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Rapport n° 92-2025 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l'exercice 2024 de l'établissement public Vanille de Tahiti et affectation de son résultat

Paru in extenso au JOPF n° 16 NA du 02/10/2025 à la page 1826

Rapport n° 92-2025 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l’exercice 2024 de l’établissement public Vanille de Tahiti et affectation de son résultat


Présenté par MM. les représentants Edwin Shiro-Abe Peu et Tevahiarii Teraiarue

La présidente : Nous allons passer au rapport n° 92-2025 relatif à un projet de délibération portant approbation du compte financier de l’exercice 2024 de l’établissement public Vanille de Tahiti et affectation de son résultat.

Je demande à Monsieur le ministre d’exposer le projet.

M. Taivini Teai : Merci, Madame la vice-présidente. Mesdames et Messieurs les élus, bonjour. Pour ceux qui nous suivent par la presse ou sur Internet, bonjour également.

Comme vous le savez, l’établissement Vanille du Tahiti est un établissement — pardon — public à caractère industriel et commercial, qui s’occupe de la filière vanille, c’est-à-dire la promotion aussi bien de la production jusqu’à la commercialisation.

Nous examinons aujourd’hui les comptes 2024 de cet établissement présente un résultat excédentaire au niveau fonctionnement d’un peu plus de 69 millions, 69,8 millions, qui est essentiellement lié, en fait, aux aides, aux dispositifs d’aide ombrières que permet cet établissement, qui, malheureusement pour certains des porteurs de projets, ne pouvaient pas participer à l’aide financière, ce qui a conduit à un retardement.

Ce compte financier 2024 a été examiné en commission agricole et là, maintenant, en commission permanente, sont, pour moi, des moments importants d’évaluation de nos établissements publics, puisque ça nous permet, justement, de justifier l’utilisation des données publiques. Donc, pour cette année 2024, les résultats sont, en effet, excédentaires. La discussion, on l’avait déjà eue, mais je serais heureux de la continuer avec vous, c’est sur ce devenir de cet établissement.

Vous avez dû très certainement voir que le gouvernement avait acté, validé en conseil des ministres, un plan de départ volontaire qui conduit, en effet, pour moi, à une métamorphose de cet établissement. Mais là encore, on pourra en discuter aussi bien là par les échanges, mais lors du rapport d’orientation budgétaire. Merci.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

J’invite le rapporteur, Monsieur Shiro-Abe Peu, à faire une présentation du rapport.

Merci.

M. Edwin Shiro-Abe Peu : Par lettre n° 4261 PR du 26 juin 2025, le Président de la Polynésie française a transmis aux fins d’examen par l’assemblée de la Polynésie française, un projet de délibération portant approbation du compte financier de l’exercice 2024 de l’établissement public Vanille de Tahiti et affectation de son résultat.

Cet établissement a vocation à intervenir par toute opération au développement de la vanille produite en Polynésie française, notamment en matière de production, de transformation, de contrôle qualité, de recherche-développement, de soutien aux acteurs de la filière, de commercialisation et de promotion.

Une baisse du volume produit de vanille mûre, à 40,1 %, principalement due au phénomène climatique El Niño qui a affecté les exploitations de vanille.

Les ventes de vanilles mûres, réalisées pendant les journées de vente organisées par l’établissement et en dehors de ces journées, générant 234 800 000 F CFP avec un prix moyen du kilo à 14 128 F CFP.

La poursuite de plusieurs opérations, telles que la surveillance et l’identification de nouvelles maladies, la conservation de la diversité des vanilliers et la sélection de nouvelles variétés, le contrôle sanitaire des pépinières, etc.

L’absence de délivrance en 2024 d’aides agricoles, car aucune commission n’a eu lieu, étant précisé que 440 aides agricoles ont été attribuées depuis 2018.

La réalisation de quatre sessions de formations au brevet de préparateur de vanille permettant ainsi à 34 futurs préparateurs de se voir attribuer ce brevet.

La participation à diverses opérations promotionnelles menées en 2024, telles que des concours ou salon.

S’agissant de l’exécution budgétaire 2024, concernant la section de fonctionnement, les recettes s’élèvent à plus de près de 587 millions et les dépenses s’élèvent à près de 518 millions en 2024. Concernant la section d’investissement, les recettes représentent plus de 149 millions et les dépenses s’élèvent à plus de 168 millions F CFP.

Le résultat global du compte financier de l’établissement présente donc un résultat excédentaire de plus de 51 millions, augmentant le fonds de roulement de l’établissement qui passe de 158 millions en 2023 à 237 millions à la clôture de l’exercice budgétaire 2024. Le résultat d’exploitation de cet exercice, soit un excédent de 69 700 000 francs, est affecté au crédit du compte 1068 – « Autres réserves ».

Examiné en commission le 11 juillet 2025, le présent projet de délibération a suscité des échanges qui ont permis d’aborder la situation financière de l’établissement, le dispositif d’installation des kits ombrières par l’EVT ainsi que l’intervention de l’EVT dans les archipels éloignés.

À l’issue des débats, le présent projet de délibération a recueilli un vote favorable de la majorité des membres de la commission. En conséquence, la commission de l’agriculture et des ressources marines propose à l’assemblée de la Polynésie française d’adopter le projet de délibération ci-joint.

Merci.

La présidente : Merci bien.

Parmi les membres de la commission permanente, qui souhaite intervenir ? Vous avez un temps de parole de 10 minutes maximum. Merci.

Monsieur Shiro-Abe Peu.

M. Edwin Shiro-Abe Peu : Merci, Madame.

Mon intervention vise à remettre en perspective le résultat excédentaire affiché et à proposer clairement les enjeux politiques qui s’y rattachent. Depuis plus de deux ans, l’ÉPIC Vanille de Tahiti fait couler beaucoup d’encre, d’abord critiqué pour son efficacité limitée, son absence de labels de qualité, son coût de fonctionnement élevé et ses objectifs de production non atteints. Il est aujourd’hui confronté à une restructuration profonde, rendue nécessaire par les recommandations sévères de la Chambre territoriale des comptes. Le dernier épisode en date, et non des moindres, concerne le plan de départ volontaire mis en œuvre cet été. Les agents de l’établissement ont jusqu’au 31 juillet pour accepter de quitter leurs fonctions. Cette opération vise à réduire de moitié les effectifs. C’est un signal fort de la gravité de la situation. Il faut le dire clairement. Le débat n’est plus de savoir s’il faut faire quelque chose, mais de savoir si les mesures engagées sont à la hauteur de l’impasse structurelle dans laquelle se trouve l’établissement.

Dans ce contexte, le vote du compte financier 2024 ne peut être traité comme une simple formalité comptable, car derrière les chiffres, ce sont les blocages profonds de l’action publique agricole qui se lisent, notamment à travers une interprétation trompeuse du résultat excédentaire présenté.

En commission, la direction de l’ÉPIC nous a expliqué, je cite, que ce résultat n’est pas un bénéfice, c’est juste le reflet de dépenses prévues qui n’ont pas été faites, et plus loin, si tu prévois de dépenser 1 000 francs mais que tu ne les dépenses pas, ces 1 000 francs restent et apparaissent comme un excédent.

Ce qui a été dit en commission, ce n’est pas une formulation pédagogique, encore moins une analyse rigoureuse. C’est une confusion complète entre le budget et le compte financier, entre les prévisions et les réalisations, entre les intentions et les faits.

Quand on affirme qu’un excédent résulte de dépenses prévues qui n’ont pas été faites, on oublie une chose essentielle : les dépenses non réalisées n’apparaissent tout simplement pas dans un compte d’exploitation. Cette lecture qui se veut pédagogique est en réalité techniquement fausse et politiquement préoccupante.

Le compte financier 2024 affiche un excédent net de 39 800 000 francs. Il ne s’agit pas d’un écart entre budget prévisionnel et dépenses. Il s’agit d’une différence réelle entre des produits encaissés, notamment 132 millions de subventions d’exploitation, et 15 700 000 de produits issus de la production vendue. Et des charges engagées, dont 87 millions de charges de personnel, 3,6 millions d’achats et seulement 36 millions de charges externes. Il n’y a donc aucune dépense prévue, non réalisée, qui apparaît dans le compte.

Ce que je retiens des explications de la direction, c’est une chose très claire : l’établissement a perçu des finances, mais il n’a pas su les traduire en actions concrètes sur le terrain. La vraie explication : un blocage opérationnel majeur.

La direction a reconnu que l’origine du blocage réside dans le dispositif même d’aide de l’installation. Le Pays finance 70 % du coût des serres via l’ÉPIC. Les porteurs doivent verser 30 % de quote-part, mais, ils disposent pour cela de deux ans. Tant qu’ils ne payent pas, l’EPIC ne lance pas les travaux, et donc, l’argent public reste immobilisé. C’est ce blocage entre financement disponible et d’actions gelées qui génère l’excédent. Ce n’est pas un artefact technique, c’est le reflet direct d’une inertie opérationnelle causée par un manque d’engagement des porteurs, un défaut d’accompagnement de bancaire et un défaut de pilotage.

En affirmant que l’excédent n’est ni bon ni mauvais, la direction tente de dépolitiser un signal d’alerte budgétaire. Or, dans un établissement public, industriel et commercial dont la mission est d’installer des producteurs, de renforcer la filière et de structurer la production agricole, un excédent n’est pas une bonne nouvelle. C’est la preuve que les crédits ne se transforment pas en serres, en formations, en récoltes, ni en revenus pour les familles.

Ce compte financier doit être lu comme un signal d’alerte, pas comme un simple rapport d’exécution. Il nous dit que l’argent public est mobilisé, mais ne redescend pas sur le terrain. Les procédures d’aide sont trop longues, trop incitatives et pas assez contraignantes, et que l’établissement est condamné à rester excédentaire, faute d’action. C’est le symptôme d’une crise d’exécution, d’une politique publique qui s’épuise à financer des projets qui ne voient jamais le jour.

Nous devons refuser de valider cette lecture aseptisée du résultat. Ce n’est pas un excédent comptable, c’est un indicateur d’échec opérationnel. Et à l’heure où l’on demande à 42 agents de partir volontairement pour assainir l’établissement, nous avons, au contraire, besoin de clarté sur les causes de la paralysie actuelle.

Merci de votre attention.

La présidente : Merci bien.

J’invite mes collègues du Tapura. Vous avez une intervention ?

Oui, Madame Haiti.

Mme Pascale Haiti-Flosse : Merci, Madame la présidente.

Monsieur le ministre,

À la fin de l’exercice 2024, l’ÉPIC « Vanille de Tahiti » a dégagé un résultat de fonctionnement excédentaire de près de 70 millions F CFP alors que son fonds de roulement culminait à plus de 237 millions F CFP, soit l’équivalent de 167 jours d’autonomie budgétaire.

On voit pour la deuxième année consécutive que l’établissement a engrangé des excédents budgétaires. Merci Monsieur Shiro-Abe d’avoir bien précisé. Dans votre intervention, on voit que cela a été très bien décrit. Merci beaucoup.

Cela veut dire qu’il faut vraiment essayer de faire quelque chose lorsqu’on a de l’excédent budgétaire qui est mobilisé. Mais, on voit, on connaît les raisons de cette mobilisation, surtout concernant les dispositifs d’aide et d’attribution des kits d’ombrière et, actuellement, on voit que cela pose des problèmes.

Concernant le tonnage en 2024, on voit qu’il y a une chute de 40 % par rapport à 2023 et surtout particulièrement aux Îles-sous-le-vent, dû à une baisse imputée « au phénomène climatique El Niño ». Et on se rend compte que le prix moyen de vente du kilogramme de la vanille mûre avait été multiplié par deux entre 2021 et 2024 pour atteindre 15 000 F CFP le kilogramme.

On se rend compte que la recette de 366 millions F CFP que l’or vert polynésien a rapporté en 2024 n’est pas atteint. Je veux dire que nous n’avons pas attendu les résultats escomptés, au contraire. Et surtout que, dans les archipels, ils sont nombreux à vouloir se mettre au niveau de la vanille.

Au niveau des échanges en commission, on retire finalement qu’il y a une satisfaction surtout au niveau des Marquises, à Hiva Oa puisque la production a atteint à peu près une tonne pour une première vente organisée à Hiva Oa et c’est effectivement un bon résultat et un bon début. L’ÉPIC Vanille doit être en mesure d’offrir aux vaniculteurs, par contre, une assistance beaucoup plus présente, c’est-à-dire la formation, et multiplier les tournées pluridisciplinaires dans les archipels éloignés.

Je vous remercie.

La présidente : Merci bien, Madame Haiti.

Plus d’autres interventions ? La discussion générale est maintenant close.

J’invite le gouvernement à répondre aux interventions des orateurs.

Monsieur le ministre.

M. Taivini Teai : Merci beaucoup, Madame la vice-présidente.

Je partage également la même lecture que vous pour ce budget 2024. L’excédent est à prendre, bien entendu, entre pincettes et entre guillemets. Il reflète vraiment ma volonté, ma demande, ma feuille de route auprès de la direction parce que, lorsque la direction s’est exprimée, c’est par rapport à la feuille de route qui a été définie par le ministère, par le ministre sur… Parce qu’on est venu en 2023, je n’ai pu que constater que l’on avait plein de dossiers qui n’avaient pas été instruits. Donc, à ce titre-là, il était nécessaire de faire un état des lieux de tous les porteurs de projets. Qui est-ce qui était encore dans la course ? Je dirais. Qui était encore les porteurs de projets qui avaient ces moyens financiers pour venir en complément de l’aide pour les kits d’ombrière ?

Ce n’est qu’après avoir fait tout ce travail de phoning, d’appels, mailing, etc. que la direction a été en mesure, oui, de dire « bon, eh bien, voilà, tous ces dossiers-là, les personnes ne vont plus pouvoir acquérir ce kit d’ombrière » parce que, finalement, c’était tellement long, en effet, administrativement, qu’ils avaient utilisé cette ressource financière à d’autres choses. Et cela a été le constat également pour moi que — et c’est pour cela que je veux cette métamorphose de l’établissement — sur ces aides à l’installation agricole, l’ÉPIC Vanille n’avait pas la main complète pour l’instruction du dossier. Le financement se faisait par l’intermédiaire de la Direction de l’agriculture. D’où ma volonté de métamorphose, de donner des missions à cet établissement et d’en référer ensuite à d’autres qui existent déjà, comme les établissements qui sont sous ma tutelle, notamment en matière d’instruction des aides agricoles.

Je suis tout à fait d’accord avec vous sur cette lecture qu’il y a à prendre bien en perspective sur cet excédent financier. Cet excédent financier n’est là que pour, en effet, montrer qu’il y avait des opérations qui devaient fournir des kits d’ombrières. Malheureusement, ces opérations-là n’ont pas pu être menées dû à ces retards d’instruction et dû également au fait que des porteurs de projets n’avaient plus les moyens financiers pour pouvoir les réaliser.

Et à ce propos — parce que là, on examine, vous examinez le budget 2024 —, lors de la dernière commission des aides agricoles qui a eu lieu en ce début de juillet, je suis heureux de vous dire que toutes les demandes ont été satisfaites au niveau des demandes d’installation de kits d’ombrières. L’ÉPIC Vanille n’a actuellement plus de stock de kits d’ombrières, puisque c’est là également ma volonté.

L’épisode 2024 de cette chute de production de 40 % de vanille, elle est due, en effet, à nos changements climatiques. Elle est due au fait que nos pluies sont de plus en plus fortes et due au fait que la technique de culture sous-ombrière, on le voit bien, a ses limites lorsqu’on est en période de pluies diluviennes.

Pour cela, deux options vont être ensuite proposées dans l’évolution de notre soutien à la filière vanille. Pour ceux qui ont des ombrières, c’est la possibilité, via les aides agricoles qui sont dispensées par la direction de l’agriculture, de s’équiper en ce qu’on appelle des mini tunnels serres à l’intérieur de leurs ombrières, mais ensuite, également, la possibilité d’acquisition de serres proprement dites. C’est-à-dire que, lorsqu’il pleut, il ne pleut pas à l’intérieur des champs de vanille. Puisque, finalement, la grosse perte que nous avons observée, c’est en effet ces pluies diluviennes qui, on le sait, contribuent à la formation de fumagines, du champignon noir qui vient automatiquement avoir un impact sur la maturation de nos gousses et c’est ce qui a conduit justement à cette forte perte.

Ensuite, je voudrais également parler de ce plan de départs volontaires que vingt-deux agents ont signé. C’est un plan de départs volontaires. Cela a été une demande, une proposition de la direction, et les agents qui ont souhaité faire partie de son plan de départs volontaires ont été signataires. Le 31 juillet a été la date fixée, mais la direction travaille bien entendu pour accompagner nos agents sur ce plan de départs volontaires. Après, justement, concertation, notamment avec vous, les membres et élus de l’Assemblée, la décision a été prise pour que les agents qui acceptent de signer ce plan de départs volontaires avec une indemnité correspondant à 0,6 mois par année d’ancienneté. Cela a été le double. On a doublé, en fait, ce que l’on avait initialement prévu, par rapport au budget de l’établissement qui avait été voté pour cette année 2025 par cette même assemblée en fin de décembre 2024. Et vous verrez au collectif n° 3 que nous demandons justement à ce titre une enveloppe financière pour réaliser ce plan de départs volontaires. Mais, je veux rappeler encore là que ce plan de départs volontaires est nécessaire dans cette métamorphose parce que certaines missions de cet établissement vont être maintenant reliées à d’autres établissements du pays, comme la Direction de l’agriculture notamment, ou à des associations de professionnels de la vanille. Je vois et parle notamment de la mise en place de ce label. La définition et la mise en place d’un label, d’une appellation d’origine géographique protégée, d’une appellation d’origine protégée est absolument essentielle pour que notre filière vanille de Tahiti soit reconnue nationalement, internationalement.

Nous ne sommes pas le seul pays à cultiver la vanilla tahitensis. Historiquement, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a des lianes de vanilla tahitensis. Nos cousins des Rarotoa, des Rarotonga, des Cook Islands (NDT, des Îles Cook) ont de la vanilla tahitensis. À l’heure actuelle, rien ne permet à un industriel étranger d’avoir une distinction entre la vanilla tahitensis d’origine Tahiti et d’origine autre, si ce n’est que notre mode de préparation et les caractéristiques organoleptiques, aromatiques, pardon. Mais ça, ce sont les caractéristiques aromatiques et c’est notre mode de préparation. Dans le monde industriel, ce n’est pas forcément que ces critères-là qui sont retenus. Il y a notamment les critères économiques.

Actuellement, notre vanille est considérée comme une vanille de bouche qui conduit à ce que, malgré ces prix d’achat qui ont doublé, qui sont à hauteur de 14 à 16 000 F CFP le kilo de vanille mûre, peuvent encore bénéficier de cette qualité de vanille gourmet. Nos revendeurs ont un marché. Nous avons un marché. Mais, ce marché, pour l’instant, est également là à prendre avec véritablement une analyse importante parce qu’on a des productions extérieures. Si nous, en Polynésie française, on ne garantit pas l’origine de notre vanille et la qualité de notre vanille, on va s’exposer à encore plus de difficultés d’exportation que l’on a actuellement. Donc c’est tout le soutien, en fait, du gouvernement et de l’établissement que l’on apporte — et je demanderai également à l’assemblée de nous soutenir dans ce projet-là — pour nos associations de professionnels qui ont décidé, avec le soutien du Pays, de déposer cette appellation d’origine protégée, cette indication géographique protégée.

Je crois avoir répondu aux questions que notre élu Shiro-Abe et Madame Haiti-Flosse m’ont posées, Madame la vice-présidente.

La présidente : Merci bien, Monsieur le ministre, pour ces précisions.

Nous passons à l’examen de la délibération. Oui, une autre intervention.

Madame Haiti.

Mme Pascale Haiti-Flosse : Merci, Madame la présidente.

J’ai une question au ministre. On voit qu’aux Marquises, ils ont récolté une tonne de vanille. Je voulais vous demander si la qualité était la même que celle qui est récoltée aux îles Sous-le-Vent, sachant que les îles Sous-le-Vent sont quand même la référence au niveau de la vanille. Ensuite, au niveau des prix, je veux dire, est-ce que les prix sont à peu près les mêmes qu’aux îles Sous-le-Vent ou les prix exercés aux Marquises sont beaucoup plus bas ?

M. Taivini Teai : Je vous remercie pour votre question, Madame l’élue.

En effet, il y a eu une coupe et un marché de vente à Hiva Oa, qui a eu lieu le mois dernier, avec un peu plus de 1,2 tonne mise sur la table pour les ventes. La qualité observée est excellente. La qualité observée est excellente. On a des vanilles qui sont suintantes, qui sont riches, très parfumées. D’où, justement, des négociations de prix d’achat qui sont un petit peu supérieur à celles qu’on peut observer aux îles Sous-le-Vent. C’est pour la production, en effet, de cette année 2025.

La présidente : Allez-y !

Mme Pascale Haiti-Flosse : Sachant qu’actuellement, je pense qu’on le sait tous dans la presse, en France, surtout en Bretagne, ils sont en train de cultiver la vanille de la Bretagne. J’espère que nous n’aurons pas de... Je veux dire, normalement, ce n’est pas la même qualité de vanille. J’espère qu’il n’y aura pas de projet, plus tard, d’associer la vanille de Tahiti et cette vanille pour ne faire qu’un, et surtout pour promouvoir sur le plan international, et dire que c’est la vanille de France.

Je dis vraiment distinguer deux choses différentes : la vanille de Tahiti et la vanille de Tahiti est la meilleure, et puis, le reste, c’est aux autres.

M. Taivini Teai : Si justement, dire que la vanille polynésienne est la meilleure, immanquablement, c’est la meilleure. Maintenant, pour qu’elle soit la meilleure, on doit avoir des critères de qualité, c'est-à-dire des critères qui permettent, en effet, de définir cette qualité. D’où, justement, notre soutien à l’Association des interprofessionnels de production de la vanille, parce que la mise en place de l’IGP va garantir justement cette qualité, cette expertise, cette professionnalisation que nous avons nulle part ailleurs dans tous les autres territoires et départements d’Outre-mer. On a une filière qui est aussi bien organisée.

D’ailleurs, vous le savez, on organise un symposium sur les vanilles d’Outre-mer au mois d’octobre et, justement, sous le patronage du président de la République française qui reconnaît justement en la filière vanille de Tahiti, de Polynésie, son excellence. Mais, cette excellence, on doit la pérenniser. Pour la pérenniser, c’est en effet mettre en place — et c’est ce qui va être fait pour nos producteurs — des demandes d’obligation de faire des analyses de leur vanille quant à, notamment, la présence de pesticides. Parce qu’on l’a vu, lorsqu’on a eu ces pluies diluviennes, certains vaniculteurs ont dû utiliser des produits justement pour se débarrasser de ces champignons. Ces produits se retrouvent, si les doses ne sont pas respectées, dans la gousse de vanille. On a un suivi global de nos producteurs. Ils sont informés. Mais, maintenant, c’est également à nous, le Pays, de les soutenir par rapport à la protection — je vous rappelle —, par rapport à ces pluies diluviennes, pour faire en sorte que l’impact climatique soit le moindre dans nos productions pour limiter l’utilisation de ces produits insecticides, fongicides, pesticides, pour garder justement cette qualité de notre vanille. C’est à ce titre-là que l’on pourra être en compétition avec les autres vanilles extérieures.

Et pour ce qui concerne la vanille en Bretagne, attendons de voir déjà leur production. Je ne sais pas si c’est véritablement la vanilla tahitensis. Pour moi, je pense que c’est plutôt la vanilla planifolia. Pourquoi ? Parce qu’en fait elle supporte des températures qui sont beaucoup plus fraîches que la vanilla tahitensis. Ce qui conduirait, s’ils veulent faire de la vanilla tahitensis, ils auront intérêt à faire des cheminées, enfin, chauffer leur serre. Je ne sais pas si c’est le cas.

La présidente : Merci bien, Monsieur le ministre.

D’autres interventions ? Oui, Madame Maurea.

Mme Maurea Maamaatuaiahutapu : Merci bien, Madame Atger.

Chers collègues, bonjour ; Madame la vice-présidente, Monsieur le ministre, Madame la directrice et Monsieur Salmon, bonjour ; cher public qui nous regardez aujourd’hui, bonjour ainsi que tout le personnel de Tetunae qui nous accompagne, comme d’habitude, merci beaucoup.

Je ne vais pas rentrer de nouveau dans les débats qui nous ont animés souvent concernant l’ÉPIC Vanille. Je tenais néanmoins à repréciser, disons, mon regret par rapport à la restructuration dont vous avez parlé, Monsieur le ministre, et sur laquelle on s’est exprimé, notamment en réunion d’information et en commission également. Nous avons évoqué la volonté d’une restructuration à tous les niveaux, sauf que vous avez opté pour une restructuration par le bas, ce qui nous amène, du coup, à ces départs volontaires à la retraite. Bon, ceci étant fait, je ne vais pas revenir dessus.

Maintenant, vous avez parlé de feuille de route. Alors ce que je voudrais savoir, c’est est-ce que cette feuille de route s’applique à tout le secteur primaire ou simplement à la filière vanille ? Je n’ai rien contre la filière vanille, bien au contraire. Je soutiens, tout comme mes collègues ici, tout le secteur primaire. Néanmoins, voilà, j’aimerais savoir si cette feuille de route... Je me souviens qu’en décembre 2024, peut-être que vous étiez fatigué à ce moment-là, Monsieur le ministre, vous aviez dit que vous n’aviez pas de cap. Aujourd’hui, je suis contente d’entendre parler de feuille de route. J’espère que c’est une feuille de route globale, sectorielle et je voudrais savoir où on est, en fait… Vous avez souvent parlé de vanilline. C’est ça ? Je voudrais savoir où on en est par rapport à cette vanilline. Vous en avez souvent parlé, mais vous n’êtes jamais allé au bout, finalement, de ce que nous pourrions en tirer.

Récemment, je suis tombée sur un reportage dont vous étiez le sujet, Monsieur le ministre, à l’époque où vous étiez encore chercheur à l’université et à ma grande surprise et satisfaction, vous avez parlé de la vanilline comme un remède au cancer. Or, ici, depuis que vous avez pris vos fonctions, vous n’en avez jamais parlé et je trouve cela dommage. Et donc, j’aimerais bien que vous vous exprimiez, si possible, sur ce sujet. Et est-ce que vous aviez l’intention justement de mettre à profit vos recherches pour que l’ÉPIC Vanille peut-être puisse engager des actions pour permettre à ce que vos recherches ou d’autres recherches même puissent venir renforcer les actions de l’ÉPIC Vanille et notamment en soutien au développement de la vanilline ?

Merci bien.

M. Taivini Teai : Merci beaucoup pour ces questions, Madame l’élue.

D’abord, il y a une feuille de route qui est donnée à toutes les directions de tous les établissements qui sont sous ma tutelle. Pour le cap, je vous invite à prendre rendez-vous avec moi au ministère pour détailler ces feuilles de route. Ce ne sont pas des feuilles de route par filière, en l’occurrence, même si après, il y a des trajectoires par filière. Mais, les feuilles de route sont les feuilles de route que je donne aux directions de chacun de nos établissements. Je vous invite à venir au ministère pour que nous puissions détailler plus sur quel type de filière agricole vous souhaitez avoir des informations.

Pour ce qui concerne le cap, pour moi, le cap au niveau agricole, de façon globale, doit s’appuyer sur au moins quatre grands piliers et cela, c’est pour tous mes secteurs primaires. C’est, un, l’augmentation de la qualité. La qualité, c’est la qualité au niveau de nos formations. C’est la qualité au niveau des produits agricoles, c’est-à-dire aller vers ce que nous voulons, vers une filière bio respectueuse de l’environnement, diminuer au maximum les intrants extérieurs industriels chimiques.

Le deuxième pilier, pour moi, c’est la mise en avant des produits du terroir qui fait la caractéristique de notre agriculture polynésienne. C’est notamment le cas de la vanille. C’est un produit pour lequel je pousse, comme cela a été le cas précédemment, pour qu’il y ait, en effet, une IGP ou une AOP qui définissent ou qui mettent en avant cette spécificité, cette qualité de notre vanille. Mais, c’est également une réflexion que nous avons, au niveau du ministère, sur la mise en place d’un, plus qu’un made in fenua, un produit qui, une représentation qui mette en avant justement ces qualités alimentaires spécifiques de nos produits locaux.

Et enfin, le troisième pilier, une fois qu’on a organisé cela, c’est l’augmentation de la production, c’est-à-dire la quantité. Actuellement, mon ministère, pour le secteur primaire, se base sur ces trois grands principes : augmentation de la qualité, mise en place des spécificités sous le label terroir et augmentation de la production.

Pour ce qui est de la vanilline, mince, je pensais en avoir un petit peu parlé au milieu de cet hémicycle. Des fois, j’ai un peu trop... Disons, je restreins un peu mon dialogue scientifique et peut-être que je dois m’en excuser. Mais, pourquoi je souhaite que cet établissement se métamorphose ? Parce que nous avons la possibilité d’extraire... Et ce ne sont pas mes recherches, excusez-moi ! Ce sont les recherches qui ont été menées dans cet établissement, Vanille de Tahiti. Le Pays a financé, ne l’oublions pas, trois thèses de doctorat qui ont conduit à avoir énormément d’informations, de résultats qu’il est, à mon sens, essentiel d’exploiter, de valoriser, de mettre en place ici, chez nous. Ces résultats, c’est quoi ? C’est de mettre en évidence que lorsque la gousse de vanille est récoltée mûre sur pied, elle a 100 % de son potentiel aromatique. Et dans ce potentiel aromatique, il y a en effet la molécule qu’on appelle la vanilline qui a, en effet, des propriétés médicales. Elle est notamment utilisée dans certains centres hospitaliers pour les bébés prématurés pour induire le réflexe de succion pour les préparer à la tétée. Elle est également utilisée par une société locale pour soulager tout ce qui est maladie de cancer. Des études sont à mener, mais elles ne sont pas forcément issues que de la vanilline à partir de la liane de vanille planifolia.

Mais pour ce qui nous concerne, moi, mon objectif, c’est en effet d’extraire la gousse de vanille mûre sur pied parce qu’elle a 100 % de son potentiel aromatique. Lorsqu’on fait la préparation de la gousse de vanille, on diminue son taux d’humidité pour faire en sorte qu’il soit entre 45 et 55 %. Mais ce faisant, on diminue aussi de moitié la concentration aromatique. L’objectif est donc d’extraire la gousse de vanille lorsqu’elle est 100 % aromatique, ce que ne font pas actuellement et que ne seront pas en mesure de faire toutes les industries agroalimentaires qui nous rachètent notre vanille à l’export, parce qu’on l’exporte entre 45 et 55 % de taux d’humidité, donc avec demi-fois moins de concentration en produits aromatiques que ce que nous, nous pourrions faire. Moi, c’est cet objectif-là que je souhaite impulser pour notre établissement.

Ensuite, c’est aller vers l’extraction et l’isolement spécifique de la vanille, qui est encore un autre procédé. C’est un autre procédé industriel qui est coûteux. Là, il y a une étude de marché à faire, mais il y a un intérêt à faire cette étude de marché. Pourquoi ? Parce qu’en 2010, il a été décidé au niveau international, au niveau des commissions de commercialisation des produits, la réglementation REACH qui avait pour but, qui a eu pour but de pouvoir suivre les flux de toutes les matières premières dans le monde. C’est-à-dire les flux, notamment de vanille, et les flux, par exemple pour nous, d’huile de coprah, et de toutes les matières premières.

Cette réglementation, qui était une première étape de savoir quels étaient les flux des matières première et la traçabilité, avait pour objectif, pour que 2020, une autre réglementation soit prise sur la diminution des produits notés E (les conservateurs, les adjuvants, les texturants, les arômes) qui sont utilisés dans l’agroalimentaire soient substitués par des produits naturels. Et dans le monde des produits aromatiques utilisés dans tous les produits de consommation alimentaire que nous utilisons, eh bien, l’arôme le plus utilisé, c’est la vanilline. C’est la molécule vanilline. La vanilline de synthèse est produite à plus de 20 000 tonnes par an.

Les gousses de vanille, si on inclut Madagascar, on est à 4 000 tonnes de gousses de vanille par an. 4 000 tonnes à 1 % de vanilline dans une gousse de vanille, ça veut dire qu’on a 400 tonnes de vanilline naturelle. La production de synthèse de vanilline, 20 000 tonnes. Si on extrayait toute la vanilline qui est, ici, naturellement, ça serait insuffisant pour satisfaire le marché de l’agroalimentaire. Donc oui, il y a une autre, pour moi, possibilité de valorisation de notre filière vanilline, ce n’est plus d’aller extraire ce produit qui est la vanilline dans la gousse de vanille, mais directement dans la liane de vanille, parce qu’elle est présente également dans cette liane de vanille. Mais là, pour l’instant, on en est à la métamorphose de cet établissement. Aller vers l’extraction de la gousse de vanille pour avoir un produit à haute valeur ajoutée et un produit qui soit stable dans le temps. À partir du moment où vous avez fait un extrait, ce n’est plus comme une gousse de vanille.

Vous avez tous eu, on a tous des gousses de vanille chez nous. Pour les conserver, on les met dans du sucre. Qu’est-ce qu’on observe ? Au fur et à mesure des années qui passent, notre bâton qui était au départ bien moelleux, on pouvait l’enrouler autour du doigt, devient de plus en plus sec. Et au bout de cinq, six années, c’est vraiment un bâton de bois. Mais qui dit bâton de bois dit qu’il a évolué au niveau aromatique. Lorsqu’on fait un extrait, on n’a plus d’évolution aromatique. On a une constance de composition aromatique. Et ça nous permet ensuite de pouvoir sécuriser une filière en proposant un produit qui soit conforme, qui ait une norme au niveau des concentrations des composés aromatiques et de sa concentration à l’intérieur de l’extrait.

Mais d’abord, parlons… faisons cette première étape. Faisons la métamorphose de l’établissement vers l’extraction de gousses de vanille. Moi, je souhaite que… C’est rentable, avoir une rentabilité de cet établissement pour après l’orienter vers une autre phase, qui serait l’extraction de la liane de vanille. Mais je crois que j’ai décroché certaines personnes. C’est vrai que c’est un peu scientifique, pardon. Excusez-moi.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Oui, Monsieur Heinui Le Caill.

M. Heinui Le Caill : Monsieur le ministre, j’étais assez... Bonjour tout le monde, pardon…. Bonjour tout le monde. J’étais attentif à ton exposé. Quand est-ce que vous allez lancer l’étude de marché pour savoir si notre extrait de vanilline va être concurrentiel sur le marché international ? J’imagine que Madagascar, d’autres pays aussi, sont lancés dans ces études-là, où il n’y a que nous pour le moment ? Quand est-ce que vous allez lancer l’étude du marché ? Quand est-ce que tu vas être capable de nous présenter un vrai plan de développement et de mise sur le marché ?

M. Taivini Teai : Justement, cela fait partie de cette feuille de route qui est demandée à la direction. Et on va tirer bénéfice du symposium pour déjà voir un état des lieux des productions des vanilles dans les DOM et dans les TOM. C’est une première ; ça n’a jamais été fait. Ça n’a jamais été fait. Donc, l’étude, pour tout vous dire, j’ai déjà réalisé cette batterie d’études, mais maintenant, elle est à conforter et à actualiser pour vous la présenter ensuite. Mais ça demande, dans l’immédiat, des investissements que nous n’avons pas actuellement pour aller extraire la vanilline dans la liane de vanille. On peut faire les extraits de vanille, on a la structure, on a les établissements, on a le matériel, on a les ressources humaines. Aller chercher la molécule dans la liane, à part moi qui me présente devant vous, parce que j’ai eu cette idée en tant que chercheur d’aller creuser sur cette partie-là, mais sinon, pas beaucoup de monde sait qu’il y a un intérêt. Et là, je m’en fais l’écho devant tout le monde.

Lorsqu’on prend une plante... J’avais l’habitude, lorsqu’on travaille sur des plantes, d’analyser toutes les parties d’une plante. La fleur, la feuille, l’écorce, les racines, etc. Pourquoi ? Pour retrouver les traces des produits actifs à l’intérieur des parties végétales de cette plante. Une plante, c’est une industrie chimique naturelle. Donc, en fait, sachant que la vanilline est le produit phare dans la gousse de vanille, pour moi, il était évident de regarder également dans la liane de vanille quelle était la concentration, quel était le potentiel. Ce potentiel-là, il est en effet à affiner, parce que ça reste pour l’instant... C’est resté pour l’instant dans un dossier de chercheur universitaire. Il n’a jamais été pour l’instant étudié et planifié.

Comme je vous l’ai dit, dans l’immédiat, je suis sur cette métamorphose de l’établissement pour lui donner justement cette nouvelle impulsion. La première impulsion, c’est le travail de la gousse de vanille, parce qu’on a tous les éléments qui nous permettent d’aboutir à cela. L’extrait de vanille qui conduira, je vous le rappelle, à obtenir trois produits qui pourraient être commercialisés par cet établissement. L’extrait de vanille, la gousse de vanille épuisée, également la cire de vanille qui, je vous le rappelle, a la même composition que la graisse de baleine qui est utilisée pour faire des lipsticks, des rouges à lèvres. Ayons déjà ces trois matières, ces trois produits. Donnons l’opportunité à cet établissement d’abord d’engranger des bénéfices en tant qu’ÉPIC.

On a dans le conseil d’administration nos professionnels de la vanille. Ils sont informés de cela. Mon objectif, c’est d’abord : Montrons la capacité de notre établissement. Si nos professionnels sont intéressés, créons une SEM, une société d’économie mixte, pour se donner ensuite la possibilité, avec nos producteurs de vanille, d’évoluer. Ça ne pourra pas se faire sans eux. Je ne veux pas que ça se fasse sans eux. Vous savez, cette métamorphose de l’établissement, ces produits seront nouveaux. Il ne vient pas impacter notre filière vanille, nos producteurs de vanille, nos préparateurs de vanille, nos vendeurs, revendeurs de vanille à l’extérieur ou ici en Polynésie. C’est la création d’une nouvelle filière de produits à haute valeur ajoutée qui permettra d’avoir une analyse fiable de la composition aromatique de l’extrait et pourra permettre de proposer justement à ces industriels un produit de qualité qui n’existe pas, puisque personne actuellement, ne peut faire de l’extrait de vanille 100 % mûre, cueillie sur pied. Toutes les vanilles que nous exportons sont automatiquement, avec une concentration en composants aromatiques, deux fois moindre que celles que nous pourrions obtenir.

C’est cette première marche que je veux, que je souhaite mettre d’abord sur pied. Après, et de façon parallèle, on étudie pour la partie liane. Mais on n’a pas la structuration pour l’instant pour aller aussi finement dans l’isolement d’une molécule. Avoir un extrait avec cette composition que l’on connaît tous, la vanille de Tahiti, qui est reconnue partout pour sa qualité gourmée, sa vanille de chef. Oui, ça, on sait faire. Ça, on sait faire.

La présidente : Merci, Monsieur le ministre.

Maurea et puis Tapati.

Mme Maurea Maamaatuaiahutapu : Merci, Monsieur le ministre. Alors, j’ai envie de dire, Monsieur le ministre, que c’est aujourd’hui qu’il faut être ambitieux, plus que jamais. Vous savez à quel point nous sommes attachés au développement du secteur primaire, à quel point nous sommes attachés à notre souveraineté alimentaire, et ça va même au-delà de l’attachement du Tavini. Je pense que tous les partis politiques sont attachés à cela aujourd’hui et plus que jamais.

Lorsqu’on regarde ce qui se passe dans le monde entier, nous sommes aux portes d’un conflit, peut-être mondial, c’est aujourd’hui, donc, que nous devons promouvoir notre souveraineté alimentaire, parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait. On ne sait pas si demain, nous pourrons encore... En fait, il faut qu’on arrête d’être tributaire des importations. Donc, il faut vraiment développer notre secteur primaire. Donc, s’il vous plaît, ayez de l’ambition, Monsieur le ministre, à la hauteur de nos moyens, c’est sûr, mais à la hauteur de ce que mérite notre secteur primaire. Donc, soyez plus ambitieux. Je ne dis pas qu’il faut jeter l’argent par les fenêtres du tout. Vous avez parlé de structuration et vous avez bien raison. Nous avons besoin que notre secteur primaire soit structuré, mais nous avons besoin plus que jamais qu’il soit développé.

On est en 2025. Pendant des décennies, ce secteur a été un petit peu mis de côté, oublié. Et aujourd’hui, il faut se retrousser les manches tous ensemble et inviter nos enfants, nos jeunes à se lancer dans le secteur primaire. Ce pays, c’est le leur. Ils doivent contribuer. Ils doivent s’intéresser à son développement. Et je pense que le secteur primaire le secteur a favorisé. Vous savez, dans le protocole gouvernemental, vous devriez être tout en haut. Parce que sans secteur primaire, un peuple meurt. C’est son garde-manger, le secteur primaire. Donc, nous comptons sur vous. J’ai pu paraître dure avec vous, et je vais l’être encore certainement, mais voilà, c’est parce que je suis très attachée à ce que notre souveraineté alimentaire puisse enfin exister comme elle le devrait.

J’avais aussi une pensée pour nos producteurs de vanilles, nos vaniculteurs qui, souvent, sont victimes de vandalismes, de vols, notamment aux îles Sous-le-Vent, à Tahaa. Est-ce que — ça va peut-être au-delà des actions de l’ÉPIC Vanille — vous vous y êtes penchés dessus, Monsieur le ministre ? Dans quelle mesure on peut accompagner ces vaniculteurs en termes de protection de leur production, en termes d’accompagnement, une fois, hélas, qu’ils ont été vandalisés ou volés ? Qu’est-ce que vous comptez leur proposer en termes de dédommagement, par exemple, en termes d’accompagnement ? Parce que tous les ans, tous les ans, voilà, ils sont confrontés à ce genre d’action et c’est vraiment dommage. C’est une belle activité. Voilà, notre or noir, il faut qu’on le préserve, il faut qu’on le développe, il faut qu’on le soutienne.

Maintenant, j’ai été très dure aussi envers l’établissement, envers sa direction, mais voilà, il y a une raison à cela, c’est que, je l’ai évoqué tout à l’heure, pendant des années, on a négligé notre secteur primaire, et aujourd’hui, il faut vraiment qu’on y travaille tous, main dans la main, qu’il s’agisse du Tavini, qu’il s’agisse du Tapura, de A here ia Porinetia et d’autres partis. C’est tous ensemble qu’on doit... Voilà. Il faut plonger les mains dans la terre, comme dirait notre président père-fondateur, et c’est tous ensemble qu’on doit le faire.

Merci bien.

La présidente : Monsieur le ministre.

M. Taivini Teai : Merci. Merci Madame l’élue. Je sais, qu’en fait, au travers de vos questions, vous soutenez fortement le secteur primaire et je vous en remercie pour cela. Et si j’ai été nommé par le président Moetai à ce poste, c’est parce que, justement, moi, je veux impulser sur ce secteur primaire. Comme je l’ai dit, moi, j’ai appris à l’école qu’une société, en effet, se bâtit sur une pyramide où le secteur primaire, c’est la base de la pyramide. Ensuite, vient se mettre en place le secteur secondaire, celui de l’agro-transformation. Et enfin, le service, qui est le secteur tertiaire, qui est le haut de la pyramide.

Et pour l’expérience que j’ai, des déplacements, notamment en Thaïlande, je vois que le secteur primaire est, en effet, non seulement, financièrement source d’emplois, mais impacte, un, automatiquement des liens avec d’autres secteurs d’activités (la gestion, l’eau, les ressources humaines, le droit...). Donc, à partir du secteur primaire, en effet, c’est générateur de création d’emplois. Après, nous avons nos arbitrages gouvernementaux, c’est notre Président qui, lorsqu’on fait nos politiques ministérielles, arbitre.

Et, avant de pouvoir avoir des installations que l’on souhaiterait et que je souhaite pour la Polynésie, des installations agricoles, des ateliers d’agro-transformation que nous mettons en place. Moi, ce que j’observe, néanmoins, c’est l’efficacité de notre administration, de nos services. Il est important que nos agents, également, adhèrent et qu’on ait également ces échanges avec nos services. On a, et c’est ce à quoi je m’attache : la restructuration de nos établissements, la confiance, redonner confiance aussi à nos agents en ce qu’ils établissent, en ce qu’ils suivent, en ce qu’ils nous proposent, faire de la réglementation. Et ça, ça prend un certain temps. Ça m’a pris mes deux années. Immanquablement, ça m’a pris mes deux années de mandature. Et pour certains de mes établissements, c’est encore à parfaire, mais la volonté est là et la pulsion que l’on donne à nos services est en train de se voir.

Pour ce qui est des vols, ça a fait partie, en effet… ça a défrayé la chronique, peu de temps après qu’on soit nommé en mai 2023. D’abord, la première recommandation pour nos vaniculteurs, c’est d’aller faire la déclaration auprès de la gendarmerie. S’il n’y a pas de déclaration de vol, comment peut-on instruire ces infractions, ces vols ? C’est la première des choses à faire.

Ensuite, les mesures pour nos vaniculteurs, ça a été la remise en place du suivi des productions, parce que si, en effet, on ne fait pas de prévisions de production dans nos ombrières, et que, lorsque, ensuite, par exemple… Je donne un exemple. On a une ombrière pour laquelle est prévue une production de 500 kg. Si la personne qui est propriétaire de cette ombrière, qui est identifiée au registre de l’agriculture, qui est identifiée à l’établissement de Tahiti, lors du marché à la coupe, ne propose pas 500 kg, mais 800 kg. Automatiquement, les 300 kg supplémentaires viennent de quelque part, il doit les justifier. Et s’il ne peut pas les justifier, il y a automatiquement quelqu’un d’autre qui n’a pas eu ses 300 kg. C’est là où, en fait, est l’intérêt du suivi de nos agents lors des prévisionnels de production et lorsqu’on a le marché à la coupe. Ça n’avait pas été remis en place. Ça avait été suspendu. Donc, à ma demande, l’établissement a remis en place ce suivi dans nos ombrières et est présent sur tous les marchés de vente à la coupe.

Après, il y a des mesures, en effet, que pourraient prendre les propres vaniculteurs. Ça existe. D’abord, des mesures, je dirais « low cost ». Ce sont des poinçons. Des poinçons qu’on peut commander sur Internet, qui vous permettent de... Comme on marquerait un bétail ; à marquer sur quelques gousses de certaines mains. En général, c’est très discret. Mais du coup, ça permet de repérer ta production par rapport au propriétaire. Après, on peut monter sur des protections plus importantes, les caméras vidéo, etc. Mais proposer, dans le cadre d’un dispositif agricole, de tels moyens, pour l’instant, c’est à l’étude. Ça serait à l’étude, mais ce n’est pas proposé actuellement. Ça, c’est sûr.

La présidente : Merci.

On va terminer par une dernière intervention. Tapati… Ah.

Mme Maurea Maamaatuaiahutapu : Pardon, juste finir.

La présidente : Maurea. Oui.

Mme Maurea Maamaatuaiahutapu : Oui. Merci. Monsieur le ministre, merci pour ces précisions. Comme vous avez parlé au conditionnel, c’est bien de préciser que c’est encore à l’étude. Maintenant, vous savez que, comme dans tout secteur, il existe des marchés parallèles. J’entends bien tout ce que vous évoquez et je soutiendrai toutes les actions que vous ferez, justement, pour essayer de contenir tous ces dérapages de la filière, je parle notamment des vols et tout. Vous avez raison aussi d’inviter nos vaniculteurs à s’identifier auprès des autorités compétentes pour... voilà, pour identifier leur vol et tout. Mais maintenant, voilà, comme dans toute filière, il existe des marchés parallèles. Donc, j’entends bien que vous allez essayer à tout prix d’identifier les productions pour savoir quelles sont les productions qui ont échappé au suivi en amont ou en aval, mais pour autant, ces marchés parallèles, ils existent déjà. Donc, comment faire, justement, pour éviter que nos vaniculteurs, qui sont victimes de vols, retrouvent, finalement, ne voient plus leur production, qui vont échapper à votre vigilance, à la vigilance de nos services de contrôle et qui, voilà, seront présents sur les marchés parallèles. Et donc, du coup, on a vu ça avec la perle, donc on verra certainement ça avec la vanille aussi. On le voit peut-être déjà. Mais, je salue tout de même les efforts qui sont consentis et que vous allez poursuivre.

Merci bien.

La présidente : Merci, Maurea.

Tapati. Voilà.

M. Tafai, Mitema Tapati : Enfin.

La présidente : Et on termine les interventions.

Merci.

M. Tafai, Mitema Tapati : Ce que je veux simplement dire aujourd’hui sur le sujet dont nous parlons, c’est que notre vanille ne suffit pas. Hein ? Oui, la production de notre vanille n’arrive pas à répondre à la majorité des aides qui ont été distribuées. À mon avis, la première chose à dire, c’est que l’ÉPIC n’est pas la solution… il faut chercher les moyens de soutenir et motiver les producteurs de vanille, les encourager et les accompagner dans leur travail.

Quatre-cents tonnes de vanilles étaient récoltées ! Quatre-cents tonnes de vanille et il n’y avait pas de DAG, ni de CAPL, ni d’ÉPIC et ni d’ombrières… ! Seulement à travers les champs de bananiers. C’est ainsi que la terre produit, que les choses poussent. Alors, un ancien de Raiatea, de Faaroa, était venu me voir et m’avait demandé quel était le meilleur engrais à mettre au pied des plants. Cet ancien m’a dit : « Le meilleur engrais, c’est ta sueur. Ta propre sueur. Quand la plante sait que tu es près d’elle, elle est heureuse comme une femme. Cette plante ressent de la chaleur. Cette plante est vivante. Si tu ne passes que deux minutes dans la plantation, puis tu t’en vas, la plante t’en veut.

Nous sommes, aujourd’hui, déconnectés de nos terres. Nous nous sommes éloignés de la terre. Quand nous y retournerons, alors elle produira de nouveau. Autrefois, nos ancêtres n’avaient qu’un simple grand couteau. Un grand couteau, c’est tout. Ils passaient leurs matinées et leurs soirées dans les champs, du matin au soir dans les plantations. Notre mission consiste à trouver le moyen de faire de l’agriculture un véritable pilier, un socle solide. Si les hommes ne se forment pas dans ce secteur, l’agriculture ne sera finalement qu’un secteur superficiel. Rien que cela.

Si j’ai du temps, je désherbe un peu, puis je rentre chez moi. L’agriculture est tel un être humain. Il faut le nourrir, le choyer, en prendre soin. Si tu ne t’en occupes pas, il ne fournira rien. Je pense qu’il faudrait que le ministre fixe clairement les objectifs de production à atteindre aujourd’hui. Ce serait plus simple. Plus la récolte est abondante, plus la substance que vous comptez en tirer sera importante. Mais, à l’inverse, s’il n’y a pas beaucoup de plants, la substance ne pourra pas être produite. Pour les bourgeons, c’est la quantité de plants qui multipliera le nombre de bourgeons.

Je pense que c’est peut-être là l’enseignement qui nous convient aujourd’hui : trouver les moyens adéquats, non pas seulement pour la vanille, mais pour l’ensemble des produits locaux de notre pays. Car tout s’effondre. Il n’y a pas assez de bananes, il n’y aura plus assez de bananes. Aucun produit local n’est suffisant. Aucun produit local ne peut encore remplacer la pomme ou la poire. Pas encore. Parce que nous n’avons pas fait de l’agriculture un métier pour l’agriculteur. Voilà tout. Passons au vote car le vieil homme que je suis, a faim.

La présidente : Merci bien, Tapati.

N’ayant plus aucune intervention, nous allons passer à l’examen de la délibération.

Article 1er

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 1er. Pas de discussions ? Nous passons au vote de l’article 1er. Qui est pour ?... Contre ?... Qui s’abstient…

L’article 1er est adopté avec 17 voix pour.

Article 2

La présidente : Pour l’article 2, pas de discussions ? Nous passons au vote de l’article 2. Qui est pour ?... À l’unanimité, avec 17 voix pour.

Article 3

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 3.

Nous passons au vote de l’article 3. Qui est pour ?... À l’unanimité, avec 17 voix pour. Merci.

Article 4

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 4.

Nous passons au vote de l’article 4. Qui est pour ?... À l’unanimité, avec 17 voix pour.

Article 5

La présidente : La discussion est ouverte sur l’article 5.

Nous passons au vote. Qui est pour ?... À l’unanimité, merci.

Article 6

La présidente : Pour l’article 6, nous passons au vote. Qui est pour ?... À l’unanimité.

L’article 6 est adopté.

L’ensemble de la délibération est adopté par 17 voix pour. Merci bien.

Maintenant, j’invite Monsieur le président à venir me remplacer. Merci.

(Présidence de M. Edwin Shiro-Abe Peu, vice-président de la commission permanente de l’Assemblée de la Polynésie française.)

Le président : Encore un peu de patience.



Les rapports peuvent être consultés sur le site internet de l’assemblée de la Polynésie française à l’adresse www.assemblee.pf
Les interventions en langues polynésiennes ont fait l’objet d’une traduction surlignée en gris.

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