de garantir une continuité et une cohérence pédagogiques optimales pour nos élèves. L’ouverture d’une SEGPA à Raiatea pourrait également s’avérer précieuse face aux difficultés constatées. En effet, les SEGPA sont conçues pour offrir un enseignement spécialisé et individualisé, intégrant à la fois des compétences scolaires et pratiques. Cette approche différenciée pourrait être particulièrement bénéfique pour soutenir les élèves en difficulté et favoriser leur réussite scolaire. C’est un projet pertinent à envisager pour répondre de manière efficace aux besoins spécifiques de nos élèves. Voici les principales observations que nous tenions à partager concernant les défis pédagogiques. Permettez-moi maintenant de laisser la parole à ma collègue, qui abordera d’autres problématiques importantes qui nécessitent toute notre attention. Merci. Que l’amour règne. Le président : Merci. Madame Maamaatuaiahutapu à vous la parole. Mme Maurea Maamaatuaiahutapu : Maamaatuaiahutapu, merci. Je vous embête Monsieur le président. Au-delà des défis pédagogiques, nous devons également faire face à des problématiques extrêmement préoccupantes, qui persistent depuis plusieurs années, nous l’avons abordé à différents niveaux d’intervention : le harcèlement scolaire, les scarifications au sein de nos collèges, et plus gravement, les suicides parmi nos jeunes. Ces phénomènes, malheureusement présents dans de nombreux établissements scolaires, ont récemment pris une tournure alarmante dans notre Pays. Par exemple, au cours de l'année scolaire 2023 - 2024, on a enregistré au moins six suicides et six tentatives. Ces suicides peuvent être liés à divers facteurs, tels qu’une situation familiale fragile, des problèmes de cœur ou encore des addictions. Bien que le soutien et l’accompagnement des parents soient cruciaux, il est également essentiel que les professionnels apportent une assistance adéquate. Or, nous constatons un manque flagrant de suivi psychologique et d’assistance sociale au sein de nos établissements. Nous savons que la DGEE possède une structure dédiée à l’accompagnement et à la prévention, comprenant une équipe de psychologues de l’éducation. À la suite des récents suicides, une mission avec ces professionnels a-t-elle été effectuée dans nos établissements scolaires concernés ? Par ailleurs, le ministère de l’éducation, en collaboration avec le ministère de la santé, a instauré des dispositifs de sensibilisation qui doivent intervenir dans tous les établissements scolaires. Tous les établissements de Māʹohi Nui (NDT, Polynésie française) sont-ils concernés par ce dispositif ? Où en est-il actuellement ? A-t-il déjà commencé ? Il serait également intéressant de lancer une campagne de prévention sur les addictions en partenariat avec la DVEEE, une cellule de la DGEE qui gère le climat scolaire dans tous les établissements, en se concentrant sur le harcèlement et les addictions. Il reste encore beaucoup à faire, et ce sujet mérite toute notre attention et un engagement sérieux comme me l’ont dit mes collègues. Maintenant, j’en profite pour ouvrir une petite parenthèse sur le cyberharcèlement qui est un problème mondial touchant de nombreux jeunes avec une prévalence variant entre 15 % et 37 % selon les régions. Dans notre fenua bien que les données spécifiques soient limitées voire inexistants — inexistantes, pardon —, le phénomène est reconnu. On le voit tous les jours sur les réseaux sociaux. Les efforts de sensibilisation et de protection des jeunes doivent donc être renforcés. Les formes de cyberharcèlement telles que les insultes en ligne, la diffusion de rumeurs, de récits diffamatoires, le partage non consenti de photos ou vidéos et l’usurpation d’identité ont des conséquences graves sur la santé mentale et sociale des jeunes victimes. Mais pas seulement, le cyberharcèlement relève du droit pénal et est donc sévèrement sanctionné par des peines de prisons — au moins deux ans — des amendes assez élevées selon l’âge des victimes jusqu’à cinq millions de francs pour les moins de 15 ans et des mesures disciplinaires à l’appréciation des conseils d’établissement. Je nous interpelle donc tous sur nos responsabilités face à ce problème qui ne cesse de croître chez nous. D’ailleurs, les personnalités publiques et politiques en font souvent injustement les frais. Je continue – un autre partenaire essentiel sont les associations telles que SOS suicide, qui joue un rôle crucial en apportant un soutien psychologique aux personnes en détresse, en menant des actions de prévention sur le suicide, et en sensibilisant la population aux enjeux de santé mentale. Cette association est d’ailleurs intervenue récemment dans les collèges des Marquises. Nous tenons à la soutenir, – je me joins donc à mes collègues – à l’encourager et à la remercier pour son dévouement et son travail précieux en faveur de nos jeunes et de notre peuple à Māʹohi Nui (NDT, en Polynésie française). Enfin, d’autres initiatives – on en a parlé – telles que le Margaret’s place, dispositif issu des États-Unis et qui a déjà aidé plus de 140 000 élèves dans ce Pays. Il a été instauré pour la première fois au lycée Diadème à Pirae en 2021, puis au lycée Taiarapu Nui à Taravao en 2022. Et, ce programme a permis d’offrir aux élèves un espace d’écoute et de dialogue avec un psychologue à plein temps, à temps plein, abordant des problématiques telles que les violences intrafamiliales, les problèmes de couple, de cœur plutôt ou encore les addictions. Grâce à cette approche, les élèves peuvent exprimer librement leurs difficultés quotidiennes et recevoir un suivi adapté en cas de besoin, leur permettant ainsi de « poser des mots M.O.T.S. sur leurs maux M.A.U.X. ». Ce dispositif rencontre un franc succès car plus de 100 élèves fréquentent chaque jour les deux Margaret’s Place, que ce soit pour des séances d’écoute individuelle, des groupes de parole, des discussions sur des thématiques, ou des campagnes de sensibilisation. Cela permet un environnement où les élèves se sentent soutenus et compris, améliorant ainsi leur bien-être et leur capacité à gérer leurs problèmes. Un troisième programme est d’ailleurs en cours d’étude sur l’île de Bora Bora, avec l’espoir de fournir ce soutien essentiel à encore plus d’élèves à travers Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française). En multipliant ces initiatives, nous pouvons renforcer notre engagement envers la santé mentale de nos jeunes et leur offrir les outils nécessaires pour affronter les défis de la vie avec résilience et confiance. Voici les principales observations que je souhaitais partager avec vous aujourd’hui, chers collègues. Nous avons abordé des points cruciaux concernant la gestion des établissements scolaires, les défis structurels, ainsi que les besoins urgents en matière de soutien psychologique et pédagogique. J’aimerais ainsi vous inviter à voter favorablement pour ces projets de délibération, en soulignant qu’il est impératif que nous continuions à nous mobiliser pour répondre efficacement aux défis auxquels nos établissements sont confrontés. Nous devons soutenir et amplifier les initiatives qui ont fait leurs preuves, comme les programmes de soutien psychologique et les projets innovants dans nos collèges, tout en gardant à l’esprit que « l’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde ». Merci, et que l’amour règne. Le président : Merci, Madame. Madame Niva. Mme Pauline Niva : Mes salutations et remerciements à toutes et à tous. Pour poursuivre l’idée de ma collègue Maurea, je souhaite profiter donc d’évoquer le sujet du suicide dans nos établissements scolaires de manière plus élargie et aborder cette problématique de manière plus générale. Mais avant, Maurea l’a dit, je pense qu’une fois de plus, chers élus, vous allez être d’accord avec moi de dire que je nous invite ensemble à honorer tout le travail de prévention de l’association SOS Suicide en Polynésie, présidée par Madame Tuheiava Annie. Annie, merci beaucoup pour votre combat afin prévenir du suicide au sein de notre pays. Merci de tout cœur Annie. Le suicide, au-delà d’être une problématique grave, est devenu un enjeu sociétal majeur dans notre pays, avec des taux parmi les plus élevés au monde. Ce paradoxe est d’autant plus frappant que la Polynésie est perçue comme un paradis sur terre, évoquant beauté et sérénité. Pour comprendre cette crise, il est crucial d’examiner les pressions sociales, économiques et culturelles qui en sont les causes. Sensibiliser le public, mettre en place des mesures de prévention efficaces et offrir un soutien adapté sont essentiels. La lutte contre le suicide nécessite une approche holistique, impliquant familles, institutions, professionnels de la santé et gouvernement, afin de créer un environnement où chacun, chaque enfant se sent valorisé et soutenu. Sur les quelques données disponibles, nous savons que la Polynésie française enregistre officiellement entre 30 et 40 morts par suicide chaque année. Toutefois, certains experts estiment que ces chiffres sont probablement sous-évalués. Concernant les tentatives de suicide, SOS Suicide recense près de 300 tentatives par an. Ces chiffres alarmants ne cessent de croître depuis ces 20 dernières années, contrairement aux données métropolitaines. Cette tendance inquiétante souligne la nécessité urgente de renforcer les efforts de prévention et de soutien au sein de notre communauté. Entre 2010 et 2023, le taux de tentatives de suicide en Polynésie française a plus que doublé, enregistrant une hausse de 53 %. Actuellement, nous faisons face à une nouvelle vague préoccupante depuis novembre dernier, avec une nouvelle augmentation des suicides. Entre janvier et mars 2024, nous avons déjà enregistré 10 suicides dans le pays. Rien qu’en mars, quatre suicides ont été comptabilisés en une seule semaine, dont trois concernaient des jeunes de moins de 25 ans. Même si ces chiffres n’ont pas été actualisés depuis, il est évident que de nouveaux cas de suicide sont également survenus depuis mars. Cette situation souligne l’urgence d’une intervention renforcée pour prévenir cette tragédie continue et soutenir les personnes vulnérables. Le profil des personnes en détresse a également évolué. Selon les gestionnaires de l’association SOS Suicide, qui reçoivent près de 1 500 appels par an, les appelants étaient autrefois principalement âgés de 16 à 60 ans. Aujourd’hui, la tranche d’âge s’étend de 5 à 85 ans. De plus, ils reçoivent de plus en plus d’appels de parents inquiets parce que leurs enfants de 7 à 8 ans parlent déjà de suicide. Cette évolution alarmante du profil des personnes en détresse souligne l’importance de renforcer les mesures de prévention et de soutien pour toutes les tranches d’âge, afin de mieux répondre à cette crise complexe et multifactorielle. Mes chers collègues, il existe vraiment un mal-être qui ne cesse de s’amplifier dans notre société et le suicide en est une illustration. Nous avons tous été témoins de situations où des familles viennent à vivre des moments douloureux dans la perte d’un enfant, d’un parent, d’un époux ou une épouse suite à un suicide : « Il/Elle est mort(e), il/elle s’est suicidé(e), il/elle s’est pendu(e) », telles sont les paroles qui ont résonné dans les foyers qui ont vécu cette expérience douloureuse. Parmi les causes identifiées, nous pouvons relever des situations familiales instables, des problèmes de cœur, des addictions, du harcèlement scolaire, ainsi que des pressions liées à la culture traditionnelle, aux attentes familiales et aux défis posés par l’évolution de la société moderne pour nos jeunes, en particulier pour les jeunes efféminés ou homosexuels, comme l’a souligné ma collègue, Madame Maurea Maamaatuaiahutapu. Finalement, j’ai l’impression, chers élus, que nous vivons dans une société où le Polynésien ne se reconnaît plus, une société envahie de maux et désormais éloignée de valeurs et de l’identité que nous, enfants Polynésiens, avions connu et avions chéri. Ces situations amènent le désespoir, la solitude et l’isolement. Chers collègues, nous ne pouvons pas nous contenter d’être des spectateurs, il est de notre devoir d’agir. Les actions de prévention et de prise en charge sont très importantes mais clairement insuffisantes sur notre territoire. SOS Suicide est l’une des rares, voire la seule entité, qui porte cette problématique à bout de bras, et elle suffoque aujourd’hui, manquant cruellement de personnel et de ressources. Et il me semble, Monsieur le maire Lissant, qu’il y aurait un centre de prévention du suicide au dispensaire de Punaauia. C’est bien cela, hein. Donc il est impératif que nous, élus de l’assemblée ainsi que notre gouvernement, et d’autres acteurs essentiels tels que la CPS, le CHPF, l’ARASS et bien d’autres encore, renforcions nos politiques publiques et fournissions les ressources nécessaires. Nous devons également soutenir davantage les initiatives privées telles que l’association SOS Suicide ou encore le Fare Tamahau en leur attribuant plus de fonds. C’est un travail collectif que nous devons entreprendre et assumer ensemble. Pendant combien de temps encore allons-nous continuer à fermer les yeux sur ce sujet ? Il est crucial de réaliser l’urgence et l’ampleur de cette problématique et de réagir sans tarder. Nous ne pouvons plus laisser notre population et nos plus jeunes s’enfoncer davantage dans ce cercle vicieux. Il est temps d’agir avec détermination et responsabilité, car je le répète, il est de notre devoir de venir en aide à nos familles en crise. Un effort important doit être entrepris dans nos îles isolées, où l’accès aux services de santé mentale et aux soutiens sociaux est particulièrement restreint. Les dispositifs existants à Tahiti, comme le Margaret’s Place pour les plus jeunes, doivent être étendus. Et je rejoins les propos de Mitema Tapati, de Madame la maire Joëlle Frebault, de ma collègue Maurea : Monsieur le ministre, ne devons-nous pas mettre plus de moyens, plus de ressources humaines et financières pour que chaque enfant de Mā'ohi Nui (NDT, Polynésie française) trouve un espace lui permettant de mettre des M.O.T.S sur des M.A.U.X ? Aujourd’hui, il n’existe toujours pas de centre de désintoxication en Polynésie pour soigner les personnes souffrant d’addictions. De plus, les associations de lutte contre les drogues n’existent, hélas, probablement plus par manque de moyens, laissant parents et familles en grande souffrance seules face à leur addiction. Ensuite, nous manquons cruellement de données et, par conséquent, de visibilité sur l’ampleur réelle de ces problématiques. En effet, très peu d’études ont été réalisées sur notre territoire pour dresser un état des lieux précis de la situation et comprendre les facteurs de risque pouvant mener au suicide. Selon une étude réalisée, l’étude START, réalisée par l’Organisation mondiale de la santé, le taux moyen annuel de mortalité par suicide est de 11 pour 100 000 habitants en Polynésie. Le suicide touche une population jeune, avec une moyenne d’âge de 32 ans, et principalement masculine. Plus récemment, un article paru dans le Journal of International Medical Research en septembre 2021, rédigé par un collectif de médecins et de chercheurs, a analysé un ensemble de données statistiques relatives au suicide en Polynésie française, couvrant la période 1992-2016. Cette étude a mis en évidence des liens entre le suicide, la crise économique et les changements politiques. La dernière étude menée en Polynésie française a été conduite entre 2020 et 2023 par le département de psychiatrie du Centre hospitalier de la Polynésie française. Cette étude a révélé une augmentation notable des tentatives de suicide durant la crise du Covid-19. Avant cela, les dernières données chiffrées disponibles sur le sujet dataient de 2010. À l’instar des observatoires que nous envisageons de créer dans d’autres domaines de la politique publique, il est essentiel de mettre en place un véritable observatoire sur le suicide. Cela devient une nécessité et doit devenir la priorité pour notre gouvernement. Cet observatoire permettrait de centraliser les données de manière efficace et de mieux cibler les interventions requises. Par exemple, nous constatons depuis un certain temps que les enfants, dès leur plus jeune âge, sont de plus en plus concernés par cette problématique. Il devient donc urgent d’accentuer les interventions de prévention et de prise en charge dès le plus jeune âge, notamment dans les établissements scolaires. La mise en place de cet observatoire nous permettra d’agir plus rapidement et efficacement en accédant à des données actualisées en temps réel. Chers collègues, après cet état des lieux catastrophiques, nous avons tout de même une bonne nouvelle ! Et je parlerai sous le contrôle de notre gouvernement ou du ministère de la santé. Le pôle de santé mentale ouvrira bientôt ses portes et là, je me tourne vers les élus du Tapura huiraatira pour remercier le gouvernement précédent présidé par Monsieur Édouard Fritch qui a lancé les travaux de ce pôle de santé mentale et que notre gouvernement a finalisé les derniers travaux. Cet établissement viendra pallier en partie aux manquements constatés et il viendra soutenir les activités qui graviteront autour de la prévention du suicide, de l’accompagnement thérapeutique de toute personne souffrant d’addiction ou encore de pathologie pouvant entraîner toute tentative de suicide. Voici les principales observations que je tenais à partager avec vous, chers collègues, après les différentes interventions. Il est de notre responsabilité d’unir nos efforts pour établir des systèmes de prévention solides, soutenir les initiatives locales et investir là où cela est nécessaire. Chers élus, agissons avec courage, détermination et efficacité pour offrir à notre peuple de Mā'ohi Nui (NDT, Polynésie française) un avenir où l’espoir et le soutien sont toujours à portée de main. Le président : Merci. Marielle. Mme Marielle Kohumoetini : Merci beaucoup, président. Ce ne sera pas long, c’est juste pour rebondir après l’intervention de notre sœur Pauline Niva. Merci beaucoup. En fait, je voudrais lire et partager avec vous un témoignage d’une maman qui a perdu son fils qui a mis fin à sa vie en novembre 2023. Alors, c’est pour Kapikura Keapanui. Il avait 15 ans, 15 ans, jeune étudiant au Lycée Paul Gauguin. Voici le témoignage de sa maman : « Tu me manques Trois petits mots fragiles, qui côte à côte supportent une montagne de vide. Trois petits mots désuets, tellement employés qu’ils en paraissent parfois dérisoires, voire niais. Une petite phrase dont on ne connaît jamais vraiment le sens. Des lettres qui portent en elle la solitude et les cordes qui pendent des plafonds de la violence. Tu me manques... c’est la phrase qu’on utilise lorsqu’on perd pied. C’est un appel au secours, un SOS lancé à la surface de la mer qui coule. Tu me manques, c’est ouvrir en soi les faiblesses et reconnaître qu’elles sont en train de nous dévorer la chair. Tu me manques… c’est de tous les poèmes le plus long que l’on puisse faire. Tant de torture, tant d’étranglement… Tant de blessure, de déchirure… Une demande de sauvetage, une supplication presque sauvage. Tant de douleur, pour tant de silence. La vibration de cette phrase n’a rien de banal. Les mots sont tous des clés qui, associés, jouent des notes un peu spéciales. Mais cette phrase minuscule résonne jusqu’à l’espace qu’elle embrasse. On pourrait presque voir battre son cœur, on pourrait peut-être entendre murmurer son âme… Elle est une prière sans aucune frontière, un refrain qui n’a pas de langue. » Voilà. Merci beaucoup. Je voulais juste partager ce témoignage avec vous. C’est dur de perdre un fils. Et quand cela vous touche, on pense que cela ne nous touche pas ; mais le jour où cela nous touche, je peux vous dire que, même moi, je n’ai pas su gérer. Merci beaucoup. Le président : Merci bien, Marielle. Tapati. M. Tafai, Mitema Tapati : Oui, mon intervention ne sera pas longue. C’est ma dernière intervention, aujourd’hui, car c’est bientôt l’heure de mon bateau. Sur cette question très importante qu’est l’éducation, qu’est-ce que le Polynésien entend par « éducation » ? En réalité, c’est rechercher tous les moyens possibles pour que l’Homme soit éclairé le plus possible sur tel et tel sujet et c’est cette intelligence qui le mènera vers la réussite. Il y a un vieux dicton qui dit : « que l’éducation mène l’Homme vers le savoir, puis que le savoir mène l’Homme vers l’intelligence, et que l’intelligence mène l’Homme vers la vie. En réalité, lorsque l’on parle d’éducation, nous parlons, en quelque sorte, de la vie. Mise à part favoriser la réussite de nos enfants au travers des moyens fournis par l’Éducation aujourd’hui ou mises en place par le système actuel ; mise à part les budgets que nous attribuons à tel et tel établissement scolaire ; mise à part le courage et l’expérience des enseignants qui instruisent nos enfants, ce serait bien que l’on mette en avant également et aujourd’hui même le rôle d’éducateur des parents. Car, à mon avis, il ne faudrait pas que l’adage polynésien qui dit que « si la jeune pousse est malade, c’est parce que la souche l’est. » La souche représentant ainsi les ascendants, et la jeune pousse, les enfants. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une difficulté et à l’augmentation de la violence, qu’il s’agisse du suicide ou bien que ce soit entre un tel et un tel, alors que le problème commence au moment même où l’enfant quitte le foyer des parents. Dès qu’il monte dans le transport qui l’envoie à l’école, ça commence là. Combien de chauffeurs de bus se sont faits agresser par des enfants ?... Combien de bus scolaires ont été dégradés par des enfants ? Combien d’adultes ont dû supporter les insultes de ces enfants ? Le respect ne constitue plus la base de notre éducation aujourd’hui. Cela m’amène donc à m’interroger forcément sur l’adage polynésien qui dit « si une noix de coco ne germe pas sous sa souche maternelle, celle-ci ne ressemblera pas à sa souche mère ». Je me demandais donc : cette noix de coco, par rapport à notre éduction, sous quel arbre a-t-elle bien pu germer ? Je me souviens de notre enfance aux îles Marquises. Tous les soirs, l’on se tenait près de nos vieux sages pour écouter ce qu’ils appellent en langue marquisienne « les mythes ancestraux », et lorsque l’on traduit cela dans notre langue (NDT, tahitienne), on parle de mythologie. Ces mythes portaient sur les montagnes, la terre, la mer, les ancêtres, la culture, etc. et tous ces enseignements se faisaient en langue maternelle (NDT, langue polynésienne). À notre époque, on allait à l’école à l’âge de six ans et l’on maîtrisait notre langue maternelle bien avant d’aller à l’école. On connaissait notre alimentation de base. Et, à cette époque-là, la langue du parent était également celle de l’enfant ; les valeurs des parents étaient également celles de l’enfant ; l’alimentation des parents était également celle de l’enfant. Aujourd’hui, au sein du foyer, l’enfant parle une langue autre que celle du parent ; le parent a une alimentation différente de celle de l’enfant ; les parents ont des valeurs différentes de celles de l’enfant… Autrement dit, c’est déjà à ce niveau-là que l’on n’a pas assurés. Ce n’est pas à l’école que cette erreur a commencée, mais au sein du foyer. Si l’enfant se suicide, c’est parce que l’on s’est éloigné les uns des autres. On a mis une distance et nous ne sommes plus aussi proches. L’enfant a compris qu’il était seul dans sa vie dorénavant : le parent est dans un lieu qui est différent du lieu où est l’enfant. Il est peut-être temps pour nous de nous rapprocher encore, de renouer le lien entre les parents et l’enfant. Autrefois, lorsqu’il n’y avait pas cours le mercredi, les enfants n’allaient pas traîner à Papeete. Ils restaient à la maison près des parents. Là où étaient les parents, l’enfant y était. Aujourd’hui, le parent est à tel endroit, et l’enfant à tel autre endroit. Donc, il ne faut pas s’étonner, il ne faut pas s’étonner des nombreuses problématiques auxquelles nous sommes confrontées. Et donc, lorsque j’ai commencé à aller à l’école, le premier cours que j’ai reçu portait sur Napoléon, sur les 50 pas du roi, c'est-à-dire du bord de mer vers l’intérieur des terres, sur la Garonne, l’Himalaya… On a complètement omis Paumaka ! On a complètement omis Matahenua ! On a complètement omis Makaiaanui ! Si l’on devait évaluer les enfants marquisiens sur l’histoire de Makaiaanui, aujourd’hui, ils réussiraient à 100 %. Pour conclure mon intervention, le jour où l’on a commencé à ouvrir les portes à l’enseignement des langues polynésiennes au sein de nos écoles, où l’on a commencé à enseigner le ′ōrero (NDT, art oratoire), nos us et coutumes dans nos écoles, on a observé un éveil particulier chez nos enfants. Et donc, comme cela a été soulevé précédemment, il faut que l’on valorise davantage encore notre culture dans nos établissements scolaires. Mes salutations. Le président : Merci, Tapati. (Applaudissements dans la salle.) Thilda. Mme Thilda Garbutt-Harehoe : Bonjour pour tout ce qui a été dit avant moi. Aujourd’hui, nous sommes présents pour valider des comptes financiers de huit collèges publics, mais autant cela nous a fait voyager dans les archipels et autant nous avons voyagé aussi dans les problématiques de la jeunesse. Mais ce sont des points communs que nous rencontrons. Je voudrais dire que, tout d’abord, le premier constat, c’est que l’on remet à jour des comptes depuis 2020, 2021 — j’espère qu’il n’y en a plus qui traînent —, 2022, presque à la limite de la prescription quadriennale où on ne peut plus rien récupérer. Voilà. Donc c’est bien que ce soit fait, mais il faudrait que tous ces collèges soient quand même à jour aujourd’hui. Et le deuxième constat du fonds de roulement, peut-être que certains sont satisfaisants aux alentours de 90 jours, mais on a quand même entendu certains à moins de ça et qui peuvent aussi donner des situations problématiques, d’où l’importance de signaler assez vite tous ces comptes afin que l’on puisse rattraper tout ce qui ne va pas. Après, je viendrai sur une deuxième partie, c’est toutes les analyses plutôt sociales qui ont été révélées sur les chiffres représentés où on fait apparaître des taux de réussite, je dis : « évaluation quantitative et collective » qui ne devraient pas nous… Alors, on peut s’en féliciter dans certains cas, mais cela ne devrait pas occulter les situations individuelles d’échec auxquelles nous devrions vraiment apporter beaucoup, beaucoup d’efforts. Lorsque ces tests sont apportés en 6e, c’est donc au sortir de l’enseignement primaire. Les tests et les solutions devraient être portés sur ce bloc commun de l’élémentaire pour éviter un cumul d’échec. Car à l’arrivée en 6e, nous savons très bien que l’entrée en 6e, c’est l’entrée dans l’adolescence, c’est le contact avec plusieurs situations sociales et là, les enfants se jaugent. Donc, c’est vraiment à éviter parce qu’avec ce sentiment d’échec scolaire, parfois ils ont aussi cette coupure avec la famille, ils ont aussi un mal-être, ce sont les premières rencontres amoureuses avec parfois encore des échecs et parfois ces enfants ne sont pas prêts à absorber toutes ces conditions. Alors oui, on dit que l’éducation, c’est l’affaire des parents. Je dirai plus maintenant, c’est l’affaire d’une société. Il est important de compléter l’apport des parents vis-à-vis de leur jeune dont ils sont parfois dépassés. Et quand bien même eux-mêmes se battent avec leurs propres difficultés et fragilités, que ce soient des divorces ou du surendettement ou pas d’emplois, etc., et donc tout est reporté sur ces enfants et parfois on ne sait même plus leur parler. Voilà. Donc pour moi, c’est vraiment mettre l’accent. On a parlé tout à l’heure justement des Margaret’s Place qu’on ne voit qu’en lycées pour l’instant comme au Lycée Diadème, celui de Taiarapu, et peut-être qu’il va y en avoir d’autres qui vont s’ouvrir. On sait que c’est une association, donc ce n’est pas du personnel payé par le public — pour l’instant, —mais leur présence dans un collège avec une petite structure, un petit espace cosy, cela fait tellement de bien, de soutien psychologique par leur écoute emphatique ; et un lieu qui soit un repère, un lieu où il y a une disponibilité d’écoute, et cela fait du bien à ces enfants. L’objectif, effectivement, c’est que tous nos élèves réussissent et on devrait encore… Pour moi, c’est presque zéro enfant au bord de route, mais ce n’est pas tout à fait cela, on a encore de la marge. Et donc, que le Pays peut-être puisse encore continuer à mettre des fonds, comme ils l’ont fait pour soutenir les familles dans les cantines, mais des cours de soutien pour des petits groupes pour créer l’estime de soi, pour créer du développement personnel et plus. Je rajouterais qu’il manque dans les collèges et les lycées des cours de musique, des cours d’instruments, parce que nous en avions autrefois dans certains collèges et cela marchait bien. Les enfants se retrouvaient là et ils avaient envie de revenir à l’école. Je m’arrêterais là pour dire merci à tous pour leur implication dans ce système scolaire, et je reviendrais sur nos responsabilités d’élus, que nous soyons dans des communes, que nous soyons ici même à l’Assemblée ou dans d’autres coins, que nous soyons présents dans tous les conseils d’école et d’établissement de manière active, intéressée. Merci pour tout. Le président : Merci bien. La discussion générale est maintenant close. J’invite le gouvernement à répondre aux interventions des orateurs. M. Ronny Teriipaia : Merci à tous pour vos différentes interventions. Merci Thilda de rappeler le rôle important des représentants de l’Assemblée au sein de chaque conseil d’établissement de collège ou lycée, c’est important, comme ça, vous participez activement à la vie de l’établissement, notamment dans le cas de votre présence au sein de ce conseil. Je vais juste revenir sur le Collège de Tipaerui parce que je n’avais pas les éléments de réponse tout à l’heure. Par rapport à l’accueil des élèves le matin, les collèges ont la possibilité de demander une augmentation de leur dotation, notamment pour l’accueil des élèves, dans le cadre du dialogue de gestion qui se passe au mois de novembre. Tous les chefs d’établissements sont au courant de cela. Ensuite, on va aborder la question des résultats scolaires car je trouve que c’est important et, ensuite, on reviendra sur la question du suicide et tous les dispositifs qui sont mis en place. Il est vrai que les résultats scolaires sont différents selon les zones, selon les régions, et en France, c’est exactement la même chose. La réponse est simple : aujourd’hui, les méthodes ne sont plus adaptées. Il faut mettre en place des méthodes qui accrochent les élèves et qui les invitent justement à vouloir apprendre. Ensuite, pour le plurilinguisme dans tous les établissements scolaires, que ce soit dans toutes les régions du monde, il faut les encourager, notamment dans le cadre de la mise en place des écoles immersives. Cela a été prouvé puisque nous avons reçu, dernièrement, l’inspecteur général en lettres — je dis bien en lettres — qui préconise justement la scolarisation des élèves par le biais de la langue maternelle. Et donc, ce n’est pas le ministre de l’éducation local qui l’invente, c’est l’inspecteur général de France. C’est donc pour cela que l’on met en place un nouveau projet d’éducation dans le cadre de la réforme du système éducatif polynésien. La réforme des rythmes scolaires répond à cette demande justement pour inciter au changement. Il faut de nouvelles méthodes pédagogiques et l’adaptation des programmes. Je remercie Madame la maire Joëlle d’avoir évoqué le passage sur les élèves qui vont dans la nature. Tu sais, c’est important ! Dans le cadre de la réforme du système éducatif, je préconise, en tous les cas le ministère préconise que les élèves ne restent pas en classe tout le temps. Il faut qu’ils sortent de la classe. Ils ont besoin d’être connectés à la terre. C’est bien de rappeler ce lien que les Polynésiens ont avec la terre, mais s’ils ne sortent pas de leurs classes, ils restent toujours en classe, à quel moment ils vont être connectés à la terre ? Parce que, quand ils rentrent chez eux — aujourd’hui en tout cas —, ils ne sont pas connectés à la terre, ils sont connectés à leurs téléphones, comme les parents. Alors si les parents passent leur temps sur leurs téléphones, eh bien les enfants font la même chose. Aujourd’hui, les parents, qu’est-ce qu’ils font ? Pour ne pas s’occuper de leurs enfants, ils leur passent un téléphone. Ils achètent un téléphone comme ça ils ont la paix et cela sert de garderie. Alors pour ceux qui se plaignent des rythmes scolaires, c’est facile ! S’ils ne veulent pas payer une garderie, ils font cela, ils donnent un téléphone à leurs enfants comme ça ils fichent la paix. Ensuite, c’est pour cela que dans le cadre des travaux de réflexion auxquels l’on va participer tous autant que nous sommes ici, que ce soit la minorité, la majorité, cela concerne nos enfants. On n’a pas à s’attribuer la primeur « c’est nous qui avons mis cela en place… Non, ce n’est pas ce gouvernement ! » ! On s’en fiche ! Moi, je m’en fiche, c’est dans l’intérêt de nos enfants ! Et donc, la question de l’adaptation des programmes est importante et notamment par le biais de la culture. La question de la culture a effectivement été soulevée. Je voudrais vous remercier chaleureusement, Monsieur Ah Ky, car, en écoutant votre intervention, je suis certain que vous avez dû lire ma lettre de rentrée pour cette nouvelle année scolaire (Rire.) car elle a été publiée ! Non, merci bien. La question de la culture a été soulevée et est mise en avant afin de faciliter l’apprentissage de nos enfants durant leur scolarité. C’est vrai que le biais culturel est important. Il faut absolument que les élèves, nos enfants, d’abord, connaissent, sachent d’où ils viennent et où est-ce qu’ils vont. C’est important d’abord. C’est vrai qu’il faut s’ouvrir au monde, mais il faut d’abord apprendre à se connaître et c’est pour cela qu’il faut absolument que l’on adapte nos programmes, le système scolaire. De plus, on prône l’alternance, et c’est ce que je disais tantôt, il faut que les élèves ne restent pas dans une classe tout le temps, ce n’est pas possible. La question des évaluations PISA a été évoquée tout à l’heure. C’est vrai que l’Hexagone n’a pas, la France n’a pas le pire des résultats, mais bon elle n’est pas très bien classée. L’Australie est beaucoup mieux classée avec moins d’heures. Ce n’est pas le nombre d’heures de cours qui compte, c’est le contenu de ce que l’on enseigne aux enfants. Quand cela accroche les élèves, forcément cela va bien se passer. Pour la question du harcèlement et du suicide, c’est un problème récurrent en tout cas depuis des années et, normalement, il faut que toute la communauté éducative, d’abord la communauté de l’établissement scolaire, pour qu’on puisse mettre en place un plan d’action efficace, il faut que ça soit inscrit dans le projet de l’établissement. Quand c’est inscrit dans le projet de l’établissement, l’équipe pédagogique, la direction est obligée de mettre en place le plan d’action. On aura beau évoquer ce problème, mais lorsque ce n’est pas marqué noir sur blanc, donc on ne va pas mettre en place des actions. C’est vrai qu’il y a des infirmiers qui interviennent, il y a des psychologues scolaires, et c’est la raison pour laquelle lors du dernier dialogue de gestion et pour la rentrée 2024, on a obtenu une dizaine de créations de postes d’assistantes sociales et d’infirmières, justement pour lutter contre toutes ces formes de violence. Par ailleurs, le dispositif Margaret’s place participe aussi à cela. Savez-vous comment fonctionne le Margaret’s place ? Le Pays paye une partie, donc c’est l’enseignement public. Pour l’instant, il n’y a que les établissements du public qui ont bénéficié, ce qui est normal parce que c’est le Pays qui paye à hauteur de 15 millions. C’est 10 millions pour la mise en place des structures et 5 millions pour payer le personnel (psychologues) par an. Voilà. La fondation de Mareva Georges contribue notamment dans le cadre de la mise en place pour l’achat des meubles et pour payer aussi une partie du salaire des psychologues. Mais, le problème, c’est que ces psychologues ne sont pas des titulaires de l’Éducation nationale. Au bout de deux ans, au bout de la fin de leur contrat, eh bien on ne peut pas continuer sinon on est obligé de les « CDIser » et cela n’est pas possible. Sinon, ils sont obligés de passer des concours puisqu’il s’agit d’un établissement scolaire, d’une école publique. Voilà, c’est cela le problème. Mais, voilà, c’est un dispositif qui fonctionne. Quant à mettre en place ces structures, ces dispositifs dans les écoles privées, alors je vous rappelle que les écoles privées, les établissements privés sont sous contrat. Certes, il y a une convention qui a été faite avec le Pays, mais c’est le vice-recteur, ce n’est pas moi. Il faut qu’ils s’adressent au vice-recteur, mon copain. Après, cela n’existe pas que dans les lycées, Thilda, il y en a aussi dans les collèges. Oui, vous en avez à Uturoa et à Bora Bora aussi. Je pense que la question du suicide, certes, c’est l’affaire de tous, mais on sait tous que, comme l’a dit Maurea tout à l’heure, l’arme la plus puissante c’est l’éducation, et donc il faut commencer à la base. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire qu’il y a un ministère de l’éducation, mais il y a beaucoup de rééducation à faire aussi. Ici, il faut rééduquer tout le monde, même les parents ! Pourquoi les parents ne s’intéressent-ils pas à l’école ? Tout simplement parce qu’ils ne se reconnaissent plus dans l’école. Si vous voulez accrocher les parents, il faut passer par la culture, notamment dans les îles et notamment dans les communes par exemple éloignées. C’est comme cela qu’on fait revenir les parents. Si vous leur proposez des projets qui ne leur ressemblent pas et qu’ils n’accrochent pas, ils ne viendront jamais, surtout les parents qui sont en rupture avec l’institution ! C’est pour cela que c’est important ! Le rôle de la direction des écoles, des établissements est important. Il faut absolument sinon ils ne viendront jamais. Après, il faut rendre l’école accessible à tous. Il y a un type de discours à employer avec les parents. N’allez pas les noyer avec un discours technique, cela ne fonctionne pas. Il faut accrocher les parents avec un discours dans lequel ils se reconnaissent tout simplement, c’est comme ça. Et donc, pour cette réforme de notre système éducatif, on a besoin de tout le monde ! Tout simplement. Voilà. Et on fait des propositions et on essaye d’améliorer les choses pour que nos enfants réussissent, parce qu’ils sont tous capables. Vous avez vu là, il y a 67 lauréats de concours, mais c’est magnifique et c’est vraiment formidable ! Cela veut dire qu’on est bons ! (Rire.) Cela veut dire qu’on est bons, que les polynésiens sont bons ! (Rire.) Voilà. J’ai terminé. Merci beaucoup. Si vous avez d’autres questions ? Le président : Merci, Monsieur le ministre. Nous poursuivons ? Nous passons à l’examen de la délibération du rapport n°21-2024 qui concerne le collège de Taiohae. En l’absence d’amendement, je mets aux voix l’ensemble de la délibération : Qui est contre ? Qui s’abstient ? Qui est pour ? À l’unanimité. Merci bien. Nous passons à l’examen de la délibération du rapport no 22-2024 qui concerne le collège de Moerai-Rurutu. En l’absence d’amendement, je mets aux voix l’ensemble de la délibération : Qui est contre ? Qui s’abstient ? Qui est pour ? À l’unanimité. Merci. Nous passons au rapport n°28-2024 et nous avons trois délibérations qui concernent le collège de Atuona. Nous passons donc à l’examen de la première délibération pour le compte financier 2020. En l’absence d’amendement, je mets aux voix l’ensemble de la délibération : Qui est contre ? Qui s’abstient ? Qui est pour ? À l’unanimité. Merci. Nous passons à l’examen de la deuxième délibération pour le compte financier 2021. En l’absence d’amendement, je mets aux voix l’ensemble de la délibération : Qui est contre ? Qui s’abstient ? Qui est pour ? À l’unanimité. Merci. Nous passons à l’examen de la troisième délibération pour le compte financier 2022. En l’absence d’amendement, je mets aux voix l’ensemble de la délibération : Qui est contre ? Qui s’abstient ? Qui est pour ? À l’unanimité. Merci. Pour le rapport n°33-2024, nous avons deux délibérations qui concernent le collège de Faaroa. Nous passons à l’examen de la première délibération pour le compte financier 2021. En l’absence d’amendement, je mets aux voix l’ensemble de la délibération : Qui est contre ? Qui s’abstient ? Qui est pour ? À l’unanimité. Merci. Nous passons à l’examen de la deuxième délibération pour le compte financier 2022. En l’absence d’amendement, je mets aux voix l’ensemble de la délibération : Qui est pour ? À l’unanimité. Merci. Les rapports peuvent être consultés sur le site internet de l’assemblée de la Polynésie française à l’adresse www.assemblee.pf |