Rapport n° 100-2024 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l'exercice 2023 de l'Établissement public d'Enseignement et de formation professionnelle agricoles (EPEFPA) de la Polynésie française et affectation de son résultat Paru in extenso au JOPF n° 2 NA du 20/01/2025 à la page 403
| Rapport n° 100-2024 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l'exercice 2023 de l'Établissement public d'Enseignement et de formation professionnelle agricoles (EPEFPA) de la Polynésie française et affectation de son résultat Présenté par M. le représentant Ruben Teremate Procédure d'examen simplifiée Le président : Je demande à ce que nous passions au rapport no 100 pour l’examen du compte financier de l’exercice 2023 de l’EPEFPA, Établissement public d’enseignement et de formation professionnelle agricoles. Et c’est Ruben Teremate qui introduit le sujet. M. Ruben Teremate : Merci, Monsieur le président, bonjour. Bonjour aussi, Madame la vice-présidente du gouvernement, les ministres, les représentants et les agents de Tetunae. Merci de notre rencontre et tous ceux qui nous regardent par les réseaux sociaux. Le présent projet de délibération a été transmis par lettre no 5508/PR du 2 septembre 2024 par le Président de la Polynésie française aux fins d’examen par l’assemblée de la Polynésie française. S’agissant des faits marquants de l’année 2023 : Concernant le lycée professionnel agricole (LPA) : – Une augmentation des effectifs, passant de 225 élèves (rentrée 2022) à 242 élèves (rentrée 2023) ; – Environ 60 sorties sur le territoire, sportives et culturelles, et des sorties pédagogiques hors territoires (France métropolitaine, Belgique, Nouvelle-Zélande) ; – 30 élèves en moyenne bénéficiaires du dispositif WEI/PLEI ; – Un résultat de fonctionnement déficitaire de 4,740 millions F CFP, principalement lié à l’augmentation du coût des denrées alimentaires ; Concernant le CFPPA : – Une augmentation du volume de formation (41 740 heures stagiaires contre 38 772 heures en 2022) ; – Une augmentation du nombre de stagiaires, passant de 333 en 2022 à 421 en 2023, et du nombre d’actions de formations (33 en 2022 et 48 en 2023) ; Un résultat de fonctionnement excédentaire de 38,266 millions F CFP ; Concernant l’exploitation agricole (EA) : – Une augmentation des produits de vente du pôle animal, de près de 40 % ; – Une activité du local de vente en forte croissance, les résultats dépassant ceux constatés depuis plusieurs années ; – Un résultat de fonctionnement déficitaire de 14,221 millions F CFP, pouvant s’expliquer par des charges qui ont dépassé les estimations (notamment les charges de personnel). S’agissant de l’exécution budgétaire 2023 : Le montant définitif des recettes du compte financier de l’EPEFPA est de près de 579,872 millions CFP et celui des dépenses est de près de 611,407 millions F CFP. Ce compte financier présente un résultat global déficitaire de 18,081 millions F CFP, lequel vient diminuer le fonds de roulement de l’établissement qui s’établit à près de 276,566 millions F CFP au 31 décembre 2023 Ce projet de délibération a été examiné en commission le 20 septembre 2024. Les échanges tenus ont permis de soulever la problématique des terrains agricoles saturés, particulièrement sur l’île de Moorea, entraînant des difficultés pour les installations agricoles et, s’agissant des formations, les réflexions en cours sur la possibilité de proposer, à l’avenir, des formations orientées vers la mer. À l’issue des débats, le présent projet de délibération a recueilli un vote favorable unanime des membres de la commission. En conséquence, la commission de l’agriculture et des ressources marines propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de délibération ci-joint. Le président : Merci, Ruben. Pour la discussion générale, la conférence des présidents accorde 36 minutes au Tavini, 15 au Tapura et 9 aux non-inscrits. Vous commencez. Les non-inscrits, vous démarrez la discussion générale sur ce texte. Mme Nicole Sanquer : Merci, Monsieur le président. Madame la vice-présidente, Madame la ministre, Monsieur le ministre, nous examinons aujourd’hui le compte financier de l’Établissement public d’enseignement et de formation professionnelle agricole de Polynésie française, communément… autrement connu sous le nom de Lycée agricole d’Opunohu. Cet établissement est une chance pour notre territoire car il permet la formation de nos jeunes au métier du secteur primaire. Il intervient dans différents domaines, aussi bien en formation initiale avec le lycée professionnel, en formation continue avec le CFPA, et possède aussi ses propres exploitations pour ainsi initier les élèves et les stagiaires à la transformation et à la commercialisation de ses produits agricoles. Son financement est aux deux tiers assurés par l’État : 754 millions pour le Lycée agricole contre 63 millions par le Pays, 18 millions pour les exploitations agricoles. Le pays finance entièrement la formation en continu pour 139 millions et participe au financement des exploitations à hauteur de 28 millions. Il est opportun, je pense aujourd’hui, de remercier l’État pour cet accompagnement financier car nous connaissons l’importance de la formation dans ce secteur lorsqu’on définit comme priorité majeure l’autosuffisance alimentaire de notre pays. Les effectifs de l’établissement sont en augmentation et cela nous rassure par rapport aux années passées où la lutte contre le décrochage scolaire était devenue une priorité. Malgré un résultat déficitaire, nous tenons aussi à saluer les efforts d’adaptation et de mise en adéquation des formations dispensées par cet établissement, mais aussi les efforts d’évolution des modes d’enseignement de l’équipe pédagogique. Nous tenons à encourager la direction et le personnel enseignant et non-enseignant à maintenir cet engagement et cet investissement auprès de nos jeunes Polynésiens pour les motiver à s’orienter et à rester dans ce secteur prometteur. J’émets cependant quelques réserves sur l’activité de commercialisation des produits au sein même de l’établissement, car cela peut engendrer une concurrence déloyale par rapport aux petites exploitations environnantes. Je souhaite élargir le débat, Monsieur le ministre, en vous interrogeant plus particulièrement sur le devenir de ces élèves après la formation et leur qualification. Pourriez-vous nous indiquer quel avenir disposent ces jeunes formés s’ils ne peuvent disposer de disponibilité foncière pour réaliser un projet de production agricole ? Avec l’ancien ministre, on en a souvent parlé, mais les solutions proposées sont-elles en place aujourd’hui ? Car aujourd’hui, un jeune qui sort de ce lycée agricole a des besoins, des besoins au niveau du matériel, des besoins au niveau du foncier, et je pense que c’est là que le Pays pourrait intervenir. Suite au débat en commission, j’ai aussi quelques petites questions. Pour quelles raisons l’ensemble de l’exploitation agricole est bio, sauf la culture de l’ananas ? Et puis concernant, je reviendrai sur la décision de ne pas poursuivre la construction du lycée de Moorea, Monsieur le ministre. Pensez-vous qu’on peut imaginer une orientation vers le développement de la formation des métiers de la mer au niveau du lycée agricole de Opunohu ? Est-ce que vous avez envisagé des perspectives ? Je vous remercie. Le président : Merci. Tavini huiraatira, la parole est à vous Tapati. M. Tafai, Mitema Tapati : Oui, bonjour. Merci bien, Monsieur le président. Je vous salue en cet après-midi. Nous sommes face à cette question concernant le lycée agricole destiné à nos élèves. Cet établissement a été fondé dans les années 1970. Peu après cette période, nous avons commencé à observer une diminution et une baisse des agriculteurs dans notre pays. En effet, dès les années 1960, de nombreux agriculteurs des îles, mais aussi de Tahiti, ont abandonné leurs terres agricoles pour aller travailler pour le CEP à Moruroa et Fangataufa. Cela a entraîné une chute du nombre d’agriculteurs dans notre pays. Cet établissement est d’une grande importance, car autrefois, c’était uniquement le parent qui enseignait à ses enfants l’agriculture. Si une famille comptait dix enfants, les dix étaient formés par leurs parents aux pratiques agricoles. Mais avec l’abandon de l’agriculture comme activité principale, il n’y a donc plus personne pour enseigner l’agriculture aux enfants, et cette responsabilité a été transférée au lycée agricole. Conformément aux informations que nous avons entendues précédemment, présentées par Ruben, nous constatons aujourd’hui, en validant le budget alloué à cet établissement, que la majorité des fonds provient de l’État français, avec une petite part issue de nos propres ressources. De ce fait, il est clair que cet établissement n’est pas placé sous la tutelle de notre ministre, mais qu’il relève de celle du ministre de l’agriculture français. C’est ce dernier qui a la charge et la responsabilité de ce dudit lycée qui est le nôtre. Il en est de même pour les MFR chez nous. De tous temps et jusqu’à nos jours, les élèves sont toujours plus nombreux à vouloir s’inscrire à cette école. Mais le souci, c’est que parmi la foule d’élèves qui sortent de cette école, très peu finalement décident de cultiver leurs propres champs. Très souvent, ils cherchent par tous les moyens à devenir des agents du Pays — au sein de la DAG, par exemple, de la CAPL ou dans d’autres services —, préférant ainsi être salarié que d’être son propre chef. Il est probablement temps aujourd’hui de réfléchir quant à ses élèves et leur potentiel, et, par extension, au statut et au métier d’agriculteur chez nous. Car nous connaissons la pénibilité de ce métier, celui d’agriculteur. Quand un enfant décide de cultiver, de planter du taro par exemple, nous pouvons être sûrs que durant neuf mois, il n’aura pas de revenu. Qui donc serait enthousiaste à l’idée de travailler sans percevoir de revenu pendant neuf mois ? Et admettons qu’il y arrive et finit enfin à vendre son taro, s’il le vend à 1 500 F CFP, la personne a la main indolente lui dira toujours « ton taro est trop cher, » n’est-ce pas ? Ainsi, face à une telle situation, il faut que nous nous penchions sérieusement sur la question et affinions notre façon de considérer l’agriculteur, car c’est lui qui nourrit son foyer et c’est aussi lui qui nourrit la population. Et nous le savons d’un vieil adage, car nous n’avons pas inventé l’autarcie alimentaire que nous souhaitons pour les foyers polynésiens, c’est une vieille problématique. Mais nous n'y parviendrons pas si nous, les dirigeants du pays, ne cherchons pas des moyens de grandement valoriser la place de l’agriculteur dans la société. Et d’un. Deuxièmement, nous devrions encourager cette école car, de mon point de vue, un élève qui en est diplômé y obtient son Bac ou sa licence, tout au plus. Il faudrait davantage y pousser le niveau, et qu’une fois sorti de cette école, l’élève serait un expert de l’agriculture. Troisièmement, comme cela a été abordé, je veux parler du souci que rencontrent nos enfants en rapport avec les terres. Très nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, sont toujours à la recherche de terres à cultiver. Je m’étais quelque peu réjoui tantôt de savoir que l’État français allait rétrocéder certaines terres aux communes. Peut-être que quelques-unes de ces terres peuvent être mises à disposition de ces enfants pour les cultiver, que ce soit à Arue, Pirae ou Taravao. Et si, effectivement, nous tendons vers cela, nous répondrions alors à un besoin de ces enfants. Et ce que l’on peut rajouter à propos de cette école, lorsque ses élèves terminent leur cursus, c’est qu’elle puisse offrir tous les outils pour accéder aisément à la vie d’agriculteur, c’est la raison même pour laquelle ils ont fait le choix de ces études. Voilà quelques avis concernant cette école qui est la nôtre. Merci de votre attention et recevez mes salutations. Le président : Merci bien. Tapura huiraatira, vous avez la parole. Cathy. Mme Cathy Puchon : Merci, Monsieur le président. Mes salutations à toutes et à tous en cet après-midi. Lorsque l’on voit la somme des moyens financiers dévolue à l’établissement public d’enseignement et de formation professionnelle agricole, je vous avoue, mes chers collègues, qu’il y a effectivement de quoi se poser des questions, alors que chacun fait le constat que le secteur primaire peine à susciter des vocations chez les jeunes et que la quête d’une autosuffisance alimentaire apparaît de plus en plus lointaine, pour ne pas dire utopique. Cette structure de Moorea aura coûté en 2023 la bagatelle de 1 002 116 564 F CFP très exactement, dont les deux-tiers sont des financements État destinés principalement aux charges de personnel. Certes, la fréquentation du lycée professionnel comme celle du centre de formation et de promotion agricole témoigne d’une activité croissante pour tout ce qui touche au monde rural. Mais combien de jeunes ou de stagiaires mettent à profit leur nouvelle compétence au service de l’agriculture ? En l’état actuel du rapport de présentation, rien ne permet de dire si l’argent public produit l’effet escompté. Et pour cause, nous le savons tous, à quoi bon se destiner au métier d’agriculteur si au bout de compte ils n’ont même pas de quoi s’installer par manque de disponibilité foncière ? Du compte financier 2023, nous allons approuver malgré tout le seul point positif à retenir, c’est l’importance du fonds de roulement : +273 millions F CFP au 31 décembre qui correspond à 175 jours de fonctionnement, dont une partie a déjà servi à des travaux d’investissement nécessaires. Je vous remercie de votre attention. Merci. Le président : Avons-nous fini avec les interventions sur ce sujet ? C’est donc cette intervention qui vient conclure la discussion générale Je rends la parole au gouvernement pour apporter des réponses. M. Taivini Teai : Merci, Monsieur le président. Avant de répondre spécifiquement aux questions de nos élus, je vais faire un récapitulatif néanmoins de la situation de cet établissement. Je vous remercie de me donner la parole pour vous présenter… représenter, puisque vous l’avez déjà établi, le bilan financier de l’exercice 2023 et les principaux enjeux de cet établissement public de formation professionnelle agricole. Vous l’avez dit en effet, le bilan financier pour 2023 met en lumière des résultats globalement déficitaires, avec un état net négatif de 31,054 millions F CFP. Ce déficit a réduit le fonds de roulement de l’établissement à 276,057 millions F CFP équivalent à 175 jours de fonctionnement. Comme vous l’avez également dit, c’est l’État qui finance les deux-tiers de cet établissement notamment en charges de personnel, avec une enveloppe de 771,086 millions F CFP pour 230 millions F CFP pour le Pays. Au niveau des performances des trois centres d’établissement (le lycée, le centre de formation et l’établissement agricole), on note pour le lycée professionnel qu’il a poursuivi sa mission de formation : comme ça a été très justement rappelé, on a eu une augmentation par rapport à l’effectif 2022, pour passer à 242 élèves, ce qui reste dans la moyenne en fait de cet établissement. C’est vrai, le lycée a enregistré un déficit de 4,074 millions F CFP, mais en fait qui est lié à l’augmentation du coût des denrées (de la nourriture) et également à l’achat d’eau potable qui est une conséquence de la non-potabilisation de l’eau sur site. Mais la situation, comme ça a été très justement précisé, du lycée n’est pas alarmante. Il maintient ses efforts grâce notamment à la subvention accordée par le Pays et il favorise la mobilité des élèves pour offrir des formations variées incluant des sorties culturelles, sportives et techniques afin d’enrichir justement l’enseignement pédagogique de nos élèves au sein de ce centre d’établissement. Pour ce qui se concerne le CFPPA, c’est-à-dire le Centre de formation professionnelle et de promotion agricole, il s’est démarqué en 2023 avec une activité dynamique et des finances saines avec un excédent de fonctionnement de plus de 38,27 millions F CFP ; et le centre a organisé 44 formations courtes, quatre formations longues touchant plus de 421 stagiaires avec un total de 41 740 heures de formation. Ces actions de formation se font notamment à Raiatea, donc sont décentralisées, et ont permis de répondre aux besoins des publics éloignés et de favoriser leur insertion professionnelle. Et c’est un excellent bilan qui illustre l’efficacité, en fait, de ce centre de formation pour adultes. Pour ce qui concerne l’exploitation agricole, elle a connu une performance contrastée pour l’année 2023, avec des ventes au pôle animal qui ont augmenté de 40 %, mais un déficit global qui s’est élevé à 14 millions, comme ça a été rappelé. En raison de charges opérationnelles élevées, notamment en électricité et en personnel, avec une diminution également pour l’année 2023, la récolte de fruits, qui a conduit à avoir donc une réduction des bénéfices sur la production maraîchère. Mais malgré ces défis, le développement des activités du Fare Vente a poursuivi son essor, confirmant ainsi son rôle dans la valorisation des produits de l’exploitation. C’est vrai que l’établissement doit faire face à des difficultés structurelles et donc pour répondre déjà aux questions de Madame la députée concernant l’insertion professionnelle de nos apprenants, plus de 70 % des élèves, c’est même des étudiants puisqu’au sortir du BTS, trouvent un emploi, sont insérés dans la vie active. C’est vrai que tous ne deviennent pas forcément un chef d’exploitation ou un ouvrier agricole, mais néanmoins ils sont insérés dans des secteurs d’activité ou deviennent des conseillers agricoles, soit dans des entreprises publiques (c’est-à-dire au sein de nos services), soit dans des entreprises privées. Et notamment j’ai pu en rencontrer, en revoir certains dans des établissements financiers bancaires de la place, qui sont à même donc de conseiller sur la mise en place de projets à finalité agricole. Pour ce qui concerne les formations. Et là également, vous m’interpellez, Madame la députée, sur la possibilité, la potentialité d’ouvrir une formation au métier de la mer. C’est ce qu’en effet j’avais annoncé. Je ne sais plus si je l’ai annoncé dans cet hémicycle mais en tout cas, je l’ai demandé au directeur du centre, le précédent et l’actuel. Et en effet, l’année prochaine, à la rentrée 2025, s’ouvrira un Bac pro. Alors, que je ne dise pas de bêtises au niveau de l’intitulé du Bac pro, c’est donc un Bac pro polyvalent naviguant en pont et machine, donc qui sera le pendant de ce qui est dispensé au CMMPF. Vous savez très bien, le CMMPF est ouvert en formation continue, c’est-à-dire pour nos adultes ; et là, c’est au bénéfice de formations initiales, c’est-à-dire nos jeunes, pour qu’ils montent petit à petit en puissance. Également, à la rentrée 2026, un deuxième BTS va s’ouvrir sur cette fois-ci la gestion et la protection de la nature, à savoir qu’au niveau de la formation initiale, actuellement nous disposons, c’est vrai, que d’un seul lycée qui fait une formation sur les métiers de la mer, c’est le lycée de John Doom de Taravao, sur les métiers à l’aquaculture. Et donc, ça va ouvrir notre panel de formation sur ces formations de la mer. Également — mais ça a été précisé par le ministre de l’éducation —, la vocation du lycée d’Opunohu est de devenir à un lycée général avec des ouvertures de bacs généraux et non plus que des bacs pros à finalité agricole ou à finalité « métiers de la mer ». Pour les questions sur le pourquoi, à l’exploitation agricole, il y a une filière bio pour les fruits et pour les légumes, les maraîchages, pourquoi il n’existe pas, de la même façon, une filière sur l’ananas bio ? C’est parce que c’est au niveau pédagogique, en fait, l’établissement de la carte de formation n’a pas été fait, donc ce n’est pas dispensé en effet au sein de l’exploitation agricole. Néanmoins, je tiens à rappeler le fait que l’année dernière, la CAPL a fait venir en Polynésie, donc à Opunohu, deux missionnaires qui venaient de l’île de la Réunion sur justement le développement de l’agriculture bio pour l’ananas. Donc il y a, même si ça n’a pas été dispensé dans notre centre de formation, quand même une formation au bénéfice de nos ananaculteurs sur la culture du bio. Je reprends les éléments que vous posiez. Pasteur Tapati, je suis tout à fait d’accord avec toi sur le fait qu’avant, c’était nos anciens qui nous apprenaient comment cultiver. C’est maintenant cet écart social, on a évolué autrement. Maintenant, on n’a plus nos anciens tout le temps chez nous ; on a cet écart la transmission des valeurs traditionnelles et ce qui peut être ensuite réalisé. Mais néanmoins, les lycées sont quand même... enfin, pas sont quand même, sont très importants pour accéder à ces formations. Et l’objectif en effet du lycée agricole, c’est d’optimiser et d’avoir une carte de formation plus importante. Maintenant, ça ira jusqu’au BTS. Je ne sais pas, à l’époque, quand j’étais enseignant universitaire, on a ouvert pendant trois ans une licence conseiller agricole en milieu insulaire pour permettre aux étudiants de BTS d’avoir l’équivalent d’un Bac + 3. Est-ce qu’on va le réitérer ? C’est à réfléchir en tout cas, pour justement pousser nos jeunes à avoir cette formation professionnelle. C’est une question récurrente que vous m’avez adressée, Madame la députée, Monsieur le président de la commission agricole, c’est l’accès en effet aux fonciers pour nos jeunes — et Madame l’élue aussi, Madame Puchon —, sur l’accès aux fonciers pour nos élèves qui sortent de ces formations agricoles. Alors, vous le savez, c’est à partir du moment où dans les commissions d’attribution des lots, des lotissements agricoles qu’on appelle la CALA, priorité est donnée justement à nos jeunes qui sortent de formation agricole. Ça, c’est clair. C’est vrai qu’on ne peut pas inciter un jeune qui a un diplôme de Bac pro ou de BTS, d’ARC, d’aller forcément proposer un plan d’action agricole. Mais néanmoins, ceux qui le font, ils sont priorisés. Ils sont priorisés. Je reviendrai néanmoins sur le fait que sur la formation FIA, c’est-à-dire Formation à l’insertion agricole, qui cette fois-ci ne s’adresse pas à nos jeunes. Ce n’est plus de la formation initiale, c’est plus de la formation continue. D’abord, on a 100 % de réussite, et tous ceux qui se présentent sont également prioritaires. Pour l’accès aux fonciers, immanquablement, vous avez voté au mois de juillet une loi qui permet d’avoir l’accès aux fonciers privés à finalité agricole. En fait, je tiens beaucoup — et je vous remercie d’avoir voté cette loi — à ce que ça puisse donner l’opportunité à nos familles d’avoir du foncier. En règle générale, nos familles polynésiennes ont du foncier. Le Pays s’engage à préparer des terrains domaniaux à finalité agricole, mais vous savez le temps que cela met. Il faut au moins entre quatre à cinq ans pour viabiliser, sécuriser un domaine agricole. Je souhaite, et c’est la volonté du gouvernement, que la loi que vous avez votée en juillet sur l’accès aux fonciers privés à finalité agricole permette de développer notre partie agriculture de façon plus rapide. En tout cas, c’est clair, on aura au niveau des finances publiques du Pays moins de charges, puisqu’on n’a pas d’achats de terrains à faire. C’est que de la mise à disposition. Et il ne faut pas oublier que les jeunes qui viennent au lycée agricole de d’Opunohu, bien entendu, ne sont pas que de Moorea. Ils viennent de toutes nos îles. Et en règle générale, ceux qui arrivent en formation sont issus également de parents qui travaillent dans les champs de culture. Donc en règle générale, ils ont du foncier pour la plupart d’entre eux. Maintenant, c’est cette volonté de continuer à maintenir les exploitations de leurs parents. Cela, nous gouvernement, vous le savez très bien, on soutient, mais on ne peut pas non plus forcer ces personnes à reprendre les exploitations agricoles de leur famille. Et je crois avoir répondu, Monsieur le président, aux questions qui m’ont été posées. Le président : Merci bien. Y a-t-il des avis ? Nous avons donc fini avec ce dossier… ? Édouard. M. Édouard Fritch : Président, nous voterons bien sûr pour ce compte financier de l’établissement agricole d’Opunohu. Mais avec ce que nous venons d’entendre, et c’est effectivement des vœux qui deviennent de plus en plus des vœux pieux, il nous faudra malgré tout trouver des moyens pour que les jeunes s’y intéressent un peu plus à ce métier si difficile. Les arguments qui sont donnés sur le foncier, bon, regardez, l’école d’Opunohu est sur un domaine qui appartient au territoire et qui fait quoi ? 3 000, 4 000 hectares… Enfin, de la terre, y en a autour ! Il y en a même beaucoup autour. Je crois qu’on s’est toujours... On en a fait une obsession. Ce n’est pas que vous aujourd’hui, c’était nous hier et avant-hier aussi. À mon avis, il ne faut pas que ce soit une raison bloquante pour le développement de ces jeunes. Ça, c’est la première chose. La deuxième chose, effectivement on devrait compter un peu plus sur la transmission transgénérationnelle, c’est-à-dire que les enfants d’agriculteurs ont des conditions plus favorables pour devenir agriculteurs que les enfants de bureaucrates. Et ça, c’est important que les enfants des agriculteurs soient traités en priorité dans ce genre de formation, dans ce genre d’école, car on garantit en partie leur sortie. Le ministre nous dit, je l’ai noté, qu’on peut considérer que 70 % des enfants qui sortent du lycée d’Opunohu se retrouvent dans le secteur agricole. Moi, je trouve que c’est bien, c’est une réussite. Mais lorsque j'entends notre collègue Tapati se poser des questions effectivement sur ce que l’on peut constater aujourd’hui du devenir de ces jeunes qui sortent de l’école, et effectivement on a l’impression qu’on met beaucoup d’argent dans quelque chose qui ne produit pas autant de résultats que nous pouvons attendre, nous, en tant que politique, puisque votre politique c’est effectivement une politique qui est bonne : il faut développer ce secteur primaire, il faut tout faire pour que nos enfants aillent aussi dans l’agriculture. Mais je crois qu’il faut éviter de dire que c’est parce qu’il n’y a pas de foncier, c’est parce que... Effectivement, quand on plante quelque chose, il faut attendre six, sept mois. Vous savez, il y a 30 ans, les les habitants des Tuamotu aussi, lorsqu’ils ont vu les perles aux Tuamotu, il fallait attendre 8 mois, 10 mois, 12 mois pour que la perle puisse... À mon avis, le temps n’est pas un handicap. Le temps n’est pas un handicap. Le vrai handicap aujourd’hui, c’est quand même la volonté de nos enfants de se lancer dans ce secteur. Et aujourd’hui, il y a presque une obligation pour eux d’envisager d’aller dans ce secteur primaire, que ça soit l’agriculture ou la pêche, parce qu’ailleurs, il n’y a plus de place. Dans le tourisme, de plus en plus, vous savez qu’à l’école hôtelière, les enfants qui sortent de l’école hôtelière ne se retrouvent pas toujours dans le tourisme. Je me demande si on a 70 % de ces enfants qui sont dans les hôtels. Je crois que c’est beaucoup moins que ça. Donc voilà. En fait, le sujet, c’est quoi ? C’est l’homme. C’est l’homme. Les moyens existent, on finance, l’État finance avec nous, mais c’est vraiment le traitement de l’homme qu’il faudra que l’on regarde d’un peu plus près. Comment faire de façon à ce que le métier d’agriculteur devienne un métier aussi noble que le métier de fonctionnaire ? Le président : Voilà, il n’y a plus d’intervention… Monsieur le ministre. M. Taivini Teai : Merci pour votre intervention, président Fritch. Je peux qu’adhérer à ce que vous dites. Et pour d’autres arguments, s’il y a arguments à faire, mais c’est vrai que vous avez raison, c’est l’homme. L’homme, s’il n'est pas persuadé que ce secteur-là est d’importance et peut faire vivre sa famille, et puis même peut en tirer une richesse aussi bien en tant qu’humain, mais une richesse financière, ça sera vraiment un grand challenge que nous aurons réussi, un grand défi que nous aurons remporté. Et pour cela, moi j’aime bien en fait ce qui a été initié lors des foires agricoles, c’est-à-dire la mise en avant des jeunes qui sont sortis justement de ces formations et leur réussite professionnelle. C’est des exemples à suivre. On retrouve maintenant, et je retrouve également dans la MFR de Huahine, une jeune qui a été issue de la MFR, qui a fait ces formations et qui est revenue dans la MFR de Huahine pour être maintenant enseignante et enseigner aux jeunes de Huahine ces métiers nobles de l’agriculture. L’agriculture, ce n’est pas que planter un champ, le récolter, mais c’est aussi l’agro-transformation. Et je pense qu’on a beaucoup de jeunes maintenant qui veulent se lancer dedans, c’est l’exemple de Monsieur Nicky Vergnes à Mataiea qui a acquis… Il a été lauréat d’acquisition d’un des ateliers d’agro-transformation. Et c’est ces secteurs-là qui, à mon avis — je ne vais pas mettre ma main sur le feu non plus — sont des métiers nouveaux pour la Polynésie et qui sont générateurs d’emplois et sur lesquels la jeunesse va immanquablement s’engager. Il y a un dernier point également, je pense, qui pourra conduire à avoir tout ce faisceau pour conduire notre jeunesse à aller vers ces métiers du secteur primaire, c’est le statut. Vous allez étudier très prochainement le statut du marin-pêcheur. L’année prochaine, je vous proposerai le statut de l’agriculteur parce que là encore, cette reconnaissance sociale est importante. Bien entendu, il y a beaucoup de discussions que j’aurais amenées auparavant, mais c’est les éléments qui s’offrent à nous, gouvernement, pour conduire, pour aller vers cet engouement, cette réappropriation de ces métiers du secteur primaire qui ont trop longtemps en fait été dévoyés au bénéfice du Bac général, et puis après de la fonction publique. Merci. Le président : Merci bien. Très bien, sommes-nous d’accord ? Pour ce dossier, nous allons suivre la procédure exposée à l’article 32 pour simplifier le vote. Ainsi, nous voterons l’ensemble de délibération. Je mets aux voix la délibération : qui est pour ?... Unanimité. Merci, merci bien, c’est adopté. Les rapports peuvent être consultés sur le site internet de l’assemblée de la Polynésie française à l’adresse www.assemblee.pf |