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Rapport n° 23-2025 sur le projet de loi du pays portant modification de la liste des jours fériés fixée par le code du travail

Paru in extenso au JOPF n° 11 NA du 25/06/2025 à la page 1392

Rapport n° 23-2025 sur le projet de loi du pays portant modification de la liste des jours fériés fixée par le code du travail


Présenté par MM. les représentants Ueva Hamblin et Ernest Teagai

Le président : On poursuit avec le quatrième dossier, à savoir le rapport n° 23-2025 sur le projet de loi du pays portant modification de la liste des jours fériés fixée par le code du travail.

M. Ueva Hamblin : Aujourd’hui, les salutations à l’occasion de notre rencontre ont été longuement exprimées. Par conséquent, j’aimerais transmettre les miennes de façon plus concise à l’attention de toutes les personnes qui nous écoutent.

Nous voici sur le projet de loi du pays portant modification de la liste des jours fériés fixée par le code auquel elle est soumise.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les représentants, par lettre n° 8572/PR du 30 décembre 2024, le Président de la Polynésie française a transmis aux fins d’examen par l’assemblée de la Polynésie française, un projet de loi du pays portant modification de la liste des jours fériés fixée par le code du travail.

L’année 2024 a été marquée par la venue, en Polynésie française, d’experts néo-zélandais qui ont pu partager leur expérience et leurs travaux pendant la conférence publique portant sur le concept de Matari’i. En avril 2024, une communication en conseil des ministres a initié la proposition d'instaurer comme jour férié le 20 novembre pour célébrer Matari'i, afin de consacrer les valeurs culturelles traditionnelles. Cette date inaugure la période d'abondance et marque la disparition des vieilles récoltes et la croissance des nouvelles.

La liste des jours fériés reconnus par la réglementation du travail est fixée à l’article LP. 3223-1 du code du travail de la Polynésie française. En matière d’incidences économiques pour les employeurs, y compris le pays, il est proposé de substituer ce nouveau jour férié à un autre jour férié existant, au lieu de le rajouter à la liste. Par conséquent, le présent projet de loi du pays modifie l’article LP. 3223-1 du code du travail afin de remplacer dans la liste des jours fériés, la date du 29 juin (Fête de l’autonomie interne) par le 20 novembre (Matari'i - fête de l’abondance).

Sur les plans culturels et économiques, divers projets seront lancés et des retombées économiques favorables aux acteurs locaux pourront être créées (expositions et salons, visibilité accrue, salon du tatouage, etc.).

Pour l’application de ce nouveau jour férié dans la fonction publique de la Polynésie française, l’arrêté fixant la liste des fêtes légales et des jours fériés applicables aux agents sera modifié pour se conformer à celle du code du travail. S’agissant du secteur privé, le code du travail modifié s’imposera. Toutefois, certains secteurs d’activité sont régis par des conventions collectives. Certaines d’entre elles ne nécessiteront pas de révision, car elles renvoient directement aux dispositions réglementaires en vigueur. Le remplacement du jour férié leur sera ainsi appliquer dès la promulgation de la loi du pays.

Dans d’autres secteurs d’activité en revanche, des révisions seront nécessaires et impliqueront des négociations avec les partenaires sociaux. Le projet de texte prévoit en ce sens de laisser une année transitoire aux partenaires sociaux pour mener à bien les négociations et modifier les conventions collectives correspondantes.

Il est à noter qu’une première version du projet de loi du pays a fait l'objet de deux consultations en réunion bipartites, les 24 octobre et 21 novembre 2024. Les partenaires sociaux ont par la suite été invités à débuter les négociations dans les meilleurs délais en vue d'une signature d'un avenant avant la date butoir du 29 juin 2025, pour tenir compte des délais de révision des conventions et du délai administratif d’extension des avenants.

Le CESEC, réunie le 23 décembre 2024, a été consulté sur la première version du projet de loi du pays et a émis un avis défavorable à l’instauration d'un jour férié « le dernier vendredi du mois de novembre » mais un avis favorable au principe de consacrer la journée du 20 novembre comme date authentique pour la célébration du Matari'i.

L’examen du présent projet de loi du pays en commission le 27 février 2025 a suscité des échanges qui ont ainsi permis à la commission d’aborder principalement les points suivants :

- l’importance du Matari'i en tant que repère culturel et naturel, marqué par l’observation des étoiles et les cycles de la nature ;

- la possible reconnaissance d’autres événements culturels et politiques majeurs de l’histoire polynésienne ;

- le maintien ou la suppression de la date du 29 juin soulevant notamment la question du consensus autour d’une date unificatrice.

À l’issue des débats, le présent projet de loi du pays a recueilli un vote favorable de la majorité des membres de la commission. En conséquence, la commission de l’emploi et de la fonction publique propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de loi du pays ci-joint.

Merci.

Le président : Merci, Monsieur le rapporteur pour votre rapport de présentation.

Le CÉSEC nous informe qu’aucun membre de l’institution n’a été désigné pour présenter son avis sur ce projet de loi du pays.

Pour la discussion générale, la conférence des présidents a retenu 60 minutes : 36 minutes pour le Tavini, 15 minutes pour le Tapura et 9 minutes pour les non-inscrits.

J’invite l’intervenant des non-inscrits à prendre la parole.

Nicole.

Mme Nicole Sanquer : Merci, Monsieur le président.

Le projet de loi du pays soumis à notre examen propose de modifier le code du travail en but de créer un nouveau jour férié sans incidence financière en substituant la Fête de l’autonomie du 29 juin au bénéfice du 20 novembre pour célébrer le Matari'i en tant que symbole de l’ouverture de la saison de l’abondance à compter du 1er janvier 2026.

Selon le rapport de présentation, ces modifications du code du travail sont motivées par la volonté politique de reconnaître l’importance de Matari'i en tant qu’évènement culturel et historique majeur pour la Polynésie et la suppression de la Fête de l’autonomie à raison de sa signification politique contrastée.

Comme le souligne le CÉSEC, l’inscription légal du Matariʹi (NDT, les Pléiades) au sein du calendrier constitue une reconnaissance officielle des valeurs et des traditions polynésiennes, comme un élément de la culture visant à valoriser les traditions ancestrales et renforcer l’identité culturelle.

Si A here ia Porinetia soutient et encourage les démarches culturelles contribuant à préserver la connaissance et les pratiques des traditions ancestrales, tout comme l’organisation des événements culturels portés par le tissu associatif, nous considérons que la suppression du 29 juin, jour hautement significatif pour les autonomistes, n’était pas forcément nécessaire.

Cette démarche peu respectueuse envers tous ceux qui se sont appropriés cette date comme un événement de leur histoire, vise, fusse-t-elle de manière symbolique, consacre davantage l’inacceptation du choix de penser que le faʹatura (NDT, respect) tant prôné par votre programme politique. Pourquoi n’avoir pas demandé l’avis de toute la population ? Votre programme, pourtant, préconise l’utilisation de consultation populaire. Monsieur le Président, vous avez aussi annoncé être le président de tous les Polynésiens. Monsieur le Président, vous ne pourriez pas, même sous votre angle, réécrire notre Histoire.

L’autonomie partagée ou rejetée en fait bel et bien partie. Cet héritage que vous entendez par cet acte renié, vous permet aujourd’hui de gouverner dans le plus grand des conforts, qu’il soit politique comme financier.

Pour notre part, nous considérons que l’esprit qui anime cette démarche ne s’inscrit pas dans la bienveillance d’un esprit démocratique, mais démontre davantage un rejet animé, jusque dans les moindres détails, de la majorité de notre population, alors que l’urgence des modifications du code du travail, tant attendues, est ailleurs.

Le projet de texte porté par votre gouvernement sur la réforme d’affiliation du RNS pour générer de nouvelles recettes, en est la parfaite démonstration, alors même qu’aucun plan de maîtrise des dépenses sociales n’est initié voire même pensé, après plus de deux années de mandature. Là est la nécessité à légiférer puisque l’autonomie nous a conféré cette compétence. À vous de vous en saisir pleinement et non dans la demi-mesure. Aussi, tout comme le dialogue que vous appréciez constructif et établi avec les partenaires sociaux, nous ne pensons pas que la substitution de jours fériés permettra d’améliorer le quotidien de nos familles toujours emprises aux difficultés sociales et économiques, compte tenu de la cherté de la vie suite à l’inflation post Covid, afin de leur permettre d’accéder à un logement à un prix raisonnable ou de se nourrir plus sainement, sans que cela pèse outrageusement dans le budget des familles.

Et aussi, au-delà de votre proposition événementielle de modification du code du travail, dans quel calendrier envisagez-vous plus sérieusement de vous atteler aux véritables sujets qui concernent le quotidien de notre population, compte tenu du fait que les organisations patronales ont manifestement fait le choix de décliner votre invitation à un autre jour férié, celui du 1er mai dernier.

Je vous remercie et nous voterons contre ce texte.

Le président : Merci bien.

J’appelle maintenant l’intervenant du Tapura huiraatira à prendre la parole. Monsieur Édouard Fritch.

M. Édouard Fritch : Merci bien, Monsieur le président.

Monsieur le Président de la Polynésie française, Madame la vice-présidente, Mesdames et Messieurs les ministres, mes chers collègues, Mesdames et Messieurs les représentants, Madame la parlementaire, bonjour.

C’est un sujet naturellement qui nous intéresse énormément et avant de commencer mon intervention, je voudrais quand même saluer l’influence de la Nouvelle-Zélande, des Māori (NDT, polynésiens) de Nouvelle-Zélande sur le calendrier des congés de Polynésie française. Grâce aux Māori, nous nous sommes rendu compte que le Matariʹi i niʹa (NDT, les Pléiades) est un jour, effectivement, qu’il faut honorer par un congé, alors qu’en fait, c’est pour faire plaisir à certains, que le 29 juin va disparaître du calendrier officiel des commémorations au profit du 20 novembre.

Depuis le début, le Tavini huiraatira a pris le parti de dénoncer la célébration du 29 juin, célébration qui marque pourtant une étape institutionnelle importante — dont vous faites aujourd’hui l’expérience — dans l’histoire contemporaine de la Polynésie française, qu’on le veuille ou non. Par une gymnastique intellectuelle machiavélique, le Tavini a accolé cette date à l’annexion de notre pays à la France en 1880, vécue plus de 100 ans après comme une dépossession et un jour de deuil. Quelle tristesse !

Naturellement, ce choix n’est pas neutre ! C’est une instrumentalisation politique qui prétend défendre la mémoire tout en la manipulant. Il ne pacifie pas. Il ne soigne pas. Il ne réconcilie pas. Il est fait pour diviser.

Et pour contenter certains Ayatollahs révisionnistes, le gouvernement a donc décidé de supprimer cette date du calendrier commémoratif.

Pourtant, après avoir consulté les associations culturelles qui célèbrent depuis longtemps Matariʹi i niʹa (NDT, les Pléiades du dessus annonçant la période d’abondance), notre gouvernement avait déjà proposé une communication en conseil des ministres le 17 juin 2022, de rajouter au calendrier cette date du 20 novembre. Pas de les opposer.

En apparence, il ne s’agit que d’un changement de date mais en réalité, c’est un choix politique lourd de sens : celui de préférer s’attaquer aux symboles plutôt que de s’attaquer aux solutions.

Ce débat ne serait pas en soi problématique s’il ne servait pas à masquer l’inaction sur tous les autres fronts. Il est en effet tellement plus facile de démolir une date, démolir une date plutôt que de construire des solutions. Plus commode de rejouer des conflits historiques que de s’attaquer aux fractures actuelles, rejouer des conflits historiques que de s’attaquer aux fractures actuelles ! Plus simple encore de raviver des batailles mémorielles plutôt que de faire face aux urgences concrètes de la population en entretenant une bataille idéologique sur le sens de cette date : le 29 juin.

Pire encore, il crée une fausse opposition entre mémoire et action, comme si nous devions choisir entre regarder notre passé ou construire notre avenir. C’est une impasse ! Car une mémoire qui exclut ou une mémoire qui impose est une mémoire fragilisée. Et un avenir construit sur le déni ou l’effacement est un avenir instable.

Mes chers collègues, les Polynésiens attendent des actes mais pas des incantations car, pendant que certains réécrivent le passé, les Polynésiens, eux, vivent le présent et il est, ce présent, de plus en plus difficile. Le coût de la vie augmente toujours et laisse le gouvernement sans solution. Telle est la réalité. C’est ça la réalité.

Changer une date n’a jamais rempli un frigo. Supprimer une cérémonie n’a jamais soulagé une famille dans le besoin. Ce geste ne coûte rien, mais, disons-le, il ne rapporte rien. Il donne l’illusion d’agir, l’illusion d’agir mais sans rien changer au quotidien.

Gouverner, ce n’est pas réécrire l’Histoire, c’est hiérarchiser les priorités. Gouverner, c’est améliorer les conditions de vie, c’est affronter le réel et non pas le fuir dans des querelles de symboles.

Gouverner, c’est faire des choix au service de la population, pas de sa propre posture idéologique. C’est entendre la souffrance sociale, pas occuper l’espace médiatique avec des polémiques stériles.

On ne construit pas une société digne sur la frustration, la réécriture ou la vengeance. On la construit sur la vérité, la justice sociale, la mémoire partagée, et surtout, sur des politiques courageuses.

Assez de cette mise en scène. L’Histoire mérite mieux que d’être réduite à une arme politique. L’Histoire mérite d’être connue dans sa complexité, dans toutes ses voix, sans qu’aucune ne soit effacée ou sacralisée.

Imposer une seule version de l’Histoire, c’est nier la complexité des faits et la richesse des mémoires, car la vérité historique, elle est multiple. Elle mérite d’être entendue dans toute sa diversité.

Réduire nos ancêtres, nos anciens, à des spectateurs passifs de leur propre histoire, c’est trahir, trahir leur mémoire. Ils ont fait des choix ! Ils ont fait des choix, parfois même difficiles, dans un contexte colonial complexe.

Le 29 juin 1880, ce fut aussi la décision d’un roi, d’un Ariʹi (NDT, roi) et de 9 chefs importants, dont même celui de Faa’a a signé. Reconnaître cela ne doit pas effacer les luttes pour l’autonomie ou la souveraineté, mais ouvrir, ouvrir la voie à un dialogue respectueux, qui honore toutes les voix de notre histoire.

Aujourd’hui, solennellement, nous dénonçons le choix du gouvernement : celui de la facilité contre le courage, le choix de la division contre l’unité, le choix de l’agitation symbolique contre l’action concrète.

Le groupe Tapura huiraatira votera contre ce projet de loi du pays.

Monsieur le président, je vous remercie.

Le président : Bien, j’invite l’intervenant du Tavini huiraatira… Pauline.

Mme Pauline Niva : Alors, en cet instant, j’ai l’honneur de mettre en lumière un magnifique projet de loi du pays qui vise à modifier la liste des jours fériés fixée par le Code du travail, en instituant le 20 novembre, jour de célébration de Matariʹi i niʹa (NDT, les Pléiades du dessus annonçant la période d’abondance) en remplacement du 29 juin jour de l’autonomie.

Vous vous dites alors : « Mais pourquoi elle dit que c’est magnifique ? » Parce que tout simplement, il permet de nous rappeler notre Histoire, de nous rattacher à notre identité culturelle. Quand nous levons les yeux, par exemple, vers le ciel, aujourd’hui, nous avons un ciel tout bleu, n’est-ce pas ? Nous nous émerveillons des dons généreux de la terre et de la mer. Lorsque l’on se réveille le matin, remercions le Seigneur pour ces magnifiques dons qu’il nous donne.

Matariʹi i niʹa (NDT, les Pléiades du dessus annonçant la période d’abondance), c’est un repère bien connu et célébré par tous les peuples de Te Moana nui a Hiva (NDT, appellation désignant généralement l’océan Pacifique), en tant que jalon astronomique qui annonçait les prémices de la saison d’abondance. Matariʹi i niʹa représentait également dans le système calendaire de nos ancêtres le début de la nouvelle année, et à ce sujet le révérend William Ellis — on va se mettre un peu dans le passé —, missionnaire bien connu de la London Missionary Society qui séjourna dans la région de 1816 à 1824, attestait dans ses mémoires l’importance de cette date pour nos ancêtres, et voici l’un des témoignages écrit qu’il nous a laissé et il écrit ceci : « Un autre compte faisait commencer l’année au mois d’Apaapa, vers la mi-mai […] Il divisait l’année en deux saisons de Matarii, ou Pléiades. Ils appelaient la première Matarii i nia, Pléiades du dessus. Elle commençait lorsque, le soir, ces étoiles apparaissaient sur l’horizon ou près de celui-ci […] L’autre saison commençait lorsque, au coucher du soleil, ces étoiles étaient invisibles et elle continuait jusqu’à ce que les étoiles apparussent de nouveau au-dessus de l’horizon au coucher du soleil. Cette saison était appelée Matarii i raro, Pléiades du-dessous. »

Ainsi, ne nous y trompons pas, ce projet n’est pas un simple ajustement technique de calendrier, c’est une déclaration au monde et à nous-mêmes, de ce que nous sommes, qui nous sommes ! Un peuple attaché à ses traditions, attaché à son histoire, à son identité, car au fond de nous-mêmes, nous demeurons ce peuple qui, malgré les vicissitudes de l’Histoire, n’a pas changé. Un peuple fier, qui aime sa terre, qui aime son océan, qui maintient l’héritage millénaire de ses ancêtres, et veut rester attentif aux murmures de son environnement.

Matariʹi i niʹa (NDT, les Pléiades du dessus annonçant la période d’abondance), c’est bien plus qu’un repère astronomique. C’est un pilier de notre culture : c’est le moment privilégié où l’on remercie notre pays de nous donner tant de richesses, de nous nourrir, de nous accueillir. Pendant des générations, ce moment a rythmé la vie de nos ancêtres, et aujourd’hui partout dans le grand océan Pacifique les peuples océaniens se réapproprient cet héritage. À Hawaii, les māoli (NDT, polynésiens de Hawaï) célèbrent le retour des Pléiades avec le « Makahiki (NDT, équivalent de « Matari'i i ni'a » en langue hawaïenne) », à Aotearoa les māori (NDT, polynésiens de Nouvelle-Zélande) fêtent depuis le 24 juin 2022 le début de la nouvelle année avec le « Matariki (NDT, équivalent de « Matariʹi i ni'a » en langue māori ) », et nos cousins des Cook Islands (NDT, Îles Cook) qui sont aussi nos plus proches voisins, sont actuellement en réflexion pour instaurer leur propre « Matariʹi i niʹa (NDT, les Pléiades) ».

À ce sujet, Thomas Tarurongo Wynne ancien chargé de communication du Premier ministre des Cook Islands (NDT, Îles Cook), journaliste et militant engagé en faveur des causes des peuples océaniens, écrivait dans les colonnes du Cook Islands News : « Le père Noël avec son costume rouge et ses rennes, est l’incarnation des célébrations de la nouvelle année et du solstice d’hiver dans l’hémisphère nord, c’est pourquoi le fait pour nous de le commémorer en plein milieu de Moana Nui O Kiva n’a aucun sens pour un peuple qui n’a jamais vu de neige, sans parler des rennes ! […] Avec tout ce que Matariki a à nous offrir, en tant qu’outils pour célébrer notre identité, pour célébrer qui nous sommes en tant que Māori, pourquoi nous obstinons nous tant à rendre hommage à ce gros bonhomme rouge, assis sur un traineau tiré par des rennes ? C’est une piqûre de rappel qui vient nous dire : voilà à quelle point notre esprit est influencé par la vision des autres, mais malgré cette situation, Matariki nous donne l’occasion d’appréhender le monde à travers nos propres références ». C’est lui qui l’a écrit.

En érigeant cette date du 20 novembre en jour férié, nous faisons non seulement acte de mémoire, mais nous nous inscrivons également dans un mouvement général vers la reconquête de notre culture, qui dépasse les frontières actuelles de notre pays, et ce faisant, nous sommes en marche vers l’avenir, bien sûr, en se référant à notre passé. Via cette initiative, nous montrons à notre jeunesse que nos traditions ne sont pas dans les musées, ou dans les discours nostalgiques. Elles vivent, elles s’adaptent et elles se célèbrent.

Enfin, ce choix n’a pas été fait à la légèreté. Il est le fruit d’une réflexion nourrie, d’une concertation avec des experts, des associations culturelles, des représentants du secteur économique, et surtout des citoyens.

Maintenant, certains pourraient s’étonner de notre décision de remplacer le 29 juin par le 20 novembre. À ces réactions, j’ai envie de poser la question : qu’est-ce que nous commémorons véritablement le 29 juin ? Pour les autonomistes, certes, c’est le symbole d’une Polynésie plus libre dans le cadre républicain français ; pour les nostalgiques du Tahoeraa huiraatira, elle est un reliquat flamboyant de l’époque de Gaston Flosse, qui l’avait mis en place de manière arbitraire et unilatérale à partir de 1985 comme jour de commémoration de ce qu’il souhaitait être son plus grand fait d’arme : l’Autonomie. Donc, la population n’a pas été consultée.

En aparté, il est bon de rappeler que la paternité du statut d’autonomie interne n’est pas le fait d’une seule personne, elle est partagée et il ne faudrait pas oublier nos pères : Monsieur Francis Sanford, Monsieur Jean Juventin ou encore Monsieur Alexandre Léontieff qui ont tous — et avec bien d’autres encore — participé à l’élaboration de ce statut. Mais pour beaucoup de polynésiens et de polynésiennes, et surtout pour l’Histoire de ce pays, le 29 juin 1880, marque un tout autre récit : celui d’une dépossession nationale.

C’est ce jour-là en effet, que Pomare V céda gracieusement Tahiti et Moorea et une partie des Tuamotu et des Australes à la France, tout cela en échange de deux médailles, une pension à vie et quelques caisses d’alcools. Autrement dit, comme s’il s’agissait d’un vulgaire troc de bananes, à la différence que ce n’était pas des bananes qui faisaient l’objet du troc, mais un pays tout entier : 5 millions de km², ses traditions, son histoire et tout le peuple qui y vivait à l’époque.

L’événement du 29 juin 1880, ce n’est pas tant l’abdication de ce faible roitelet, lâche et alcoolique, mais c’est surtout le moment qui a scellé notre destin à celui de la France, avec toutes les conséquences que l’on connaît.

Pour dire clairement : Non ! Le 29 juin nous ne commémorons pas l’autonomie ! Nous commémorons les gloires passées d’un seul homme qui aspirait à associer son nom unique à la fondation moderne de ce pays, exactement le même jour où 150 ans…, 105 ans, 105 ans auparavant un pathétique Regulus de salon avait vendu sa patrie, sa femme et ses enfants, contre quelques babioles et de l’argent, et voilà ce que nous fêtons réellement ce jour-là !

En remplaçant cette journée par la commémoration de Matariʹi i ni'a (NDT, les Pléiades du dessus annonçant la période d’abondance), nous faisons le choix d’une date apolitique et fédératrice, où chacun d’entre nous aura sa place, comme il se doit pour une fête qui se veut être nationale.

D’un point de vue économique, ce jour férié est aussi une opportunité. Loin d’être un frein à l’activité, il peut devenir un moteur : avec l’organisation des salons artisanaux, d’expositions agricoles, d’événements culturels ou encore des manifestations touristiques. Le salon du tatouage prévu en novembre en est un bel exemple : il attire à la fois nos populations locales et les visiteurs internationaux. Et cela, ce n’est pas du folklore, c’est de la culture vivante, de l’économie créative et du développement durable.

Il est aussi important de souligner que cette réforme a été pensée dans le respect des réalités sociales et professionnelles, et oui, dans le respect. Une période transitoire jusqu’au 1er janvier 2026 permettra aux partenaires sociaux d’adapter les conventions collectives concernées. Certains secteurs appliqueront automatiquement la nouvelle règle, d’autres devront renégocier, mais chacun aura le temps et les outils nécessaires pour le faire dans de bonnes conditions. No stress !

Que nul ne s’y trompe, ce projet de loi n’efface rien qui ne mérite d’être célébré. Au contraire, il enrichit et redonne enfin après plus de deux siècles d’attente, 200 années d’oubli et d’absence, sa place légitime à ce moment crucial de notre calendrier traditionnel. La restauration de la fête ancestrale de Matariʹi i niʹa (NDT, les Pléiades du dessus annonçant la période d’abondance) nous permet de renouer avec nos ancêtres qui, je suis sûr, se joindront à nous lorsqu’en novembre les portes des mondes souterrains s’ouvriront pour laisser la vie se déverser par torrent à travers les veines de la terre et de la mer.

Enfin, je voudrais terminer mon allocution en m’adressant directement à nos enfants, à notre jeunesse. Ce jour férié, c’est pour vous, pour que vous sachiez que votre culture est belle, que votre Histoire, elle est digne et mérite d’être vécue, chantée et honorée pour de vrai.

C’est ainsi, chers collègues parlementaires, que nous voterons tous ensemble ce projet de loi malgré nos dissensions politiques. C’est pour notre culture, pour ces ancêtres qui nous ont légué cet héritage culturel qui constitue notre patrimoine glorieux, et c’est pour rétablir la vérité et la bonne version chez nous car nous sommes un seul peuple, le peuple polynésien ; nous avons la même terre, celle qui nous a vu naître ; et nous aimons de la même manière notre pays natal.

Merci de votre attention et mes salutations. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Tavini huiraatira)

Le président : Merci bien. Y a-t-il… Pardon ?

M. Allen Salmon : Président ?

Le président : Oui, Monsieur Temaru ?

M. Allen Salmon : C’est une deuxième intervention.

Le président : Ah, deuxième intervention. Allen.

M. Allen Salmon : Oui. Bon, le 29 juin, c’est une date tellement importante que cela mérite deux interventions du Tavini huiraatira.

Alors, dans notre pays, on sait qu’il y a des étoiles que l’on suit — nous sommes un peuple qui observe les étoiles dans le ciel —, et d’autres, que certains ont voulu accrocher eux-mêmes dans le ciel. Il y a des étoiles qui guident les navigateurs et des étoiles que l’on s’invente pour se donner l’illusion d’un cap, même quand personne ne les voit vraiment briller.

Le 29 juin, c’est un peu ça. Une date posée là par un homme qui, à défaut d’être une étoile, a voulu qu’on lève les yeux vers lui. Il ne s’agit pas d’éteindre une date, comme certains l’affirment, ni de réécrire l’Histoire ! Il s’agit simplement d’éclairer un repère, qui, lui, existe depuis toujours : Matariʹi i niʹa (NDT, les Pléiades du dessus annonçant la période d’abondance), Monsieur le président Fritch qui sort, j’aurais voulu qu’il entende ça. Pourquoi comparer un frigo a une coutume légendaire de notre peuple ?

Ce projet ne créé pas une nouvelle fête. Il reconnaît une célébration ancrée, vécue, transmise. Matariʹi i ni'a (NDT, les Pléiades), ce n’est pas une construction politique, c’est un rendez-vous, un rendez-vous avec le ciel, avec la terre et avec le peuple polynésien, avec nous-mêmes.

Le 20 novembre marque le début de la saison d’abondance. Il est célébré par notre peuple dans le Pacifique, depuis la nuit des temps, de Hawaï jusqu’en Nouvelle-Zélande car ceci est une pratique ancestrale. Chez nous, aujourd’hui, il est devenu un moment fort, magnifique, célébré dans les écoles. Je peux le témoigner ici, à Paea, on célèbre ça dans les écoles. Il faut voir les enfants comment ils sont heureux quand ils célèbrent Matariʹi i ni'a (NDT, les Pléiades du dessus annonçant la période d’abondance). Rassemblant les associations, les quartiers, c’est une fête populaire qui relie le ciel, la terre et les hommes. Il ne s’agit pas d’un geste identitaire fermé mais d’un repère culturel partagé.

Le 29 juin a une histoire particulière. Le 29 juin 1880 marque l’annexion du pays à la France, la perte de notre souveraineté signée, certes, par le roi Pomare V et certains chefs, quelques chefs, mais il faudrait rajouter qu’en écartant également tous les autres chefs qui étaient contre cette annexion, dont mon ancêtre Ariitaimai, cheffesse de Papara. Un siècle plus tard, cette même date est choisie pour célébrer l’autonomie, quel paradoxe ! Un choix assumé sans doute mais dont le sens reste encore, aujourd’hui, sujet à débat et hélas de division. Car, si le statut de 1984 a permis de reprendre une part du pouvoir, des décisions, ce n’était qu’une étape. Il a marqué une avancée par une libération.

Célébrer l’autonomie le jour même de l’annexion n’a jamais été neutre. Jamais ! C’était un choix politique. Choix politique pour imposer un récit dans la mémoire collective. Oubliez l’annexion ! Allez, on efface l’annexion, place à l’autonomie du pays.

On entend que ce projet effacerait l’Histoire ! Mais quelle histoire ? Celle décidée unilatéralement sans débat ? Sans consultation populaire en 1985 ? Il ne s’agit pas de rayer une page ! Il s’agit d’agrandir le livre pour y inscrire des dates qui nous rassemblent vraiment ! Et franchement, entre une date qui suit les étoiles et une date qui suit les bulletins de vote, je choisis les étoiles. Elles au moins ne changent pas d’avis après un congrès !

Certains proposent d’ajouter et non pas de remplacer la date. Mais un jour férié, les amis, c’est aussi un coût, 93 millions F CFP par jour non travaillé, et surtout, c’est un message. Quel message voulons-nous porter ? Un repère culturel fédérateur, que l’on soit uni ou alors une date qui continue de nous diviser ? C’est la réalité ! 40 ans après sa création, ça nous divise encore !

Ce projet ne nie rien, il reconnait ce que nous sommes devenus. Et si demain, une majorité veut proposer une autre date politique qui parle à tous, elle en aura pleine liberté. Mais en attendant, nous posons une pierre qui n’efface pas, qui rééquilibre et qui relie. Mais nous ne divisons pas l’histoire, nous la réouvrons pour que chacun, quel que soit son attache, puisse s’y reconnaître en tant que Polynésien.

Que le peuple polynésien s’allie en faveur de son Histoire. Nous remercions aussi nos ancêtres de nous avoir laissé cet héritage. À présent, nous souhaitons la paix à tous, oui, la paix.

Merci. (Applaudissements sur les bancs du groupe Tavini huiraatira.)

Le président : Monsieur Temaru.

M. Oscar, Manutahi Temaru : Je suis quelque peu déçu que le maire de Pirae, Monsieur le Président du Pays, ne sois pas resté. Peut-être qu’il reviendra.

C’est lui qui dit que nous avons cherché un moyen de saper notre peuple. Je pense qu’il a été frappé d’Alzheimer, non ? Vous avez été la première personne que j’ai été rencontrer à mon retour de New York le 17 mai 2013 pour vous dire : « ce n’est pas le Tavini huiraatira, mais bien Māʹohi Nui (NDT, la Polynésie française) qui est aujourd’hui inscrite sur la liste des Nations unies. » C’est ce que je vous ai dit ainsi qu’à vos ministres pour vous inciter à travailler épaule contre épaule. J’ai beaucoup de considération pour ce qu’a accompli Moetai et quelques autres acteurs du Pays. Ce n’est pas facile.

Je tiens aussi à rendre hommage à tous ceux qui ont soutenu notre compagnon, Jean-Marie Tjibaou, leurs amis, Yé-Yé, les représentants des Pays indépendants du Pacifique, Ratumara, Michal Somare, Walter Lini, les premiers-ministres de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ainsi que tous les pays alentours. Je les remercie de leur soutien. Ils savent ce qu’est l’autonomie et ce qu’elle implique.

C’est simple. On en donne des explications superficielles, mais si l’on approfondi le sujet, on se rend clairement compte que non, ce n’est pas de la façon dont suggère les Nations unies. La sienne, c’est une autonomie interne. C’est la première chose que j’ai faite, d’aller à votre rencontre. Mais je ne suis pas plus étonné que cela car il n’y a pas si longtemps, vous disiez ici-même « cela fait 30 ans que je vous mens, que nous vous mentons », n’est-ce pas ? Vous en souvenez-vous ? C’est lent, 30 ans.

Un dicton dit « On ne peut pas mentir à tout un peuple éternellement. » Ce n’est pas vrai ça. Viendra un jour où il connaitra les tenants et les aboutissants de l’histoire de son pays, il en connaitra les légendes. C’est ce qu’il s’est passé. Ceux qui ont travaillé sur la constitution de notre pays à l’échelle des Nations unies, ce sont des experts, ce ne sont pas des petites gens sans instruction. C’est la raison de ce délai. Le premier déplacement s’est fait en 1978, il y a 40 ans, en gros. Nous nous y sommes rendus chaque année.

Je tiens aussi à remercier mon ami qui est affaibli. Si cela avait été mon épouse, elle m’aurait déjà mis à la porte. Je n’oublie pas mes enfants qui ont supporté leur père, car je sais les bienfaits qui s’offriraient à nous si l’on arrivait à passer ce cap. C’est ce que je disais tantôt. Il faut que nous passions ce cap aujourd’hui, allez ! Je ne parle que de nous exclusivement, je vous inclus aussi. Votre décision de vous rendre aussi aux Nations unies comme je l’ai lu ce matin dans les journaux, c’est justifié, allons tous ensemble. Nous n’irons pas, nous de notre côté, vous du vôtre, et la France par derrière, non. C’est tous ensemble, car ce pays nous appartient à tous. Allons dire la vérité, que c’est un pays convoité pour ses 5 millions de km². À mon avis, la France ne pourrait pas faire l’acquisition de notre pays. Ses moyens ne suffiraient pas, c’est impossible.

La première richesse d’un pays, ce n’est pas l’or, le pétrole, les métaux ou les minéraux précieux. La première richesse d’un pays, c’est son peuple. S’il s’avérait que, sous ses pieds, il y a du pétrole mais que la population s’adonnait à l’ivrognerie, tout ce pétrole serait du gâchis.

Ne serait-ce pas aussi un peu le cas chez nous ? D’où le dicton de nos anciens qui disent « vous avez un trésor sous la plante de vos pieds. » Arrêtons toutes divisions. C’est ce que l’État français souhaite pour nous, que nous nous chamaillons, que nous nous isolons d’autres représentants. Travaillons plutôt épaule contre épaule. Définissons clairement le cap que nous souhaitons faire prendre à notre pays. Ce pays connaît plusieurs problématiques !

Nous entendons aujourd’hui ces personnes qui touchent le SMIG, soit 100 000 F CFP. Les amis, ce n’est pas évident de toucher 100 000 F CFP par mois. Ne parlons pas de ceux qui sont sans emploi ! Quels sont les moyens que nous disposons aujourd’hui, de travailler au mieux lois qui sont dans… On n’y arrivera pas !

C’est comme si nous arrivions dans cet océan, Moana nui a Hiva (NDT, l’océan Pacifique), sur une embarcation dont le moteur est un 9 chevaux. C’est un moteur qui ronronne, mais il ne va pas très loin. Oui, on peut comparer cela à ce que produit notre pays en un an, avec 700 milliards de produit intérieur brut. Ça ne marchera pas, c’est impossible. Mais il y a bien une solution pour résoudre ce problème.

Je suis certain, Monsieur le Président Moetai, que quand vous irez à la rencontre de la Banque mondiale, vous serez reçu par le secrétaire qui vous demandera : « Qui êtes-vous ? » À quoi vous répondrez :

« Je suis le Président de la Polynésie.

– et que désirez-vous ?

– de l’argent.

– bien, et combien ?

– mille milliards.

– c’est une sacrée somme. Quelle est votre profession ?

– je suis Président de la Polynésie, et mon pays s’étend sur 5 millions de km². »

Eh bien, le secrétaire restera bouche bée. « Attendez un instant, je m’en vais chercher le directeur. C’est lui-même qui viendra discuter avec toi de ce que vous souhaitez pour votre pays. » Mais avant cela, il faut que nous, le peuple de ce pays, prenons une décision. N’ayons pas peur, nous vivons une période éclairée. Œuvrons dans la clarté et non dans la pénombre.

C’est ce que l’on souhaite, provoquer une discussion. Vous exposerez vos idées, votre point de vue, etc. Mais ayez l’amabilité de me laisser vous exposer mes idées et mon point de vue quant à l’avenir de notre pays. Ce n’est pas les clivages qui accompliront cela, mais bien l’unité, c’est une véritable force. Travaillons épaule contre épaule. Mon discours ne date pas d’aujourd’hui, mais il date du temps de président Flosse, et du vôtre aussi, Édouard. Mais vous n’en avez pas tenu compte. Essayez donc de changer.

Please, change your mind! Make up your mind!

Le Président Donald Trump s’est adressé au peuple américain en ces termes « We have gold under our feet, golden gold », n’est-ce pas ? Il dit qu’il y a de l’or sous son pied aux États-Unis. Ils feront usage du pétrole que l’on trouve sous leurs pieds, et c’est tout à leur honneur.

Ah, à l’époque, quand on évoquait l’indépendance, les amis, on croyait qu’on allait mourir de faim et que nous n’aurions aucune ressource. Lorsque je faisais appel à la population de Faaʹa ces jours-là, on entendait « demain, vous irez payer vos taxes avec des cailloux ». C’est ce que l’on entendait, alors qu’aujourd’hui, ces discours ont disparu. On pourrait en discuter jusqu’au lendemain, je le dis depuis 1986. Soyons unanimes en ce qui concerne Matariʹi i niʹa. Cela nous concerne, nous ainsi que notre culture.

Merci bien à notre collègue Pauline d’avoir détailler comme il faut les raisons de la décision que nous allons prendre. Lorsque nous voterons tout à l’heure, ce sera à l’unanimité.

La semaine prochaine, Édouard sera convoqué par Macron. Arrêtons ce jeu. Ils n’arriveront pas à interférer dans la décision prise par l’assemblée générale des nations unies. La dernière notification qui a été envoyé à l’État français, c’était pour lui rappeler notre droit de souveraineté et notre droit de propriété. L’État français ne l’accepte pas. Il ne l’accepte pas car vous ne l’acceptez pas non plus, et il s’appuie sur votre position. Voyons, quelle est cette attitude ? Ce pays n’est pas le leur, il appartient à notre descendance ! C’est ce qu’il se passe. Si seulement nous étions unanimes, ce sera fini, il ne pourra pas s’interposer.

Vous vous demandez comment les choses pourraient évoluer. Notre situation est semblable à la Nouvelle-Calédonie. La France ne veut pas en démordre. Il ne manque plus que vous pour affirmer à notre peuple que ce pays nous appartient. Si vous campez sur votre position, vous dites clairement à la France « ce pays vous appartient, tout comme sa souveraineté. Toutes ses richesses vous appartiennent, son peuple, etc., tout. Et puis quoi encore !

Merci, Monsieur le président.

Le président : Merci.

Y a-t-il une autre intervention ? Oui, Maurea.

Mme Maurea Maamaatuaiahutapu : Merci, président, bonjour. Monsieur le Président du pays, bonjour ; Mesdames et Messieurs les ministres, chers collègues représentants, Mesdames et Messieurs de la presse, tout le monde, bonjour. Donc je remercie mes collègues Pauline et Allen pour leurs interventions très pertinentes, très sérieuses, très importantes. Merci également à notre président-fondateur qui nous rappelle toujours l’essentiel, les fondamentaux : qui nous sommes ? Où nous sommes ? Et où nous devons aller ? Merci bien.

C’est avec gravité, mais aussi avec un profond respect pour notre histoire et notre culture, que je prends la parole aujourd’hui dans le cadre de cette discussion générale sur le projet de loi du pays visant à modifier la liste des jours fériés reconnus par notre code du travail.

Le texte qui nous est soumis propose de remplacer le 29 juin, jour actuellement consacré à la fête de l’autonomie interne de la Polynésie, par le 20 novembre, jour choisi pour célébrer Matari'i – la fête de l’abondance.

D’ailleurs, je remercie encore mes collègues d’avoir rappelé l’importance de marquer cette date chez nous puisque dans notre bassin Pacifique, nos voisins du Pacifique, la célèbre déjà et nous sommes en retard.

Je tiens d’abord à saluer l’effort de réflexion culturelle qui sous-tend ce projet. Il n’est jamais neutre, ni anodin, d’inscrire un moment dans le calendrier des jours fériés. Car il s’agit là d’un acte à forte portée symbolique, d’un geste par lequel une société désigne ce qu’elle souhaite sanctuariser dans la mémoire collective.

Et en cela, je comprends et j’accueille avec bienveillance l’intention du gouvernement de consacrer la fête de Matari'i — cet instant où les étoiles annoncent la saison nouvelle, où la nature se régénère, où les anciens célébraient les dons de la terre et de la mer.

Matari'i est un repère traditionnel, culturel, cosmique. Il rythme depuis des siècles la vie des Polynésiens. Son intégration dans notre calendrier officiel s’inscrit dans une dynamique de réappropriation de notre identité, une volonté sincère de puiser dans la sagesse ancestrale pour nourrir notre présent.

Mais, en même temps, et avec tout le respect que je dois à chacun, je ne peux passer sous silence la complexité de la proposition qui nous est faite. Car la fête de Matari'i ne vient pas s’ajouter à un ensemble : elle vient remplacer une date hautement symbolique, celle du 29 juin, jour de la promulgation en 1984 du statut d’autonomie interne de la Polynésie pour les autres, date d’infamie en relation avec les évènements de l’annexion en 1880 où le traité de la compromission pour ceux qui connaissent leur histoire a permis à la France d’annexer notre pays.

Le 29 juin, quelles que soient les sensibilités politiques, renvoie à une période charnière de notre Histoire contemporaine. Il incarne une étape majeure dans notre marche vers notre reconquête institutionnelle. Il rappelle un combat, des débats, des concessions, mais aussi une volonté affirmée de prendre en main nos affaires car sur le registre politique du Tavini huiraatira il s’agit d’une date fatidique qui a vu notre souveraineté être ravie par la force hégémonique de la France.

C’est pourquoi la question qui nous est posée aujourd’hui est délicate. Elle ne se limite pas à une affaire de calendrier. Elle touche au cœur même de notre construction politique. Elle résonne différemment selon nos appartenances, nos histoires personnelles, nos convictions.

Peut-on, sans heurter, substituer une date culturelle à une date politique ? Peut-on effacer une page sans que cela soit perçu comme un reniement ? Peut-on vraiment penser l’un contre l’autre, alors qu’il aurait été peut-être plus fécond de les penser ensemble ?

J’ose poser ces questions, non pour contester l’ambition du texte, mais pour en souligner la portée. Car en démocratie, ce n’est pas seulement le contenu d’une réforme qui compte, mais aussi la manière dont elle est perçue, reçue, comprise.

Je note d’ailleurs avec intérêt que le rapport souligne les débats intervenus en commission, où plusieurs représentants ont exprimé leur attachement au 29 juin. L’idée d’une consultation populaire a été évoquée. Je la crois pertinente. Car sur un sujet aussi identitaire, il est essentiel que la population puisse s’exprimer.

Je salue également le travail des rapporteurs, Messieurs Hamblin et Teagai, qui ont cherché à conjuguer la reconnaissance du Matari'i avec les nécessités du droit du travail, tout en tenant compte des réalités des conventions collectives. Le souci d’harmonisation est réel, tout comme la volonté de donner un délai d’adaptation d’un an aux partenaires sociaux.

Je relève avec intérêt que des perspectives de valorisation économique sont envisagées : salons, expositions, événements culturels et touristiques. Cela va dans le bon sens, à condition que ces initiatives soient bien coordonnées, bien financées, et qu’elles ne reposent pas uniquement sur les collectivités.

Je vais bientôt finir.

Mais j’en reviens à l’essentiel. Ce texte soulève une vraie question de fond : quels sont les repères que nous voulons transmettre à la jeunesse ? Vous l’avez rappelé, mes chers collègues. Quels récits voulons-nous léguer ? Tu l’as rappelé, notre patriarche. Ceux de l’abondance cosmique ? Ceux des conquêtes institutionnelles ? Ou les deux ?

Et si c’était cela, la clé : réconcilier et rassembler — merci, notre patriarche, de nous avoir interpelé sur ça — plutôt que choisir ou opposer.

Dès lors, peut-être aurions-nous pu imaginer une solution plus inclusive : soit l'ajout du 20 novembre en jour férié supplémentaire — même symbolique, même modulable — soit la désignation d’un autre jour moins sensible pour le remplacer. Ou encore, l’instauration d’un jour férié tournant, modulé selon les secteurs.

Je formule donc le vœu que, dans les mois à venir, nous puissions rouvrir ce dialogue. Que la culture ne se fasse pas au prix de la mémoire politique. Que le calendrier ne soit pas un terrain de fracture, mais un espace de convergence.

Car notre pays, la Polynésie française — encore mais je préfère Mā'ohi nui (NDT, la Polynésie française) —, a besoin de se rassembler autour de ses repères. Non pas de les hiérarchiser ou de les effacer. Mais de leur faire place, ensemble, dans une cohérence apaisée.

En conclusion, je redis mon respect pour la démarche culturelle engagée. Je redis aussi mon attachement au 29 juin en tant que date d’infamie, non comme une revendication partisane, mais comme une trace de notre Histoire, que nous avons le devoir de transmettre.

Je vous remercie pour votre attention, et pour l’écoute que vous porterez, chacune et chacun, à ce débat d’identité, de mémoire, et d’avenir, qui j’espère n’est pas clos.

Merci bien.

Le président : Merci bien.

Plus d’intervention au titre de la discussion générale ?

Tepuaraurii.

Mme Tepuaraurii Teriitahi : Merci, Monsieur le président.

Bien évidemment, je ne peux pas ne pas réagir à ce que j’entends. Je remercie les interventions à la fois de Pauline, d’Allen, de président-fondateur que je salue — je n’ai pas eu l’occasion de le saluer tout à l’heure — et celle bien sûr de Maurea.

Je n’adhère pas forcément aux trois premières, mais je remercie Maurea parce que, dans la sienne, je viens un petit peu de me reconnaître parce que, dans les trois premières, j’ai du mal à me reconnaître. Je me suis sentie exclue parce qu’effectivement, depuis le début, quand j’entends les interventions, on a l’impression qu’on veut vraiment opposer ces dates.

Moi, je me souviens, j’étais à la commission, où effectivement, on nous vendait ce changement de date comme vraiment une apologie du 20 novembre, apologie de Matari'i i ni'a. Et au passage, je veux quand même rappeler que Matari'i i ni'a n’est pas réapparu depuis deux ans. Matari'i i ni'a a été remis au gout du jour, si je peux dire, par Madame Louise Peltzer en 1999 et le Président Édouard Fritch l’a dit tout à l’heure en 2022, il y a eu une formalisation déjà en Conseil des ministres.

Après, je l’ai dit également en commission, il y a toujours eu les associations qui ont toujours œuvré depuis longtemps pour justement Matari'i i ni'a. Mais quand je vous entendais, j’avais vraiment envie de vous poser la question : depuis combien de temps est-ce que vous célébrez Matari'i i ni'a ? Parce que je ne sais pas, peut-être, je ne connais pas l’avis de tout le monde, mais moi j’ai l’impression que Matari'i i ni'a n’a pas toujours été célébré, en tout cas, pas de façon visible. Alors je pose la question-là parce que, voilà, quand j’entends, j’ai l’impression que vous avez toujours célébré Matari'i i ni'a comme une fête primordiale. Et pourtant, moi, je n’ai pas ce sentiment, en tout cas, vu de mon prisme.

Après lorsqu’effectivement dans votre intervention, vous continuez à opposer les dates — et je reviens sur cette commission où effectivement j’ai osé dire, sans lui manquer de respect à Madame la ministre — qu’il fallait arrêter l’hypocrisie et assumer la volonté d’effacer le 29 juin. À un moment donné, voilà, il ne faut pas essayer de prendre un arbre pour masquer la forêt. Si l’intention c’était d’effacer le 29 juin, eh bien, il fallait l’assumer comme vous l’assumez aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui, dans vos interventions, c’est beaucoup plus clair qu’en commission, il y a une réelle volonté d’effacer le 29 juin. Et c’est là que je remercie l’intervention de Maurea puisqu’effectivement, Maurea, parle « pourquoi ne pas avoir enlevé un autre jour ? » Et je me souviens qu’en commission, on avait notre sénatrice Lana Tetuanui, que je salue parce qu’elle nous regarde en direct, qui avait proposé de supprimer le 14 juillet. Puisque j’ai bien entendu, ça coûte cher de rajouter un jour férié, je suis tout à fait d’accord. Eh bien, pourquoi est-ce qu’on n’a pas enlevé le 14 juillet ? Pourquoi c’était le 29 juin qu’il fallait enlever ?

Alors quand vous dites que cette date c’est l’apologie d’un homme qui voulait effectivement avoir cette date pour lui-même, et vous avez cité le Président Gaston Flosse que je souhaite saluer aussi ici. Moi, j’ai envie de dire que le 29 juin ce n’est pas la Saint Gaston Flosse, ce n’est pas la fête de Gaston Flosse, c’est la fête de l’autonomie. Je pense que, limite, s’il avait voulu faire sa propre fête, eh bien, il aurait dû mettre le 24 juin. Comme ça, on aurait été en plein dans le mille de tout ce que vous dites, c’était la célébration de Gaston Flosse parce que pour ceux qui ne le savent pas, il est né le 24 juin.

À un moment donné, c’est vrai que cette date a été choisie, et elle a été longtemps célébrée. Moi, j’ai des souvenirs d’enfance pendant longtemps où je vois un Hiva Vaevae qui était célébré, mais massivement par des gens de toutes les communes. C’était réellement un moment de fête et de célébration.

Après, j’ai aussi vu qu’au niveau du Tavini huiraatira, il y avait le moment de deuil qui, dans ma mémoire, — alors là aussi peut-être que j’ai des problèmes d’Alzheimer comme dit le président — cette célébration à Tavararo, me semble-t-il, date de moins longtemps. Alors, comme je dis, je suis peut-être Alzheimer et si c’est le cas, je vous prie de m’en excuser. Mais voilà, ça a toujours été une fête populaire.

Alors quand j’entends effectivement les reproches qu’on fait à ce roi ivrogne, les reproches qu’on fait à Gaston Flosse, enfin moi j’ai envie de remercier ce roi ivrogne et j’assume ce que je dis. Je le remercie d’avoir signé cette annexion à la France et pas à un autre pays. Ensuite, je veux remercier ce Président Gaston Flosse pour ce qu’il a fait de notre pays parce que, si on est ce qu’on est aujourd’hui, c’est grâce à ce Monsieur aussi qui a fait beaucoup, beaucoup pour notre pays. Alors lui cracher dessus un petit peu là, dans les interventions que j’entends aujourd’hui, je trouve ça quand même injuste parce que si nous sommes ce que nous sommes — et comme je dis sans cet ivrogne que vous citez et sans Gaston Flosse et sans la France —, d’une, on ne serait pas dans cet hémicycle aujourd’hui avec autant de pouvoir qu’on en a aujourd’hui et puis, pour certains d’entre nous, nous n’aurions pas la belle rémunération de fonctionnaire dont on a jouit pendant longtemps, et pour d’autres, profiter des rentes du nucléaire. Parce que c’est bien mignon de venir cracher sur tout ça, mais en attendant on en a aussi bien profité. Donc on n’est pas à renier notre culture.

Non, j’ai tout le respect du monde pour Matari'i i ni'a, il n’y a pas de souci. J’ai eu l’occasion d’être invitée à la célébration, qu’on m’explique le principe, les étoiles, etc. On n’a pas de problème là-dessus. Ne venez pas faire croire que nous n’aimons pas notre culture. Le Heiva Taurea, c’est nous ! La langue polynésienne dans nos programmes scolaires, c’est nous aussi ! On n’a jamais craché sur notre culture. Au contraire, c’est important aussi pour nous. Il ne faut pas venir nous opposer et dire « eh bien, voilà, on est contre tout ça ! » Ce n’est pas vrai. À un moment donné, non, il faut arrêter de nous diviser comme ça, au contraire,

Et puis, on fait l’apologie des pays du Pacifique. Merci, Monsieur le président, tu nous parles de notre Smig difficile. Bon, tu mets 100 000 F CFP, mais je crois que le Smig il est quand même plus proche de 160 000 F CFP aujourd’hui que de 100 000 F CFP. Dans les autres pays du Pacifique, je crois qu’il est à 20 000 F CFP.

Enfin, après, il faut savoir aussi ce qu’on veut, peut-être qu’on veut aussi aller vers un Smig à 20 000 F CFP. Après, je me demande — et je conclurai là-dessus, Monsieur le président — et j’ai déjà dit dans d’autres interventions, si jamais, effectivement, l’on avait une vie si dure, si pénible, je me demande pourquoi tous nos voisins du Pacifique nous considèrent comme la Suisse du Pacifique ! Beaucoup d’entre eux ! Là, j’étais aux Îles Cook, il y a un mois, tout le monde nous disait : « Mais, waouh, je veux venir à Tahiti ! J’aime venir à Tahiti ! J’aime votre pays ! » En fait, tu as l’impression que les autres aiment plus notre pays que nous ! Et en fait, peut-être que l’on est trop gâtés pourris, et comme tous les enfants gâtés pourris, on ne se rend pas compte de la chance que l’on a et c’est peut-être… C’est comme l’air, on m’a toujours dit que, tant qu’il y en a, c’est bien mais, finalement, on ne s’en rend plus compte parce que l’on respire ; mais le jour où l’on te coupe l’air, là, tu comprends l’importance de l’air.

Donc, à un moment donné, voilà, je voulais juste rétablir certaines choses qui, moi, m’ont choquées.

Après, je respecte, c’est votre décision, vous êtes au pouvoir.

Mais, pour terminer, quand on s’invente des choses, bah, pour moi, le désir d’indépendance, excusez-moi, c’est une petite invention ! Māʹohi Nui (NDT, appellation donnée à la Polynésie française actuelle par le groupe Tavini huiraatira), je ne sais pas d’où ça vient ! Là aussi, on peut parler d’invention ? La république fédérée de Māʹohi Nui (NDT, appellation donnée à la Polynésie française actuelle par le groupe Tavini huiraatira), c’est aussi une invention qui n’est pas partagée ! Donc, à un moment donné, là aussi, à chacun ses inventions.

Merci. (Applaudissements sur les bancs du Tapura huiraatira)

Le président : Monsieur Temaru.

M. Oscar, Manutahi Temaru : Tepuaraurii, ce n’est pas la première fois que j’entends ce que vous venez de dire : « La France à fait ceci, la France a fait cela ». La France a investi chez elle ! Elle n’a pas investi chez le Polynésien. La France n’a jamais pensé qu’un jour, la vérité sortira ! C’est ce qu’il se passe aujourd’hui.

Vous savez, je vais vous dire une chose, quand ils ont voulu changer d’endroit et construire RFO à Faa'a, ah, mon vieux, c’est toute la direction parisienne qui est descendue pour venir rencontrer cet animal de zoo, là, Oscar Temaru, parce qu’ils avaient peur qu’en construisant RFO à Faa'a, il va y avoir…, on va occuper les lieux, on va les foutre dehors. Je leur ai dit : « Non, nous sommes plus malins que ça. Faites-le ! Comme ça, le jour de l’indépendance de notre pays, on a déjà tout ».

Vous croyez que cela a été fait pour nos beaux yeux ! Non ! C’est pour la politique de la France dans le Pacifique ! Vous ne vous rappelez pas des propos de Monsieur Gaston Flosse en parlant de cet hôpital ! X milliard ! Je ne vais pas revenir là-dessus. « C’est pour dire aux pays du Pacifique, les gens du Pacifique pourront venir se faire soigner ici dans cet hôpital. » Vous ne vous rappelez pas de cela ? Allez voir ce qu’il y a dans cet hôpital ! Non seulement cet hôpital, non seulement RFO, tout ce pays appartient à la France ! La France a investi chez elle ! Stratégie politique, c’est comme ça. Eh oui ! Elle n’a pas investi dans Māʹōhi Nui (NDT, Polynésie française), elle a investi chez elle ! Mais, elle n’a jamais pensé qu’un jour, la vérité se saura. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Et c’est ce dont vous parliez tout à l’heure : « Venez voir ceci, cela, et ceci ». Aaaah ! Ils ont oublié qu’il y avait un peuple et que ce pays lui appartient. Oublié ! Dans Polynésie française, où se situe la place du Polynésien ? Où ? Nulle part ! Quels étaient les propos tenus par eux et que j’entendais ? « Ceci est la ligne rouge et vous ne pouvez plus aller de l’autre côté car ce pays appartient à l’État français ! » Pourquoi auraient-ils le droit de tenir de tels propos, de tels mensonges comme ceux-là ? Ce pays est au Polynésien ! Ce n’est pas évident pour eux aujourd’hui. Ils comptent sur qui ? Sur Gaston Flosse, la personne dont vous parliez.

Dès qu’il y a un problème ici, « ah, c’est une marche orchestrée par Monsieur Oscar Temaru et eux autres. » Dans l’avion, et hop à Paris. « Donnez-nous de l’argent ! Les gens veulent l’indépendance et manifestent sur la route. Il n’y a pas l’État, allez ! » C’est cela qui se passait et ce durant des périodes et des années entières. Il faut rafistoler ce statut ! Rafistoler. Changer les roues ! Changer les roues. Changer la bougie ! Changer la bougie. Malgré cela, il n’y a pas moyen de résoudre cela ! Et c’est ce qu’ils essayent de faire en Nouvelle-Calédonie, mais cela ne fonctionne pas ! Il faut rendre au peuple Kanak son indépendance ! Rendez au peuple polynésien son indépendance !

Le président : Tapati.

M. Tafai, Mitema Tapati : Oui, bonjour à tous.

Il y a beaucoup de sujets qui méritent d’être remis en lumière. Notre problème, tout d’abord, c’est que sur certains sujets apolitiques, nous les avons politisés. La question du patrimoine culturel et de l’identité culturelle ne sont pas des sujets politiques. Matariʹi i ni'a (NDT, les Pléiades « du dessus » annonçant la période d’abondance) et Matariʹi i raro (NDT, les Pléiades « du dessous » annonçant la période de sécheresse) ne sont pas des sujets politiques ! Par contre, on les a politisés !

L’on se doit également de savoir, aujourd’hui, que Matariʹi (NDT, les Pléiades) n’est pas la seule célébration culturelle chez le Polynésien. Il n’y a pas que Matariʹi. Matariʹi est l’une des célébrations ! Il y a la cérémonie du Vāereʹa marae (NDT, cérémonie dans laquelle on nettoyait le marae (NDT, lieu de culte ancien des polynésiens)), celle du Paʹiatua (NDT, cérémonie où les images des dieux recevaient un nouveau vêtement) … Il y a encore d’autres cérémonies culturelles chez le Polynésien.

Normalement, Tahiti, Moorea, Maiao, Mehetia et Tetiaroa devraient fixer une date afin de célébrer leur indépendance puisque Tahiti et elles autres (NDT, groupe des îles de Vent) ont obtenu leur indépendance alors qu’elles étaient sous l’autorité de Havaiʹi (NDT, ancienne appellation de l’île de Raiatea) autrefois. Au départ, Tahiti était le long poisson démembré de Havaiʹi, berceau des dieux. Autrement dit, Havaiʹi contrôlait Tahiti auparavant ! Mais, du fait de l’autorité stricte de Havaiʹi, Terehe s’est alors manifestée pour libérer Tahiti. Normalement, les communes qui forment la communauté de communes de Tereheāmanu ont compris la signification de ce nom, n’est-ce pas ? Ce n’est pas un point de vue politique, mais un fait, un évènement qui a eu lieu dans l’Histoire de notre pays.

Ainsi, lorsque nous échangeons ou si l’on était amenés à échanger sur ce texte concernant la réorganisation des jours fériés, intéressons-nous aux dates des cérémonies culturelles propres à ce peuple (NDT, peuple polynésien), aux célébrations culturelles propre à ce peuple ! C’est notre monde qu’il faut revoir. Je vais juste prendre un exemple. Le jour de l’an que l’on célèbre actuellement, c'est-à-dire le 1er jour du mois de janvier, ne correspond pas à la date (NDT, du premier jour de l’an) inscrite dans notre calendrier polynésien, n’est-ce pas ? Il y a le premier jour de l’an des occidentaux que l’on célèbre et celui des Chinois, mais il n’y a rien concernant celui du Polynésien ! Cela mérite d’être revu et qu’il y ait une vision commune. N’est-ce pas ? Comme je viens de le dire, il faut ramener ce sujet selon notre conception du monde, c’est seulement à ce moment-là que l’on s’entendra.

Merci.

Le président : Merci.

Nicole.

Mme Nicole Sanquer : Oui, merci Monsieur le président.

C’est vrai qu’en entendant les différentes interventions, on nous fait passer pour des personnes qui ne reconnaissent pas la culture polynésienne, alors que franchement, je crois qu’on a mis en valeur notre culture même si nous étions des autonomistes, parce qu’au fond de nous-mêmes, nous sommes fiers d’être des Polynésiens ! Matariʹi était célébré dans les écoles. Aujourd’hui, j’étais encore à une réunion d’information de l’Académie tahitienne qui reconnaît, elle-même, qu’on est la seule collectivité où il y a deux langues véhiculaires, le français et le polynésien qui sont dans nos programmes.

Donc, moi, cela me fait mal aux oreilles d’entendre que vous êtes plus légitimes à parler de la culture polynésienne, et parce que nous, on n’y a rien compris ! Donc non, nous nous opposerons au texte, c’est par rapport au choix, au choix de la date du 29 juin et, c’est vrai que je trouve dommage que l’on vienne diviser la population parce que… Merci Maurea d’avoir parlé d’une consultation populaire ! Je pense que la population avait son mot à dire. En plus, vous étiez plutôt favorables dans votre programme à utiliser la consultation populaire. Donc, vous avez fait le choix et sur la pléthore de jours fériés, vous avez choisi le 29 juin.

Ensuite, j’aimerais m’adresser à Oscar Temaru, que je respecte. Cela a été le combat de sa vie, mais je suis un peu fatiguée, aujourd’hui, après quand même votre victoire de 2023, de vous entendre dire que, c’est à cause de nous, les autonomistes que ce pays n’est pas encore indépendant ! J’aimerais quand même vous dire, Monsieur Oscar Temaru, à moins que vous aussi, peut-être, comme vous l’avez dit pour le président Édouard Fritch, vous avez peut-être un problème d’Alzheimer, mais vous avez gagné les élections de 2023 ! Vous avez la majorité à l’assemblée — je pense que je l’ai déjà dit — et vous avez le gouvernement que vous avez choisi ! Donc, arrêtez d’accuser les autonomistes pour dire : « À cause de nous, on n’est pas encore indépendant ! » Et je pense que, quand on veut effacer la date du 29 juin, pour dire que cela rappelle Gaston Flosse, le statut de l’autonomie, je rends hommage à Gaston Flosse, comme Tepuaraurii l’a fait, parce qu’aujourd’hui, vous gouvernez comment ? Grâce au statut de l’autonomie ! Parce que, c’est exactement ce que vous faites.

Par contre, allez au bout de votre démarche. Si vous voulez être indépendant, commencez, chaque année, à refuser l’aide que l’État offre à la Polynésie française ! Montrez-nous que vous pouvez faire progresser votre idée d’indépendance sans l’argent de l’État ! Et donc, chaque année, coupez les subventions, les aides ! En plus, c’est nous qui définissons, ici, toutes les conventions État-Pays, votez contre ! Votez contre ! Comme ça, vous allez montrer petit à petit à la France qu’on n’a pas besoin d’eux !

Parce que, c’est trop facile ! C’est trop facile ! On critique l’autonomie et on critique l’autonomie : « C’est la faute des autonomistes si on est aujourd’hui arrivé à ce stade-là ! C’est la faute des autonomistes — qui sont minoritaires dans cette assemblée et qui ne gèrent plus le gouvernement — que l’on n’arrive pas à être indépendant ! ».

Là, le Président, il va aller à Paris la semaine prochaine. Je vous croirais, je vous croirais que vous voulez vraiment l’indépendance le jour où je verrai une photo du Président du Pays avec le Président Macron où enfin on dira : « Nous sommes allés demander à Macron de commencer le processus d’auto-détermination, comme la Nouvelle-Calédonie l’a fait. » Il faut aller au bout ! On vous a déjà dit ! Vous avez encore trois ans devant vous !

Et je soutiens l’idée de Tapati. Tapati, tu as raison ! Allez, on supprime le 1er janvier, on met le 1er janvier polynésien. On peut tout faire ! Allez, allons-y jusqu’au bout ! Vivons comme vous, vous interprétez la culture, parce que nous, évidemment, on ne connaît rien ! Sanquer, c’est français, ne comprend rien !

Alors, vraiment, hein, dans vos interventions, Allen, Pauline, je ne sais pas si vous réalisez, hein, des fois, quand vous lisez ! Hein ? Oui, je réalise parce que ça, c’est la réalité ! Vous êtes une majorité aujourd’hui ! Vous avez une députée indépendantiste ! Vous avez un Président indépendantiste ! Arrêtez de nous accuser ! Arrêtez de nous accuser de ne pas faire, de vous bloquer sur votre envie d’indépendance ! Allez-y ! Allez-y ! Allez-y !

Non, moi, je n’en veux pas de l’indépendance ! Je n’en veux pas ! Et surtout pas l’indépendance que propose le Tavini parce qu’il n’y a pas de plan ! Il n’y a pas de plan ! Commencez un peu à refuser les subventions qui viennent de la France, commencez ! Commencez déjà par ça ! Une… Une chaque année ! Commencez ! Et là, vous allez montrer que vous êtes capables de porter ce pays à l’indépendance ! Commencez par rencontrer !

On n’est pas fautifs ! C’est vous qui ne faites pas ce qu’il faut pour que ce pays devienne indépendant ! Et, parmi vos élus, il y en a qui ne sont pas du tout en phase avec l’indépendance ! Il y en a qui ne sont pas du tout en phase !

Merci.

Le président : Merci.

Je rends la parole au gouvernement.

M. Moetai Brotherson : Merci bien.

Moi, je n’avais pas compris qu’on était là pour faire un référendum, pour ou contre l’indépendance, mais bon… !

Merci de laisser les gens parler, cela s’appelle le respect.

Ici, en fait, on est dans une enceinte politique démocratique où l’on décide et la majorité s’exprime et puis, les textes sont votés. C’est aussi simple que ça ! Donc, il va y avoir, après les discussions, un vote et la majorité s’exprimera, comme elle s’est exprimée à l’époque où vous étiez la majorité. C’est aussi simple que ça ! Il n’y a pas eu de consultation populaire à l’époque !

Maintenant, sur la date, en fait, il y a deux dates aujourd’hui dont on discute. Il y a d’abord celle qui est proposée du 20 novembre pour « Matariʹi i niʹa (NDT, les Pléiades du dessus annonçant la période d’abondance) ». Avant d’être un événement culturel, c’est un événement naturel qui nous prédate. Quand nos ancêtres sont arrivés ici, les Pléiades se levaient déjà aux alentours du 20 novembre. Quand les premiers Européens sont arrivés ici, elles se levaient déjà à cette même date ! Quand les différents statuts d’autonomie sont passés, elles se levaient toujours aux alentours du 20 novembre. Demain, elles se lèveront encore aux alentours du 20 novembre et, quand plus aucun de nous ne sera vivant, elles se lèveront encore autour du 20 novembre ! Donc, ces Pléiades, elles ne sont pas bleues, elles ne sont pas rouges, elles ne sont pas vertes ! Elles sont bien au-dessus de nous. Et ensuite, c’est vrai, nos ancêtres, observateurs fins des phénomènes naturels qu’ils étaient — à l’époque, ils n’avaient pas Facebook —, ils ont fait un rapprochement entre ce lever des Pléiades et des phénomènes naturels qui se produisaient et ils se sont dits : « Tiens, il y a un truc à faire ». Voilà, donc, cette date, elle n’est pas politique, la date du 20 novembre.

Ensuite, c’est vrai, on vous propose de substituer cette date à une autre date qui, elle, est éminemment politique, éminemment politique !

On nous accuse de réécrire l’Histoire. Moi, je veux bien, je veux bien, mais tout de même :

– statut d’autonomie interne de 1977, promulgation le 12 juillet ;

– statut d’autonomie de 1984, promulgation le 6 septembre ;

– statut d’autonomie renforcé de 1996, le 12 avril ;

– statut d’autonomie de 2004, le 27 février ;

– réforme statutaire de 2019, le 5 juillet.

Eh bien, je n’ai pas vu le 29 juin quoi ! Je n’ai pas vu le 29 juin !

Le 29 juin, c’est la décision d’un homme et je ne lui fais pas un procès de ça ! Il était, à l’époque, Président, à la tête d’une majorité, à la tête d’un parti puissant et il a décidé, parce que c’était lui, la symbolique, qu’il avait choisi, cette date du 29 juin, qui est effectivement la date de l’annexion ; date éminemment politique ! En faisant cela, cet homme cultivé, ce fin politique ne pouvait pas ignorer qu’il allait initier des années et des années de confrontation autour de cette date ! On ne va pas me faire croire qu’un homme aussi intelligent que Gaston Flosse n’a pas vu cela venir ! Donc, c’est un choix qu’il a fait, c’est un choix qui l’a amené dans cette enceinte et qu’il a fait voter par sa majorité.

(Intervention hors micro et inaudible d’un élu.) Alors, il faut arrêter de parler quand les autres parlent surtout ! (Intervention hors micro et inaudible d’un élu.)

Vous dites que gouverner, c’est faire des choix. Oui, nous faisons ce choix-là. Le choix que nous ne faisons pas, c’est de mentir au peuple pendant 30 ans ! (Intervention hors micro et inaudible d’un élu.) Voilà ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Tavini huiraatira)

Donc, sur cette date du 29 juin, elle apparaît dans la délibération 35-85, qui proclame le 29 juin « Jour de fête territoriale ». Ensuite, un autre autonomiste — pas un indépendantiste, il le deviendra quelques années plus tard —, en 88, vient rétablir un peu de vérité historique dans tout cela puisqu’à cette même assemblée, ici, sous Alexandre Leontieff, dont je salue la mémoire, le 19 mai 88, on modifie la date du 29 juin et on remet la date du 8 septembre, date de promulgation du statut de 84 ! On se rapproche un peu plus d’une vérité historique autour de ce statut d’autonomie interne, que vous voulez célébrer ! Et donc, évidemment, dès qu’Alexandre Leontieff n’est plus président, 91, premier acte quasiment du nouveau gouvernement à nouveau présidé par Gaston Flosse, rétablir le 29 juin ! Voilà, donc, la vérité historique : c’est que le 29 juin ne correspond à rien dans l’histoire des statuts d’autonomie. Ça, c’est la vérité historique ! Elle n’est pas Tavini, elle n’est pas Tapura, elle n’est pas Tahoeraa — groupe qui a été ressuscité aujourd’hui, l’espace d’un instant —, elle est factuelle ! Elle est factuelle !

J’ai entendu toutes les interventions. Je comprends que c’est un sujet, la date, la suppression du 29 juin, c’est un sujet clivant. Eh bien, il va falloir vous y faire. C’est la démocratie qui va s’exprimer comme elle s’est exprimée en 85, comme elle s’est exprimée en 88, et donc, elle va s’exprimer aujourd’hui et le 29 juin va disparaître de la liste des jours fériés. C’est aussi simple que ça.

Merci. Que l’amour règne. (Applaudissements sur les bancs du groupe Tavini huiraatira)

Le président : Merci.

On va enfin passer à l’examen de la loi du pays.

Article LP 1

Le président : La discussion est ouverte au titre de l’article 1er.

Pascale.

Mme Pascale Haiti-Flosse : Merci, Monsieur le président. Merci pour ces explications.

Monsieur le Président, avec tout le respect qu’on vous doit, 1977, c’était, encore une fois, le haut-commissaire qui dirigeait le pays. Ce n’était pas le Président de cette époque-là.

C’est vrai que le 29 juin est une date importante pour tous les Polynésiens. Vous dites que l’on ne célèbre pas nos cultures, nos ancêtres mais je pense que vous vous trompez. Le 29 juin, nous fêtons le fait qu’il y ait un Polynésien qui est Président et qui dirige ce pays ! Ça, c’est un symbole important ! Et, d’autant plus qu’elle détient des armes, c'est-à-dire un drapeau ! Ça, c’est notre fierté — même si nous avons dans les archipels (les Marquises, les Australes, …), chacun a un drapeau — et il est reconnu par ce statut, qui fait une fierté de chacun d’entre nous. Et, par sa langue, par respect pour cette institution, je ne parle pas marquisien parce que, sinon, personne ne va me comprendre. Je préfère parler en français ou en tahitien, où je serais bien comprise.

Et, je trouve malheureux, parce que le 29 juin, nous avons des armes, nous avons des insignes qui nous permettent de récompenser telle personne et telle personne. C’est ça l’autonomie ! C’est ça ! C’est ce qui fait un grand pays ! C’est cela qui nous représente par rapport au monde. Lorsque nos sportifs vont dans des compétitions, ils portent quel drapeau ? Eh bien, le drapeau polynésien ! Vous n’êtes pas fiers ? Ils ne portent pas le drapeau du Tavini huiraatira ou du Tahoeraa huiraatira ! Ils portent le drapeau polynésien. Nous fêtons ça le 29 juin ! Nous fêtons la diversité de notre peuple par le respect, c’est ce que Flosse voulait montrer. Et, rouge et blanc, parce que c’était l’avant dernière reine de ce pays, c’est à elle cette couleur, le rouge et le blanc ! Cela n’appartient pas à Gaston Flosse ni à qui que ce soit ! Tout cela fait partie de l’Histoire. C’est vrai qu’il y a eu cette annexion pendant la période où Pomare a cédé, mais vous savez, je rejoins les interventions de Tepuaraurii, merci ! Et heureusement que nous sommes français ! C’est un outil magnifique mais vous ne savez pas l’exploiter comme il faut. On vous donne des moyens. Cet homme nous laisse un héritage : Air Tahiti Nui, TNTV… Il ne faut pas être lasse de ces choses-là. Il a fait vivre des Polynésiens. C’est vrai qu’on dit qu’il y a des Français, mais enfin, travaillons ensemble !

On voit que…Nicole nous dit, vous demandiez hier, il n’y a pas longtemps, on demande à l’État… « Que fait l’État dans la santé ? » Ça, c’est un indépendantiste qui le dit. Mais on lui dit : « À ton avis, que fait l’État dans la santé ? Bah, il participe aussi ! » C’est étonnant venant des indépendantistes. Mais, ça me chagrine de voir que les Pléiades, on ne fête pas… Je ne sais pas si l’on fête aux Marquises, mais par contre, on fête, il y a le Festival des Marquises et on le fête. On dit qui on est, qui nous sommes et on est fiers ! Aux Australes, de même ! Et à Tahiti, c’est quoi ? Vous avez le Heiva. Magnifique les danses polynésiennes. C’est ça, la fête de l’autonomie ! C’est ça ! Supprimez l’Armistice, supprimez le 14 juillet, supprimez tout le reste ! Là vraiment, on pourra dire que nous sommes vraiment Polynésiens ! Vous aimez tellement dire « polynésien, polynésien » ! Sauvons peut-être notre peuple, puisque l’on nous donne les outils pour. Faites-le, passez à l’action ! Voilà, mon intervention, Monsieur le président.

Je voulais adresser mes remerciements mais, par rapport au 29 juin, je constate que l’on divise notre pays.

Voilà, merci.

Le président : Merci bien.

M. Oscar, Manutahi Temaru : Je suis un peu inquiet depuis que j’ai entendu l’intervention de notre collègue Nicole Sanquer. Je pensais que vous étiez plus intelligente que vos collègues représentantes. Vous savez très bien que ce pays n’est pas indépendant ! Nous ne sommes ni un pays indépendant, ni un pays souverain et vous connaissez la nuance. Nous sommes dans un contexte, c’est tout ! On n’a jamais soutenu un seul projet d’autonomie depuis son existence, depuis 1977, jamais ! Jamais ! Parce que, ce n’est pas cela l’autonomie ! Il ne faut pas jouer avec les mots.

Oui, à chaque fois, ici, il y a des élections. Ah, on a gagné, autonomie, autonomie. Et, quand on est allés devant des experts en politique parler de politique, oh, là ! Là, le 13 mai 2017, la Polynésie est sous l’égide des Nations Unies, ne reconnaît pas ce statut d’autonomie. Cela ne veut rien dire statut d’autonomie, que vous vantez tant !

Je ne m’inquiète pas pour notre collègue Pascale car la semaine dernière et cela depuis trois semaines, il n’y a plus aucun propos valorisant les français ! Allons vers l’indépendance, n’est-ce pas Pascale ? Je vous ai entendu parler. Ah, aujourd’hui, c’est très différent (NDT, le discours), ah la la. Quelle est votre position véritablement ? Quelle est-elle ? Eh oui ! Ah la la la la ! Le Tavini huiraatira ne changera pas son cap. Il sait ce qu’il veut : une loi à mettre en application. Il y a une nuance entre ces deux termes : le droit de souveraineté et l’indépendance. Il ne faut pas les confondre. C’est la loi qui nous dirige. Oui. Je confirme encore une fois et je vous le redis, c’est vous qui êtes la raison pour laquelle l’on met du temps à rendre ce pays indépendant. Mon cher ami, ne partez pas, revenez. Je voudrais que l’on échange tous les deux jusque tard dans la nuit et ce jusqu’au lendemain. (Rires dans la salle) (Intervention hors micro et inaudible d’un élu)

Je ne pense pas que… Car l’on peut se rendre là-bas pour y faire un ʹōteʹa (NDT, danse où les danseurs sont disposés en plusieurs rangées et exécutent divers mouvements). Par contre, l’on ne se rend pas là-bas pour une partie de football avec notre drapeau… Ah, c’est cela alors l’autonomie ? J’espère vraiment, Madame Pascale, que vous vous rendrez également à New York ! On ira ensemble là-bas. Laissez ce vieux ici, et partons ensemble à New York. Et, une fois là-bas, vous me montrerez où est le drapeau du Tahoeraa à New York parmi tous les drapeaux se tenant là-bas ! Si l’on y retrouve notre drapeau, alors là… On ne prête même pas attention à notre drapeau dans ce monde. Partout où l’on voit notre drapeau, les gens, notamment les touristes, viennent nous interroger : « qu’est-ce que c’est que cela ? à qui est ce drapeau ? » Ce n’est pas évident de leur apporter une réponse. L’État français, le peuple français possède un drapeau, oui, il en a un. Les États-Unis, oui, ont un drapeau. Ceci est également la volonté du peuple Kanak. Dans notre entretien avec Monsieur Jean-Marie Tjibaou, l’on se demandait qui de nos deux pays allaient devenir indépendant en premier, oui indépendant ! S’agissant de notre drapeau actuel, c’est un drapeau pour les boyscouts !

Merci, Monsieur le président.

Le président : Merci bien.

Je mets aux voix l’article 1er. Qui est pour ? 38 pour. Qui est contre ? 19 contre.

Article LP 2

Le président : Je suppose que pour l’article LP 2, même vote.

Je vous demande de prendre votre boîtier électronique pour procéder au vote de la loi du pays.

Le vote électronique est ouvert.

(Attente de l’affichage des résultats de vote.)

Le président : Merci bien.

Au terme du vote, il y a 38 qui se sont prononcés pour la loi du pays, 19 contre et 0 abstention.

Voilà. Merci bien pour cette décision que nous avons prise ensemble, même si les débats étaient un peu électriques.

Je propose une suspension de séance. Il est très exactement 13 h 8, et l’on va reprendre à 14 h 30. Merci bien.

La séance est suspendue.

(Suspendue à 13 heures 6 minutes, la séance est reprise à 14 heures 40 minutes.)

Le président : Bien. La séance est reprise.



Les rapports peuvent être consultés sur le site internet de l’assemblée de la Polynésie française à l’adresse www.assemblee.pf
Les interventions en langues polynésiennes ont fait l’objet d’une traduction surlignée en gris.

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