Rapport n° 19-2025 relatif à un projet de délibération portant approbation du schéma directeur de la jeunesse de la Polynésie française pour les années 2025 à 2035 Paru in extenso au JOPF n° 10 NA du 22/05/2025 à la page 1330
| Rapport n° 19-2025 relatif à un projet de délibération portant approbation du schéma directeur de la jeunesse de la Polynésie française pour les années 2025 à 2035 Présenté par MM. les représentants Tevaipaea Hoiore et Mike Cowan Le président : Je vous invite à vous reporter au rapport n° 19-2025 relatif à un projet de délibération portant approbation du schéma directeur de la jeunesse de la Polynésie française pour les années 2025 à 2035. Donc, je demande au rapporteur de ce texte, Monsieur Tevaipaea Hoiore, de bien vouloir donner lecture de son rapport de présentation. Voilà, Monsieur le rapporteur, vous avez la parole. M. Tevaipaea Hoiore : Merci bien, Monsieur le président. Monsieur le Président du pays, Madame la vice-présidente, Mesdames et Messieurs les ministres, bonjour. À toutes et à tous rassemblés ici, bonjour. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les représentants, par lettre n° 586 PR du 30 janvier 2025, le Président de la Polynésie française a transmis aux fins d’examen par lAssemblée de la Polynésie française, un projet de délibération portant approbation du schéma directeur de la jeunesse de la Polynésie française pour les années 2025 à 2035. Les différents diagnostics et études menés sur la jeunesse polynésienne ont permis de recueillir diverses données et de dresser un constat à travers plusieurs thématiques sociétales, mettant par ailleurs en lumière les enjeux majeurs et les grandes problématiques auxquelles la jeunesse est confrontée : répondre aux besoins primaires ; apporter un soutien aux familles et accompagner à la parentalité ; mettre en œuvre des actions en faveur de la santé au regard des taux d’obésité et de surpoids chez les jeunes ; ou encore, améliorer l’orientation professionnelle et l’employabilité. La jeunesse, prise dans le cadre du présent schéma directeur, couvre les phases de développement allant de 0 à 24 ans : les nourrissons, la petite enfance, l’enfance, la préadolescence, l’adolescence et les jeunes adultes. De multiples actions de différents acteurs (public, privé et tissu associatif) sont mises en œuvre en Polynésie française, mais sans coordination globale, sans objectif commun et sans évaluation. Le schéma directeur de la jeunesse pour les années 2025 à 2035, intitulé « Forever Young 2035 – U'i 'āpi, 'a hi'o ātea ! » », dont le présent projet de délibération propose son approbation, entend répondre à cette situation afin de faire converger progressivement les politiques publiques existantes et mieux coordonner les actions vers des objectifs définis en suivant un cap pluriannuel et des orientations stratégiques claires. La jeunesse étant par définition transversale, la mise en œuvre d’une politique en sa faveur impose une interministérialité. Son élaboration s’est réalisée en trois phases successives, de décembre 2023 à octobre 2024, dans une démarche transversale et participative : préparation des outils de consultation ; mobilisation des acteurs et de la population ; consolidation du schéma directeur. Ce sont au total 211 préconisations d’actions qui ont été formulées à l’issue des nombreuses consultations menées. La Commission de cadrage du schéma directeur de la jeunesse, instance centrale du processus d’élaboration, a ainsi pu déterminer les principaux objectifs pour la jeunesse à l’horizon 2035, en définissant les axes majeurs d’intervention et les résultats attendus. Les 211 préconisations ont été examinées, sélectionnées et ordonnancées selon l’importance et l’urgence afin de former le premier plan d’actions cohérent sur cinq ans (le second plan étant prévu d’être élaboré par la suite). Ainsi, sur les 10 prochaines années, cinq objectifs stratégiques ont été déterminés, constituant les grands axes du schéma : - Agir pour le bien-être physique et mental de tous les jeunes ; - Vaincre l’injustice sociale, les déséquilibres territoriaux et la reconduction générationnelle de la précarité ; - Assurer un parcours éducatif adapté à chaque jeune ; - Accroître l’autonomie et l’insertion professionnelle des jeunes adultes ; - Encourager l’engagement communautaire et les initiatives citoyennes et culturelles par et pour la jeunesse. Afin de répondre aux enjeux identifiés, trois instances constitueront la gouvernance du schéma directeur : un comité de pilotage de la politique jeunesse, un observatoire de la jeunesse et un conseil polynésien de la jeunesse. Dans le cadre du premier plan d’actions sur cinq ans, ces objectifs se répartissent en 33 objectifs opérationnels à décliner en actions interministérielles et en 20 actions directes, à mettre en œuvre en coordination avec les acteurs concernés. Une première édition du déploiement du plan d’action sera proposée à l’issue des validations institutionnelles et présentera chaque fiche action et objectif opérationnel, leur priorisation et délais de mise en œuvre ainsi qu’une estimation budgétaire. À noter que le budget primitif 2025 a prévu un financement d’actions en faveur des jeunes dans le cadre du Schéma directeur, pour un montant en fonctionnement de 50 millions F CFP. Il convient de souligner que le CESEC a émis un avis favorable sur le présent schéma directeur le 23 décembre 2024. L’examen du présent projet de délibération en commission le 26 février 2025 a suscité des échanges qui ont permis d’aborder les points suivants : - Un rappel sur l’élaboration du schéma, les consultations menées, les enjeux et problématiques rencontrés par la jeunesse polynésienne ainsi que les objectifs visés par le schéma directeur ; - La mise en œuvre du schéma par des équipes projets avec notamment la mise en place d’un observatoire de la jeunesse ainsi qu’une coordination transversale et interministérielle ; - La problématique de la délinquance en Polynésie française. À l’issue des débats, le présent projet de délibération a recueilli un vote favorable unanime des membres de la commission. En conséquence, la commission de l’éducation, de la jeunesse et des sports propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de délibération ci-joint. Merci bien. Le président : Merci bien. Donc pour la discussion générale, la conférence des présidents a prévu un temps de parole de 60 minutes réparti comme suit : Tavini Huiraatira 36, Tapura Huiraatira 15 et non-inscrits 9. J’invite l’intervenant des non-inscrits à prendre la parole. Chaumette. Mme Teave Boudouani Chaumette : Monsieur le Président de la Polynésie française, Monsieur le président de l’Assemblée de la Polynésie française, Madame la sénatrice, Mesdames et Messieurs les représentants, chers collègues, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les représentants des médias, cher public, chers internautes, bonjour ! Le schéma directeur de la jeunesse 2025-2035 qui est soumis à notre approbation aujourd’hui est un texte qui doit tous nous rassembler — au-delà de nos divergences politiques — car il s’agit ici de ce que nous avons de plus précieux : nos enfants, nos jeunes, leur présent et leur avenir. Nous souhaitons commencer par saluer le travail collectif accompli par toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce document qui pose les bases des objectifs, des actions et des résultats attendus pour notre jeunesse, pour la décennie à venir. Ce texte est le fruit d’une mobilisation sincère, nourrie par l’écoute du terrain et le dialogue avec nos jeunes et leurs réalités ; et en concertation avec tous les acteurs de la jeunesse — institutionnels, associatifs, communautaires et professionnels de l’éducation, de la santé et du social. Le thème retenu, « Forever Young 2035 – U'i 'āpi, 'a hi'o ātea ! », est à la fois symbolique et poétique. Il reflète l’élan d’une jeunesse en quête d’avenir, et la mémoire de celles et ceux qui ont, un jour, traversé les mêmes espoirs. Il trace un lien entre les générations, une passerelle entre le souvenir et le devenir. Ce document permet aussi de faire un état des lieux des mesures prises par les anciens gouvernements et d’en faire une évaluation. Ce schéma nous engage, toutes et tous, à ne pas laisser notre jeunesse se construire seule et nous oblige à agir, maintenant, pour préparer demain. Ce schéma repose sur cinq grands objectifs stratégiques : - Agir pour le bien-être physique et mental par la prévention des addictions, une meilleure alimentation, la promotion de la santé et l’accès à la santé mentale ; - Vaincre l’injustice sociale, les déséquilibres territoriaux et la reconduction générationnelle de la précarité par l’égalité des chances, une meilleure protection sociale et un accès élargi au logement, aux transports et aux mobilités ; - Assurer un parcours éducatif adapté, individualisé, respectueux des réalités locales et culturelles ; - Accroître l’autonomie et l’insertion professionnelle des jeunes adultes, avec une meilleure orientation et préparation au monde du travail et de l’entreprenariat ; - Encourager l’engagement citoyen et culturel par le sport, les loisirs, la vie associative et la préservation des identités. Ce cadre est ambitieux, structurant, et porteur d’espoir pour toute une génération. Comme me le confiait hier un cadre d’un mouvement de jeunesse : « C’est une bonne chose pour la jeunesse. C’est une trace écrite sur la volonté du pays d’agir. Ce ne sont pas que des paroles. Aujourd’hui, il y a une feuille de route qui représente les attentes des acteurs de terrain, et une chance pour nos actions d’être reconnues et soutenues. » Et il ajoutait : « Sensibiliser, accompagner, encadrer, animer, aimer, encourager, pousser nos jeunes vers l’autonomie, la responsabilité, l’ouverture aux autres, la solidarité et le respect. » Ces mots sont ceux des artisans de la transformation sociale que nous devons continuer à soutenir. Mais, ces mots appellent aussi notre responsabilité à veiller consciencieusement à ce que ces paroles se transforment en actes concrets dans les décisions que nous prenons et dans les budgets publics que nous leur allouons. Car une fiche de route, aussi ambitieuse soit-elle, ne vaut que par sa mise en œuvre. Et cette mise en œuvre passe par la reconnaissance politique, institutionnelle et financière de ceux qui, jour après jour, assurent le lien avec notre jeunesse. Il ne suffit pas de valoriser l’engagement associatif dans les discours. Il faut le rendre viable dans les faits : - par un soutien structurel aux associations de jeunesse, et non de simples aides ponctuelles ; - par une formation continue des éducateurs de terrain, qui trop souvent œuvrent dans l’ombre, sans ressources suffisantes ; - par une concertation réelle et permanente avec les mouvements de jeunesse dans toutes les étapes de l’élaboration, du suivi et de l’évaluation de nos politiques. Ces femmes et ces hommes, souvent bénévoles, sont en première ligne. Ils voient les visages, entendent les silences et accompagnent les fragilités. Ce sont eux qui créent les conditions d’un engagement durable, qui rallument la confiance là où elle s’éteint, qui réveillent le potentiel des jeunes là où il s’oublie. Ne les laissons pas seuls. Continuons de leur donner les moyens d’être ce qu’ils sont déjà : les piliers invisibles de notre cohésion sociale. Dans notre dernière intervention sur la jeunesse, nous avons longuement évoqué les recommandations du rapport accablant de la Chambre territoriale des comptes, qui pointait du doigt les lacunes d’une gouvernance éclatée et d’une politique insuffisamment coordonnée et qui lançait l’alerte sur des réalités, des enjeux et des urgences, qui, nous le voyons à la lecture de ce schéma, ont été prises en compte. Et nous vous en félicitons Madame la ministre ! Néanmoins, s’il y a un point que nous souhaitons voir davantage développé, c’est celui du rôle-clé de nos familles à l’instar des actions directes que vous proposez telles que : - le déploiement de camps familiaux pour accompagner les parents volontaires et leurs enfants à travailler ensemble sur la parentalité ; - la proposition de stages d’accompagnement à la parentalité ; - l’engagement à porter des projets généalogiques et culturels de transmission intergénérationnelle. Ces orientations vont dans le bon sens et participent à recréer du lien entre nos générations. Nous ne pouvons que l’encourager car en 2016 déjà, lors des Assises de la jeunesse, ce thème des familles était absolument central, et nous le constatons tous encore aujourd’hui. Les jeunes eux-mêmes ont alors exprimé avec force leur vision. Nos jeunes ne veulent pas seulement être accompagnés. Ils veulent être à l’initiative, à la barre, et pleinement acteurs de leur avenir. Ils ne réclament pas qu’on leur trace la route, mais qu’on leur donne les moyens de la créer eux-mêmes, en lien avec leur culture, leurs valeurs et leurs aspirations. Cette autonomie n’est possible que si l’environnement familial, social et éducatif suit. Si la famille est forte, le jeune est plus fort. C’est pourquoi nous appelons à ce que le rôle des familles soit pleinement intégré dans chaque axe de ce schéma, avec : - une stratégie transversale dédiée ; - des moyens budgétaires identifiés ; - et une gouvernance où les familles ont leur place. C’est pourquoi nous vous invitons, au travers de la nouvelle gouvernance de la jeunesse que vous nous proposez aujourd’hui, de poursuivre ce travail et de le développer davantage. Nous serons particulièrement attentifs sur la mise en œuvre de ce schéma directeur et la réalisation des objectifs définis, des actions à réaliser et des résultats qui sont attendus. En conclusion, ce schéma est une avancée et donne de l’espoir. Mais il ne prendra sens que si nous tous, élus du peuple et gouvernants, le traduisons en actes, en choix budgétaires, en accompagnement concret. Faisons de notre jeunesse une priorité réelle, durable et partagée. Agissons pour qu’elle se sente écoutée, soutenue et libre de bâtir l’avenir qu’elle mérite. Je vous remercie. Le président : Merci. J’invite maintenant l’intervenant du groupe Tavini huiraatira à prendre la parole. M. Heinui Le Caill : Monsieur le président, Monsieur le Président du pays, Madame la vice-présidente, Monsieur le ministre, Mesdames les ministres, Mesdames et Messieurs les représentants, Mesdames les parlementaires, représentantes de la presse, chers internautes et publics, bonjour. Forever young 2035 – Schéma directeur de la jeunesse 2025-2035. La ressource première de notre Pays, ce n’est ni le pétrole, ni l’or, ni le nickel, c’est notre jeunesse. Elle est notre avenir. Nous devons donc l’accompagner, la guider, mais surtout lui apprendre à avoir confiance en elle et à s’aimer. Notre jeunesse, comme il a été dit, représente 35 % de notre population, soit près de 100 000 jeunes âgés de 0 à 24 ans. Pourtant, elle est confrontée à des difficultés d’une ampleur exceptionnelle. Les fractures sociales et géographiques persistent et s’aggravent même parfois, laissant 30 à 40 % de nos jeunes en situation précaire ou de vulnérabilité marquée. Le déracinement vécu durant la scolarité, notamment dans nos archipels éloignés, accentue ces difficultés et entraîne pour certains une perte de repères sociaux et culturels. La santé physique et mentale de notre jeunesse est également une préoccupation majeure. Les grands fléaux identifiés restent l’obésité, les addictions — notamment à l’ice —, l’échec scolaire, le décrochage scolaire, troubles mentaux, et quelquefois des suicides. Les indicateurs liés à ces phénomènes sont alarmants. Nous devons également affronter un conflit de génération qui se creuse, une anxiété grandissante liée aux incertitudes de l’avenir, à un environnement économique difficile, ainsi qu’à des problématiques nouvelles et omniprésentes liées aux usages du numérique. Face à ces défis majeurs, le schéma directeur de la jeunesse 2025-2035 propose une vision ambitieuse et inclusive. Nous affirmons clairement notre engagement : « Dans le respect de la citoyenneté, de la culture et de l’identité polynésienne, pour le bien-être et l’équilibre de notre société, la jeunesse est protégée, éduquée et épanouie ; elle est soutenue, encouragée et valorisée, afin de pouvoir être ambitieuse, active et autonome. » Comme l’a précisé notre rapporteur, cette vision s’articule autour de cinq grands objectifs, eux-mêmes traduits en actions concrètes et pragmatiques : - Agir pour le bien-être physique et mental de tous les jeunes. La lutte contre les addictions, notamment contre l’ice, sera une priorité absolue. Nous renforcerons significativement les capacités d’accueil postcure, les campagnes de prévention dans les écoles et sur les médias sociaux, et le suivi psychiatrique pour répondre efficacement aux enjeux de santé mentale, notamment en renforçant les interventions de proximité, particulièrement dans les archipels ; - Vaincre l’injustice sociale et les déséquilibres géographiques. Cela implique d'améliorer l'accès au logement pour les jeunes venant des îles éloignées, d’augmenter les effectifs et les moyens dédiés à la protection de l’enfance, ainsi que de proposer des solutions de transport adaptées à la mobilité inter-îles des jeunes, notamment via des partenariats publics-privés ; - Assurer un parcours éducatif adapté à chaque jeune. La rénovation systématique de nos infrastructures scolaires, particulièrement les internats, les collèges, les lycées et bien sûr les écoles en mauvais état, est essentielle. Nous développerons une politique ambitieuse de décentralisation des formations afin que chaque jeune puisse accéder à une formation professionnelle adaptée à son environnement local. Un accompagnement renforcé des familles et un soutien accru à la parentalité sont également envisagés. Le rôle des parents est fondamental. Comme l’a souligné notre ministre en commission de l’éducation, de la jeunesse et des sports, elle disait : « Il faut tout un village pour éduquer un enfant. » Aujourd’hui, l’individualisme prend le dessus. Il est temps de retisser les liens communautaires qui nous unissent. Dans cette perspective, la mise en place d’un système solide de mentorat pour les jeunes en perte de repères est également envisagée. Il pourrait s’inspirer des initiatives déjà éprouvées dans le Pacifique Sud, comme le mentorat ou le tutorat entre jeunes adultes et adolescents, voire préadolescents ; - Accroître l’autonomie et l’insertion professionnelle des jeunes adultes. Cela implique des simplifications administratives, un soutien accru à l’entreprenariat des jeunes, et une valorisation des métiers émergents comme le numérique, les professions liées à la mer, ou encore l’agritourisme. Nous mettrons en place des dispositifs tels que des « jobs de vacances » pour faciliter l’insertion professionnelle et développer les compétences pratiques ; - Encourager l’engagement communautaire et les initiatives citoyennes et culturelles. Nous créerons des espaces de sociabilisation qui ne soient pas exclusivement liés au sport, établirons des financements pluriannuels solides pour les associations de jeunesse, et créerons un « Pass Jeune » polynésien afin de stimuler l’engagement culturel et citoyen. Cette vision ne pourra se concrétiser sans une gouvernance solide et participative. À ce titre, le schéma directeur prévoit la mise en place d’un comité de pilotage interministériel, garant d’une coordination et d’une planification efficaces entre tous les ministères car la réussite de notre jeunesse concerne tous les ministères et services, ainsi que d’un observatoire de la jeunesse. Ces deux entités permettront d’assurer un suivi transparent et régulier des avancées, mais aussi d’ajuster nos politiques en temps réel. Cette gouvernance participative est essentielle. Elle garantit que toutes les parties prenantes — institutions, gouvernement, associations, familles et surtout jeunes — puissent contribuer activement à cette démarche collective. Cette approche inclusive est la clé de notre succès futur. Le Conseil de la jeunesse, mis en sommeil depuis 2006, devrait être lancé. Il pourrait être un véritable CÉSEC de la jeunesse, à qui l’on soumettrait pour avis consultatif tous les projets concernant la jeunesse. Donner la parole à notre jeunesse en lui permettant de participer aux décisions serait l’un des meilleurs moyens de réconcilier les jeunes avec la politique. L’idée progresse, mais il reste à en définir la composition et le fonctionnement. Ce conseil de la jeunesse devrait d’ailleurs siéger dans cet hémicycle comme nous. Il est important de rappeler également que les jeunes ne représentent que 3 % de la délinquance dans notre pays. Cela doit nous amener à changer de regard sur eux. Ils ne sont pas un problème à résoudre, mais une richesse à accompagner. Enfin, au-delà des chiffres et des objectifs précis, notre responsabilité en tant que représentants du peuple est d’envoyer un message clair et fort : nous avons confiance en nos jeunes, et nous croyons en eux. Nous croyons en leur capacité à être des acteurs majeurs du changement, à transformer positivement notre société. Nous avons la responsabilité collective, au-delà de nos différences partisanes, de leur offrir les meilleures conditions possibles pour construire leur avenir et celui de notre pays. Et dans les années à venir, toujours en tant que représentants, nous aurons un vrai travail de vigilance à assurer. Notre rôle sera de vérifier que les ambitions de ce schéma directeur de la jeunesse se traduisent concrètement et que nous allons toujours dans le bon sens, c’est-à-dire celui de la revalorisation de notre jeunesse... La situation actuelle ne doit pas empirer. Nous devons veiller, alerter et corriger si besoin. Pour finir, je salue le travail accompli pendant près d’une année par toutes celles et ceux qui ont contribué de près ou de loin à ce Schéma directeur de la jeunesse — la ministre, le ministère, la Direction de la jeunesse, les équipes de terrain, les églises, les maires et surtout nos jeunes. Bien sûr le plus dur reste à venir : c’est la réussite de ce schéma directeur. Chers collègues, adopter aujourd’hui le Schéma directeur de la jeunesse 2025-2035 est bien plus qu’une décision politique. C’est un acte fort, un pacte de confiance mutuelle avec notre jeunesse. C’est une manière de dire que leur avenir nous importe, que leur voix compte, et que nous sommes déterminés à leur donner tous les moyens de réussir. Je vous invite donc à soutenir et voter ce projet. Merci. Le président : Merci. On poursuit notre discussion générale et termine notre discussion générale avec l’intervenant du groupe Tapura Huiratira. Mme Teura Iriti : Merci bien, Monsieur le président. Bonjour. Monsieur le Président du pays, Mesdames et Messieurs les ministres, bonjour. À tous les représentants, mes salutations, ainsi qu’à toutes et à tous. S’il fallait retenir un seul motif de satisfaction en la lecture du projet du schéma directeur de la jeunesse pour la période 2025-2035 que le gouvernement soumet à notre approbation, nous pourrions certainement aligner notre analyse sur celle du Conseil économique, social, environnemental et culturel pour qui il s’agit ici, et je le cite « d’un document nécessaire pour les acteurs du monde de la jeunesse, en ce qu’il favorise une vision globale et fédératrice autour d’objectifs communs » ce qui n’engage en rien, bien sûr, me direz-vous. Mais comme nous, le CESEC semble déjà redouter que cette première approche globale pavée de bonnes intentions ne se transforme en catalogue de vœux pieux. Et vous aurez au moins le mérite, Madame la ministre, d’être pleinement consciente du chemin qui reste à parcourir pour passer de la théorie à l’action. Toujours est-il qu’au vu de l’imposant travail réalisé et surtout des 211 préconisations qui résultent des consultations menées dans les îles, tout va dépendre dorénavant de votre capacité à mettre en forme et à dégager les priorités qui s’imposent au cours des dix prochaines années dans chacun des secteurs retenus tels que la santé, l’éducation, le social ou encore l’emploi. Aussi, une fois de plus, la mise en œuvre de ce schéma dépendra en partie du degré d’interministérialité que le gouvernement voudra bien y consacrer. Il appartiendra également à l’équipe de la Direction de la jeunesse et des sports de se mobiliser et d’accorder ses violons avec les autres services, bien sûr (DSFE, DGEE, Direction de la santé, etc.), concernés au premier chef. Bon courage dans cette entreprise. Que dire à présent sur le fond du dossier ? Sinon, que les grands objectifs stratégiques déclinés en objectifs opérationnels et en actions directes reposent principalement sur une étude de contexte que Madame la ministre a qualifiée d’accablant. De cette fameuse étude de contexte, nous retiendrons simplement qu’il s’agit plutôt d’un recueil synthétique et donc d’une énième compilation des principales données disponibles concernant la jeunesse polynésienne. Et de l’aveu même de Stéphane Renard, qui en est la cheville ouvrière, il serait opportun, à l’avenir, de trouver les financements nécessaires à la conduite d’enquêtes récurrentes qui, visiblement, lui ont fait terriblement défaut. Ce qui nous amène d’ailleurs à quelques approximations d’ordre rédactionnel du style, à la page 12, chapitre « Santé », et là je lis : « Il semblerait que près de la moitié des adolescents consomment de l’alcool de manière régulière avec une recherche délibérée de l’ivresse. » « Il semblerait… ». Quelle crédibilité peut-on accorder à une telle affirmation ? Seul élément réconfortant, et on l’a évoqué, d’un tableau aussi sombre, on apprend que 3 % seulement de la jeunesse polynésienne serait délinquante, grâce aussi, il est vrai, à la multiplication récente des conseils locaux de sécurité et de prévention, CLSPD, déployés dans un grand nombre de communes en partenariat avec les services de l’État. Quant au tableau récapitulatif des actions à mener dans chacun des cinq objectifs stratégiques, il n’aura échappé à personne que plusieurs d’entre elles ont déjà fait la preuve de leur efficacité, comme les programmes « Écoles en santé » ou encore l’aide au permis pour les jeunes adultes proposé par le CFPA. Aussi, à défaut d’inventer d’autres mesures, il serait aussi judicieux d’améliorer ou d’intensifier ces dispositifs existants, qui fonctionnent, mais nous avons bien compris que vous souhaitez y aller progressivement. Difficile, en effet, de faire autrement, avec une enveloppe de 50 millions pour cet exercice 2025. Avant de conclure, notons au passage un brin de malice, teinté de provocation dans l’intitulé de ce schéma directeur, autrement appelé « Forever Young 2035 – U'i 'āpī, 'a hi'o atea ». C’est aussi l’intitulé du troisième single du groupe Alphaville, sorti le 21 septembre 1984, « Forever Young ». Chanson qui, justement, évoque la jeunesse et le temps qui passe, mais aussi la peur de l’avenir. Je me souviens d’un grand rassemblement de la jeunesse qui a eu lieu ici dans le pays, il y a maintenant 20 ans. Et le thème qu’ils avaient choisi était : « Jeunesse, vis ta foi, construis ton avenir ». Ce qui est plus que fondamental, c’est que les parents retrouvent leur rôle parental, quelle que soit la fonction que nous occupons. Il faut leur apprendre, guider, et soumettre selon les principes que la religion leur dicte, afin que le parent devienne le premier modèle pour ses enfants, dès le foyer, avant même l’école et la vie active. Et, selon moi, c’est ce qui a fait défaut aujourd’hui dans notre jeunesse. En conclusion, Madame la ministre, puissiez-vous trouver une oreille bien béante du côté des maires dont vous comptez vous rapprocher lors d’une prochaine rencontre avec le SPC. Merci. Le président : Merci. La discussion générale est maintenant close, j’invite le gouvernement à répondre aux interventions de nos orateurs. Mme Nahema Temarii : Merci président. Madame la présidente, Mesdames, Messieurs les élus, représentants, chers maires, Madame la sénatrice, Madame la députée, bonjour. Effectivement, ce schéma, directeur, on en parle depuis quelques temps, notamment dans l’exercice du budget primitif, puisqu’il est complexe. Aujourd’hui, la CTC le rappelle, sur les exercices — et je tiens à le préciser — 2018-2023, qu’il est compliqué à la fois de décerner quelle est l’enveloppe totale que les gouvernements, que l’assemblée vote, mettent dans le cadre des politiques publiques en matière de jeunesse tellement les programmes et les dispositifs sont éparpillés. Je vais d’abord remercier notre président de la commission de l’éducation, des sports et de la jeunesse pour le travail en équipe que nous avons réalisé sur ce schéma directeur. Ça n’a pas toujours été simple, bien que nous soyons du même bord politique, néanmoins, et j’en reste convaincue, et je remercie mon président, Moetai Brotherson, de nous demander systématiquement d’être à l’écoute et de favoriser la démocratie participative, quand bien même, c’est extrêmement compliqué et ça demande, eh bien, des efforts considérables sur le plan humain, notamment lorsque nous sommes jeunes. Et du coup, j’en reviens aux qualificatifs qui sont utilisés bien souvent, je n’ai pas besoin de citer les noms, de ces personnes pour qui j’ai du respect sur le plan politique qui n’ont eu aucune vergogne à me qualifier de gamine, d’irresponsable, etc. Eh bien, la gamine et l’irresponsable, elle a eu le courage d’aller regarder dans les dossiers, ce que mes prédécesseurs ont fait, parce qu’effectivement, les premières assises de la jeunesse, après les années 2000, se sont tenues en 2016 ; parce qu’effectivement, Naea Bennett, mon prédécesseur, a initié des concepts intéressants et a tenté de réunir ou de créer l’équivalent d’un conseil polynésien de la jeunesse. Et sincèrement, si vous voulez effectivement préparer la relève, parce qu’on a tous une date de péremption, tous, sans exception, eh bien, s’il vous plaît, arrêtez d’être dénigrants. Arrêtez de lancer vos sbires qui se font passer pour des gens qui ne sont pas, pour qu’ils viennent critiquer, accabler, parce que ce n’est pas comme ça qu’on va inspirer notre jeunesse. Ce n’est pas comme ça que les jeunes Polynésiens vont s’engager en politique. Je vais certainement encore en prendre plein la tronche sur les réseaux sociaux, mais je l’assume et je ne cite personne, parce que moi, ce que je veux, c’est, comme mon Président, comme ma majorité, éveiller les consciences. On revient de Rimatara. J’aimerais saluer Monsieur le maire Artigas. Un exemple. Qu’est-ce qui fait que Rimatara, aujourd’hui, est une île en santé et que ça fonctionne ? Parce qu’on a un maire qui sait exactement où est-ce qu’il veut amener sa population, mais aussi et surtout parce qu’on a des parents, parce qu’on a un maire qui est à l’écoute de sa jeunesse et qui vient mettre à mal le concept qui dit : il faut écouter les anciens. Je suis d’accord avec vous mais la société est en évolution et lorsque la majorité de nos jeunes n’ont plus cette éducation que nous avons eue qui est le respect de l’ancien avant tout et contre tout eh bien, peut-être qu’il est temps qu’on soit à l’écoute du jeune. Ça ne veut pas dire tout leur passé, ça ne veut pas dire tout leur donner, ça ne veut surtout pas dire les gâter, mais ça veut dire être en capacité de dire : Ok, d’où je viens, comment moi, j’ai été éduquée, à l’ancienne avec le balai en nervures de feuilles de cocotier, avec le martinet, ça a fonctionné, ça a fait de moi quel parent ? Et où est-ce que mon enfant, mon petit-enfant, mon arrière-petit-enfant va ? Donc, au-delà de vous remercier pour la valorisation du travail qui n’est pas le travail de la ministre, mais qui est le travail de l’ensemble des personnes qui se sont mobilisées autour de ce schéma directeur, j’aimerais sincèrement vous appeler à arrêter le dénigrement, vous appeler à arrêter, bah, de dire qu’on est nuls, qu’on est incapables, qu’on ne sait rien faire, parce qu’aujourd’hui, on les compte sur les doigts d’une main, les jeunes qui s’engagent en politique. Et Dieu merci, dans l’ensemble des partis politiques, aujourd’hui, nous avons des jeunes qui s’engagent, mais ils sont encore trop peu nombreux. Donc je vais m’arrêter là pour cette partie, mais ça me tient à cœur parce que quand on est face à ce genre de comportement, eh bien, tous les jours, on se demande comment on fait pour tenir. Tous les jours, on se demande si on ne ferait pas mieux de retourner à la maison s’occuper de nos enfants et vous le savez mieux que moi, parce que pour certains, vous œuvrez pour notre pays depuis bien longtemps, si ce n’est avant ma naissance. Et pour ça, je vous en remercie et je serai toujours reconnaissante. Au-delà de ça, la structuration — et je vais m’adresser, du coup, à notre représentante A Here ia Porinetia Teave Chaumette que je remercie pour son rapport de présentation —, effectivement, la structuration et l’accompagnement du secteur de la jeunesse et de l’éducation populaire est essentiel. Et on a commencé, mais effectivement, le soutien financier pluriannuel pour donner de la visibilité à nos associations et notamment à l’Union pour la jeunesse, qui est la grande association qui fédère les 80 AJEP qui font vivre notre jeunesse au quotidien, nous sommes en passe de signer la première convention d’objectifs pluriannuel avec l’UPJ. Une convention qui va venir cadrer le partenariat 50/50 entre les politiques publiques et la vie associative pour notre jeunesse et pour l’éducation populaire, c’est la première de son genre. Je l’ai dit et j’insiste, le rapport de la CTC, j’assume, est accablant. Et ce rapport s’est concentré sur l’exercice 2018 à 2023. Quelle est la place de la famille ? J’en suis convaincue, la famille est la clé. Et c’est pour ça que dans les consultations populaires, on m’a souvent reproché, mais il n’y a pas que des jeunes. Alors non, effectivement, il n’y a pas que des jeunes parce que le jeune, il a besoin du ciment de la jeunesse, qui a été jeune avant elle, pour l’accompagner, l’orienter, lui faire gagner du temps. Combien de jeunes se sont dit... Ah, si j’avais écouté ! Si j’avais écouté ! Et donc, c’est en ça que le ciment de la jeunesse est important. Je suis effectivement convaincue, et je le dis très souvent, la famille, c’est la clé et c’est la raison pour laquelle ce schéma directeur est effectivement viable à la seule et unique condition, qu’on y fasse de l’interministérialité. Là-dessus, j’ai la chance de pouvoir vous dire que l’ensemble des membres de mon gouvernement, sous la tutelle de notre président, nous accompagne et que chacun de son côté sans mettre à mal ses priorités, est en train de travailler avec les équipes projets pour définir quelles sont les actions qui existent déjà et qui potentiellement relèvent des actions des gouvernements précédents. Qu’est-ce qu’il faut réajuster et qu’est-ce qu’il faut mettre en œuvre pour venir accentuer ces dispositifs ? Merci Madame le maire Iriti pour ton intervention, et c’est ça que j’apprécie, même si parfois tu as des doutes, tu le dis, tu restes respectueuse et pour ça, je t’en remercie. Peut-être que c’est le fait que nous soyons des femmes, j’ose l’espérer, mais en tout cas, c’est important pour des jeunes politiciennes comme moi, d’avoir des femmes comme toi à prendre en exemple. Donc, merci beaucoup. Effectivement, l’étude de contexte a été extrêmement compliquée à mettre en œuvre, je l’ai d’ailleurs dit dans cet hémicycle, nous avons eu pas moins de quatre mois de retard, parce que la collecte de la donnée a été extrêmement difficile, parce que le service public n’est pas habitué à collecter cette data au titre de la jeunesse. La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui et au moment même où nous parlons, une des équipes projets, l’équipe projet n° 1, si vous regardez le tableau, est en train de se réunir sous la tutelle de la Direction jeunesse et sport avec comme thématique « les addictions et la santé mentale ». Parce que oui, le suicide est la première cause de mortalité chez les jeunes. Et je tiens ici à saluer l’action de présidente Annie, que nous connaissons tous, et qui est donc présidente de l’association SOS Suicide. Je tiens également à saluer notre ministre de la santé, qui, tant bien que mal, suit de très près l’ouverture du pôle de santé mentale, mais également notre vice-présidente pour la mise en place de ce fameux numéro vert qui va être nécessaire. Plus les jours passent, plus le quotidien est lourd émotionnellement, psychologiquement et ce n’est pas uniquement lié à la vie chère. C’est aussi lié à nos familles qui ne ressemblent plus à nos familles d’avant. C’est aussi lié à nos enfants des îles qui viennent à Tahiti pour poursuivre leurs études, qui restent à Tahiti pour trouver du travail et qui finissent dans nos quartiers dits précaires, à 35 dans des maisons et ça, ça existe depuis bien trop longtemps. Donc, au-delà du schéma directeur de la jeunesse, c’est effectivement la politique familiale qui, à mon sens, va venir apporter les besoins primaires que la société doit apporter à l’être humain pour lui permettre de se projeter, se nourrir, se vêtir, se loger. Sans ça, comment voulez-vous qu’un être humain commence à se projeter dans une vie professionnelle ? Comment voulez-vous qu’un être humain accorde de son temps dans le bénévolat ? Et donc, j’ai la chance d’avoir à mes côtés ou de faire partie en tout cas d’un gouvernement qui travaille d’arrache-pied sur la thématique de la jeunesse et vice-versa. Ensuite, compte tenu de la crédibilité, j’entends et j’accepte que potentiellement et compte tenu aussi de la position de Monsieur Renard, que je salue au passage et qui est effectivement la cheville ouvrière de ce projet, je confirme qu’aujourd’hui, si nous ne parvenons pas à collecter cette donnée de manière récurrente et que nous ne parvenons pas à avoir des rapports annuels, il nous sera impossible de venir vérifier nos indicateurs et de venir confirmer, si oui ou non, les actions qui ont été déployées ont été efficaces. Parce que ce schéma directeur, dans son schéma de gouvernance, il est suffisamment — j’ai envie de dire — agile pour permettre un réajustement. Parce que oui, le politique d’aujourd’hui, quand il n’arrive pas à mettre en œuvre, il doit le dire. Il doit le dire, parce que s’excuser, ce n’est pas un problème, admettre ses torts, admettre ses erreurs, c’est aussi être en capacité de se remettre en question et de réajuster. Et c’est ce dont nous avons besoin. Je fais référence à une des premières interventions de notre sénatrice, Lana Tetuanui qui disait : Il ne faut pas seulement réfléchir ou diriger avec ça, il ne faut pas oublier ça. Et aujourd’hui, effectivement, les politiques publiques doivent être administrées avec l’intelligence émotionnelle. Quand pendant de longues années, on a dit aux politiques, tu ne peux pas être un gouvernant si tu ne dissocies pas le politicien de l’Homme. Aujourd’hui, je pense que le monde entier a besoin des deux, effectivement. Et aujourd’hui, je pense que nous surtout, les Polynésiens, nous avons besoin des deux. Cinq objectifs spécifiques, 33 objectifs opérationnels et 20 actions directes, dont 16 qui ont effectivement, soit déjà été réalisées, soit sont en cours de déploiement et seront disponibles pour la fin de l’année 2025. Dans l’ensemble de ces actions directes, de ces 33 objectifs, nous avons effectivement le ministère des Sports et de la Jeunesse qui est à la coordination, mais nous avons également le numérique avec le Président du Pays, le ministre de l’économie et des finances, le ministre de la santé, le ministre du logement et du foncier, notre ministre de l’éducation et de la culture et, bien évidemment, nos associations de jeunesse et d’éducation populaire. Alors oui, c’est extrêmement compliqué. Je me souviens être arrivée au gouvernement et avoir dû, avec Jordy Chan, autoriser nos services à travailler ensemble sur un dossier que vous connaissez tous et dont on se souviendra tous, les jeux Olympiques. Parce que oui, nos services, pour quelles raisons d’autres savent mieux que moi, ne sont pas habitués à travailler en transversalité. Et donc oui à l’interministérialité, et c’est ce que nous faisons ou en tout cas nous faisons du mieux que nous pouvons, mais oui à l’interservice également. Sauf que pour ça, eh bien, il faut changer les habitudes et changer les habitudes, ça prend du temps. Enfin, je n’ai pas oublié l’intervention de Nuihau Laurey qui nous disait, en commission de l’économie et du budget et des finances : Alors, Madame la ministre, t’es bien mignon avec ton observatoire, mais des observatoires, on en a depuis la nuit des temps et ce n’est jamais efficace. Et ce n’est pas rentré dans l’oreille d’une sourde, quand bien même, je suis sourde d’une oreille. Je n’ai pas oublié. Et c’est en ça que les interventions constructives sont importantes pour les gens comme nous, qui venons à peine de mettre le pied à l’étrier dans les politiques publiques. La manière dont cet observatoire a été constitué n’est pas ambitieuse mais réaliste. Et donc, nous avons recruté une personne à la coordination de la création de cet observatoire au sein de la Direction Jeunesse et Sport pour venir apporter une expertise supplémentaire à nos équipes qui œuvrent déjà depuis longue date pour notre jeunesse et notre éducation populaire. Et si jamais, dans le schéma de gouvernance de cet observatoire, Monsieur Laurey estimait que je me trompe, que nous nous trompons, eh bien, j’aimerais vraiment, du fond du cœur, être accompagnée parce que je n’ai pas l’expérience que vous avez. Autrement, je sais que je trouverai l’accompagnement nécessaire auprès de notre Président Moetai Brotherson. Et c’est ce qui fait que oui, bien que ce schéma directeur soit ambitieux, oui, j’en assume la pleine responsabilité et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour accompagner nos acteurs à le mettre en œuvre. Et ça, c’est parce qu’à mes côtés, j’ai la chance d’avoir un mentor en politique qui me montre que jour après jour, on est en capacité de faire des politiques publiques sans être dénigrants, cassants et sales ; parce que ça fait mal. Donc oui, je mesure le poids de la responsabilité qui pèse sur mes épaules. Et la chance que j’ai aujourd’hui, et je me sens reconnaissante, c’est d’être accompagnée par ce mouvement de jeunesse et d’éducation populaire qui avait besoin d’être soutenu et entendu. Et j’ose espérer, même quand on n’est pas d’accord, pouvoir continuer à être accompagné par vous, qui êtes des élus du peuple de longue date, parce que oui, j’ai tout à apprendre à vos côtés. Merci à tous ! On n’a pas encore voté, mais j’ose espérer qu’ensemble, on donnera ce cap à cette jeunesse. Ce schéma directeur, ce n’est pas mon schéma directeur, c’est le schéma directeur de la jeunesse et il doit perdurer avec ou sans moi. Merci. Le président : Merci. Donc, nous passons à l’examen de la délibération. La discussion est ouverte sur l’article 1er. Article 1er Le président :S’il n’y a pas d’intervention… Oui, Tepuaraurii. Mme Tepuaraurii Teriitahi : Merci Monsieur le Président. Je voulais saluer notre ministre de la jeunesse et des sports et je voudrais rebondir sur ce qu’elle vient de dire par rapport à tout l’aspect dénigrant. J’ai entendu revenir souvent le mot « dénigrant ». Alors, je ne veux pas qu’on croit que je me sente visée par ce qui a pu être dit, mais je vais m’exprimer quand même peut-être par solidarité féminine, parce que ce que la ministre décrit, je pense que beaucoup parmi nous le vivent aussi, régulièrement. J’ai l’habitude, quand je passe à la télévision, je sais que vous en avez marre de me voir à la télé, mais quand je passe à la télévision, le lendemain matin, sur Polynésie la 1ère, ah, j’ai droit à tous les qualificatifs de la Terre et je suis persuadée que des gens sont payés pour faire ces qualificatifs dénigrants à mon égard. Mais bon, je pense que le meilleur conseil que je peux partager et que quelqu’un m’a dit un jour : N’écoute plus les commentaires. Ne regarde plus les réseaux sociaux. Et c’est un message que je voudrais aussi donner à notre jeunesse. Je crois que c’est le meilleur conseil qu’on peut leur donner. Ne donnez pas autant d’importance à ces réseaux sociaux qui sont des déversoirs où des gens vont s’exprimer, vont lâcher leur haine, vont se cacher derrière des pseudonymes parce qu’ils sont lâches pour effectivement nous faire mal. Et là-dessus, c’est vrai que je voudrais que cette jeunesse se détache justement de tout ça et que nous, justement, on leur montre aussi l’exemple, de dire : Prenons du recul. Après, je vais quand même prendre ma casquette de politicienne, Madame la ministre. Quand vous dites, ce dénigrement qui a l’air d’être que dans un sens, je vais vous poser la question : Est-ce que vous pensez que vous autres, parfois, vous n’êtes pas aussi dénigrants dans votre attitude vis-à-vis de nous ? Est-ce que vous pensez que toujours, lorsque vous êtes en train de dire qu’avant vous, rien n’a été fait, que c’est vous les premiers qui avez mis les choses en place, quand parfois vous nous rabaissez ici et que vous reniez tout ce qui a pu être mis en place, même si je peux reconnaître que certaines choses n’ont pas été parfaites et qu’effectivement, parfois, aujourd’hui, vous êtes obligés de trouver des solutions à des problèmes qui datent d’il y a longtemps, parce que je vais être de bonne foi, je dis ça. À un moment donné, excusez-nous, nous aussi, on peut ressentir ce dénigrement et on peut aussi en souffrir. Donc, je n’ai pas envie de dire que c’est le jeu politique, parce que ça aussi, ce n’est pas un bon exemple à montrer. C’est pour ça que dans mes interventions, j’essaie toujours d’être le plus respectueux possible pour être un exemple pour les gens qui nous regardent. Mais, je veux dire qu’en termes de dénigrement, ce n’est pas unilatéral. Je pense qu’on est bien servis des deux côtés et je ne le cautionne absolument pas. Voilà, je voulais juste réagir là-dessus et bon, merci quand même de vous être exprimée, Madame la ministre, et puis, merci pour ce plan qui nous est proposé. Il a le mérite d’exister, il a le mérite d’être issu d’une réflexion qui, comme vous l’avez reconnue, ne date pas d’aujourd’hui, est le fruit de recherches aussi que vous avez faites et que vous avez trouvées dans le passé. Donc voilà, c’est aussi la continuité de réflexions qui ont débutées, que vous avez le courage de continuer et je vous encourage à ne pas abandonner parce que, comme vous, je pense qu’on est beaucoup aussi ici, parfois, à se demander : qu’est-ce qu’on fait là ? Et là aussi, je pense que ce qui nous unit tous, c’est l’amour pour notre pays et l’envie de faire avancer notre pays dans le bon sens et que, parfois, quand nous, du côté de la minorité, on fait des commentaires ou des remarques, ce n’est pas pour prévoir la fin du monde ni pour embêter qui que ce soit, mais tout simplement pour alerter, parce que, justement, on n’a pas envie que ce pays finisse mal. Voilà. Merci. Le président : Merci bien. Donc, nous passons... Mme Lana Tetuanui : Président… J’ai demandé la parole… Le président : Euh… Oui, Madame la sénatrice. Mme Lana Tetuanui : Merci Monsieur le président. Oh, comme il est presque 15 heures, j’ai presque envie de dire, il est déjà 15 h 30, j’ai presque envie de dire à ce moment à notre super et énergique ministre de la jeunesse et des sports que jeunesse se fasse, que jeunesse passe. On va voter le schéma puisque c’est l’intérêt de nos jeunes. On est tout à fait d’accord. Pour l’élue que je suis, même à 56 balais, c’est toujours forever young. Non, mais, on rigole peut-être, mais mon intervention a tout son sens. J’ai raison et vous avez eu raison de le rappeler, tout se passe ici et ici. Dans ce schéma directeur, on retrouve un peu des choses... Ça fait 25 ans que je suis assise là où je suis. J’ai du déjà-vu, un peu des trucs nouveaux, des trucs peut-être qu’on n’a pas réussi à faire aboutir, enfin, que les anciens gouvernements... Parce qu’il y a eu plein de gouvernements avant le tout dernier et peut-être que vous aussi ! On ne sait pas aussi ce qui va se passer en 2028, parce que les jours, ça arrive vite aussi ! Les mois passent vite aussi ! Puisque c’est vous qui êtes au gouvernement aujourd’hui, vous posez les bases d’un nouveau schéma sur la jeunesse surtout. J’ai envie de vous dire, Madame la ministre, bon, pour ne pas paraître redondante de ce qui a été dit par ma collègue Tepuaraurii, j’ai écouté aussi plusieurs fois le mot « déni, déni, déni, déni » ; « dénigrement ». À 56 balais, et ce n’est plus le cas de nos enfants aujourd’hui, de la jeunesse d’aujourd’hui, sur la tête de mes enfants, j’ai toujours appris cette leçon, un tout petit verset : tu honoreras ton père et ta mère. Si, au moins, on pouvait un peu redonner les vraies bases à cette jeunesse d’aujourd’hui. C’est ce que, un peu, je déplore aujourd’hui et je ne jette pas l’opprobre sur quiconque. Qu’on soit dans les îles ou qu’on soit ici, à Tahiti, plus aucun enfant ne sait ce que c’est que d’honorer d’abord ses parents. Si vous tu ne sais pas ce que c’est que le respect au sein de votre propre foyer, comment peux-tu être l’exemple dans la société ? On parle de tout ça dans ce schéma directeur. C’est un travail, pas simplement du gouvernement, bien sûr, il faut qu’on se tiennent tous la main. En plus, avec les nouveaux défis qui nous attendent aujourd’hui, ça va être difficile. Le chemin sera très caillouteux, cahoteux ; on dira comme on veut, mais je ne peux que vous souhaiter beaucoup de courage. J’ai toujours dit, sur ces sujets-là, on peut être, comment dirais-je, on peut être unis. Il n’y a plus de clivage politique. Quand on parle de notre jeunesse, ce sont tous nos enfants. Ce sont tous nos enfants. Alors, de grâce, hein ?... De temps en temps, quand tu vas un peu dans tes « djeuns », là, tu vas dire aussi à Madame la sénatrice, tu vas dire aussi : Commencez peut-être par la base. Quand vous savez respecter vos propres parents, vous pouvez être le modèle après de partout où on va. Voilà ce que je voulais dire. Merci. Le président : Merci. Donc, s’il n’y a plus de... Oui, excusez-moi, Mike. M. Mike Cowan : Merci, président. Je voulais juste rebondir par rapport à l’intervention de Lana, par rapport à la base. Donc, c’est vrai, c’est peut-être le moment de rappeler peut-être la base. La jeunesse, aujourd’hui, est devant son téléphone et comme par hasard, la commission s’appelle la commission de l’éducation, de la jeunesse et du sport. Et pour moi, en fait, la base est dedans : Éduquons notre jeunesse au sport. Et le sport, c’est quoi ? C’est le mouvement. Donc, être devant le téléphone, c’est l’immobilisme. En fait, les adultes restent devant leur téléphone, devant leur ordinateur, devant le journal. On reste immobile. La santé, c’est le sport, c’est le mouvement et notre jeunesse a besoin de mouvement et a besoin de sport. Le sport, c’est les valeurs, les valeurs simples. Donc je pense que la base, c’est dans le mouvement. Et je remercie notre ministre, déjà, d’avoir posé les bases. Donc maintenant, j’encourage notre jeunesse à — comment dire — aller dans le sport et à bouger, à sortir de la maison, à sortir de devant leur écran et à bouger. Voilà. Merci. Le président : Merci. Nicole. Mme Nicole Sanquer : Merci, Monsieur le président. Madame la ministre, ce que j’ai beaucoup apprécié dans votre schéma directeur, c’est cet appel à l’interministérialité. Parce que je pense que moi, je n’y suis pas arrivée, quand j’étais ministre de la jeunesse, à ce que le sujet de la jeunesse soit un thème transversal, interministériel. Mais je vous sais déterminée à imposer la prise en compte de la jeunesse. Sans doute des jeunes nous regardent aujourd’hui, moi, il y a deux mesures que je trouve innovantes. On en a parlé, mais j’espère que vous arriverez à les mettre en place : c’est la mise en place des jobs d’été. Est-ce que vous savez déjà comment vous allez procéder ? Parce que c’est vrai que pendant les vacances, ils sont oisifs ; et pour certains, ils sont toujours à la recherche de ces jobs d’été. Donc je vous encourage vivement. Et le deuxième, c’est la création du Pass Jeune. Vous avez l’expérience aujourd’hui, je crois, avec le Pass'Sport qui est à peu près financé en grande partie par l’État. Là aussi, est-ce que vous savez déjà comment vous allez procéder ? Je vous remercie. Le président : Merci bien. Plus d’intervention sur l’article 1er ? Y a-t-il des réponses du côté du gouvernement ? Oui, Monsieur Temaru. M. Oscar, Manutahi Temaru : Merci, Monsieur le président. Après avoir lu ce schéma directeur sur la jeunesse et son avenir, il y a tant de choses à dire mais le temps nous manquera. Un certain soir, j’ai assisté à une veillée mortuaire. Le pasteur racontait comment ses parents à l’époque ont quitté les Tuamotu pour venir sur Tahiti, car aux Tuamotu, il n’y a pas de ressource, seulement des noix de coco et du poisson. Lorsque la soirée de prière fut achevée, je me suis entretenu avec ce pasteur et lui ai dit : « il serait peut-être temps d’apprendre à notre jeunesse et notre peuple l’histoire de son pays. » De quel pays parlons-nous ? La France ?... Ce pays n’est pas la France, c’est Māʹohi Nui (NDT, la Polynésie française). Quelle est l’histoire de ce pays ? À l’époque, on ne s’offusquait pas de dire que Māʹohi Nui s’étendait sur 5 000 kilomètres carrés. Aujourd’hui, on parle de 5 millions de kilomètres carrés. C’est un pays gigantesque s’il fallait le mesurer de bout en bout. Apprenons à la jeunesse quelles sont les ressources dont regorge ce pays, dans son atmosphère, sur ses terres, dans les fonds marins, sous les pieds de sa population. Cela fait si longtemps que l’on minimise la superficie de notre pays, celle des îles comme les Tuamotu, les Marquises, etc. Aujourd’hui, il semblerait que ce pays soit plus grand que la France, n'est-ce pas ? Aujourd’hui — je vous interpelle à ce sujet —, on pourrait se présenter à la porte de banques internationales pour discuter d’avenir. Pour l’heure, nous n’avons que l’AFD et l’IEOM qui sont des banques de l’État français avec leur fonctionnement. Ce n’est que le jour où ce Pays sera indépendant que les banques du monde entier pourront nous accompagner dans tous les projets qui nous tiennent à cœur. Je ne citerai qu’un exemple : le projet sur Hao. Saviez-vous que 100 000 postes devaient être créés dans le cadre de ce projet ? Qui a mené à mal ce projet ? L’État français. Aujourd’hui, on compte 50 000 emplois dans notre pays lorsque l’on regarde dans les caisses du pays. Ainsi, notre produit intérieur brut avoisine les 70 milliards. Je ne pense pas que les problèmes que rencontre ce pays seront réglés par l’État français. Demain, notre pays sera indépendant, nous pourrons alors nous développer à une échelle internationale, qui est un tout autre niveau. Les nodules ne sont pas la seule richesse de ce pays. On compte aussi le phosphate comme il y a, vous le savez, à Mataiva, Niau, Tikehau, partout aux Tuamotu. Il y a aussi le manganèse, le nickel, le pétrole, l’or… Ce pays a une superficie de 5 millions de kilomètres carré, est-ce indiqué dans notre rapport ?... Pas du tout. Il y a plein de choses qu’on passe sous silence. Apprenons à notre jeunesse et notre peuple l’histoire de notre pays aujourd’hui, Mā'ohi Nui (NDT, la Polynésie française). C’est ce que nous souhaitons pour l’avenir. Ce qui nous manque, c’est sa décision, celle du peuple, de reprendre en main la souveraineté que détient l’État français. C’est tout. Ah ! On entend aussi comme discours « mais que fais-tu des 200 milliards que fournit la France chaque année ? » Combien ?... Êtes-vous sûrs que ce sont bien 200 milliards net qui renflouent nos caisses ?... N’en retiennent-ils pas la moitié ? Le haut-commissariat, l’armée, la justice et tous les services relevant de l’État dans notre pays… La plus grande part revient à l’enseignement. Mais pour enseigner quoi ? Notre culture ?... Plutôt la leur de culture. Combien retourne à la France par le biais des banques, des assurances, des bureaux français installés dans notre pays et qui ne cesse d’arriver. Lorsque nous visitons les îles de nos jours, nous constatons ce fait aux Tuamotu, aux Îles Sous-le-Vent, aux Marquises, ça ne s’arrête plus. Dites à cette jeunesse qu’elle est urgente, la question de l’indépendance de notre pays. C’est pour elle, c’est pour son avenir. Ce schéma directeur est une bonne chose, mais où va-t-il cultiver ? D’où tirera-t-il des ressources ? Il n’est pas propriétaire de cette terre, c’est l’État français qui en est le propriétaire. Approfondissons le sujet ! S’il faut y passer la nuit, soit, débattons. Autrement, nous allons tourner en rond et discuter des mêmes sujets. Intéressons-nous à l’éducation. Nous le savons pour l’avoir approfondi une certaine année, nous avons fait le constat qu’il est moins coûteux d’envoyer nos enfants pas très loin de chez nous, que ce soit en Nouvelle-Zélande ou en Australie. Nous avons donc fait l’acquisition d’un bâtiment en Nouvelle-Zélande pour nos enfants, pour ceux qui rendent visite aux évasanés, et pour d’autres activités encore. Mais non, la première chose qui a été faite lorsque le gouvernement a changé, c’est de brader ce bâtiment, de rapatrier nos enfants pour que son cerveau soit formaté à la française, en France. Effectivement, c’est vrai, son cœur et son esprit y sont. Notre jeunesse a besoin d’un peu de patriotisme, notre pays, notre population également. Quand notre pays sera indépendant, nous serons libres de disposer de celui-ci comme bon nous semble. Demain matin, je rencontrerai des experts américains. Nous allons discuter de la gestion des déchets. Cela fait plus de 40 ans que c’est à l’ordre du jour à Faaʹa, mais l’État français est contre du fait que c’est une société américaine. Oh, quand aura-t-on fini ? On ne nous donne-là que des miettes d’autonomie. Aujourd’hui, l’Assemblée générale des Nations unies a rendu sa décision. Nous sommes régis par l’Assemblée générale des Nations unies, et ils ont délibéré de sorte à rappeler à l’État français notre droit souverain sur ce pays et ses ressources. Est-ce indiqué dans le schéma directeur pour l’enseigner à la nouvelle génération dans nos écoles ? Monsieur le ministre de l’éducation, qu’enseigne-t-on à la génération future ? Rien. Ne venons pas ici seulement pour suivre passivement ce qui est écrit, mais creusons davantage pour savoir où allons-nous, d’où venons-nous, où sommes-nous, quelle direction prenons-nous, pour connaître les aspects changeants notre quotidien ainsi que nos lenteurs. La semaine dernière, il y a eu un incendie à Faaʹa en face de la gendarmerie. Nous avons aussitôt sorti notre échelle de 50 mètres. Peu avant, j’ai regardé le reportage d’un incident du même type en Chine. Ce ne sont plus ces moyens qu’ils utilisent. Maintenant, ce sont des drones qui sont envoyés partout où un incendie est déclaré. Il y a du progrès dans ces pays du continent asiatique, mais nous n’avons pas les moyens de suivre leur exemple. L’État français peut, mais pas nous. Pour le Japon aussi, c’est possible. Nous sommes entourés d’océans. Que nous le voulions ou pas, il nous faudra utiliser nos richesses pour faire du commerce avec l’Asie, comme la Corée et le Japon. Voilà les grandes lignes qu’il faut intégrer dans ce schéma directeur pour l’avenir de notre jeunesse. Et elle n’a aucun autre salut si ce n’est l’indépendance de son pays. Merci. Mes salutations. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Tavini Huiraatira.) Le président : Merci bien. Y a-t-il d’autres interventions ? Sinon, nous passons au vote de l’article 1er. Qui est pour l’article 1er ? À l’unanimité ?... Merci. Article 2 Le président : Je suppose que pour l’article 2 c’est le même vote : même vote. L’ensemble de la délibération : adoptée à l’unanimité. Merci bien. (Applaudissements dans la salle.) Les rapports peuvent être consultés sur le site internet de l’assemblée de la Polynésie française à l’adresse www.assemblee.pf |